Luce en Argentine !

samedi 25 juin 2011

Santiago


Bon. Huit heures après mon arrivée à Santiago, je me retrouve dans une situation indélicate. Seulement huit heures après...

D'abord, mon arrivée à la gare de Santiago. J'arrive à la gare. Et comme je n'ai plus peur de demander quoi que ce soit, surtout quand j'arrive dans une capitale où je n'ai que le nom de l'hostel où je vais rester et l'adresse, sans carte, sans idée de comment est la ville.
Je me dirige donc vers « Informacion y turistica ». Je demande d'abord simplement une carte. Après cinq minute à me mordre les doigts pour trouver la rue de mon hostel, j'y retourne. J'arrive dans la boutique où il n'y a seulement qu'un ordinateur avec Skype connecté et une mère et son gosse en face « de moi » où nous sommes les uns comme les autres très étonnés... Trois seconde après cette étrange confrontation, une jeune femme déboule dans le lieux et me demande ce que je veux. Je lui montre mon adresse, et me donne le nom de la station du métro du même nom que la rue. Je m'en veux de ne pas l'avoir vu. En même temps, lorsque je remonte pendant une demi-heure la rue, je réalise que j'étais plus près à pied de la gare que l'endroit où je suis allée en métro.

Très mauvaise première impression de la ville. Une femme fonce en plein dans mon backpack, parce que je m'arrête pour lire la carte en plein milieu de la rue, sans me dire un « disculpa » ou un « pardon », alors qu'avec ce poids disproportionné sur mon corps, j'aurais pu rouler bouler jusqu'à la route et mourir écraser. Les gens s'énervent quand j'hésite sur mon chemin, c'est vrai avec mon sac à dos et mon sac ventral, je prends facilement trois personnes de large, et que c'est plus difficile pour eux de m'esquiver... Je hais considérablement tous ces gens, mais me décide de ne pas haïr la ville sachant que c'est pour ce genre de choses que les gens en général haissent Paris !

L'hostel est la première surprise. Pas seulement il a avait l'air beau sur les photos de Hostelworld.com, il est ultra clean comme je n'ai jamais vu un hostel auparavant. C'est presque de la qualité d'un hotel... Excepté qu'il y a des dortoirs.
Son nom, Princesa Insolenta. Okay, c'est un peu moche. Mais l'endroit est charmant et confortable. Un peu trop stylé pour moi, mais les lits immenses aux oreillers aux tailles circonstancielles me font oublier ce détail.
Je demande plein de détails au premier responsable de l'hostel parce que 1) ça me fait progresser en espagnol et de 2) je n'ai pas de guide. Je me pose une bonne partie de l'après midi, surtout que j'ai rendez-vous le soir avec Héloise, une amie de Flora de Scien-Po Grenoble, et que résultat, j'ai une bonne raison de sortir de l'hostel plus tard et que je n'ai pas envie de me mettre la pression plus tôt.
Je pense à prendre une douche, qui se révèle assez décevante par rapport au standing de l'hostel : j'ai le droit à un chaud/froid trop habituel dans les backpackers sudaméricains. Plus tard, une gentille irlandaise m'apprendra que c'est l'autre douche qui offre un chaud continu...
Je sors de ce moment rare de propreté avec l'idée de poser ma question habituelle qui été toujours récompenser de réponses négatives depuis le début de mes jours en backpackers sudaméricains : y a-t-il un sèche-cheveux. Je croise un jeune homme de très charmante constitution dans les escaliers, qui me salue, et flairant la situation (c'est un peu rare un salue si appuyer par un joli jeune homme comme ça), je lui demande s'il travaille ici. Réponse affirmative. Je lui demande donc s'il y a un « secador para el pelo » (un sèche-cheveux). Réponse affirmative encore. Grand moment de joie ! J'attends un long moment avant d'avoir entre les mains l'objet tant convoité.
Je suis donc toute propre pour aller à mon petit rencard du soir.

Je pensais gérer tous les métros du monde, mais celui de Santiago m'a montré que je ne savais rien. Après avoir suivi les indications d'une gentille brésilienne. Je vois mon wagon ne pas s'arrêter à ma station « Bellas Artes ». Et après avoir longtemps hésitée à revenir à pied à la station précédente, je repaye le métro pour faire une station. Là, j'attends Héloise, et me rend compte de l'incongruité de la situation : j'attends une jeune femme, dont j'ai vu trois photos sur le Facebook de Flora, dont j'ai le numéro de téléphone mais suis dans l'incapacité de l'appelé vu que je n'ai plus de crédit sur mon téléphone argentin... Donc soit je la trouve, soit, il faut que je demande à un chilien ou une chilienne avec mon vieux accent argentin un téléphone pour l'appeler...
Mais la vie dès fois est vraiment bien faite. Une nénette en face de moi qui guette un peu comme moi me fait face, au bout d'un moment, on se sourit et directement, on se parle en français pour se rendre à l'évidence que nous sommes biens les personnes que l'on attendait.
On passe un délicieux apéro, à discuter de tout et de rien, des mauvais embrasseurs que sont les latinos, et j'ai ma première introduction de Santiago. Je bois du Pesco sour, boisson typique du Chili, sorte de liqueur de vin blanc avec du citron, lait et de la glace et on dine des petits empenadas délicieux.

Je rentre à mon Hostel un peu joyeuse, très contente de comprendre comment fonctionne le métro maintenant grâce aux explications d'Héloïse.
Je crois qu'à mon retour je n'ai qu'à peine dépassé le couloir d'entrée où se trouve la place du gérant ( c'est mon bellâtre chilien qui m'a trouvé mon « secador » qui tient la réception»), et dans le salon, il y a un groupe d'anglophone qui boivent du vin, dont je ne fais plus partie depuis que je parle espagnol...
Mon réceptionniste me demande vite fait ce que je fais dans la vie, et on réalise que l'un est l'autre avons beaucoup en commun : ce dernier fait des études de réalisation à Santiago, et se spécialise dans l'image et la lumière... Et moi, suis ce que je suis assistante de production, passionnée de ciné. On commence à échanger sur nos différents gouts, expériences et au final me propose de boire une bière après son travail afin de continuer cette échange. Attention, ceci ne signifie pas boir une bière dans un bar après, mais de seulement acheter un petite bière au coin de la rue et de la consommer dans la Guesthouse !
Les débats sont endiablés, et il se mord les doigts du fait que je ne connaisse pas Radiohead, et je lui crache dessus parce qu'il trouve que « Dancer in the Dark » est mauvais. On arrive tout de même à montrer des choses qui impressionnent l'un ou l'autre, comme des chanteurs chiliens qui font vibrer ou des séquences magnifiques de ciné... Et mon chilien, qui porte le même nom qu'un cantinier de mon collège, est très tactile... Je ne sais pas vraiment si j'ai envie d'aller plus loin. Ma soirée est surprenante et agréable, mais il manque un truc... Mais à force de contacts répétés physiques, je tends mes lèvres, et un baiser s'esquisse et j'évite le roulage de pèle terrible qui me dégoute chez les latinos.
Mais un truc ne va pas. Je ne sais pas ce que c'est, le baiser était agréable, mais je vois le jeune homme déconcerté. Mais il penche les yeux vers la table me jette des regards gênés et encanaillés... Mais gênés. Bon. Seul manière de le faire réagir, je fais exactement comme lui, je le mime.
« Tengo una novia (petite amie) »... Pammm ! Bon prévisible, j'aurais du m'en douter... J'aurais dû juste demandé... Fuck ! Bon. Luce, qui se cherche dans le respect de tout les individus et qui cherche à ne blesser personne.
« Bueno, bon je n'aime pas cette situation. Je vais aller me coucher ».
Mais le jeune, libéré du poids du secret ne voit pas les choses de cette manière. Moi, je me retrouve dans la situation où c'est moi qui suis coupable, je tente tant bien que mal de me dépêtrer de la situation.
Surtout que le regret premier est que je n'étais pas plus enclin à embrasser le garçon plus que ça, au début, mais bon, c'est rare de s'entendre bien avec quelqu'un qui est si mignon...
Après une mise au claire, je me retrouve à faire le chemin de la honte, c'est à dire aller me coucher face à la personne qui s'occupe durant la nuit de la gestion de l'hostel et qui doit savoir que le petit chilien a une copine est que j'ai passé une bonne partie de la soirée à discuter avec lui et qu'il doit se douter de plus. Je l'assume. Ce n'est pas ma faute, Merde !

