Luce en Argentine !

mercredi 27 avril 2011

이것이 종말이다


C'est avec beaucoup d'excitations (et de retard..) que j'écris ce dernier post sur mon séjour en Corée du Sud. En un mois et demi de voyage dans ce demi pays, je ne peux toujours pas me dire si j'aime ou déteste la Corée du Sud... Mais j'ai la certitude que ce pays laissera une trace indélébile dans ma vie.

Quand ma dernière semaine à Séoul a commencé, mon voyage a pris une tournure assez étrange. Je me suis retrouver avec mes coéquipiers de vodka de la veille, Karl et Yohann à faire quelque chose que je ne m'aurais jamais imaginé faire : visiter le musée de la coupe du mon 2002.
Comment j'en suis arrivée à me retrouver dans cet endroit insolite ? A cause de cette petite phrase, lancée à Karl de San Francisco : « Don't say Soccer ! The name of this game is Football ! The game you call it in your country Football, it's almost never plays with foot ! ».
Donc au moment où les deux jeunes hommes quittaient la Guesthouse, après avoir tenu ce type de propos, j'étais bien obligée de les suivre...
Le musée en lui même n'était pas vraiment excitant. On pouvait y voir les premières balles utilisés comme ballon, telle qu'une vessie de porc gonflée, puis ensuite on a le droit a des rediffusions des matchs de la Coupe du monde 2002.
C'était un peu chiant. Mais à la fin du musée, miracle... Des jeux vidéos interactifs pour se sentir comme sur un terrain de football. On passe donc deux fois plus de temps dedans que dans le reste du musée, et je me fais engueuler par un vigile parce que je m'excite trop sur les boutons. Pour bien se faire comprendre, il me me fait une démonstration. La seule chose que j'ai trouvé à répondre fut un regard plein de regret et d'ennui tel un enfant qui se rend compte que le dernier cadeau qu'il a ouvert sous son sapin de Noël qui lui semblait si gros est en fait une encyclopédie sur le corps humain.
Finalement, c'est après cette visite qu'on s'amuse le plus : nous découvrons un cinéma proche du stade et à l'intérieur, il y a un immense écran interactif. C'est une sorte de photoboth géant avec lequel on se prend en photo, on se décor et ensuite on peut balancer nos images en satellite autour de pubs. Vous ne comprenez rien à cette description ? Je pense que c'est exactement ce genre d'activité qui rend la Corée du Sud et le Japon des destinations insolites. Mais le plus absurde, c'est qu'une fois que les photographies sont prises, mises en satellite, on peut avec un espèce de boomerang, dégommer les différentes photos... L'Asie technologique ressemble à un mauvais délire sous acide.

Les quelques jours suivants, je traine avec eux et un troisième français, surnommé Gerry par Karl, incapable de prononcer Jérôme, et je me rends compte que je suis terriblement nulle aux fléchettes si je ne suis pas bourrée.

J'ai eu une rencontre professionnelle avec Seong-hyeok Moon, un jeune réalisateur repéré par mon ancien professeur d'audiovisuel, Marc, dans les cadres de son festival de courts métrages, le Festival Tout Court.
Après une première rencontre toute malade avant mon départ à Jeju, il m'avait donné ses films, et suite à un visionnage de ces derniers, je me suis rendu compte que le jeune homme est effectivement doué. Le premier se nomme « In The Boutique » , le second « 6 hours ». On pourrait aisément le comparé à Woong Kar Wai pour le temps qu'il prend à montrer les émotions de ses personnages, mais le réalisateur hong-kongais magnifie le sentiment amoureux et la passion, le Coréen, lui, installe des frustrations traduites par des comportements déviants... Et en même temps très innocents. Après ce temps passé en Corée, je comprends que les coréens puissent arriver à de telles émotions. Les décors et les lumières sont douces, je ne reconnais presque pas Séoul tellement la ville est embellie.
Seong-Hyeok est amusant. Il aime la France d'abord pour son cinéma, puis finalement elle lui rend bien vu qu'il a été sélectionné à Aix et Cannes pour son dernier court-métrage. Et c'est un grand timide par rapport à ces œuvres. Je lui fait parler de ses personnages, de leurs métiers et ses projets, et j'espère pouvoir le revoir très rapidement pour un de ses prochains films présentés en France.

