Luce en Argentine !

mardi 26 juillet 2011

Séjour en Utopie



 Mes amis, je reviens vers vous avec cet article car ce n'est pas parce que je le décide que mes aventures se terminent.
Et je reviens avec du sang, des bêtes, et surtout avec des gosses...

Lorsque je suis revenue à Buenos Aires, je me suis emmerdée. Il aura fallut vingt cinq heures de bus et un déjeuner avec des argentins qui m'ont assommée à coup de langues bien pendues pour que je me retrouve le lendemain de mon arrivée dans la ville tant désirée clouée à mon lit.
Putain de crève. Je m'en étais un peu doutée lorsque mes yeux à demi-ouvert, réveillée par mon propre corps grelotant, j'ai pu observer le gel qui couvrait non pas l'extérieur du bus, mais bien l'intérieur de celui ci qui me transportait vers la grande ville. Moi, pauvrette avec comme seul couverture mon petit mentaux, je me doutais bien que j'allais chopper un truc pas cool.
Lundi, mardi, mercredi, jeudi : je suis malade. Je ne sers à rien, je sors uniquement pour aller voir « Ocho minutos antes de morir », traduction de « Source Code » du fils Bowie, et finalement je me retrouve bien un jour en plus au lit pour cette initiative, certes agréable, mais beaucoup trop téméraire pour mon faible état.

Heureusement, vendredi je vais mieux : je peux sortir, et même fumer quelques cigarettes. La soirée est courte, un peu naze sur la fin, et le plus étrange c'est que je me retrouve avec une grosse gueule de bois... Je crois que c'est dû au fait qu'avec beaucoup d'assurance, j'expliquais à Flora que pour tuer mes microbes, je devais boire de la vodka. Le lendemain, c'est ma voix qui a foutu le camp.
Le samedi soir : culture. Flora m'embarque à un concert d'un orchestre où se mélange astucieusement le théâtre pour former un joli spectacle où les chansons des films de Kusturica croisent les Choristes (paroles incompréhensibles quand elles sont chantaient par des espagnols) et s'achèvent joyeusement avec tout le monde qui chante avec les musiciens une chanson à la moral terriblement triste, misogyne et vraiment discutable.

La semaine continue tranquillement jusqu'au mercredi matin 6h30. Il faut que je me réveille. Flora, ma délicieuse petite Flora qui est un peu la branche sur laquelle je m'appuie depuis le début de ce voyage et qui m'a permis d'apprendre beaucoup sur ce merveilleux pays qu'est l'Argentine m'a proposé une sortie de deux jours en province de Buenos Aires. Attention, une sortie en province de Buenos Aires pour Flora a sens particulier... D'autant plus si celle-ci prend naissance dans le courant de la semaine et non durant le weekend. En gros, Flora me propose de l'accompagner dans une école alternative, pour l'aider à filmer son documentaire sur les enseignements alternatifs. Traduction : Flora m'emmène dans un camp de hippies communistes argentins. Mais chose merveilleuse du voyage, tel Jim Carrey dans « Yes, man », je prends l'aventure avec philosophie et sans préjugé.

Cette aventure commence tôt. 6h30. La veille, par bêtise, j'ai bu du maté à 5h, et mon pauvre corps trop sensible à la caféine a empêché le sommeil de me gagner... Je compense donc à mon réveil par une énergie qui se trouve seulement dans les moments où on sait que le seul moyen de ne pas dormir, c'est de faire mille choses à la fois, de over compenser son manque de sommeil par l'énergie.

Pour la première fois depuis mon arrivée en Amérique du Sud, je prends le train.
Flora me fait remarqué la terrible sonorité des voix des mecs qui vendent des objets dans les wagons. Le son est la plupart du temps proche du cris d'une chatte en chaleur au loin qui se fait prendre, et en même temps, la désarticulation de la bouche des vendeurs font qu'on ne comprends rien à ce qu'ils racontent. Il faut donc attendre que celui-co se rapproche au plus près de vous, qu'il hurle le nom du produit qui vend et qu'ensuite vous regardez dans ses mains ce qu'il propose pour qu'enfin vous arriviez à saisir le mot qu'il crie. Et naturellement, la grande majorité du temps, il vous propose un produit dont vous avez strictement rien à foutre. Mais la voix n'est pas seulement le seul moyen de vous polluer votre voyage. Vous avez le faite que les mecs se succèdent toutes les trois minutes dans votre wagon, insistent longuement pour vous faire acheter en passant trois fois, vous déposant leurs produits sur vos genoux ou sur les sièges vides.
Mais le pire, mais le pire de chez pire, c'est le mec qui vend des Cds avec des musiques MP3 dessus. La musique mainstream latina regroupe ce qu'il y a de pire au monde au niveau musical. Deux genres se distinguent de ce mauvais goût sonore : la Cubia et le reggaeton. Je ne sais pas quelle est la différence entre les deux, mais je peux vous jurer que c'est aussi dégueulasse l'un que l'autre. A chaque fois que les musiques commencent, une sorte de nausée me prend à la gorge et la seule manière de survivre est pour moi de faire abstraction de ce mauvais goût et essayer de penser aux pires chansons de pop coréennes qui sont toutes aussi dégueux dans un autre genre mais qui contre la violence sonore de la musique latine par des rythmes guimauves asiatiques. Il y a des moments où je me dis que faire se reproduire ces deux types de musiques pourrait être une chose inhumaine... Et pourtant je ne suis pas contre le métissage, mais je pense que l'on créerait un monstre sonore qui détruirait toutes formes de beauté à la musique...
Pardon, revenons à nos vendeurs de MP3. Ces horribles dealers de piètres musiques ne se contentent pas de vous proposer d'acheter le cd. Pour vous donnez un avant goût, ils déambulent, armés d'un ordinateur portable, auquel est branché des enceintes qui crachent le son poussé au volume maximal pour vous faire saigner les oreilles à n'importe quel moment de la journée, pourvu que vous soyez dans le train.
Pour nous, il est 8h du matin. Flora et moi souffrons. Le mec reste bien dix minutes dans le train, et naturellement, toutes les personnes qui nous entourent ont décidé de lui acheter un cd, ce qui fait que nous avons le droit à la musique directement dans nos oreilles. Un bonheur.

Heureusement, après avoir passées une succession de gares plus vides les unes que les autres dont la peinture et la remise à neuf n'a pas du être refaite depuis que je suis née, nous arrivons, à ce qui ne ressemble pas à une gare du tout, mais comme le train s'arrête et que les portes ne sont pas fermées et que Flora reconnaît au loin son contact sur place, on saute à terre (il n'y a pas de quai...), et nous retrouvons Carlos, près d'un 4x4 vert, qui n'a pas du tout une gueule de hippie mais plutôt le visage de « l'Idée » du paternel. Il a les cheveux grisonnants, un sourire franc, le nez rougi par le froid, et même si nous roulons dans son 4x4 sur des routes en terre défoncées sans ceinture, je me sens en sécurité.

Carlos et Flora parlent de choses à l'avant que je ne comprends pas forcement puisque ils se connaissent déjà et que moi je comprends rien au social, et que je ne veux pas montrer mon ignorance et ne veux pas y prendre part.

Le chemin de terre que nous empruntons a de plus en plus de trous, et moins d'espace pour qu'une autre voiture puisse arriver en face. Mais ce cas là ne se présente pas.

Nous passons une ancienne école, aux jolis locaux qui est complétement fermée alors que nous sommes un mercredi en semaine. On m'explique qu'elle n'ait plus en fonction depuis 10 ans. On la passe, et très peu de temps après, nous arrivons à Rucca Hueney, lycée agricole.
Notre gentil Carlos nous fait faire le tour de toute la ferme et nous présente aux gamins. C'est en règle générale des pré-ados ou des ados complétements et à chaque fois qu'ils nous croisent, ils nous font la bise à l'Argentine, une seule, de manière très taciturne. Les enfants sont un peu gênés, ne veulent pas montrer trop d'intérêts mais sont polis.
Après avoir découvert les différents lieux clés : les classes de cours, les enclos à poulets, ceux des cochons, des vaches, le potager, on décide de s'armer de la caméra et de partir à la chasse aux images.
Je suis complétement excitée par le potentiel magique du lieu car à notre arrivée, un jeune éducateur, portant bottes caoutchoucs et gros tablier de boucher, déplumait les poulets avec une machine automatique, et je rêvais déjà de filmer la lumière traversant la pièce éclairant les milliers de plumes volantes autour de lui...

La caméra sortie, les gamins réagissent comme à un aimant à celle : il y a ceux qui s'approchent, veulent la porter ou passer devant pour dire de la merde, et les autres qui au contraire, vont soigneusement nous éviter et être très hostiles à voir l'objectif braqué sur eux.
Les futurs acteurs en herbe, ou au moins présentateurs de télé nous font découvrir toute la ferme et nous expliquent comment tuer un poulet : ils nous refont avec les têtes laissées à terre une vague imitation du résultat surtout pour que l'on puisse filmer la tête du pauvre poulet égorgé tomber au sol.
Ils nous montrent le potager, où les uns arrachent les petits pousses de leurs pots et moi, je balise sur le fait que l'on est en train de les aider à foutre le bordel, mais les gamins me rassurent en rempotant avec autant de violence qu'ils avaient sorti les plantes de terre. On est entouré de bien dix enfants, qui sont fiers de nous montrer leur travail, qui ne sont pas réellement sauvages et qui nous posent des questions, qui se foutent de ma gueule parce que je parle pas bien espagnol et qui font absolument ce qu'ils veulent dans la ferme mais ça ne semble pas poser de problème...