Le lendemain, je me balade dans la ville, qui étrangement me plait beaucoup. Je suis surprise de voir à quel point je suis à l'aise et comment j'apprécie son centre. Je me balade dans un musée au œuvres étranges mais intéressantes, je me fais un petit comedor, sorte de cantine pas cher pour le midi, ou je mange délicieusement, un autre musée et je rentre. Je me décide alors que mon séjour à Santiago doit s'écourter. Même si la ville offre plein de possibilités, je ne veux pas m'imposer de choses difficiles à subir, et je sais que le lendemain soir mon chilien va retravailler à l'hostel. Éviter la confrontation. Ou la tentation. Et puis il fait trop froid dans la ville, dans l'hostel, dans les ruelles, mes commissures de mes lèvres s'agrandissent gercées par le froid et je suis certaine que je vais avoir un sourire à la Joker. Okay, demain direction le nord, La Serena, pour retrouver Aline, le chaud et une âme pure. Je prends ma décision. Pour aller acheter mon ticket de bus, c'est en me perdant que je trouve la gare et que je réussi à manger pour la première fois au Chili de la « Streetfood » délicieuse. Je me fais la promesse de retourner rapidement dans cette ville qui s'est à peine dévoilé de ses petites montagnes que je vois lors de mon retour de la gare, recouvertes de neiges et rougeoyantes grâce au coucher du soleil... La ville me fait penser à Viennes. Une grande ville froide, organisée, culturelle, dans laquelle j'aimerai vivre mais dans laquelle je mourrai vite d'ennui !

Pour mon dernier soir, je dine avec Louis, un portugais qui travaille à Buenos Aires, actuellement en vacances. Je l'embrigade pour aller manger du poisson dans un restaurant trop kitch.
Pourquoi kitch ? Parce que les serveurs sont habillés en marins, il y a un faux squelette de baleine au plafond, une femme se promène avec un coffre habillée comme dans « Pirates des Caraïbes » et pour finir notre serveur joue un faux mauvais rôle de marin blasé qui fonctionne bien. Surtout que depuis le début du séjour, j'ai un gros problème avec l'humour chilien. Je ne sais pas si c'est une question de langue que je comprends moins bien vu que j'étais été habitué à l'argentin, ou si vraiment l'humour est très étrange, mais à chaque fois qu'un chilien fait un semblant de blague il se retrouve en face de mes yeux tout ronds plein de questions avec un « Que ? No entiendo ? » et donc ils se retrouvent à devoir expliquer quelque chose qui devient plus du tout drôle... Je suis donc une personne sans finesse pour les chilien.. Mais c'est pas grave, je ne comprends pas toujours les blagues en français non plus...
A la table à côté de nous, il y un groupe d'une petite dizaine de personnes qui dinent et fêtent l'anniversaire d'un grand père. Ils parlent fort, s'amusent et en plein milieu de notre repas (le leur est finis depuis quelques temps), une musique qui n'a rien à foutre dans un resto marin commence à retentir. C'est une musique orientale. Une danseuse plutôt peu vêtue pour la saison débarque, elle est habillée comme dans Les Milles et Une Nuit, rien à voir avec l'idée que j'ai, plutôt voilée du Moyen Orient. Elle commence à faire onduler son ventre, ses fesses et à rendre tout à fait fou le vieux papi qui regarde les yeux plein de surprise et de luxure la jeune femme qui ne se déhanche pas mais qui fait vibrer tout son corps avec une facilité déconcertante. Toute la famille applaudit au rythme de la musique : une grand-mère, la petite fille de dix ans, les amis du grand-père, les pères surtout et les femmes qui trouvent ça tout a fait normal d'offrir à l'aïeul, pour ses 75 ans une danse du ventre personnel dans un resto de poissons. Mon ami portugais n'en peut plus, j'avoue que je n'ai pas assez d'attirance pour les formes féminines pour être excitée par la danse mais, j'imagine l'impact différent sur les hommes. Je rigole, parce que c'est quand même très drôle comme situation, et Louis se retrouve à danser avec la danseuse, étonné de la chance qu'il a de pouvoir se rapprocher du corps tant convoité ! Ce qui est intéressant, c'est que tout le monde joue le jeu, comprend que c'est une personne qui est là que pour nourrir des fantasmes pendant quelques danses, que tous les hommes puissent baver sur son corps, et tout le monde est d'accord. Au fond de moi, je ne sais pas si c'est sain d'accompagner les fantasmes de manières ponctuelles ainsi, ou si c'est complétement déplacé...
A aucun moment mon esprit féministe se révolte, pour une simple raison, je sais que la situation est également possible dans l'autre sens. Par exemple, Aline, s'est retrouvé à une soirée chilienne pour meufs où il y avait un stripteaseur et des ballons en forme de pénis. En soit, je crois que je trouve ça plutôt sain...

Je me couche donc après ce deuxième soir à Santiago, pas moins excitant avec une étrange conviction que je n'aurais pas douté : j'aime Santiago...

vendredi 24 juin 2011

Valparaìso


Après 5 minutes dans le bus en direction de Santiago de Chili, à ranger mes affaires, je m'endors comme une grosse loque. Il est 7h30, et après une semaine à me lever tôt tout les jours, j'apprécie la grasse matinée, même dans le bus. Mes petites jambes sont couvertes de mon mentaux et mes mimines par mon pull en poil de lama.
Lorsque j'ouvre mes petits yeux tout collant de sommeil, je suis émerveillée par un spectacle magique : le bus zigzague dans la Cordière des Andes. Les montagnes ocres sont baignés dans une lumière à la couleur rosée propre de l'aube. Je suis abasourdie par la chance que j'ai de pouvoir découvrir ce spectacle, je reste dans un état de semi-éveil juste histoire de me rincer les yeux dans la beauté du paysage.
A côté de moi, une petite chilienne toute grosse roupille. J'admire comment les tremblements du bus font vibrer sa poitrine dans laquelle j'aimerai poser ma tête afin d'avoir l'oreiller parfait. J'évite cependant mes élans régressif et me rendors tranquillement. Un peu plus tard, c'est un paysage légèrement enneigé qui se dessine. Le bus commence à passer des sortes de petits villages militaires, je sais que la douane du Chili n'est pas loin.

Je ne suis pas très assurée à l'idée de gravir les montagnes pour changer de pays. Je sais qu'il y a eu une alerte à la neige pour ce weekend, et j'ai peur de rester bloquée dans les Andes et ne pas retrouver Flora et Aline pour le weekend. Je n'ai pas osé demander avant de partir à qui que ce soit de la gare, mais personne ne semble s'inquiéter...
Lorsque le bus arrive à la douane. Il fait tellement froid que notre chauffeur nous précise qu'il faut sortir groupé d'un coup, chaudement histoire de ne pas attraper la mort pendant le passage en douane.
Je sors tranquillement, il neige très peu, je suis glacée mais j'ai mes papiers rigoureusement remplis. Une gentille chilienne au doux visage et aux fesses énormes me demande si j'ai besoin d'aide pour remplir le papier. Je lui dis que je ne pense pas, excepté pour la question de bouffe fraiche, j'ai quelques trucs à grignoter.
Le Chili se prend pour une île. Résultat, comme pour l'Australie, il est interdit de ramener des produits frais comme des fruits, du fromages, des fleurs ou du miel. C'est aussi une manière de préserver l'agriculture du pays. Pour m'aider, je montre à ma chilienne ma petite feuille avec ma déclaration de douane. Elle me fait réaliser que j'ai fais un peu de la merde vu que par exemple, j'ai marqué que le pays d'où je venais, était la France, alors qu'en soit, c'est l'Argentine. Bon sachant que je passe la douane par bus, je pense que les douaniers croiront à ma bonne foi et au fait que j'ai écris mon papier au petit matin, d'autant que j'ai coché le moyen de transport « Train » et non « Bus »...
Après, je discute avec toutes mujeres du bus en espagnol sur des sujets comme la pluie et le beau temps, et surtout de la neige qui arrive enfin sur le tapis, en même temps que nos affaires roulent pour se faire scanner au rayon X . Elle va bloquer la route dans la journée et que nous sommes dans les derniers bus qui passent la frontière... La douane ne prend pas ma nourriture en boite, et ensuite on remonte tous dans le bus.

