Luce en Argentine !

lundi 21 février 2011

Kuala Lumpur, mon amour

Sortie du bus, en plein milieu de Chinatown, je demande à mon chauffeur s'il connait l'adresse de ma Guesthouse. Ses yeux s'illuminent, et m'explique très consciencieusement le chemin à prendre. Je n'écoute pas trop, mais réalise très vite après son départ que la rue dans laquelle je suis est indiqué sur le petit flyer que j'ai eu de l'hostel.

J'y arrive en trois minutes. Devant la porte, je commence à angoisser. J'ai entendu parler de cette guesthouse plusieurs fois auparavant : par les Danish de Tioman Island, par le proprio de notre restaurant préféré là bas, et également par une de ces managers, une nénette du pays de Galles qui avait également précisé que de temps en temps les réservations ne sont pas tout à fait prise en compte... D'où mon angoisse devant la porte, malgré un mail et un coup de téléphone.
Je sonne à l'entrée. On m'ouvre. Une jeune indonésienne ne parlant que très peu anglais me fait signe de prendre le téléphone et je me retrouve en ligne avec Wily, le proprio qui me dit que j'ai le choix entre un dortoir là où je suis pour 15 RM (4€) ou 25 RM (6€) dans un autre endroit un peu plus loin avec l'air conditionné. Fuck l'air conditionné, vive les petites économies. Je reste au Bird Nest. Je laisse mes affaires dans le premier lit que je vois dans le dorm (celui où il n'y a pas de lit surperposé, et je quitte l'hostel pour faire un tour en ville.

Première chose que je remarque c'est que la ville n'est pas faite pour les piétons. La circulation est bordélique, mais les feux de circulation sont pires : il n'y en a pas vraiment pour les piétons, et en gros traverser est une activité à haute risque.
Chinatown et Little India ne sont pas du tout aussi charmants que les quartiers de Melaka, mais c'est plus vaste, plus dense. Je traverse les deux quartiers avec un petit ahurissement pour essayer de comprendre comment la ville marche, mais laisse tomber rapidement et je me laisse guider par une grosse tour que je vois au loin.

Comme par magie, j'arrive au milieu d'un énorme mall. Les décorations à l'intérieur sont magnifiques : c'est toujours la période du nouvel an chinois, des grosses guirlandes rouges tombent du ciel (du plafond du mall), et d'énormes tambours sont posés au sol pour le plaisir des clients qui peuvent taper dessus et faire une sorte de son terrible dans le hall du mall. La température passe de 35°C à l'extérieur, à 20 à l'intérieur. Il fait presque froid. Après ce premier mall, je me retrouve devant un immense Uniqlo... Et mine de rien, comme c'est une marque japonaise, les prix sont moins élevés qu'en France. Je suis un peu en folie, et je m'achète un vrai tee-shirt : depuis que je suis en Malaisie, je ne porte que des manches longues pour éviter d'être trop provocante dans ce pays musulman. Et en plus, j'ai un problème de taille avec mes débardeurs : ils sont tous trop grands, résultat, à chaque fois que je me baisse, tout le monde peut voir la profondeur vertigineuse de mon décolleté, ce qui veut dire, vu la taille de mes seins, l'intégralité de ma poitrine. Donc je me retrouve enfin avec un débardeur à la bonne taille.
Après cet acte de shopping chronique, je rentre à l'hostel pour me reposer un peu.

Je rencontre Willy le propriétaire de la guesthouse. C'est un malaisien d'une petite trentaine d'années d'origine chinoise, il est grand, porte de lunettes et des pattes au niveau des oreilles. Il m'explique qu'il faut faire attention au « Scam », des arnaqueurs qui sous prétexte d'avoir quelqu'un dans leur famille qui va partir dans le pays du touriste, vont abuser de sa gentillesse et lui piquer tout son pognon. « Pas de problème », je lui réponds, « j'ai l'habitude des villes je ne vais pas me laisser embobiner ». Il me demande de lui répéter ce que les gars me disent si jamais je tombe sur ces types.
Je lui dis également que j'ai envie de voir Shaolin dans la semaine, et il me propose de m'accompagner.

Je rencontre plusieurs personnes qui sont à l'hostel depuis un peu de temps : Danielle, une Hollandaise, Leaticia, une Française. Je dine avec la dernière avec une amie à elle, Marie-France (canadienne) et son camarade de voyage, un suisse. Les deux jeunes femmes se sont rencontrées lors d'un séjour dans un monastère et on fait dix jours de méditation. Elles racontent leurs expériences du temple avec les horribles matelas pour dormir, les heures passées à se concentrer pour tenter de méditer et la satisfaction d'être aller au bout.
Le seul bar qui se trouve à proximité de nos hôtels respectifs se nomme le Reggae Bar, et n'offre que des cocktails et des bières au prix de deux diner. Nous buvons une bière au pied du 7 Eleven, équivalent asiatique du Franprix et nous offrons aux malaisiens un joli tableau des habitants de l'ouest, en train de picoler assis sur les marches d'un perron.