Les enseignants aussi se mettent en scène. Ils décident de tuer un cochon. Bon peut être qu'ils devaient tuer ce cochon, mais le moment était tellement théâtral que je ne peux imaginer que c'est quelque chose de tous les jours...
Tout la ferme à pour but de rendre possible l'autogérence de l'école sans demander des subventions ou des aides à l'état à fin d'être indépendants. Ce qui fait que les professeurs ne sont pas payer pour leur travail... Mais que toute la bouffe vient de la ferme, et ce qu'ils vendent cela permet de payer les petits trucs qu'ils ne peuvent pas produire sur place. En même temps, les gosses apprennent les principes de gestion et la manière de devenir agriculteurs.
On ne voit pas la mise à mort du cochon, nous filmons au même moment les enfants nous raconter la découpe du poulet, mais putain, on l'a entendu. Le grognement de celui-ci à sa mise à mort sert le cœur, même en faisant abstraction du coté « c'est horrible » parce que l'on est entouré d'enfants qui voient ça tous les jours et que l'on veut être des filles fortes pas citadines (et surtout Flora elle vient quand même de la montagne), le crie nous rappelle que la bête est en train de mourir et que ce n'est pas facile pour personne.
Lorsqu'on arrive fasse à l'énorme corps du cochon étalé sur la remorque qui le transporte, il a encore quelques soubresauts et le sang coule doucement de sa jugulaire. Mais le romantisme agricole me reprend : la flaque rubis sur le sol scintille grâce à la lumière de l'hiver, derrière le cochon un chaudron fume de l'eau bouillante qui servira à enlever la peau de la bestiole et les rayons qui traversent le nuage donne une atmosphère féerique à ce moment alors que mon sang était glacé quelques minutes avant. Un enfant s'occupe de retirer la peau, l'enseignant asperge l'eau avant que le couteau glisse sur le corps et les oreilles bougent tranquillement en cadence avec les coups de couteau.
Lorsque la tête du cochon est suspendu et que la découpe de la viande commence, les enfants se tapent des grosses barres et joue un peu avec. Je me dis que c'est simplement horrible parce que je pense que c'est horrible et que les gosses ne rigolent pas de manière noir du cochon, mais de façon innocente, et avec une légère retenue mais comme une forme de libération, Flora et moi, caméra sur la tête de la bestiole, on rie avec eux.

Lors du déjeuner, petits haricots blancs, carottes et toutes les parties du poulets, cuisinés au feu de bois dans une énorme marmite.. Les enfants s'échangent la bouffe car bien sur il n'y a que ça à manger et il y a ceux qui n'aiment pas les carottes, donc ils se font chier à les trier pour les échanger avec ceux qui n'aiment pas les haricots blancs et un gamin fait des blagues sur le faite que l'on va tous péter l'après-midi. A ce moment là, je discute avec une gamine qui avait assez mal réagi à l'arrivée de la caméra dans ses activités. Elle m'explique qu'elle préfère être derrière celle-ci et on discute sur les différents enseignements dans l'école. Je regrette de ne pas rester plus longtemps dans l'école et je me rends compte de la nécessité qu'il y a aujourd'hui d'éduquer les enfants sur l'image en général. Comment appréhender l'objectif scrutateur d'un appareil, comprendre quels sont les limites, les droits de ses appareils sur nous, comment l'image peut être utilisée ou encore comment ne pas avoir peur de celle-ci.

L'après-midi nous allons dans une des salles de classe, celle d'histoire. C'est un bordel assez conséquent sachant que les gamins ne sont pas plus de dix dans la salle, et qu'ils doivent être 3 à écouter. Notre présence n'aide pas à la tranquillité de celle-ci. Les enfants grimacent à la caméra quand ils voient que l'objectif les braque. Les deux uniques filles nous montrent des images à la con de chats sur leurs portables, et le prof tente de raconter un peu aux gamins ce qu'est l'Égypte antique. Mais au final, je réalise qu'ils en savent plus que moi. Un des gamins qui semble être un petit macho en herbe, se trimbalait d'un bout à l'autre de la salle qui n'est pas grande, l'entre jambe braquait en avant. Un enfant avait sa table tourner de de trois quart du tableau et était délibérément face à la fenêtre ou dans le coin, je n'ai pas trouvé de réponse, mais je crois qu'il n'y pas vraiment de châtiments dans cette école et je suis heureuse de m'assoir dans une salle de cours, comme ça un peu par hasard et de ne jamais avoir à y retourner pour du long terme...

On salue les enfants en fin de journée, Carlos nous récupère et nous amène avec sa femme et une jeune suisse qui travaille sur place pour sa thèse, dans un camps de réfugiés paraguayens. Ils travaillent à la mise en place d'un centre culturel pour aider l'accès au soin et à l'organisation d'activités culturels dans le quartier.
Nous arrivons dans cet endroit dans lequel on aurait jamais mis les pieds si on nous y avait pas amener et on se retrouve avec des amis de Carlos et sa femme à boire maté dans ce qui est une maison en brique qui a du être faite par ses propriétaires. Elle est tristement peinte mais beaucoup moins pire que ce que l'on peut imaginer lorsque des mots comme favelas, villas ou camps de réfugiés peuvent apporter comme image. Ils nous parlent des anniversaires, de leur vie normal et je suis touchée par l'absence de comportement misérabilisme de ces personnes. Les deux filles de la familles sont belles, j'ai envie de croquer dans leurs petites jours brunes et charnues et elles nous amènent visiter la salle culturelle et le quartier.
Quand j'arrive devant la grande habitation, je demande à Carlos si c'est une église. Il rigole et me dit que ça ressemble mais que non. Lorsque l'on rentre, pourtant, il y a des vierges et des petits autels poser sur des tables en plastique au fond de la salle. Le travail du lieu est beau : la charpente est visible au plafond, il fait bon et la pièce est baignée par une légère odeur de bois.
On est suivi par quinze chiens quand on se balade dans le quartier qui aboient aux chiens enfermés dans les habitation, et comme toutes les maisons sont construites par leurs propriétaires, on peut voir qui a fait preuve de créativité dans la construction, et ceux qui n'ont pas eu le temps. Les égouts sont à ciel ouvert et les chiens boivent dedans, les lignes électriques sont directement tendues depuis les poteaux et des fois aussi tombent dans les égouts, mais je trouve que c'est plus un quartier en devenir que le reflet de la misère. Je me ôte très rapidement cette idée de la tête lorsque l'on me parle des drogues qui sévissent dans ces lieux.

Nous rentrons chez Carlos qui nous loge et on passe un charmant diner en leur compagnie, doucement politique mais pas dans les extrêmes, tranquille, et au rythme de la ferme, nous nous couchons à 9h après éclatées par la journée.

Le lendemain nous allons dans l'autre école réservée au plus jeune, équivalant de notre primaire. Je me sens un peu moins à l'aise. Le temps est grisâtre et malgré le nombre plus élevé d'enseignants, c'est un peu plus le bordel. Les enfants sont plus jeunes, ils demandent beaucoup d'affection, viennent pour des câlins et pour te parler. Je trouve ça mignon, puis je me souviens que la dernière fois c'est comme ça que j'ai réussi à attraper des poux, j'éloigne un peu ma tête des enfants. On interview les éducateurs, cela m'intéresse moins, c'est plus idéologique, plus sur l'enseignement moins pratique que la ferme. Je laisse un peu Flora se débrouiller toute seule, et j'en profite pour jouer avec les garçons au babyfoot qui au début croient que je suis nulle et après ne veulent plus me laisser partir....
Les enfants sont aimants, intéressés, drôles. Je pense qu'ils ont la chance d'être ici. Le terrain a été squatter l'équipe et aujourd'hui leur appartiennent, et les jeunes sont donc en pleine nature à gambader dans ce lieu qui n'est pas fermé.

A midi on mange un plat absurde de patates, pattes, sauce bolonaise mélangés avec des lentilles. Mais c'est bon, et même meilleur que mes repas au Restaurant Universtaire.

On assiste au cours d'histoire avec les plus vieux, et le professeur devient mon futur mari. Il montre un film sur l'histoire pré-colombienne qui me fait dire que je ne connais strictement rien à l'histoire des autres continents et ensuite parle de notions et réalités de guerre et paix, et la manière dont il a de parler de ces deux idées et les avancer aux enfants, fait que Flora et moi sommes plus attentives et fascinées que les enfants. Le cours se termine sur du dessin pour illustrer cette idée. Et comme j'ai honte de celui ci que j'ai fait, je le transforme en une cocotte que je donne à une fille, que j'ai cru que c'était un garçons et avant que c'était une fille.

L'heure du départ arrive enfin. Je commence à vraiment être fatiguée de ces deux jours. Tant d'énergie dépensée pour essayer de donner à chaque enfant qui le désir, être sensible aux émotions de chacun pour que le tournage ne soit pas traumatisant, et en même temps faire semblant de comprendre tout ce qui se passe en espagnol, ont été de gros efforts pour moi.