En face de moi, dans le bus, il y a un couple de « Yankies » qui parlent trop fort et qui me fascinent. Elle, est surement d'origine Coréenne mais a un parfait accent américain. Lui, c'est le sosie de Steve Buscemi. Il est tout maigre, se rhabille et se lève toutes les cinq minutes, comme s'il était très mal dans sa peau, a un avis sur tout, porte ses lunettes de soleil pendant le trajet en bus. En gros, il est assez détestable. J'ai l'impression que l'un comme l'autre sont très jeunes, mais me décide à ne point les juger et profiter de mes dernières heures de bus à les observer et imaginer leurs vies.

Lorsque j'arrive enfin à la gare. Je ne sais pas du tout comment je vais trouver Aline ou Flora. Surtout que cette dernière m'a envoyé un texto pour me dire qu'elle est au Chili mais ne sait pas où et n'est pas encore arrivée... Je rentre un peu désemparée dans la gare. Je cherche une banque pour tirer de pesos chilien mais comme je ne connais pas la sécurité du pays, je vais attendre mes copines... et là, un cri. « Luce »! C'est Aline qui guettait désespérément dans un coin propice à observer de la gare, nos arrivées.
Je souris, d'une certaine manière ça me semble normal de la croisée en plein milieu de la gare de Santiago. Je crois que c'est la personne que je n'ai jamais vu de manière « normale ». La première fois, c'était lors d'un nouvel an fêté sur deux nuit dans un chalet perdu de Bercelonnette. La seconde fois en Espagne dans une immense baraque, quelques fois dans l'appartement des parents de Flora sur Aix et la dernière, en Camargue. On met cent ans à se raconter nos péripéties de voyage et à attendre Flora. Cette dernière arrive finalement depuis Buenos Aires. On enchaine directement sur un peu moins de deux heures dans un autre bus pour aller à Valparaiso. Ce qui fais que pour chacune de nous, le temps de bus fut pour Aline et moi de neuf heures, Flora vingt-sept heures. Nous arrivons dans la ville, on cherche un peu longtemps un hostel, pour finalement débarquer dans « La Bicyclette », auberge de jeunesse tenu par un français étrange. On récupère Jérôme, alias le niais, alias l'autre, jeune homme perdu dans le Chili pour des raisons peu intéressantes et qui ne servira qu'à ce délicieux weekend à nous faire économiser 20 euros. Il est grand, a environ 30 ans, est passionné de la Suède et me parle de la Corée comme s'il connaissait le pays, alors qu'il est resté quatre jours dans le pays. Je ne m'énerve pas et reste calme, mes copines sont moins conciliantes.

On dine toutes les trois dans un restaurant au doux nom de « La Vida en Verde », qui est en fait une version améliorée de notre PMU. On dine délicieusement bien, le Chili est à l'opposé de l'Argentine le pays non pas de la viande, mais du poisson. Les mets sont donc composés de ce dernier et également de fruits de mer... On est habité par de grands discours politiques que le vin attise, et on finit par être toutes d'accord les unes avec les autres. Un musicien étrange nous joue des tubes complétement différents au synthé, et on a même le droit à une caricature gratuite pas du tout ressemblante. (Que Flora devrait prendre en photo et m'envoyer afin de pouvoir agrémenter mon album de celle ci!)
On termine la soirée avec une certitude : que le vin chilien est meilleur que le vin français parce qu'on est sur de ne jamais tomber sur un vin mauvais.

Le lendemain, on crapahute dans la ville qui est plus ou moins sur une montagne et qui est réputée pour ses graffitis. On se balade des heures, en montant-descendant, à prendre milles photos et à se prendre pour des artistes. Les monts sont recouverts de petites maisons aux toits et murs de milles couleurs. Les murs, eux-mêmes sont également repeinturés, ont des jolis petits carreaux... En gros tout semble art. Un peu trop cool à mes yeux. Un peu le même problème qu'avec les endroits bobos, c'est tellement cool, que l'appropriation est difficile du lieu vu que je ne me considère pas trop cool... Mais on apprécie et notre deuxième journée est ponctuée de chiens errants qui nous collent. Ils sont partout dans les rues, de races et tailles différentes, dorment sur les banc pour être à l'abris de la pluie qui ne fait que tomber depuis notre arrivée mais qui seulement pour notre balade s'est arrêtée. Ils sont moins bruyants que les chiens dans les maisons, frustrés d'être enfermés qui aboient dès que l'on passe près d'eux. Mais en même temps nous suivent et nous demande de l'affection alors qu'ils sont pleins de puces et un peu effrayants.. Je ne sais pas s'il vaut mieux les ignorer ou essayer d'être gentil de peur d'avoir une réaction différente que seulement avoir une sorte d'ombre qui nous suit. Je fais d'ailleurs un terrible cauchemar où un chien enragé me mord... Je suis d'autant plus sensible à leurs présences étranges et dérangeantes.
J'apprends également ce jour là que mon plan de rentrer à Buenos Aires à deux-trois semaines avant mon retour en France pour chercher un travail ne marche pas parce que c'est pile les vacances d'hiver des argentins. Fuck. Je me décide alors à voyager jusqu'à ce que je n'en puisse plus et ensuite revenir quand je veux à Buenos Aires... Je reviendrais pour trouver du travail ou dans d'autres dispositions plus propices...

Le lundi matin, un toc-toc étrange me réveille, C'est Flora, qui s'est levé à l'aube pour prendre son bus afin de rentrer Buenos Aires qui rentre car la route est fermée à cause de la neige... Et se prend un avion sur internet, on laisse Aline à la gare, et on fait la route ensemble pour Santiago.
Je la laisse de manière impromptue à un arrêt étrange, et je continue mon chemin en direction de Santiago, sans carte, sans guide, sans aucune idée de ce que va être cette ville que je m'apprête à ne pas aimer tellement j'ai de regrets pour Buenos Aires..

lundi 20 juin 2011

Mendoza, histoire vin.


Mendoza.
La ville me transplante d'un coup dans l'automne. J'avais eu les prémices à Buenos Aires, je l'avais oublié à Cordoba, mais Bam ! Retour des saisons en pleine gueule avec mon arrivée dans cette ville au pied des Andes. J'ai froid.

Mon arrivée est semblable à celle de Cordoba. Bus de nuit entre dimanche à lundi, arrivée le matin. La tête dans le cul. Un peu moins, vu que j'ai réussi à dormir. Je prends un taxi pour aller à l'école, parce que cette dernière n'est pas implantée dans le centre ville, mais à l'autre bout de la gare routière en légère périphérie.
Le conducteur me charge 10 pesos en plus, que je ne cherche même pas à ne pas payer tellement que j'ai la tête dans le cul, et me trouve comme excuse que ça doit être la tarif de nuit. Il est presque 9h du matin.
L'école est beaucoup moins charmante et accueillante que celle de Cordoba mais les gens sont gentils. Mais ne parlons pas de scolarité, ma prof était moyenne, mais jolie et ce n'était que 2h par jour, donc pas de quoi raconter une grande épopée scolaire. Ce qui est important dans ce séjour est autre chose. L'hostel.

Je ne recommanderais jamais le backpacker Huellas Andinas. Le lieu est propre mais peu confortable, froid et vide. En même temps c'est la saison qui veut ça. Avant le ski, après les sports d'eaux vives. En gros la seule activité existante dans la ville est la dégustation de vin.
Mon hostel, c'est en fait une chambre pour quatre personne pour moi toute seule. Lorsque je sors des cours je m'écroule sur les canapés, j'en profite pour regarder films et séries, chose pas faite depuis un petit moment. J'apprécie le calme est la sérénité de la situation.

Les deux premiers jours, je fais de longues balades dans la ville, ou dans le gros parc proche de celle ci. Les décors sont semblables au sud de la France : des grandes bordures de platanes où les feuilles rougeoyantes donnent naissance à de longues et douces pensées mélancoliques. Les rues sont vides, les gens balayent les feuilles mortes devant leurs maisons. Je prends vraiment le temps de m'intéresser aux carrelages différents devant chaque pâté de maisons. Comme si le trottoir était propriété de la maison en face, il y a des choses très étranges qui se passent sur le sol argentin. Par exemple, dans une même rue, aucune unité n'existe. Même devant les maisons peuvent se trouver trois ou quatre sortes de carreaux différents. On peut presque savoir si les propriétaires sont riches ou pas par la qualité du carrelage. Si il y a des carreaux fantaisistes, on peut imaginer des personnalités originales habitant les lieux. Et enfin, l'observation de ces carreaux est très important afin d'éviter les crottes de chien qui jonchent le chemin de pièges odorants.