Par la suite, je rencontre Liu, un sino-américain et Daniel, un germano-américain. Les deux jeunes hommes sont agréables et sont en Corée pour quelques jours de vacances. Je leur fait découvrir un des mes restaurants pas chers préférés. Je découvre en même temps leurs vies métissées entre les USA et leurs pays d'origines.

Avec Daniel, nous avons pris le temps de visiter le musée nationale de Corée du Sud, et je dois avouer que je n'ai pas été vraiment convaincu. C'était trop grand, trop chiant. Je pense toujours que je vais m'arrêter pour lire et comprendre un petit peu l'histoire des pays, mais finalement j'ai une grande tendance à ne regarder que les bijoux et les armes.
Le soir succédant à cette journée, nous sortons dans une boite au nom de « Harlem », le sous-titre dit boite Hip-Hop. Hahaha... Outre la dégaine des gens à l'intérieur et la déco, je pense que rien au niveau de la musique n'avait de lien avec le rap new-yorkais. C'était de la grosse daubasse pop américaine et coréenne. Et tout le monde, à l'intérieur, connaissait des chorégraphies avec les mains : quand par exemple une chanson dit « Heart », tout la salle fait des cœurs avec ses doigts. Et j'ai une nouvelle fois, honteusement, danser sur Justin Bieber... Avec tout les gros coréens sapés comme des gangsters dans la boite.

Je suis très fière de moi, parce que lors de cette dernière semaine, j'ai réussi à aller au DMC, la Digital Media City. Dans cette nouvelle partie ultra design de Séoul, c'est le nouveau centre technologique. Les grosses boites du type Samsung, LG s'y installent, et il y a également le site de l'archive du film coréen.
Lorsque je m'y rends la première fois, je suis presque surprise de ma réussite et quand je me retrouve en face de la coréenne qui s'occupe des prêts de films pour le visionnage sur place, je ne suis pas sûre de ce que je veux voir. Elle me temps un catalogue des films de 2008. A l'intérieur, je tombe sur le film « Destination Himalaya » que j'ai raté avant mon départ de Paris. C'est un film réalisé par Jeon Soon-Il, un réalisateur venant de Busan. Depuis ma rencontre avec Nicolas, le producteur, j'ai dans mon petit carnet rouge le contact du Monsieur. Mais je n'osais pas l'appeler vu que je n'avais pas vu son film jusqu'à maintenant. Je me dis que c'est un joli coup de pouce du destin, et je décide d'en profiter pour le voir.
Le film m'émeut beaucoup : un homme doit ramener dans un village de l'Himalaya les cendres d'un père de famille népalais décédé lorsqu'il travaillait pour le frère du coréen. Problème : lorsqu'il se réveille de quelques jours de maladie des hauteur, l'homme se rend compte que la famille n'est pas au courant du décès du père. Il décide de leur cacher la vérité. Le film est contemplatif et terriblement touchant. Je verse même quelques larmes à la fin de celui-ci.

Le lendemain, je profiterai des archives pour voir la première version de The Housemaid, film coréen dont j'ai vu le remake en septembre. Et étrangement, la morale de celui-ci est beaucoup plus crédible dans la version des années 50 que dans le film de l'année dernière. Après le film, je pense que même très très riche, je n'aurais pas une jeune femme qui s'occupera de ma maison... encore moins si un jour par inadvertance je me retrouve mariée.

Le jeudi soir, je dine dans un endroit assez génialissime avec Hyeong, le manager de ma Guesthouse, Daniel et Liu. En gros c'est un endroit où on a eu trois formes de coquilles Saint-Jacques différentes : cuit à l'étouffée, en soupe de nouille et fraiches.... Je peux dire, à partir de ce diner, que j'aime les coquilles Saint-Jacques.