Estela, la femme qui était un peu notre référente sur place nous propose de nous ramener. Avant cela, elle décide de nous montrer le tag représentatif de tout leur travail dans le coin, dans le centre de la ville qui se nomme assez justement Fraternidad.
Pour notre balade, Louis nous accompagne. Louis est un petit garçon qui dit avoir 10 ans mais qui semble en avoir 8. Il a les cheveux clairs, ainsi que sa peau et ses yeux. Mes de grosses taches d'encre lui noircissent le visage et les oreilles. Estela le taquine en lui disant qu'il s'est peint lui même, il réagit en se frottant une fois le visage et en relaissant tomber ses bras en avant. Il marche la tête baissé mais avec le regard vif et combatif. Il répond à mes questions en se demandant pourquoi je prends la peine de les poser vu qu'il en a rien à foutre et en plus on est des adultes. C'est comme si on était juste un bonne raison de sortir de l'école, rien de plus. Sinon on est des adultes : êtres peu intéressants.

Un petit gavroche rêveur, un peu plus morveux, avec un pull qui descend 10 centimètre au dessous de ses doigts. Quand on l'interpelle parce qu'il marche dans la mauvaise direction, il semble revenir sur terre et avoir complétement oublié notre existence pendant quelques secondes. Il est fascinant et en même temps on a envie de le secouer pour le rendre attentif.
On arrive a la place avec le tag que je ne comprends pas. Flora fait quelques plans, et je ne sais si c'est par fait exprès Louis s'assoie contre le mur, et nous offre son visage le plus blasé et effronté à la camera. Je ne sais pas s'il pose mais je le trouve génial, et décide que c'est mon enfant préféré de la journée.

On nous montre une classe pour mamans et adolescents, on discute avec des femmes du coins à un coin de rue. L'une d'entre elles est une jeune maman, elle doit avoir 5 ou 6 ans moins que nous. Sa propre mère fait part des ses inquiétudes pour son fils. Elle dit qu'elle est plus confiante envers la sécurité de sa fille, que la seule chose qui peut arriver c'est ça. Elle montre sa fille, son bébé dans les bras. Flora et moi retenons nos élans féministes à ce moment là. Et nous allons ensuite attendre notre train sur le quai.

Avec la même nonchalance, j'observe du coin de l'œil Louis qui se balade tout près du bord du quai. Puis après l'avoir bien observé, à mon grand désespoir, le gosse plie ses petits genoux et s'assoie. En regardant au loin la lumière du train qui glisse dans notre direction, certes lentement mais sûrement, je lâche un « Louis... », sachant désespérément que je n'ai aucune autorité sur cette esprit enfantin et libre. Estala, sentant mon mal être, avec sa douce manière de donner des conseilles qu'on ne peut que suivre lui dit : «  Tu sais Louis, la plupart du temps, quand il y a une lumière sur les railles, souvent il y a un train... », et très lentement, le gamin se lève et se pose plus loin. Je souffle un grand coup.
Le train s'arrête devant nous. Nous saluons tout le monde et tranquillement nous repartons vers Buenos Aires, capitale. Notre voyage sera accompagné d'un horrible vendeur, qui, comme un fait exprès ne vendra que des Cds de musique pour enfants...

Vous trouverez le regard de Flora sur cette journée sur son blog :

jeudi 7 juillet 2011

Fin de voyage, fin du Chili...

Si vous êtes un avide lecteur de mes aventures, vous devez vous rappeler que sur mon dernier écrit, je m'étais arrêté au moment où j'attendais un bus pour aller vers le Nord du Chili, à San Pedro.
Pour les autres, ceux qui suivent moins, voici un petit « Previously » :
Après un weekend riche en magnifiques paysages et aventures chiliennes, mes gentils hôtes me laissent à la charmante gare routière dans le bled complétement paumé nommé Vallenar, mini-ville supplantant la vallée désertique de Huasco.

Ils me laissent à 8h30 environ. Lorsque je parle de gare routière, le mot englobe une idée un peu faussée par le lieu : en effet, nous sommes au Chili qui a connu comme les restes des pays d'Amerique du Sud qui ne sont pas communistes, une grande libéralisation de leurs transports... En règle général cela se traduit par l'absence de communication par voie ferroviaire pour les particuliers, et toutes circulations s'effectuent donc en bus, de sociétés privées bien sur. Il y a donc de nombreuses compagnies, et de l'endroit où je me trouve, on peut voir d'un côté de la route un grand centre « Tur Bus » et de l'autre côté, un Pullman, les deux concurrents principaux. Je vais donc durant toute ma matinée faire des allers-retours entre les deux centres routiers pour voir tout d'abord : 1) quand est ce qu'il y a un bus pour San Pedro, ma future destination. Je me rends compte que c'est seulement chez Pullman qu'il y des bus durant la journée pour la ville la plus proche de San Pedro... mais le problème c'est qu'il n'y a plus de place dans le prochain bus. Le vendeur qui gentiment me garde mon énorme sac à dos dans sa loge, me conseille d'attendre le bus qui arrive à 11h. Donc deux heures à attendre dans le froid des courants d'airs de la putain de gare routière qui n'en ai pas une. Les chiens errants me tapent l'amitié, et j'en profite pour écrire tout mon vocabulaire d'espagnol sur mon petit carnet. Naturellement le bus a une demi heure de retard, et quand il arrive le conducteur fait des grands gestes négatifs au vendeur de ticket. Merde.
J'attends une autre heure, parce qu'un autre bus, qui va à une autre grande ville proche de San Pedro va passer. Il est plein également.
2) Je recommence mes allers-retours pour voir quand il y a de la place dans les bus de San Pedro... et je réalise que c'est seulement chez Tur bus, à 22h30 qu'il y en a... c'est à dire dans 10h, vu qu'il est midi à ce moment là...
Je commence à vraiment avoir froid, je suis fatiguée, et je n'ai pas envie d'attendre 10 heures dans cette gare routière trop glauque où les chiens errants me tournent un peu trop autour quand je bouffe mon sandwich.
3) Ma décision est prise, je rentre à La Serena, ce n'est qu'à 3h de bus, il y a en souvent, et de là, je pourrais reprendre un bus pour San Pedro sans avoir à galérer dans une ville paumée où je n'ai nul part pour me poser. Je recommence les allers-retours. Arrive finalement le moment où j'ai mon ticket de bus, et j'attends une bonne heure et demi que le bus arrive, m'embarque, et que je m'endorme dans celui-ci.

Lorsque le bus marque le premier arrêt, j'ai l'impression d'être à La Serena, mais cela ne ressemble pas du tout à sa gare routière, je me rassois. Quelques minutes plus tard, le gars qui s'occupe de la gestion des sacs en soute, vient me chercher et me dit que l'on est arrivé... En speed je sors, et je me demande dans quel autre trou paumé j'aurais pu arriver sinon...
Je remonte toute la ville telle une habituée, et je vais à mon hostel. Je sonne de multiple fois. Aucune réponse. Je commence à me dire que la malchance me poursuit. Tout un coup, un groupe de jeune surfeur, les cheveux crades et blonds décolorés par le soleil débarquent les bras pleins de bières, et, comme des rois mages, appuient sur la sonnette, la porte s'ouvre miraculeusement. Je prends une chambre loin de la cuisine qui m'avait fait que je me réveillais chaque matin trop tôt...
J'envoie un mail à Aline pour lui dire que je suis de retour dans sa ville et je lui propose de déjeuner avec moi le lendemain dans notre restaurant préféré, pour rappel c'est une petit cantine où l'on peut déguster un délicieux poisson frit pour moins de 1,50€ et je lui raconterai tout.

Au même moment, je reçois un mail de Flora. Elle me dit que Rebecca a trouvé un autre appart et qu'elle cherche quelqu'un pour début juillet. On est le 28 juin. Elle me demande si je connais quelqu'un... Je réfléchis deux secondes. C'est un signe du destin, cette espèce d'enchainement de situations plus ou moins complexe, j'avais hésité à attendre qu'Aline parte de La Serena pour peut être voyager avec elle, mais je n'arrivais pas à savoir pour combien de temps encore je voulais voyager, et là, avec ce mail de Flora, j'ai l'impression de voir ce que j'attendais depuis longtemps : une bonne raison de retourner à Buenos Aires. De plus, j'en ai marre du froid, de backpackers, des galères de bus et j'ai envie de me poser... Rien de mieux qu'une vraie chambre, dans une vraie ville pour ça... Avec un vrai chauffage au gaz !
Je lui renvoie directement un mail pour lui dire que je l'aime que je rentre d'ici une semaine à Buenos Aires. Elle croit d'abord que je me fous de sa gueule, et finalement est contente de ma décision. Je suis pleine d'émotion et d'excitation, j'ai l'impression d'avoir retrouver un sens à mon voyage, c'est à dire celui du retour, et j'attends avec impatience de revoir Aline pour lui raconter de mes dernières décision.

Ma soirée se passe tranquillement, si ce n'est que les surfeurs qui ont envahi mon hostel sont des monstres de la fête. Par ceci j'entends qu'à 9h, les australiens sont complétement bourrés. Mais à 10h, ils sont dehors à la recherche de bouffe, et je peux m'endormir tranquillement après avoir discuter une partie de ma soirée avec la jeune femme qui manage l'hostel d'origine allemande.