L'air est sec, est comme un automne dans le sud, je me retrouve avec les yeux tout irrités, la voix un peu enrouée et le nez bouché. Je m'achète donc de antihistaminique argentin avec brio dans une pharmacie. J'avais le nom du médicament, mais comme la nénette voulait me filer des gouttes, et qu'une grande partie de mes orifices souffraient d'une manière générale de ce mal, je voulais plutôt un médicament à tire groupé :
« Quiero una cosa para alergia » (J'aimerai un truc pour les alergie).
En grand hahhh... de la pharmacienne à qui je tendais quelques minutes le nom du médicament recommandé par ma prof qui ne se présentait qu'en goutte.

Au bout de mon troisième jour, je commence à m'ennuyer sec. Ok, je me repose, ok je fais mes cours le matin tôt. Mais putain, ya vraiment rien à faire. Naturellement, à ce moment là, je n'ai toujours pas ouvert mon Lonely Planet. Mais heureusement, comme par enchantement, comme si le dieu du voyage avait entendu mon cri du cœur, arrive Johanna, une anglaise, dans l'hostel.
Elle a peau de couleur rose bonbon, elle est blonde-blonde, et a un putain d'accent trop cool que je pécho en dix seconde en oubliant ma passion pour l'accent américain.
Elle a vécu un peu à Buenos Aires, travaillé six mois en Bolivie dans un centre pour aide pour femmes battues, a voyagé au Pérou, Equateur et Chili et rentre à Buenos Aires pour trouver un travail. On se fait un petit diner, on boit pas mal de vin, tout reste tranquille, mais en mieux accompagné. Elle, l'Angleterre, la sophistication, l'ironie, l'humour. C'est comme si j'avais tout un fantasme des meilleurs qualités d'un pays, comme camarade.

On décide de se retrouver le lendemain pour un tour dans Maipu, la ville en banlieue de Mendoza afin de faire la dégustation de « Bogedas » (caves). Au début, nous comptions sur le faite de louer un vélo, mais au final, comme ce n'est pas la balade que l'on imaginais dans les vignobles sur des petites routes de campagne, mais plutôt une déambulation dans une ville banlieusarde où il reste des caves, on se dit que l'on augmentera nos années de vie à pied.
On se perd dans un endroit assez glauque où un mur en brique, comme par douce ironie est taguée par cette phrase « Maipu, el mejor lugar para vivir », Maipu, le meilleur lieu pour vivre. On se marre, et on repart très vite par l'endroit où nos sommes arrivées de peur que un « maipusien » viennent nous casser la gueule.
D'autant que ma camarade, vu sa couleur de cheveux et son physique si particulier est, aux yeux de tout le monde, une grosse touriste. En effet, c'est surtout les mecs en bagnoles qui la remarque et klaxonne dès qu'ils passent près de nous. Dans ces moments, je suis la plus heureuse du monde d'avoir teint mes cheveux foncés !

Nous faisons un petite visite de caves, nous dégustons un petit Malbec dont l'histoire vaudrait la peine d'être raconté dans ces lignes de ce blog, mais comme j'ai la flemme je me conterais dire que c'est un bon cépage qui n'existe que ici, en Argentine, dans cette région.
On fait un musée étrange mais intéressant, et nous revenons un peu frustrée, à Mendoza parce que les caves ferment tôt. On boit un autre vin durant le diner, et ensuite, on se décide à sortir et à continuer notre dégustation dans un petit bar, où l'on nous sert un vin délicieux dont je tombe amoureuse. On prend deux petites bouteilles de deux vins différents, pour la modique somme de 8 euros, et je m'explose les papilles de mille saveur et on ressort légèrement ivre du bar, le teint rosé, et moi avec la perspective de devoir me lever le matin à 7h40 pour mes cours.
Sur notre passage, avec mon amie qui ressemble à une « Chankie », Yankie avec l'accent argentin, les jeunes gens qui s'ennuient, nous proposent de la Cocaïne. Questions pour eux : pourquoi voudrions nous acheter de la cocaïne un jeudi soir alors que la ville est presque morte ? Pourquoi achèterait-on de la cocaïne à des enfants de 15 ans, en pleine rue qui gueulent quasiment la drogue proposée ? Enfin, tout les jeunes gens ont l'air de trouver ça tout à fait normal, et je repense avec nostalgie à mon voyage adolescent au Maroc où l'on nous proposait seulement de la Marijuana à mon ami drédeux et moi. Halala, la jeunesse n'est plus ce qu'elle était...

Le lendemain, je refait une petite visite, avec de nouveau de la dégustation, mais j'ai du bruler mon palais la veille, où avoir un peu la gueule de bois et sommeil, je n'apprécie pas de la même manière le délicieux nectar.
Je visite également une huilerie, et j'ai plus l'impression d'être en Italie que n'importe où au monde. Je savoure avec plaisir tapenade, tomates confites et je regrette de pas avoir le verre précédent pour accompagner la dégustation... Il devrait faire un combo : huile/vin dégustation.

Le lendemain, je prends mon bus en direction du Chili pour retrouver Flora et Aline à Valparaìso.

dimanche 12 juin 2011

Una semaña en Cordoba


Je suis restée un mois à Buenos Aires. Quasiment jours pour jours. Comment cette décision de partir est devenue une évidence ? Je crois que c'est après avoir vu Flora et Ramiro s'offrirent un weekend prolongé que je me suis rendue compte que l'aventure me manquait. De plus, ma vie à Buenos Aires commençait à battre de l'aile : je n'avais fait quasiment rien de touristique, je n'avais pas vraiment rencontrer d'autres personnes que le cercle d'amis de Flora, Ramiro et Rebecca.
Mon inactivité me fesait culpabiliser.

Ma première étape avant de partir, ce fut de prévenir ma famille d'accueil, c'est à dire Flora. Elle n'a pas rendu les choses faciles.
« Ho... Tu vas me manquer... Tu pars si rapidement ?... Vraiment ? » A ses douces paroles comme un miel fait pour m'engluer plus longtemps dans l'appartement, j'avais qu'une envie s'était de m'enfermer dans la petite maison du Pasaje Pereira et ne plus jamais sortir. Mais ma tête a fait un énorme effort, à envoyer paitre ma sensibilité.
« Il faut que je parte, il faut que je trace ma route dans ce pays, ma Flora... Mais t'inquiète, je reviendrais dans tous les cas avant ton retour en France ! » Et les yeux humides je m'étais plein de convictions dans ma voix alors que j'avais seulement envie de rester près du faux feu à gaz, dans cette maison que je connais et que j'aime.

La deuxième étape afin de partir, ce fut de déplacer mes cours. En effet, je désirais ne pas les arrêter. Pour cela, je me retrouve donc dans le bureau du Coined, l'organisme qui de l'école, et je me retrouve en face d'un jeune que je vais appeler François pour l'occasion, car malheureusement ma mémoire exécrable ne me permet de lui restituer son vrai nom. Ce n'est même pas une question de mémoire sélective, le garçon est adorable, gentil, et français. Le dernier point est important parce que j'ai toujours l'impression d'oublier les noms étrangers et je commençais à croire que c'était une forme de racisme latent... Mais non, aujourd'hui, je peux le dire avec assurance, ce n'est pas seulement les noms brésiliens, coréens et argentins que j'oublie. Mais tous !
Bon revenons à « François », qui m'explique gentiment en français comment ça se passe si je décide de suivre des cours dans une autre ville. Je me donne, suite à ses explications, un jour pour être sur de ma décision, et pouvoir revenir en arrière. On est mercredi.

La troisième étape n'est pas forcément plus simple : j'aurais aimé avoir mille raisons pour rester, mais finalement, je me retrouve dans la situation inverse, où j'ai plus de raisons pour partir. Oui, un américain est revenu, et oui, heu..., ça me donne une bonne raison pour partir.
Jeudi, sûre, presque enthousiaste par mon départ, avec des perspectives floues de mon avenir, je prends la grande décision de changer mon école. Je paye même afin de rendre la décision irréversible.