Lors de mon dernier weekend à Séoul, je revois pour une dernière fois Antoine, le critique de cinéma et professeur. Il m'emmène dans un charmant petit bar, réputé pour ses événements artistiques : le couple de propriétaires est composé d'un charmant homme qui est passionnée d'art et de sa femme une grande joueuse d'un instrument traditionnel coréen dont le nom ne me reviendra jamais. Sur place, Antoine et lui m'introduisent une vérité que je n'ai que très peu vu en Corée du Sud : l'intégration des étrangers. Après quasiment un mois et demi de visite du pays, excepté quelques occidentaux, des touristes asiatiques et quelques indiens, je n'ai que très peu vu d'immigrés.
Ils m'expliquent que sur mes circuits de touristes, je ne peux en effet pas vraiment me rendre compte de leurs présences en Corée du Sud, mais étant un pays qui s'industrialise à une rapidité étonnante, la main d'œuvre manque dans les usines, et il y a un gros problème au niveau des espaces ruraux et chez les paysans. Les jeunes femmes désertent les campagnes pour se trouver des maris dans les villes, et les pauvres paysans coréens se retrouvent malheureusement sans épouse. Ils n'ont comme solution que de faire venir d'autres femmes de pays plus pauvres comme le Vietnam ou l'Indonésie. C'est donc environ 1 million de jeunes femmes immigrées qui vont donner naissance à des métisses en Corée. Ils me sensibilisent également sur la manière donc la Corée intègre toute cette nouvelle population avec de nombreux cours de langue en coréen pour ces femmes.
Cette nouvelle donnée sur le pays me laisse assez perplexe : la Corée qui me semble un pays tellement proche de ses valeurs, tellement orgueilleux réagit concrètement. Même si ces nouvelles communautés sont invisibles, Antoine reste très optimiste sur la capacité de l'Etat à réussir cette intégration. Je suis fascinée par leurs histoires, et je réalise qu'avec le visionnage d'Objectif Himalaya, je commence à voir une facette inconnue du pays. Je suis heureuse d'être restée assez longtemps sur place pour pouvoir apprendre ce type d'histoires.

Le dimanche matin, je me retrouve une dernière fois dans le Free Shuttle Bus en direction de Busan. Je suis de mauvaise humeur et lorsque j'arrive chez Guillem, je laisse mes affaires et je me balade dans son quartier. Ce dernier m'apprend qu'au lieu de rentrer à 5h comme il m'avait dit, il ne sera sur Busan que vers 8h. 3H de retard. Toute personne qui me connait un minimum, sait que quelqu'un en retard est une raison de très profonde pour me mettre en colère. 3h.
Je tente de me calmer, et lorsqu'enfin je commence à vraiment croire que ce n'est pas un fait exprès mais juste une mauvaise compréhension, je me dis que c'est un signe et qu'il faut absolument que j'appelle Joon Soo-Il, le réalisateur d'Himalaya.
Depuis ma veille de départ et mon arrivée je repoussais cette action. Je m'étais même convaincue que ce n'était pas si important, et je pouvais me passer de cette rencontre. Que je ne savais si au moment de l'appeler, je devrais lui parler en français ou anglais. En gros j'étais complétement flippée. Après une demi-heure d'hésitation, de repoussage de ma colère et de mes crantes sur Guillem, je compose son numéro et son téléphone sonne à l'autre bout de la ligne.

« Bonjour, je m'appelle Luce, j'ai eu votre contact par Nicolas de Séoul, et je peux vous parler en anglais ou en français ». Petit temps. La voix qui me répond est douce avec un très fort accent coréen mais un français correct. Après quelques minutes de présentation, on fixe un rendez-vous pour le lendemain à 21h, à la sortie de son travail.

Guillem arrive finalement, je lui explique que je n'ai que très peu apprécié son retard, il me répond que le train précédant était complet. On regard Joint Security Area de Park Chan Wook. Le film est quasiment parfait. Je suis ravie d'avoir fait la réservation pour le mercredi prochain pour faire le tour du DMZ (frontière Nord/Sud de la Corée), et voir le lieu de l'histoire du film.

Le lendemain, je découvre une nouvelle plage de Busan, où je vois de nombreuses personnes chargées de nettoyer la plage. C'est un endroit ultra populaire pour Busan, très hype. La plage est également célèbre parce qu'elle est le décor d'un film d'anticipation sur un tsunami qui détruirait la ville au nom de Haeundae, qui est celui du quartier.
Le soir, je dine avec les espagnoles, Luke l'américain et quelques coréennes dans un restaurant plus que typique. La table se couvre de mille petits plats, et il y a presque plus moyen de poser ses baguettes.

Lorsque 9h sonne, je contacte mon réalisateur, qui me donne rendez-vous dans un café. Pour une fois j'évite mon erreur habituelle, je prendre un déca. Ma rencontre est merveilleuse : il me parle de son film, de sa manière de travailler, comment il produit, avec quel angoisse il attend ses films... il me parle également de ses nouveaux projets, comme par exemple un film tourné au Pérou avec une boite française. La rencontre se passe délicieusement bien et en se quittant nous nous promettons de rester en contact et je rêve de travailler pour quelqu'un comme lui.