Le lendemain matin, je suis prise d'une folie dépensière après avoir acheté mon ticket de bus pour Santiago. J'achète tous les vêtements anti-froid qui me sont nécessaires afin de revivre Santiago dans le froid et d'aller ensuite passer l'hiver à Buenos Aires. Je vous passe les détails, mais j'ai trouvé un très joli pull et un adorable bonnet...

Je retrouve Aline pour un double poisson frit délicieux entre nous, et on chill tout le reste de l'après midi avant le départ fatidique de mon bus vers le sud, direction Santiago. Seulement 7 heures à regarder le paysage et je me suis de nouveau faite avoir, je me retrouve à l'avant du bus, place de la mort puissance 10. J'ai l'impression que la course au retour commence.
J'arrive dans la capitale à 23h. Le métro est fermé et je tente de prendre le bus. Ce n'est pas un grand succès. Ce qui se passe, c'est que, normal, même si je demande au chauffeur de s'arrêter ce blaireau saute mon arrêt, donc je me retrouve à marcher sous la pluie, à regarder les lumières de la ville se refléter dans les trop grosses flaques de pluie qui m'oblige à sauter, et à marcher vite avec mes deux énormes sacs.
Je me réconforte en me disant que c'est l'avant dernière fois que je fais ça. J'arrive et je rencontre Ricardo, mon ami chilien qui s'occupe de l'accueil de l'hostel où j'étais déjà venue une première fois. Je me retrouve dans la même chambre seulement, dans un lit de décalage. Je vois des têtes connues, et je me sens de nouveau à la maison.
Ricardo m'accompagne chercher des empenadas. Je voulais y aller toute seule comme une grande, mais ce dernier me dit que le soir ça peut être dangereux. Je rigole et il me dit que la veille il a vu un mec se faire racketter. Bon, c'est peut être mieux s'il m'accompagne. On regarde un film un peu chiant et long qui s'appelle « Amour en temps de choléra », qui est un peu surprenant, mais pas d'un grand intérêt (excepté peut être pour Javier Bardem qui me plait beaucoup...).

Le lendemain matin, je ne peux pas acheter mon ticket de bus pour Buenos Aires : il y a de grosses manifestations dans tout Santiago. La raison : les études sont payantes même dans les établissements publiques, et le coût est de 300 euros par mois. Ce qui fait que le Chili est l'un des pays aux études les plus chers... Et le smic n'est qu'à 150 000 pesos par mois, c'est à dire 200 euros... Dans la rue c'est le bordel, on peut regarder à la télévision ce qu'il se passe dehors, les gens qui arrivent à l'hostel expliquent qu'ils ont galéré pour arriver en taxi, et moi, je commence à me dire que je vais passer trois nuits à Santiago.
Ricardo m'a promis de me montrer un peu la ville sous son regard, il m'emmène voir un vieux salon de coiffure français, uniquement pour hommes, avec tout le mobilier à l'ancienne, où les coiffeurs ont des blouses blanches, et j'ai presque l'impression de voir la séquence du coiffeur dans l'Aurore. On visite un restaurant à l'ancienne avec une déco étrange. On visite ensuite un parc et je le quitte pour tenter d'aller chercher mon ticket de bus.
Quand je commence à avancer sur la rue perpendiculaire à celle de la station de bus. Je vois au loin de la fumée, et plus j'avance, plus j'ai les yeux se remplissent de larmes... Putain de gaz lacrymo. Je décide de faire demi tour, et de tenter d'y aller de plus loin par le métro. Tu parles, quinze quadras plus tard, je vois les flics qui bloquent la route au voiture, et je mes yeux en dégonflent pas... Je suis sûre de ne pas partir le lendemain matin.

D'un côté, ce fût une bonne chose.
Le même soir, les gérants de l'hostel organisent un asado... Dehors une nouvelle fois ! Je goute la boisson dégueulasse populaire au Chili, qui est de tout évidence loin d'être de saison puisqu'elle est à base de glace, et se prénomme au doux nom de « Terremoto », qui se traduit par « Tremblement de terre »... Je bois surtout beaucoup de vin, et finis complétement bourrée avec seulement trois ou quartes morceaux de viandes dans la bouche.

Le matin n'est pas facile. J'arrive à me sortir difficilement du lit pour prendre mon petit déjeuner et acheter mes tickets de bus. Je me recouche un petit peu, puis ressors pour acheter le haut qui me faisait trop rêver depuis que j'étais venue la première fois. Je me fais plaisirs à retourner dans les endroits que j'ai aimé une première fois, histoire de non pas découvrir mais d'avoir le plaisir de revenir. Je rentre le soir à l'hostel, je me couche de bonne heure.
Des horribles américaines qui voyagent en suitcase comme si elles étaient sorties de Sex and City me réveillent à 5h du mat. Je les haie considérablement et me réveille 3h plus tard.

Je prends mon bus, dans lequel je me retrouve avec une française qui a vécu un an Argentine et qui voyage actuellement, je lui confie ma passion pour les condors et lors de notre passage des Andes, on en voit et je suis la plus heureuse du monde ! J'écoute trois fois la chanson de Simon & Garfunkel.
Un vieux dans le bus fait racler sa gorge et ses gros mollards toutes les deux minutes pendant 25 heures.
Quand mon amie française se casse, la petite mamie derrière moi qui me voit seule, de façon maternelle, me propose de me faire découvrir le Paraguay en fin de semaine. Ce que je tente, tant bien que mal de refuser pour des raisons évidentes de manque de fun de découvrir le pays avec elle.
Durant la nuit, je meure de froid, et après mille changements de positions, je découvre avec stupeur que les vitres intérieurs du bus sont recouvertes de givres... Cela me fait frissonner de plus belle et j'espère ne pas mourir d'ici là dans mon sommeil.
Je commence à regarder les heures défilées à partir de 6h30 du matin, et ce n'est qu'à 8h30 que je commence à découvrir les embranchements routiers de la grande ville. 9h30, le bus s'arrête, je sors, je récupère mes affaires, attrape un taxi. Je suis heureuse, le soleil brille, et je suis de retour dans Buenos Aires !

lundi 4 juillet 2011

La Serena y Huasco


La Serena.
Sept heures de bus depuis Santiago. Le nord. De toute manière, le Chili est un pays tellement fin qu'il y a qu'une seule route qui traverse le pays en long entre les montagnes à la mer.
Je suis assise à la place du mort puissance 10. Dans les bus d'Amérique du Sud, il y a deux étages. Au deuxième étage, il y a les superbes places face au par-brise qui permet de traverser les pays et se laisser absorber par le paysage face à nous. Sauf que c'est également la place la plus dangereuse pour plusieurs raisons : 1) s'il y a un coup de frein un peu brusque et que la ceinture n'est pas mise, le passager à le droit d'effectuer un petit saut de 3 mètres sous le regard tristement amusé du chauffeur et de finir en chair à pâté sous le bus. 2), si le chauffeur estime mal son temps d'arrêt de freignage (pour les personnes qui ne souviennent plus de leur code de la route, je vous rappelle la formule : on prend les chiffres des dizaines que l'on multiplie par 5, par exemple, la vitesse limite 50km.heure, cela fait 25, et c'est beaucoup plus long en bus, vu que l'on est plus lourd) et malheureusement les chances de survie pour les trois premiers rangs sont très faibles alors que les gens derrière s'offriront simplement un joli traumatisme et une grande psychanalyse pour le reste de leur vie.
Ha !... Oui, il y a un autre détail qui n'est pas forcément un risque de mort, mais plutôt d'un long ennui, c'est que la plupart du temps la télévision est un peu plus en arrière que la première rangée, et celle ci n'a le droit pour seul spectacle les dépassements plus ou moins dangereux des chauffeurs. J'ai eu un épisode traumatisant de dépassement de bouteille de gaz ou je me voyais exploser joyeusement dans le desert chilien. Pas moins angoissant qu'un film d'Hitchcock.
Et c'est normalement, dans c'est moment là, que vous vous dites en avion pour vous détendre et vous y pensez dans le bus avec angoisse : il y a beaucoup plus d'accidents de la route que d'avion...

J'arrive après 7h d'angoisse plus ou moins forte à destination, et comme par magie, ou plutôt comme à chaque fois, je retrouve Aline sur le chemin de la gare et je m'en vais dormir chez elle pour une nuit. Cette dernière a décidé que je ne paierai pas ma nuit à la proprio. J'explique : au Chili, les hostels type backpackers n'ont pas le monopole, il y a une grande grande quantité d'« hostal » familiales, dans lesquels on peut louer un appartement complet pour toute la famille. C'est dans ce type de lieu que loge Aline. Je squatte donc sa chambre. Et je ne paye pas parce que les propios on décidait de faire bouger toutes les personnes de l'hôtel pour une nuit pour qu'un groupe de brésiliens en voyage d'affaire puissent loger durant une nuit... Donc, Aline a décidé que justice serait de ne pas me faire payer. Je suis pour.