Ma dernière étape de mon départ, c'est celle de prendre le bus. Je me suis renseignée auparavant sur comment marché la gare routière grâce à Flora, mais j'ai eu la flemme de prendre un ticket en avance et je décide de jouer la chance jusqu'au bout, c'est à dire d'y aller à l'aveuglette le dimanche soir, afin de prendre un bus de nuit... Il faut dire que je ne prends pas trop de risque, y'en a un toute les demi-heures... Mais bon, c'est quand même, pour moi qui suis une stressée du départ, un grand pas.
Flora me dépose à la station de bus, et j'ai peur de pas m'arrêter à la bonne station, j'envoie mille textos à Flora pour qu'elle me rassure. Ensuite, par un manque de réflexion intense, je me retrouve à faire toutes les gares ferroviaires avant de rentrer finalement dans la routière parce que je pense enfin à lire ce qu'il y a écrit sur les gros bâtiments.

A l'intérieur, je monte à l'étage où il y a les guichets afin d'acheter les tickets. Flora m'a conseillé d'en faire plusieurs, je regarde les deux premiers guichets, l'un vend des tickets pour Cordoba, l'autre non. Je demande les prix, et comme c'est moins cher que ce que j'ai vu sur internet et que j'ai la flemme de faire une comparaison, j'achète directement à ce premier guichet mon ticket et je suis prête à embarquer dans 20 minutes dans un bus. Point négatif, cela veut dire que j'arriverais à Cordoba à 7h du matin...

Je donne mon gros sac aux mecs qui me filent un petit ticket pour le récupérer dans la soute, et je rentre dans le bus où je ne comprends pas où est ma place, et au final, l'espèce d'hôte de bus, en gros la version stewart sur route et moins sexy, me place gentiment, et je me retrouve avec mon semi-cama, moitié de lit, siège inclinable au ¾. Et à ce moment, la question éternelle : pourquoi ce quart manquant fait vraiment toute la différence ?
Je ne dors pas avant trois heures du matin, et je suis très blasée d'arrivée une heure à l'avance à Cordoba, 6h du matin, la tête dans le cul, direction mon école et surtout un café pour pouvoir m'offir un gros « Café con leche y medialunas », petit déjeuner typique argentin, totalement pompé sur celui français.
Dans le café, le jeune homme qui me sert à un accent dégueulasse auquel je ne comprends rien et lui ne me comprend pas en retour. Mais grâce à la magie du langage avec les mains et le menu, je me retrouve avec devant moi un merveilleux déjeuners et un jus d'orange frais. Je lis quasiment 50 pages Des Trois Mousquetaires.

J'arrive bien trop en avance à l'école, sans avoir pris une douche : je me nettoie le visage avec une petite lingette démaquillante et me brosse les dents. Doux moment de salubrité malgré mes mêmes vêtements d'une nuit dans le bus et le désir profond de prendre une douche.
On me laisse faire l'examen de compétence, et dix minutes après on me le retire, vu qu'ils savent mon niveau grâce à Buenos Aires. Je me retrouve de nouveau à attendre.
La classe se passe tranquillement, je suis avec une italienne, et trois brésiliens : une fille, Paola et deux garçons, David et Diogo.
Mon professeur Matthias est un grand bonhomme avec des disproportions étranges : de longs poils sur les doigts, un nez très grand également et une chevelure d'une épaisseur incongrue. Durant la semaine, il s'est coupé les cheveux, je n'avais même pas remarqué, à tel point ils sont étranges...
Avec mes camarades je parle « todo el tiempo » en espagnol, et je réalise que je dois apprendre autant de portugais que d'espagnol vu que lorsque on ne connais pas un mot, mes gentils amis me disent comment ce dernier se dit en portugais, et moi, si je le comprend, je l'utilise comme si il était espagnol... Heureusement que j'ai une mémoire de merde et que ce n'est pas en utilisant une seule fois un mot que je le retiens ! Ce mauvais espagnol a un nom : portuño. Je pense que je ne serais jamais capable de parler avec un espagnol en espagnol, entre mon accent argentin et mes mots portugais... C'est un peu comme si un italien parlait français avec un accent québécois et rajouter des mots espagnols... ça foutrait des frissons à n'importe quel parisien qui refusera de lui parlait !

Je me plonge de nouveau dans le monde latin dans toute sa splendeur. Et surtout dans son machisme.
Je conseille vivement à toutes les filles, les femmes, n'importe quel age si elles ont envie de voir le vie sexuelle exploser d'aller en Argentine. Même les autres, surtout les autres en fait. Je ne sais pas pourquoi la française souffre de cette réputation, de ce glamourisme à gerber mais pas un seul jour, on ne me fait la réflexion sur le fait que mon accent est sexy. Donc pour changer cette image, où au moins pour ne plus en faire une affaire d'état, je pense que ça serait presque humain de balancer 50.000 françaises dans toutes l'Argentine, surtout des moches et des vulgaires afin de transformer cette putain d'idée et de permettre aux françaises de voyager tranquillement.
Et pourtant, ce n'est pas faute de pas faire d'effort. Je crois que cela fait environ deux semaines que je ne me suis pas épiler, je ne pense même pas au maquillage le matin, et c'est limite si la douche (surtout quand l'eau est froide) n'est pas secondaire. Mais malheureusement, rien n'y fait. Souvent, lorsque je dis qu'un mot est le même en français, les brésiliens me demandent de leur répêter en français, et me le fond répéter plusieurs fois, et bizarrement, au bout d'un moment, j'ai quasiment l'impression de faire une caresse masturbante en parlant.
Je pense également jouir du privilège « nouvelle » dans l'école. Ce qui fait que tous les mecs là depuis un peu de temps me voient comme une bonne tranche de viande fraiche qui en plus parle avec un joli accent. Dans la réalité, sous une autre lunette que le brésilien à sang chaud, je suis plutôt une galérienne en espagnol, qui porte mon pantalon de sport pendant la journée parce que c'est plus confortable et que je suis presque dégoutée de faire des efforts vestimentaires tellement c'est facile, et en plus j'ai les cheveux qui commencent à être gras.
Je pense que pour mieux finir ma peinture de la drague médiocre brésilienne, il faut que je parle de mes deux compagnons de classes : Diogo et David.

Un contexte, un mardi soir, imaginez un match terriblement attristant entre le Brésil et la Roumanie. Premièrement, attristant parce que c'est un peu un match perdu d'avance pour la Roumanie, et en plus de ça, Ronaldo a joué pendant 20 minutes de la première mi-temps. Ronaldo, c'est bien celui auquel vous pensez. Celui qui a joué la coupe du monde 98 contre la France, celui qui n'a pas eu de cheveux puis en a eu d'un coup, puis lui qui est bien gros maintenant. Malgré tout les Ronaldos qu'il y a au Brésil, il a fallut qu'ils le remettent sur un terrain de foot pour le célébrer une dernière fois. Donc outre la suprématie du Brésil au niveau technique, il y a avait aussi le tableau mélancolique d'un homme déchu sur un terrain de football, où les jeunes nouveaux joueurs tentent de lui offrir un dernier but qu'il rate trois fois lamentablement. Même lui en rigole, de gêne ou peut être du à la quantité de Xanax qu'on a du lui foutre dans la gueule pour le pousser à aller une dernière fois sur un terrain... Donc je suis dans cette pièce, on me pousse à être pour les brésiliens, mais je me sens tellement plus proche de la Roumanie par compassion. Et c'est avec cette ambiance terrible que Diogo, me dit qu'il veut me faire écouter une chanson, à laquelle je ne comprends strictement rien parce que le son sort d'un ordinateur portable et qu'il y a 15 personnes dans pièce qui parlent en même temps. Je lui demande de me l'envoyer et quelques jours plus tard, le jeune homme me dit qu'il me traduit la chanson en espagnol... Hmm, romantique, mais putain, j'ai vraiment pas d'amour spontané pour la musique brésilienne. Le jeune homme terminera par me tenir la jambe pendant la soirée à me dire qu'il est amoureux de moi, et moi, je lui dire en retour que non.