Le lendemain je rentre sur Séoul pour mon dernier séjour.
Je devais me lever à 5h du matin le lendemain pour partir avec US Army visiter la zone démilitarisée entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. Par une erreur absurde, mon réveil ne sonnera jamais. Par contre j'ai très bien entendu la voix du militaire qui m'appelle, en me réveillant si je compte tout de même me joindre à eux. Je lui fais une petit blague en disant que s'ils viennent me chercher, ça peut être possible, mais le soldat semble pas vraiment comprendre ma blague, et je lui traduit que non, malheureusement, je ne viendrais pas. Je regrette de ne pas pouvoir faire cette visite, mais je me dis que je serais obligée de retourner en Corée pour voir cette endroit, sauf si bien sur la dictature du Nord s'écroule avant...

Je profite de mes deux dernières journées pour me balader dans les endroits que je préférais de Séoul, et je commence à me sentir nostalgique avant même d'avoir quitté le pays. Je dine pour l'avant dernier soir des sushis en mode coréen et le dernier soir dans un restaurant spécialisé dans le kimsi où je suis sûre que tout est overpimenté pour pas que cela me manque trop.
Heyong, le manager me dit que si j'ai envie de revenir l'année prochaine avec un « work and hollyday visa », il aura beaucoup de plaisir à m'employer. En m'imaginant pendant un an, et encore un hiver, en Corée du Sud, je ne suis pas sûre que ça soit une vraiment bonne idée. Mais j'apprécie le fait qu'il ai confiance en moi malgré les (nombreuses) conneries que j'ai faites.

Après notre diner, nous rencontrons David, un américain qui écrit un mémoire sur les soupes de nouilles japonaises au Japon, et qui est bloqué en Corée du Sud pour des raisons nucléaires. On se retrouve dans un bar pas cher, où l'on fête mon départ à la Tequila et on finit par chanter des chansons dans un Norabang (karaoké coréen).
Je me couche complétement ivre, et quand je me réveille, je suis toujours dans le même état que la veille. Heyong devait me réveiller, mais, heureusement, mon téléphone ne déconne pas et sonne. Je salue une dernier fois le manager qui finalement sort de son lit tout apeuré une demi-heure plus tard, avec de grosses douleurs capillaires et je me retrouve à me diriger vers aéroport en état d'ébriété. Je m'endors dans l'équivalent du RER, et lorsque je me réveille, c'est la gueule de bois.
Tout m'insupporte. Je suis irritable à chaque moment où je fais la queue. Mon sac est trop lourd, et je n'arrive même pas à acheter des trucs dans les DutyFree tellement je suis de mauvaise humeur. Résultat, il me reste une grosse quantité de wons coréens.

J'arrive enfin à mon siège dans l'avion, direction Moscou. Le jeune homme d'origine coréenne à côté de moi est sacrément mignon, mais le sommeil est plus fort. Je m'endors. Je ne me repose pas vraiment, mais discute un petit peu tout de même avec mon voisin coréen, et je passe un pas si mauvais moment dans l'horrible avion d'Aeroflot. La compagnie n'a pas de petits écrans de télévision tels qu'il peut avoir sur d'autres vols long courrier de ce genre, mais de petits écrans au plafond comme dans les bus pour partir en colonie de vacances. Les choix des films est d'une médiocrité telle, que je pense que s'ils ne rajoute pas les petits écrans rapidement dans les avions, il faudrait toute fois qu'ils aient un conseillé audiovisuel dans lors société... Le dernier film était russe, dont les décors devaient être au nombre de cinq et les couleurs qui pimentaient un tout petit peu l'ennuie du film, de trois.

L'avion atterri, et je passe quatre heures dans le glauquissime aéroport de Moscou où l'on peut fumer partout, ce qui a pour effet de me donner un peu plus la nausée et je ne sais pas si ce sont des valeurs de recrutement pour l'aéroport mais tout le personnel n'est que de grosses bonnes femmes désagréables qui parlent vraiment trop mal aux petits Coréens.
A nouveau dans l'avion, je tente à nouveau de me reposer pour être en forme pour mon prochain stop : Berlin.