Le lendemain, par contre, histoire d'avoir mon indépendance et de ne pas empêcher Aline de travailler puisqu'elle travaille chez elle pour cause de grève générale au Chili dans les universités publiques, je prends une chambre dans un hostel qui pourrait représenter l'essence pure de l'hostel. Le mec qui nous accueille est un surfeur, qui utilise pour tout l'expression « Buena Onda » équivalent plus hippies de « cool ». Les lits sont en rondins de bois, il y a deux grandes terrasses qui donnent sur toute la ville : l'une est à l'air libre, l'autre avec des vitres mais on peut y fumer. D'ailleurs, je vous le donne dans le mille dans ce genre de lieu, les individus ne se contentent pas de fumer des cigarettes...
L'ambiance y est vraiment agréable et je me sens bien dans ce lieu. Excepté un point : ma chambre est à côté de la cuisine, et le petit déjeuner est servi à partir de 7h. Le premier matin, c'est la voix stridente d'un conasse d'anglaise qui me réveille (en soit elle est pas si méchante, mais comme je ne suis pas trop du matin, j'ai mortellement envie de la tuer... Un peu comme le bébé qui gueule dans mon bus actuellement où j'écris cet article... mais en soit il est très mignon). Le lendemain matin, c'est un groupe de colombiens-péruviens qui me reveilleront à coup de fou-rire si terribles, que je pensais que c'étaient des gens qui rentraient de soirée qui faisaient ce boucan totalement bourrés... Non, non, les latinos à 7h30 sont comme ça. Tout va bien.

Ma première balade dans La Serena, c'est une petite marche du centre ville à la plage. Il faut prendre une grande avenue qui descend vers la mer. Étrangement, il y a ce que les chiliens appellent pompeusement un « musée à ciel ouvert », qui est en fait que quelques statues à l'air libre. Et c'est quelques statues sont majoritairement des reproductions de grandes œuvres européennes, et les seules pièces uniques... resteront, vu la qualité artistique, uniquement dans ces lieux.
Au bout de ce chemin, il y a la mer. Et comme il y a plue il n'y a pas très longtemps, en une journée ce qu'il pleut en an (je suis près d'un désert), la route est noyée est je suis obligée de sauter entre les flaques (mes Timberlands, faute d'avoir été cirer depuis longtemps, ne sont plus très impérméables). Et au bout, il y a un grand phare, à côté de ruines étranges. Cette plage est le paradis des surfeurs, même en pleine hiver, et je réalise que je n'avais pas du tout penser que le Chili pouvait être une destination pour le surf... En même temps le pays n'est qu'une grande plage avec des montagnes de l'autre côté. Je me dis que ça pourrait être cool d'apprendre le surf au Chili, puis le mot HIVER vient me faire frissonner et je réalise que je suis bien sur la plage avec mon gros mentaux et qu'il faut que je m'achète des gants.
Je suis heureuse de voir le Pacifique et me laisse m'absorber dans le paysage puis je réalise que j'avais vu déjà l'océan en Corée du Sud et en Nouvelle Zélande, toute suite ma contemplation perd un peu d'intérêt.

Le midi, une habitude est très vite prise : la « coloc » d'Aline, Juliana, une allemande à l'accent très prononcé, nous montre un petit comedor, petite cantine, à 1,5€ le repas. Le poisson frit y est délicieux, on y va donc tous les midis. Cela permet à Aline de faire un pause dans son travail et de se régaler à petit prix...

Je visite également la ville juste à côté de la Serena, Coquimbo, un petit port tout mignon qui abrite d'énormes pélicans qui font des énormes merdes qui font trop bader quand ils te survolent... Et je suis prise par une grande tristesse à ce moment là. Vous pouvez donc une petite Luce déambulant prêt d'un port aux bateaux colorés ou rouillants et évitant toute forme d'oiseau de peur de devoir relaver ses vêtements fraichement propres.

Le deuxième soir où je suis à La Serena, Aline doit donc dormir dans une maison super loin de la ville où sa proprio la bougeait. Dans cette maison, elle y rencontre Fred.
Fred mangera avec nous le lendemain du poisson frit au comedor. Il est gentil, français est actuellement en stage à Coquimbo.

Le soir, je vois Aline et Juliana qui viennent diner à la maison, c'est à dire dans la cuisine de notre hostel. Je râte ma sauce pour mes pâtes, en oubliant d'acheter des pâtes, et celle ci se transforme en délicieuse soupe. On boit beaucoup de vin avec deux allemandes qui vivent à Santiago, et c'est super sympa. Surtout que l'on peut comparer deux comportements complétement différents d'allemands : celui de Juliana, qui aime l'ordre, la propreté, et ne pas trop payer les courses qu'elle va consommer, au terrible regret d'Aline et les deux autres, complétement tarées, qui s'attendaient à rencontrer un nénette en boite pour faire du Couchsurfing le lendemain, pas très ordonnées, et dont l'une à un rire à défoncer le sommeil de quiconque le matin. On se marre bien.
Aline me propose, si j'ai envie, de passer le weekend avec Fred et ses amis chiliens dans une maison dans le désert au nord de La Serena, dans un petit bled. Je pense que c'est une très bonne idée, si bien sur cette dernière vient. Elle hésite vu qu'elle doit terminer son travail pour son stage. Je lui dis de prendre son temps et de bien y réfléchir.
Le soir, à son retour à son appart, elle m'envoie un mail pour me dire, que fuck le rapport de stage, on a qu'une seule vie, vamos pour le désert. Je lui réponds que c'est trop cool et j'espère que durant la nuit elle n'aura pas trop de seconde pensée et qu'elle ne va pas revenir sur sa décision.

Le lendemain, suspens intense, je la préviens que je dois chercher mes chaussures chez le cordonnier, à qui j'ai décidé de donner une nouvelle jeunesse en reposant des semelles. Elle me réponds pas de problème, et je suis ravie de voir qu'elle n'a pas changer d'avis. J'explique à mon cordonnier, l'homme le plus mou du monde, même pour un chilien, que j'ai besoin de mes chaussures une demi-heure plus tôt, et ce salaud me demande si je comprends le sens du mot la « paciendo », patience. Je le dévisage avec des envies de meurtre. Les chiliens sont le peuple le plus lent du monde. Mais je pars, avec quelques minutes de retard avec mes sacs sur le dos, et mes chaussures à la main, retrouver Aline pour la gare. On prend nos tickets, on prend le bus pour seulement 3h dans le nord. Je précise « seulement 3h », parce que c'est à ce moment là précisément que j'ai réalisé que j'étais habituée un peu trop à prendre le bus et que 3h, pour aller dans un endroit, c'est tout de même énorme (Paris-Aix en provence en TGV ! ) ! Mais bon, heureusement, après c'est 3h, il y avait 45 minutes de plus pour aller à la petite ville de Huasco, au bas de la vallée désertique sur laquelle à travailler pendant 2 mois Aline lors de son stage. Elle me sensibilise sur le chemin sur les problèmes d'eau du pays, et je me promet de ne pas prendre de douche de tout le séjour, chose facile à faire vu qu'il n'y aura pas d'eau chaude.

A notre arrivée dans la petite ville, je commence à avoir de mauvaises pensées, et me souvenir du trop effrayant scénario de Sheitan et m'imaginer un remake chilien. Je ne dis rien à Aline de peur de commencer une parano collective. Mais la ville est jolie, et nous retrouvons très rapidement Fred, et nos trois hôtes chiliens, Germann, Victor et Eve, sa petite amie. Ils ont acheté de quoi se restaurer le temps du séjour, et nous achetons l'alcool.

Nous sommes dans un grand 4x4 à remorque, entassés les uns sur les autres, nous avons deux kilos d'olives, deux chiens dans la remorque et nous filons sur la route de sable à travers les dunes et je me demande comment Victor fait pour se repérer dans le noir. Ma parano reprend un petit peu vu que je vois rien du chemin, excepté que ce n'est pas une vraie route...
Nous arrivons. Nous entrons dans une petite bicoque avec quatre chambres. Il fait la même température à l'intérieur et à l'extérieur et donc, naturellement, les chiliens décident de cuisiner un asado (barbecue) dehors, et bon, on va tous manger dehors en fait... On boit donc beaucoup de vin pour se réchauffer, et pour réchauffer le vin on le met sur le feu avec la viande. Ce qui change des argentins qui bêtement mettent des glaçons dedans le vin. Habitude prise au début du siècle dernier quand leurs vins étaient dégeux (chose apprise lors de la dégustation à Mendoza).
Nos hôtes sont de très « Buena onda », on m'apprends à jouer au billard, jeu auquel je ne comprends toujours pas l'intérêt vu que je ne comprends pas vraiment où il faut taper la balle pour la faire aller où... Et puis que je suis peu trop enivrée pour faire chose de manière très réfléchie.

Le lendemain, surprise : en face de nous la mer s'étend. Le désert est derrière. Des gros oiseaux sont perchés sur un rocher face à nous, et la mer est si différente sous un ciel si gris presque Deauvillais. On se balade prêt de l'eau avec Aline et Germann nous explique tous des algues et des autres animaux de mer qu'il y a. Normal, nos hôtes sont des spécialistes de biologie marine... Malheureusement, comme je comprends rien à l'accent chilien, je ne retiens rien de ce qu'il me raconte.
Je découvre avec surprise l'existence, un peu malheureuse, des soleils de mer, on pèche des bébés crabes, on regarde les oiseaux, dont les charognards dégueux aux noms dégueux de « rhodes ». Au début, j'étais toute excitée parce qu'Aline me disait que c'était peut être des condors. Et comme depuis que j'ai passé les Andes j'écoute trois fois par jours « El Condor Pasa » de Simon and Garfunkel, et qu'en même temps, Aline a attrapé le virus et la chantonne tout le temps, j'ai l'impression que mon rêve s'est réalisé. Mais Germann met fin à mes illusions en m'apprenant la vraie nature des bestioles, et d'un côté je suis rassurée parce qu'avec leurs grosses têtes rouges, les bestioles font vraiment flipper.