Son ami, David, fait preuve de beaucoup plus d'assurance. C'est en revenant de cours, en marchant dans les petites ruelles de Cordoba que le jeune homme me demande si je connais « Los Besos brasileños », je lui demande de répéter cette phrase totalement hors contexte, vu que précédement je devais parler surement de comment c'est difficile de pas se mélanger tout les mots espagnols, ou une connerie dans le genre, et lorsqu'il me redemande si en gros j'ai déjà embrasser un brésilien, je pense d'abord au fait que je n'ai pas du tout envie d'embrasser quelqu'un maintenant, et encore moins un brésilien vu l'idée générale que je me fais des baisers latins. Pour rappel, lors de mon petit périple, j'ai eu l'occasion d'expérimenter les baisers d'un espagnol en NZ, et d'un argentin, et de discuter de ce problème avec Maxime qui a un penchant également pour les latinettes, et c'est d'un accord commun que nous avons déclarer tout le continent de l'Amérique du Sud être de piètres embrasseurs. Avis à transformer, bien sur.
Donc pour être assez direct comme le jeune homme, je lui dis clairement que pour ma part, je ne désire pas l'embrasser, et pour moi ce fut fini.
C'est mon professeur, Matthias qui a le mieux expliquait, jusqu'à maintenant, le comportement si arriviste des argentins et des hommes en général d'Amérique Latine. Il nous demande, en cours, si on croit aux relations amicales entre les hommes et les femmes. Je réponds d'un « oui » catégorique, et mes nombreux amis de sexes masculins peuvent confirmer cette pensée. Lui, nous explique que pas du tout. Que dans tous les cas, il pensera à plus. En gros, s'il y a possibilité, il va essayer. Je suis complétement abasourdie par cette révélation et explique le fait que dans ce cas il y a pas essayer d'être ami avec lui, vu que sinon il va vouloir baiser... Et avec la description ci-dessus que je vous ai faite, l'envie n'est pas vraiment forte... Toujours pas le prof qui colle à mon image du « professeur sexy argentin ».

Mais outre cet omniprésence sexuelle/drague constante, comme j'étais claire avec mes désirs, aucun mec ne me faisait vibrer, j'ai passé une excellente semaine, les brésiliens se révèlent de géniaux camarades. Tous les midis, après la classe, nous déjeunons dans le petit jardin au soleil de l'école, en compagnie de David, Paola et Gabriel, un américain texan avec une tête d'américain texan, avec un accent américain ouf en espagnol, et surtout avec un humour assez généralissime. Et comme notre espagnol est plus que moyen, nos discussions, notre humour, tout est très enfantin, et c'est un régal que de se laisser bercer par cette facilité qui nous englobe.
Notre petit groupe est très joyeux et on fait des blagues tout le temps, et j'ai l'impression d'avoir 5 ans.

Il y a tout fois un incident à relater sur cette semaine : le match de futbal.
Depuis le début de la semaine, les hommes parlent entre eux d'organiser un match, et moi depuis le début de cette semaine, je dis que je désire jouer également. Cependant, le jeudi soir, jour du match, je réalise que aucun des mecs n'avaient pris ma demande sérieusement, et gentiment pendant l'échauffement, ils me passent un peu la balle, mais je sens toute la condescendance dans ce geste, et lorsque ils me disent que je jouerai plus tard parce qu'il y a un nombre impair, je sais que je ne frapperais pas une seule fois la balle pendant le match.
Pendant la première partie, j'observe attentivement le jeu, et j'analyse le comportement des joueurs. Je dois avouer qu'ils sont tous bons et bien meilleurs que moi, mais je sais que j'aurais pu avoir ma place au milieu d'eux durant le jeu en défence.
Au bout d'un moment, je réalise, honte à moi, que je suis énervée contre leur machisme des mecs, mais que en même temps, rester à côté du terrain, ça fait un peu Pompom girl, et je décide de partir. Sur ma route du retour, je verse une larme sur ma condition de femme et prendre la grande résolution de me remettre au sport à la rentrer et de botter les fesses à n'importe quels connards qui croient que je n'en suis pas capable.

Le dernier jour, vendredi, une « asado » (barbecue de viande argentine) est préparé à l'école, et tous les élèves, staff, stagiaires dispersés du Coined se retrouve afin de diner et sortir ensuite ensemble. J'aime beaucoup mon petit groupe, les autres personnes sont gentilles, mais ya vraiment un problème dans l'école, c'est un peu comme le BTS. Comme les gens sont ensembles depuis 1-2 mois, on peut sentir les tensions, les relations d'un soir qui ont brisé le coeur des nénettes, les relations à trois étranges qui semblent se passer, ou seulement les gens qui disparaissent ensemble pendant toute la soirée... Rajoutez à tous ça le facteur latin et vous obtenez des filles frustrées et amoureuses et des hommes coincés entre leurs instincts et leurs femmes.
Ce qui fait que le but est de pas parler trop longtemps à un mec de peine de se faire sauter à la gorge par une des nénettes, qui rallierai toutes ses copines contre votre personne. En même temps, j'évite fortement toutes les nénettes, à part les brésiliennes qui sont plus tranquilles, car les autres semblent toutes en tenir une grosse couche. Entre les demoiselles qui ont énormément besoin de confiance en elles et vous agrippent pour vous dire à quel point vous êtes géniale et les autres qui vous méprisent parce que vous êtes nouvelle et que vous êtes un risque pour leur hommes... Je me retrouve à parler, en mode speed-dating, le plus souvent 5 minutes aux différents garçons, et dès qu'ils me demandent de parler français, je pars parler à un quelqu'un d'autre.

Heureusement, dans cette situation un peu chiante, il y a Paula. Paula s'est dire en français « Je m'appelle Paula, j'ai 25 ans », c'est tout. Elle est brésilienne, elle a un sourire gigantesque, et elle petite, drôle et elle ne se prend pas au sérieux. C'est ma grande copine de ma classe et de l'école. Sa présence féminine a été la clé de tout le bon déroulement de cette semaine. On s'est amusé comme des folles, on a évité les ennuis ou les embuches argentines, et on s'est bien marré. Depuis que je voyage j'ai rencontré peu de filles avec qui je m'entendais vraiment bien, excepté celles qui sont en couple. Mais, elle, franchement, c'était ma meilleur copine de Cordoba.

Donc après l'asado, direction boite de nuit, où la musique est meilleure que ce que je pouvais entendre en Corée du Sud, mais bon n'est pas transcendantal comme la musique berlinoise. Par contre, le lieu était magique. Un ancien théâtre, réaménagé en discothèque. J'ai dansé sur la scène, bien sur. Fait important : j'ai osé danser devant des latinos, ce qui était un peu effrayant, mais je crois m'être pas trop mal débrouillée. Souvenirs flous de fin de soirée. Lendemain difficile, mais agréable avec une visite du marché artisanal où j'achète un collier en plastique et un pull.

Je pars ce soir pour Mendoza, je ne sais pas à quel point vous êtes au courant des nouvelles de l'Amérique du Sud, mais un volcan recouvre tout de cendre, résultat je ne sais pas quel type de paysage je vais avoir. C'est pas loin d'où je vais, les catastrophes me suivent toujours, mais je préfère un nuage de cendre qu'un nuage nucléaire.

Ha oui, une dernière nouvelle, plus ou moins importante, plus ou moins certaine. Je commence à réellement considérer l'idée de vivre pendant un an en Argentine. Après Mendoza, je vais quelques jours au Chili, je rentre à Buenos Aires avec Flora, et je fais des recherches et vois ce qui se passe. Si je trouve un travail intéressant, je le considérerai, sinon, je reviendrais vivre en France. Je rentre dans dix jours à Buenos Aires, les choses peuvent changer, d'ici là, et je peux être vraiment très saoulée par l'Argentine... Mais c'est quelque chose que je prends en considération, on verra ce que la chance/destin/ tout ça tout ça/ répondra à cette tentative !

jeudi 9 juin 2011

Les mots clés....