Fred se baigne dans l'océan, moi je rigole, et les chiens le rejoignent. Ce qui le permet de prendre une douche vu que la différence n'est pas trop grande entre l'eau de la mer et celle du robinet.

L'après midi, les jeunes gens nous amènent à une délicieuse plage au sable blanc, sur laquelle on joue au foot, et je suis très déçue de ne pas pouvoir jouer au tennis-foot, mais je suis vraiment trop pas assez forte pour monter la balle. On se balade au bord de l'eau, on prend mille photos et le soir en rentrant, on passe dans un petit village magnifique. Les routes sont toutes en sable, il n'y a qu'une église avec un bus jaune sans roue à côté, les enfants sont devant l'épicerie ouvert et font de notre arrivée une franche partie de rigolade. On achète du pain, parce qu'il n'y a pas grand chose d'autre à acheter et on s'arrête devant un vendeur d'alcool. L'endroit est très étrange, et les jeunes hommes qui s'occupe de remplir nos cargaisons reviennent avec un alcool proche du porto qui, vu la bouteille de Sprite qui le contient, semble bien être de la distillation artisanal.

On rentre affamé, et on se fait une sorte de gouter diner très chilien, avec du pâté dans un truc en plastique, de la confiote et l'alcool fait maison. On joue aux dominos, que j'avais classé enfant jeu le plus chiant et inutile du monde, et au bout de trois partie, je réalise que c'est super cool et que j'adore l'objet domino en tant que tel. On apprend le trou du cul aux chiliens, et avec Aline, on leur explose la gueule grâce à une suprématie étrange dû surement à notre intelligence féminine.

Le lendemain, on se balade toute la journée. Notre petit bled où la maison de la famille de Victor se trouve, se nomme « Punto de lobos » qui se traduit par « le point des otaries ». On y va, et pendant plus d'une heure on se perche sur les rochers afin de mieux observer les animaux qui ne font rien d'autres que se prélasser sur leur gros rocher, se fighter et se baigner pour récupérer des poissons. Encore mieux qu'un documentaire animalier.
L'après midi, nous faisons une balade dans le désert. Ce désert a belle particularité, en septembre, il devient fleuri. Seul désert au monde à faire ceci. Et nous avons le droit à une sorte de petite introduction avec quelques petites fleures en faible quantité, mais magnifiques. On se perche en haut des montagnes, et on peut donc voir d'un côté les Andes qui commencent, magnifiques et désertiques, et de l'autre la mer qui s'étend. C'est comme pouvoir embrasser le Chili d'un seul regard.
Naturellement, je suis la seule personne qui me retrouve piquée partout de cactus. Ça fait super mal n'empèche.

La balade se termine de manière on ne peut plus étrange. Les hommes s'arrêtent plus régulièrement que nous, et Eve, Aline et moi marchons plus rapidement vu que nous avons faim et froid. En fin de parcours, Aline se rapproche d'une petite grotte et pousse un cri.
Mon sang se glace. Heureusement, cette dernière nous dit que c'est juste qu'il y a une chèvre dans la grotte. Nous nous approchons pour regarder avec étonnement la bestiole qui a des étranges spasmes. Aline s'inquiète qu'elle soit bloquée, et sa force fille de fermier fait le reste. Elle m'ordonne d'agripper la chèvre par les cornes et elle la soulève pendant que moi je tire la bestiole qui résiste. Je l'agrippe fermement car je veux qu'elle s'éloignent du trou, mais au moment où je la lâche, cette conne ressaute dans son abris. On prend la décision que la bestiole a surement envie de mourir en paix dans son trou. Les mecs arrivent à ce moment là. On leur laisse donc la surprise de la chèvre, et âme charitable et peu soucieuse de notre fraiche expérience, ils décident de ressortir l'animal. Aline les laisse galérer un peu puis leur donne un coup de main pour la sortir. Ils lui empêchent l'accès à son trou, et la bestiole s'éloignent vite fait sur les monts, et on a tous sous les yeux la preuve qu'elle aurait pu se sortir toute seule de son trou.

On rentre à la maison après toute ces émotions, nettoyons la maison et on se fait un dernier diner afin de fermer le lieu et de retourner vers Vallenar, ville plus haut dans la vallée dans laquelle vit Eve et la famille de Victor. L'ambiance est calme dans la voiture, Germann et Fred s'endorment, nous autres regardent la route dans la nuit noire, et j'ai l'impression de rentrer de n'importe quels séjours à la plage où il y a une sorte de torpeur dans la voiture sur le chemin du retour.
Nous arrivons dans la maison de Victor, finalement je prend une douche.

Le lendemain, nous nous quittons tous, Eve reste à Vallenar, Aline et les garçons rentrent à La Serena. Et moi, ils me laissent à la gare routière afin que je prenne un bus pour aller à San Pedro, dans le nord du Chili.

--> pour vous, voici, la chèvre :



samedi 25 juin 2011

Santiago


Bon. Huit heures après mon arrivée à Santiago, je me retrouve dans une situation indélicate. Seulement huit heures après...

D'abord, mon arrivée à la gare de Santiago. J'arrive à la gare. Et comme je n'ai plus peur de demander quoi que ce soit, surtout quand j'arrive dans une capitale où je n'ai que le nom de l'hostel où je vais rester et l'adresse, sans carte, sans idée de comment est la ville.
Je me dirige donc vers « Informacion y turistica ». Je demande d'abord simplement une carte. Après cinq minute à me mordre les doigts pour trouver la rue de mon hostel, j'y retourne. J'arrive dans la boutique où il n'y a seulement qu'un ordinateur avec Skype connecté et une mère et son gosse en face « de moi » où nous sommes les uns comme les autres très étonnés... Trois seconde après cette étrange confrontation, une jeune femme déboule dans le lieux et me demande ce que je veux. Je lui montre mon adresse, et me donne le nom de la station du métro du même nom que la rue. Je m'en veux de ne pas l'avoir vu. En même temps, lorsque je remonte pendant une demi-heure la rue, je réalise que j'étais plus près à pied de la gare que l'endroit où je suis allée en métro.

Très mauvaise première impression de la ville. Une femme fonce en plein dans mon backpack, parce que je m'arrête pour lire la carte en plein milieu de la rue, sans me dire un « disculpa » ou un « pardon », alors qu'avec ce poids disproportionné sur mon corps, j'aurais pu rouler bouler jusqu'à la route et mourir écraser. Les gens s'énervent quand j'hésite sur mon chemin, c'est vrai avec mon sac à dos et mon sac ventral, je prends facilement trois personnes de large, et que c'est plus difficile pour eux de m'esquiver... Je hais considérablement tous ces gens, mais me décide de ne pas haïr la ville sachant que c'est pour ce genre de choses que les gens en général haissent Paris !

L'hostel est la première surprise. Pas seulement il a avait l'air beau sur les photos de Hostelworld.com, il est ultra clean comme je n'ai jamais vu un hostel auparavant. C'est presque de la qualité d'un hotel... Excepté qu'il y a des dortoirs.
Son nom, Princesa Insolenta. Okay, c'est un peu moche. Mais l'endroit est charmant et confortable. Un peu trop stylé pour moi, mais les lits immenses aux oreillers aux tailles circonstancielles me font oublier ce détail.
Je demande plein de détails au premier responsable de l'hostel parce que 1) ça me fait progresser en espagnol et de 2) je n'ai pas de guide. Je me pose une bonne partie de l'après midi, surtout que j'ai rendez-vous le soir avec Héloise, une amie de Flora de Scien-Po Grenoble, et que résultat, j'ai une bonne raison de sortir de l'hostel plus tard et que je n'ai pas envie de me mettre la pression plus tôt.
Je pense à prendre une douche, qui se révèle assez décevante par rapport au standing de l'hostel : j'ai le droit à un chaud/froid trop habituel dans les backpackers sudaméricains. Plus tard, une gentille irlandaise m'apprendra que c'est l'autre douche qui offre un chaud continu...
Je sors de ce moment rare de propreté avec l'idée de poser ma question habituelle qui été toujours récompenser de réponses négatives depuis le début de mes jours en backpackers sudaméricains : y a-t-il un sèche-cheveux. Je croise un jeune homme de très charmante constitution dans les escaliers, qui me salue, et flairant la situation (c'est un peu rare un salue si appuyer par un joli jeune homme comme ça), je lui demande s'il travaille ici. Réponse affirmative. Je lui demande donc s'il y a un « secador para el pelo » (un sèche-cheveux). Réponse affirmative encore. Grand moment de joie ! J'attends un long moment avant d'avoir entre les mains l'objet tant convoité.
Je suis donc toute propre pour aller à mon petit rencard du soir.

Je pensais gérer tous les métros du monde, mais celui de Santiago m'a montré que je ne savais rien. Après avoir suivi les indications d'une gentille brésilienne. Je vois mon wagon ne pas s'arrêter à ma station « Bellas Artes ». Et après avoir longtemps hésitée à revenir à pied à la station précédente, je repaye le métro pour faire une station. Là, j'attends Héloise, et me rend compte de l'incongruité de la situation : j'attends une jeune femme, dont j'ai vu trois photos sur le Facebook de Flora, dont j'ai le numéro de téléphone mais suis dans l'incapacité de l'appelé vu que je n'ai plus de crédit sur mon téléphone argentin... Donc soit je la trouve, soit, il faut que je demande à un chilien ou une chilienne avec mon vieux accent argentin un téléphone pour l'appeler...
Mais la vie dès fois est vraiment bien faite. Une nénette en face de moi qui guette un peu comme moi me fait face, au bout d'un moment, on se sourit et directement, on se parle en français pour se rendre à l'évidence que nous sommes biens les personnes que l'on attendait.
On passe un délicieux apéro, à discuter de tout et de rien, des mauvais embrasseurs que sont les latinos, et j'ai ma première introduction de Santiago. Je bois du Pesco sour, boisson typique du Chili, sorte de liqueur de vin blanc avec du citron, lait et de la glace et on dine des petits empenadas délicieux.

Je rentre à mon Hostel un peu joyeuse, très contente de comprendre comment fonctionne le métro maintenant grâce aux explications d'Héloïse.
Je crois qu'à mon retour je n'ai qu'à peine dépassé le couloir d'entrée où se trouve la place du gérant ( c'est mon bellâtre chilien qui m'a trouvé mon « secador » qui tient la réception»), et dans le salon, il y a un groupe d'anglophone qui boivent du vin, dont je ne fais plus partie depuis que je parle espagnol...
Mon réceptionniste me demande vite fait ce que je fais dans la vie, et on réalise que l'un est l'autre avons beaucoup en commun : ce dernier fait des études de réalisation à Santiago, et se spécialise dans l'image et la lumière... Et moi, suis ce que je suis assistante de production, passionnée de ciné. On commence à échanger sur nos différents gouts, expériences et au final me propose de boire une bière après son travail afin de continuer cette échange. Attention, ceci ne signifie pas boir une bière dans un bar après, mais de seulement acheter un petite bière au coin de la rue et de la consommer dans la Guesthouse !
Les débats sont endiablés, et il se mord les doigts du fait que je ne connaisse pas Radiohead, et je lui crache dessus parce qu'il trouve que « Dancer in the Dark » est mauvais. On arrive tout de même à montrer des choses qui impressionnent l'un ou l'autre, comme des chanteurs chiliens qui font vibrer ou des séquences magnifiques de ciné... Et mon chilien, qui porte le même nom qu'un cantinier de mon collège, est très tactile... Je ne sais pas vraiment si j'ai envie d'aller plus loin. Ma soirée est surprenante et agréable, mais il manque un truc... Mais à force de contacts répétés physiques, je tends mes lèvres, et un baiser s'esquisse et j'évite le roulage de pèle terrible qui me dégoute chez les latinos.
Mais un truc ne va pas. Je ne sais pas ce que c'est, le baiser était agréable, mais je vois le jeune homme déconcerté. Mais il penche les yeux vers la table me jette des regards gênés et encanaillés... Mais gênés. Bon. Seul manière de le faire réagir, je fais exactement comme lui, je le mime.
« Tengo una novia (petite amie) »... Pammm ! Bon prévisible, j'aurais du m'en douter... J'aurais dû juste demandé... Fuck ! Bon. Luce, qui se cherche dans le respect de tout les individus et qui cherche à ne blesser personne.
« Bueno, bon je n'aime pas cette situation. Je vais aller me coucher ».
Mais le jeune, libéré du poids du secret ne voit pas les choses de cette manière. Moi, je me retrouve dans la situation où c'est moi qui suis coupable, je tente tant bien que mal de me dépêtrer de la situation.
Surtout que le regret premier est que je n'étais pas plus enclin à embrasser le garçon plus que ça, au début, mais bon, c'est rare de s'entendre bien avec quelqu'un qui est si mignon...
Après une mise au claire, je me retrouve à faire le chemin de la honte, c'est à dire aller me coucher face à la personne qui s'occupe durant la nuit de la gestion de l'hostel et qui doit savoir que le petit chilien a une copine est que j'ai passé une bonne partie de la soirée à discuter avec lui et qu'il doit se douter de plus. Je l'assume. Ce n'est pas ma faute, Merde !

Le lendemain, je me balade dans la ville, qui étrangement me plait beaucoup. Je suis surprise de voir à quel point je suis à l'aise et comment j'apprécie son centre. Je me balade dans un musée au œuvres étranges mais intéressantes, je me fais un petit comedor, sorte de cantine pas cher pour le midi, ou je mange délicieusement, un autre musée et je rentre. Je me décide alors que mon séjour à Santiago doit s'écourter. Même si la ville offre plein de possibilités, je ne veux pas m'imposer de choses difficiles à subir, et je sais que le lendemain soir mon chilien va retravailler à l'hostel. Éviter la confrontation. Ou la tentation. Et puis il fait trop froid dans la ville, dans l'hostel, dans les ruelles, mes commissures de mes lèvres s'agrandissent gercées par le froid et je suis certaine que je vais avoir un sourire à la Joker. Okay, demain direction le nord, La Serena, pour retrouver Aline, le chaud et une âme pure. Je prends ma décision. Pour aller acheter mon ticket de bus, c'est en me perdant que je trouve la gare et que je réussi à manger pour la première fois au Chili de la « Streetfood » délicieuse. Je me fais la promesse de retourner rapidement dans cette ville qui s'est à peine dévoilé de ses petites montagnes que je vois lors de mon retour de la gare, recouvertes de neiges et rougeoyantes grâce au coucher du soleil... La ville me fait penser à Viennes. Une grande ville froide, organisée, culturelle, dans laquelle j'aimerai vivre mais dans laquelle je mourrai vite d'ennui !

Pour mon dernier soir, je dine avec Louis, un portugais qui travaille à Buenos Aires, actuellement en vacances. Je l'embrigade pour aller manger du poisson dans un restaurant trop kitch.
Pourquoi kitch ? Parce que les serveurs sont habillés en marins, il y a un faux squelette de baleine au plafond, une femme se promène avec un coffre habillée comme dans « Pirates des Caraïbes » et pour finir notre serveur joue un faux mauvais rôle de marin blasé qui fonctionne bien. Surtout que depuis le début du séjour, j'ai un gros problème avec l'humour chilien. Je ne sais pas si c'est une question de langue que je comprends moins bien vu que j'étais été habitué à l'argentin, ou si vraiment l'humour est très étrange, mais à chaque fois qu'un chilien fait un semblant de blague il se retrouve en face de mes yeux tout ronds plein de questions avec un « Que ? No entiendo ? » et donc ils se retrouvent à devoir expliquer quelque chose qui devient plus du tout drôle... Je suis donc une personne sans finesse pour les chilien.. Mais c'est pas grave, je ne comprends pas toujours les blagues en français non plus...
A la table à côté de nous, il y un groupe d'une petite dizaine de personnes qui dinent et fêtent l'anniversaire d'un grand père. Ils parlent fort, s'amusent et en plein milieu de notre repas (le leur est finis depuis quelques temps), une musique qui n'a rien à foutre dans un resto marin commence à retentir. C'est une musique orientale. Une danseuse plutôt peu vêtue pour la saison débarque, elle est habillée comme dans Les Milles et Une Nuit, rien à voir avec l'idée que j'ai, plutôt voilée du Moyen Orient. Elle commence à faire onduler son ventre, ses fesses et à rendre tout à fait fou le vieux papi qui regarde les yeux plein de surprise et de luxure la jeune femme qui ne se déhanche pas mais qui fait vibrer tout son corps avec une facilité déconcertante. Toute la famille applaudit au rythme de la musique : une grand-mère, la petite fille de dix ans, les amis du grand-père, les pères surtout et les femmes qui trouvent ça tout a fait normal d'offrir à l'aïeul, pour ses 75 ans une danse du ventre personnel dans un resto de poissons. Mon ami portugais n'en peut plus, j'avoue que je n'ai pas assez d'attirance pour les formes féminines pour être excitée par la danse mais, j'imagine l'impact différent sur les hommes. Je rigole, parce que c'est quand même très drôle comme situation, et Louis se retrouve à danser avec la danseuse, étonné de la chance qu'il a de pouvoir se rapprocher du corps tant convoité ! Ce qui est intéressant, c'est que tout le monde joue le jeu, comprend que c'est une personne qui est là que pour nourrir des fantasmes pendant quelques danses, que tous les hommes puissent baver sur son corps, et tout le monde est d'accord. Au fond de moi, je ne sais pas si c'est sain d'accompagner les fantasmes de manières ponctuelles ainsi, ou si c'est complétement déplacé...
A aucun moment mon esprit féministe se révolte, pour une simple raison, je sais que la situation est également possible dans l'autre sens. Par exemple, Aline, s'est retrouvé à une soirée chilienne pour meufs où il y avait un stripteaseur et des ballons en forme de pénis. En soit, je crois que je trouve ça plutôt sain...