Les mots clés tapés sur google qui donnent accès à mon blog :
- "luce en argentine" : merci les amis
- "http://simone-ailleurs.blogspot.com/" : c'est gentil les amis, vous pouvez aussi taper l'adresse directement dans la bar d'état !
- "mon tel fonctionne t-il a seoul" : je suis désolée, mon blog n'est pas un forum, y'aura pas d'explication mais la description de comment sont kitsh les téléphones coréens...
- "astuce vacances corée pas cher" : Humm, un peu la même chose que voyageur qui s'est aventuré par hasard avant...
- "baise étudiant corée" : Hahaha... C'est pas moi qui va pouvoir répondre, grosse obsédée va, reste sur youtube, c'est plus facile.
- "coréen tout nu" : Je commence à me poser des questions sur me référencement !
- "elle a baisé dans les toilette du lucé avec son profe" : alors la je crois que c'est une mauvaise blague de google, parce que je sais que je ne suis pas brillante en orthographe, mais putain, c'est dur ! D'autant que j'ai cherché jusqu'à la page 8, et aucune trace de mon blog... Grand mystère, d'autant que Baise, c'est pas un mot sans lien...
- "femme qui veut tout se faire offrir" : bon, il se peut que j'ai parlé de ça, mais pourquoi quelqu'un chercherai ça sur google ?... Un bonne féministe je suppose !
- "femme recherche ami coreen" : Plus sobre que la nénette qui est passée avant...
- "fuck rock core europa" : ...

mardi 7 juin 2011

Mi clase o mis clases


J'entame mes cours d'espagnol pour la troisième fois consécutive. Il est déjà tard pour que je leur rende hommage... Mais je ne me formalise pas, l'avantage au bout de trois semaines c'est que je peux maintenant dépeindre le lieu avec un peu plus de couleurs et de détails.

Lorsque le premier jour je suis arrivée, mes « Holas » ou mes « Qué tal » étaient bancales et presque insonores. Quasiment inexistants, plus une sorte de mouvement dérisoire de ma bouche pour suppléer le fait que je n'ose pas prononcer un bon et franc « Hola » de crainte de le dire mal. Chose étonnante, même après deux semaines de cours, ma confiance pour saluer n'est pas encore augmentée. Par exemple, aujourd'hui, je me suis même plantée et j'ai carrément dit « Hello ». Je suis en Argentine depuis quatre semaines, je ne m'inquiète pas.

La première fois que je suis arrivée à l'école, j'étais prête à pourfendre dragons et hydres à milles têtes pour pouvoir atteindre un bon niveau d'espagnol à la fin de mon séjour. Ce sera un enseignement épique, ou ça ne sera pas. Ou alors, c'est ma lecture des Trois Mousquetaires qui me fait voir des aventures partout... Qu'importe ! Mon arrivée à l'école était vaillante, et les yeux englués par un éveil réveillé par un réveil, chose rare, je me sentais prêtre à mettre le pied à l'étrier.

Mon enthousiasme s'est très vite évaporé. A cette phrase, je suis obligée d'ouvrir une parenthèse juste pour signaler que je viens d'éponger une fuite d'eau dans la cuisine. Nous avons éviter l'électrocution ou une plongée sous-marine matinale. Je referme la parenthèse. Donc, je me retrouve complétement refroidie par l'ambiance de la classe, comme un jeune puceaux qui se voit mettre un préservatif pour la première fois de sa vie au moment tant attendu : mes collègues de classes sont aussi intéressantes et motivées que des hôtesses de l'air d'Aeroflot et ma professeure est, au contraire, ultra motivée mais trouve également moyen de ne faire tourner nos maigres conversation que sur le sujet le plus chiant et bancal du monde : les clichés de nos pays.
Ce qui donne des situations cocasses qui me fait frétiller seule sur ma petite chaise, d'excitation, comme par exemple quand elle demande à une de mes camarades, Tatiana, une russe de quarante ans passionnée par l'Amérique Latine et Patricia Kaas la question suivante : «  Y por vos (« tu » argentin), como es Vladimir Poutine? ». Je guette la russe les yeux plein d'étoiles, en me disant que qu'importe sa réponse je serais la plus heureuse de monde. « Es muy lindo, para mi ». Putain de barrière de la langue. Bon d'accord, je suis déjà très heureuse d'avoir pu entendre une russe en chair et en os dire que Vladimir Poutine et beau, mais je suis déçue de ne pas pouvoir l'entendre parler plus...
Puis après ce type d'excitations, je me retrouvais à nouveau dans un état léthargique pendant lequel je suivais doucement le rythme de la classe comme un pédalo qui se laisse doucement dérivé sur un lac. Malgré tout, ce rythme me donnait la confiance suffisante pour avoir envie d'avancer plus vite, et grâce à lui, j'ai eu tout doucement les bases de l'espagnol qui me manquaient et ainsi que le vocabulaire que je n'avais jamais appris du début... Avec des choses aussi basiques que les mois, les jours de la semaine, et les chiffres.

Mais après cette description, on peut imaginer que ma quête héroïque de l'espagnol se transforme un réunion topoware version castillane. Mais non, j'avais envie de faire les choses à fond, et envie d'avancer vite : l'après midi, pour cette première semaine, j'ai eu un prof particulier pendant une heure chaque jour.

L'après midi, après avoir passée tranquillement deux-trois heures à bouquiner et me reposer dans les alentours de l'école, je me retrouve à guetter intriguer par le tableau où mon nom apparaît avec celui d'un professeur : Ciro.
Je fantasme. Professeur particulier... Hmm, non que je sois particulièrement excitée par les enseignants, je laisse mon imagination gambader et créer un professeur argentin idéal, avec une petite chemise à carreaux, grand et élancé, qui me donnerai également des cours de tango... Et à ce moment, un homme se rapproche de moi, rien à voir avec mon idée. Il est bien plus vieux et en plus, il est rond. Il regarde le tableau et me regarde. Je supporte son regard avec une tête qui veut dire que je ne crois pas du tout au fait qu'il puisse lire sur ma gueule mon prénom. Description : je soulève difficilement un sourcil (donc les deux parce que je sais pas faire autrement) et j'écarquille les yeux pour avoir l'air encore plus étonnée par le regard observateur du prof.
« Vos sos Luce? ». Sourire gênée, un petit « Si ». « Encantado » me répond-il d'une voix tonitruante accompagnée d'une poignée de main très énergique quasiment théâtrale.
Il me ramène dans sa classe me parle et magie... Je comprends tout ! Je lui réponds, et j'arrive à parler. Cet homme me donne ce que je n'ai jamais eu de toute ma vie en quelques minutes : la possibilité de m'exprimer en espagnol.
Je ne sais pas si c'était parce que c'était lui, mais en tout cas il m'a donné envie de parler. Pour vous figurer le personnage, il faut prendre un corps pas forcément facile à porter. Imaginez ce que costaud peut décrire quand on veut pas vraiment dire que quelqu'un est gros, et rajoutez pataud dans la manière que vous estimez ce corps se déplacer... Mais alors la surprise, malgré la masse, l'homme bouge de manière vive, et il y a une sorte de contradiction magique entre lui en mouvement et lui quand vous l'imaginez se mouvoir. Il n'est pas vraiment beaucoup plus grand que moi, mais la masse est imposante, il a les cheveux noirs qui pourraient sembler être gominés, il est entre l'italien et l'espagnol, physique pas forcément facile et en même temps avec une énergie folle, il peut parler pendant des heures juste pour s'entendre parler et en même temps ce qu'il dit est intéressant. C'est homme est une contradiction. Lorsque je le rencontre, il est fraichement rasé, et au fur et à mesure des mes jours à l'école, j'ai pu étudier la manière dont sa barbe pousse sans jamais vraiment savoir si je le préfère avec ou sans, comme si aucun des deux ne lui allaient.

Toute l'énergie absente de mes cours d'espagnol du matin va se concentrer pendant cette heure l'après midi. Dès la deuxième heure, je commence à parler de cinéma et avec les mains. En fin de semaine, on se retrouve à fumer des cigarettes sur la terrasse comme si on était dans le premier troquet en train de refaire le monde ou du moins redessiner le monde artistique et on se fait virer de l'école parce qu'elle doit fermer et que nos cours s'éternisent.
Il me donne vraiment envie de me mettre à l'espagnol, de découvrir plus la culture de l'Amérique Latine et on échange nos artistes ou auteurs préférés. Par rapport au discussion du matin « A mi, no me gusta Nicolas Sarkozy porque es bajo », c'est le jour et la nuit et je suis ravie de parler culture.