Je me couche donc après ce deuxième soir à Santiago, pas moins excitant avec une étrange conviction que je n'aurais pas douté : j'aime Santiago...

vendredi 24 juin 2011

Valparaìso


Après 5 minutes dans le bus en direction de Santiago de Chili, à ranger mes affaires, je m'endors comme une grosse loque. Il est 7h30, et après une semaine à me lever tôt tout les jours, j'apprécie la grasse matinée, même dans le bus. Mes petites jambes sont couvertes de mon mentaux et mes mimines par mon pull en poil de lama.
Lorsque j'ouvre mes petits yeux tout collant de sommeil, je suis émerveillée par un spectacle magique : le bus zigzague dans la Cordière des Andes. Les montagnes ocres sont baignés dans une lumière à la couleur rosée propre de l'aube. Je suis abasourdie par la chance que j'ai de pouvoir découvrir ce spectacle, je reste dans un état de semi-éveil juste histoire de me rincer les yeux dans la beauté du paysage.
A côté de moi, une petite chilienne toute grosse roupille. J'admire comment les tremblements du bus font vibrer sa poitrine dans laquelle j'aimerai poser ma tête afin d'avoir l'oreiller parfait. J'évite cependant mes élans régressif et me rendors tranquillement. Un peu plus tard, c'est un paysage légèrement enneigé qui se dessine. Le bus commence à passer des sortes de petits villages militaires, je sais que la douane du Chili n'est pas loin.

Je ne suis pas très assurée à l'idée de gravir les montagnes pour changer de pays. Je sais qu'il y a eu une alerte à la neige pour ce weekend, et j'ai peur de rester bloquée dans les Andes et ne pas retrouver Flora et Aline pour le weekend. Je n'ai pas osé demander avant de partir à qui que ce soit de la gare, mais personne ne semble s'inquiéter...
Lorsque le bus arrive à la douane. Il fait tellement froid que notre chauffeur nous précise qu'il faut sortir groupé d'un coup, chaudement histoire de ne pas attraper la mort pendant le passage en douane.
Je sors tranquillement, il neige très peu, je suis glacée mais j'ai mes papiers rigoureusement remplis. Une gentille chilienne au doux visage et aux fesses énormes me demande si j'ai besoin d'aide pour remplir le papier. Je lui dis que je ne pense pas, excepté pour la question de bouffe fraiche, j'ai quelques trucs à grignoter.
Le Chili se prend pour une île. Résultat, comme pour l'Australie, il est interdit de ramener des produits frais comme des fruits, du fromages, des fleurs ou du miel. C'est aussi une manière de préserver l'agriculture du pays. Pour m'aider, je montre à ma chilienne ma petite feuille avec ma déclaration de douane. Elle me fait réaliser que j'ai fais un peu de la merde vu que par exemple, j'ai marqué que le pays d'où je venais, était la France, alors qu'en soit, c'est l'Argentine. Bon sachant que je passe la douane par bus, je pense que les douaniers croiront à ma bonne foi et au fait que j'ai écris mon papier au petit matin, d'autant que j'ai coché le moyen de transport « Train » et non « Bus »...
Après, je discute avec toutes mujeres du bus en espagnol sur des sujets comme la pluie et le beau temps, et surtout de la neige qui arrive enfin sur le tapis, en même temps que nos affaires roulent pour se faire scanner au rayon X . Elle va bloquer la route dans la journée et que nous sommes dans les derniers bus qui passent la frontière... La douane ne prend pas ma nourriture en boite, et ensuite on remonte tous dans le bus.

En face de moi, dans le bus, il y a un couple de « Yankies » qui parlent trop fort et qui me fascinent. Elle, est surement d'origine Coréenne mais a un parfait accent américain. Lui, c'est le sosie de Steve Buscemi. Il est tout maigre, se rhabille et se lève toutes les cinq minutes, comme s'il était très mal dans sa peau, a un avis sur tout, porte ses lunettes de soleil pendant le trajet en bus. En gros, il est assez détestable. J'ai l'impression que l'un comme l'autre sont très jeunes, mais me décide à ne point les juger et profiter de mes dernières heures de bus à les observer et imaginer leurs vies.

Lorsque j'arrive enfin à la gare. Je ne sais pas du tout comment je vais trouver Aline ou Flora. Surtout que cette dernière m'a envoyé un texto pour me dire qu'elle est au Chili mais ne sait pas où et n'est pas encore arrivée... Je rentre un peu désemparée dans la gare. Je cherche une banque pour tirer de pesos chilien mais comme je ne connais pas la sécurité du pays, je vais attendre mes copines... et là, un cri. « Luce »! C'est Aline qui guettait désespérément dans un coin propice à observer de la gare, nos arrivées.
Je souris, d'une certaine manière ça me semble normal de la croisée en plein milieu de la gare de Santiago. Je crois que c'est la personne que je n'ai jamais vu de manière « normale ». La première fois, c'était lors d'un nouvel an fêté sur deux nuit dans un chalet perdu de Bercelonnette. La seconde fois en Espagne dans une immense baraque, quelques fois dans l'appartement des parents de Flora sur Aix et la dernière, en Camargue. On met cent ans à se raconter nos péripéties de voyage et à attendre Flora. Cette dernière arrive finalement depuis Buenos Aires. On enchaine directement sur un peu moins de deux heures dans un autre bus pour aller à Valparaiso. Ce qui fais que pour chacune de nous, le temps de bus fut pour Aline et moi de neuf heures, Flora vingt-sept heures. Nous arrivons dans la ville, on cherche un peu longtemps un hostel, pour finalement débarquer dans « La Bicyclette », auberge de jeunesse tenu par un français étrange. On récupère Jérôme, alias le niais, alias l'autre, jeune homme perdu dans le Chili pour des raisons peu intéressantes et qui ne servira qu'à ce délicieux weekend à nous faire économiser 20 euros. Il est grand, a environ 30 ans, est passionné de la Suède et me parle de la Corée comme s'il connaissait le pays, alors qu'il est resté quatre jours dans le pays. Je ne m'énerve pas et reste calme, mes copines sont moins conciliantes.

On dine toutes les trois dans un restaurant au doux nom de « La Vida en Verde », qui est en fait une version améliorée de notre PMU. On dine délicieusement bien, le Chili est à l'opposé de l'Argentine le pays non pas de la viande, mais du poisson. Les mets sont donc composés de ce dernier et également de fruits de mer... On est habité par de grands discours politiques que le vin attise, et on finit par être toutes d'accord les unes avec les autres. Un musicien étrange nous joue des tubes complétement différents au synthé, et on a même le droit à une caricature gratuite pas du tout ressemblante. (Que Flora devrait prendre en photo et m'envoyer afin de pouvoir agrémenter mon album de celle ci!)
On termine la soirée avec une certitude : que le vin chilien est meilleur que le vin français parce qu'on est sur de ne jamais tomber sur un vin mauvais.

Le lendemain, on crapahute dans la ville qui est plus ou moins sur une montagne et qui est réputée pour ses graffitis. On se balade des heures, en montant-descendant, à prendre milles photos et à se prendre pour des artistes. Les monts sont recouverts de petites maisons aux toits et murs de milles couleurs. Les murs, eux-mêmes sont également repeinturés, ont des jolis petits carreaux... En gros tout semble art. Un peu trop cool à mes yeux. Un peu le même problème qu'avec les endroits bobos, c'est tellement cool, que l'appropriation est difficile du lieu vu que je ne me considère pas trop cool... Mais on apprécie et notre deuxième journée est ponctuée de chiens errants qui nous collent. Ils sont partout dans les rues, de races et tailles différentes, dorment sur les banc pour être à l'abris de la pluie qui ne fait que tomber depuis notre arrivée mais qui seulement pour notre balade s'est arrêtée. Ils sont moins bruyants que les chiens dans les maisons, frustrés d'être enfermés qui aboient dès que l'on passe près d'eux. Mais en même temps nous suivent et nous demande de l'affection alors qu'ils sont pleins de puces et un peu effrayants.. Je ne sais pas s'il vaut mieux les ignorer ou essayer d'être gentil de peur d'avoir une réaction différente que seulement avoir une sorte d'ombre qui nous suit. Je fais d'ailleurs un terrible cauchemar où un chien enragé me mord... Je suis d'autant plus sensible à leurs présences étranges et dérangeantes.
J'apprends également ce jour là que mon plan de rentrer à Buenos Aires à deux-trois semaines avant mon retour en France pour chercher un travail ne marche pas parce que c'est pile les vacances d'hiver des argentins. Fuck. Je me décide alors à voyager jusqu'à ce que je n'en puisse plus et ensuite revenir quand je veux à Buenos Aires... Je reviendrais pour trouver du travail ou dans d'autres dispositions plus propices...

Le lundi matin, un toc-toc étrange me réveille, C'est Flora, qui s'est levé à l'aube pour prendre son bus afin de rentrer Buenos Aires qui rentre car la route est fermée à cause de la neige... Et se prend un avion sur internet, on laisse Aline à la gare, et on fait la route ensemble pour Santiago.
Je la laisse de manière impromptue à un arrêt étrange, et je continue mon chemin en direction de Santiago, sans carte, sans guide, sans aucune idée de ce que va être cette ville que je m'apprête à ne pas aimer tellement j'ai de regrets pour Buenos Aires..