Par contre, une crainte se manifeste, de manière perverse : c'est que le professeur est un argentin.
Depuis mon arrivée, vous avez pu constater comment ma vie sentimentale était exhalée ici, et je ne peux calculer le nombre de fois pour expliquer le machisme, la drague, les relations entre les gens, mais de manière générale, tout le monde, ma prof, Flora, Rebecca, même Pablo la mec de Rebecca, m'a dit « Ho mais c'est un argentin ! » ou « On est en Argentine ». Oversexualité de tout et pécho une nana est aussi populaire que le foot ici. Qu'importe la fidélité.
Rien qu'au niveau des relations homme/femme, avant qu'une histoire devienne sérieuse, il faut que des fois que les jeunes femmes attendent un an avant que leurs mecs leur demandent s'ils peuvent être officiellement leurs « novio ». Avant pas de réel engagement... même si après, ça n'a pas l'air très contraignant pour les messieurs...

Enfin, pour en revenir à mes cours d'espagnol, la première semaine, mes cours de l'après midi, c'est l'idylle parfait, en comparaison avec mes cours du matin.
Le jeudi, dernier cours de ma semaine, ayant crainte de ne pas retrouver mon prof, je lui serre la main très cérémonieusement quasiment en faisant un petit salue. Il se fout de ma gueule par rapport à mon comportement. En effet, rétrospectivement, je réalise que c'est plus le genre de au revoir que pourrait faire un coréen à son chef lors d'un licenciement que d'une française qui salue son prof d'espagnol avec qui je gribouille dessus son carnet le nom des mes réalisateurs préférés sur son petit carnet. Tant pis, je ne mourrais pas de honte.

Le semaine suivante, je désire alléger mes cours et je ne prends que ceux du matin. Alors quelle grande surprise lorsque je réalise que mon nom, sur le tableau des classes est tout seul avec celui de Ciro. Pour rien vous cacher, outre la surprise, je suis un peu anxieuse. Il est vrai que je savais qu'il était possible que s'il n'y a pas de classe à son niveau, les cours peuvent être transformés en cours particulier de 2h au lieu de 4. Je me retrouve donc avec 2h de cours par jour, de 14 à 16h. Résultat ça fout en l'air mon rythme de vie, je commence à avoir le même que Ramiro (le mec de Flora), c'est à dire lever à midi, coucher à 4h du matin. A l'argentine quoi !
En plus, le mercredi est un jour férié et je me retrouve à sombrer dans une série, dans Entourage et je ne sors que pour étudier, manger et aller en cours.

Mes cours continuent sur leur lancée, discussions philosophiques, politiques, économies de l'art en Argentine.

Le mardi de ma deuxième série de cours en tête à tête, un événement étrange ce produit. Je parle de l'anniversaire de Ramiro. Mon prof, afin de tester ma capacité à bien utiliser les formulations de l'age me demande « Y cuanto anos tiene ? ». Petit moment de hésitation je lui donne l'age du jeune homme. Sur son visage, je lis un léger tressaillement. « Y vos, cuanto anos tenes ? ». « Yo tengo 21 anos »... « Heu no, disculpa me, yo tengo 22 ». Oui... comment je peux me tromper sur mon âge !
« Hijo de Puta » s'exclame-t-il. Il fait son bon chamucho, et s'extasie sur le faite que je suis vraiment trop jeune pour mes discussions et ce que j'ai fait dans ma vie et n'arrive qu'à me gêner et puis je réalise ensuite que s'il l'homme avait quelques idées très argentines dans la tête, peut être que l'âge jouera en ma faveur et me permettra de ne pas avoir à répondre des propositions pressentes auxquelles je ne veux pas penser... Surtout que je suis fascinée par cette bague qui porte à l'annulaire, monture en argent avec un M siègent au milieu en or. Pas du tout à mon goût, et qui augmente mon dégout à toute forme de gentillesse.

Le cours de jeudi se passe s'en encombre, et une nouvelle fois nos discussions animées fait que cette classe fait rayonnée ma journée et stimule mon esprit peut excité par ses journées assez léthargiques.

Vendredi, je suis déprimée. Vraiment déprimée, pour une raison à la con, je me tape le blues propre à toute étape d'apprentissage : je stagne. J'ai l'impression de ne pas avoir progressé. De ne pouvoir parler qu'avec mon prof et que tout les autres personnes, je ne les comprends pas ou vice versa. Ma déprime passagère me pousse même à imaginer une machination de la part de mon professeur afin que je ne puisse communiquer qu'avec lui.
Ce qui fait que lorsque j'arrive en cours, je n'ai pas du tout envie de travailler. Et puis bon, je l'explique à mon prof vu que je suis franche, qui donc, gentiment prend le temps de revoir les choses sur lesquelles je bloque et on s'accorde à ne pas me faire parler pendant longtemps. A force de me plaindre et de m'excuser de me plaindre, Ciro s'énerve un peu me dit si je parle en espagnol, je ne peux pas tout le temps m'excuser, ce n'est pas dans les habitudes de la langue latine. Et je ne sais plus comment cela se passe mais en expliquant que je ne m'excuse pas vraiment, que c'est parce que j'ai pas du tout la tête à ça, je me retrouve bloquée par cette pregunta: « Que esta en tu menta si no podes trabajar ? » ou quelque chose comme ça qui veut dire qu'est ce qui a dans mon crâne qui fait que je ne peux pas me concentrer. Je feins une flemmardise aiguë et évite la franchise qui pourrait entrainer juste des situations gênantes. Et je sens aussi également que le malaise continue et je regrette presque immédiatement de ne pas avoir essayer d'expliquer les choses, même maladroitement en espagnol. Mais la discussion rebat sont plein lorsque on parle de littérature d'aujourd'hui, celle d'Amerique Latine et de Victor Hugo.
Je termine ce dernier jour de classe avec l'esprit plus libre et une pointe de romantisme artistique qu'avaient fait germé nos cours dans ma vie simple de Buenos Aires.

Après un samedi en Uruguay et un dimanche à la Feria de Ricoletta avec Rebecca, me revoilà, lundi matin, la tête dans le cul devant le tableau des classes. Je suis enfin avec un groupe, ça veut dire qu'ils connaissent mon niveau et que je vais être avec des gens du même que le mien... Je rentre à 10h dedans la salle désignée, et la prof me demande si c'est bien ma classe, je lui réponds par l'affirmative, mais va contre-vérifier, parce que je suis presque un peu déçue de ne plus être avec mon prof préféré. Et je réalise mon erreur : j'ai bien cours avec ma classe mais l'après midi.

Commence ainsi ma troisième semaine de cours d'espagnol.

La motivation belle et joyeuse du début à complétement disparue, et par rapport à mes discussions animées de la semaine précédente, je me fait royalement chier pendant mes cours où malgré les efforts didactiques de ma prof, je m'emmerde comme le rat mort écrasé entre les pavés que j'ai vu à San Thelmo.
Ma classe est remplie de brésiliens, et la seule personne qui n'est pas ressortissante de là bas est une allemande. Une allemande passionnée par la danse. Et qui est vraiment aussi con qu'une danseuse. Au début, je la trouve rigolote, mais très vite, elle passe sous l'étiquette conne. Trop d'énergie, trop dispersée, elle parle trop... Halala, déjà que les cours ne sont pas faciles à supporter, j'aimerais également qu'elle ferme sa gueule et ça irait un peu mieux.
Donc ma déprime castillane se termine jeudi. Tout d'un coup, je me remets à parler, je retrouve la facilité de faire des phrases sans queue ni tête ou je me perd au milieu, mais avec lesquelles j'arrive à combler le silence, et je me retrouve, à nouveau, le sabre au bout de la langue prêt à reprendre mon combat pour parler espagnol.
Je vois, sans le savoir, pour la dernier fois Ciro. Je lui dis que je pars à Cordoba. Il me fait la bise, et ça m'émoustille un petit peu (putain d'hormones argentins).

Le vendredi, dernière classe, je me rends compte que je me suis attachée à mes camarades, que je leur parle et que je regrette de les avoir snobés parce que je m'ennuyais. C'est surtout Cristo, un mec assez doux et gentil, avec qui ont a raconté des histoires absurdes d'amour en classe d'espagnol qui me fera presque un adieu déchirant...
Je ne croise pas Ciro dans les couloirs, je me rappelle qu'il ne travaille pas souvent le vendredi, je regrette de ne pas avoir son email, et réalise qu'outre mes petits fantasmes à deux balles, c'est surtout à un ami à qui je ne dis pas au revoir. Je me promets que lors de mon retour à Buenos Aires, je reviendrai saluer mon professeur.