Le lendemain matin, je décide de prendre en main ma journée et d'aller au Garden Parc. Je galère à y aller à pied, me retrouve à marcher à côté des nationales et finalement arrive enfin à la Grande Mosquée. J'hésite à y rentrer. De l'extérieur, le bâtiment est magnifique, il fait vraiment preuve d'une grande créativité architecturale pour un bâtiment religieux récent. En comparaison aux nouvelles églises faites en France, la Grande Mosquée est un bâtiment tout simplement beau, malgré son côté neuf. Je passe tout de même la visite de l'intérieur parce que 1) je suis une femme toute seule, et que c'est un peu mal vu et 2) je n'ai pas une grande grande envie de portée le joli voile qu'ils proposent à l'entrée... Même si ça aurait été une jolie photo.

Je me décide à payer les 45 RM (11 €) pour visiter le Bird Park. Depuis mon voyage en Nouvelle Zélande, je me suis découverte une passion pour les oiseaux, et j'adore les écouter, les regarder... Mais d'habitude dans la nature. L'avantage du lieu, c'est qu'à la différence d'un zoo commun, les oiseaux sont en liberté.
Cependant, cela reste un putain de zoo. Je me balade au milieu des familles et des paons qui font la roue que tout le monde prend en photo, des femmes aux noirs tchadors que je ne sais pas si je peux leur faire des sourires ou s'il ne vaut mieux pas que j'évite de les regarder. J'arrive dans la salle des perroquets où un jeune malaisien me propose de les nourrir gratuitement. Je me retrouve avec quinze oiseaux qui picorent mes bras et me griffouillent. Je me dis qu'après cette jolie photo, je vais éviter le spectacle des oiseaux qui circulent à vélo et je m'enfuie rapidement du parc.

Après quelques moments d'errances, je trouve grâce à un couple d'indiens anglais le Lake Garden. Il est immense. Joliment décoré avec un seul et unique endroit où acheter à boire ce qui est peu sachant que les 35°C constants sont assez violents. Je me retrouve encerclés par plusieurs teenagers qui me demandent s'ils peuvent me prendre en photo pour le projet d'étude. Les gamins me rappellent l'histoire des « Scam ». J'accepte, mais je souris comme une constipée les mains sur mon sac à main. Ils me remercient et cavalent ailleurs.

Je rentre à l'hostel où j'y retrouve Danielle. On finit par diner ensemble à l'indien. Elle est en Malaisie seulement pour des vacances dans l'espoir de retrouver la force de terminer son mémoire. Elle fait un stage il y a un an à Kuala Lumpur et m'explique un peu les subtilités du pays. Elle me raconte, par exemple, que les malaisiens qui font les boulots de merde sont en fait indonésiens, que pour les indiens, c'est des Sri Lankais et que pour les chinois, c'est des vietnamiens. En gros derrière chacune des communautés présentes bien présentes, se trouvent d'autres sous classe. On rencontre sur le chemins les « Ladies Boys », drag queens prostituées qui entourent nos hôtels, et qui sont de préférences les seules personnes mesurant plus d'1m80 dans le pays.

Le lendemain, c'est samedi. Je me motive pour enfin aller voir les fameuses Petronas Towers. Ce sont les anciennes deux plus grandes tours du monde, mais qui ont été batu par une à Dubaï. Et en fait, ce sont en faite un putain de centre commercial. Je finis donc par faire du lèche vitrine. Je me balade dans le parc plutôt agréable qui les entourent. Je me pose pour enfin ouvrir un peu mon Lonely Planet que je commence à détester.
Je me rends compte que ce n'est pas la bonne manière de voyager. Que de lire à chaque fois qu'est ce qu'il faut voir, où diner, etc... Me laisse un sentiment de « pure touriste » dans la bouche. C'est justement qu'à ce moment là, deux types d'origine indienne m'abordent.

« Hello, can we ask you some questions ? » Je sens le retour de la parano des Scam. Je leur dis de mon plus bel accent français «  What ? ». Ils me demandent d'où je viens. « Heuuuuuu, I'm French ». « Hoo... What do you think about community education ? ». Je leur lâche un sincère « What ?! ». Ils me répètent plusieurs fois le mot, mais voyant que la communication est impossible, ils me laissent. Après avoir demander à des anglophones le sens de cette expression, je me demande toujours pourquoi des types me demanderaient ce que je pense de la mixité à l'école...

Le soir, c'est samedi soir, nous avons une petite soirée à la Guesthouse. Il y a beaucoup de français ce soir là, dont un adorable couple, qui est en faite composé d'une espagnole, Paloma et de Charlie, un réunionnais. Les deux jeunes gens travaillent à la décoration de l'autre hôtel, nommé Lock Ann. La soirée est calme et agréable et se termine tôt. Je me sens terriblement bien dans ce petit hostel.

Ma journée de dimanche est un vrai dimanche. Je ne fais pas grand chose d'autres que regarder des séries que j'ai enfin réussi à télécharger et je ne fais pas grand chose jusqu'au soir. Un gros orage éclate vers 17h, et je finis pas me dire que c'est la bonne journée pour aller au cinéma. Je préviens Willy. On décide d'y aller pour la séance de 21h50, puisque avant il pleut des cordes, ou plutôt la rue est noyée par l'orage, et c'est un peu trop tôt pour lui pour quitter l'hostel.
Je suis une peu inquiète pour une connerie. J'ai peur de plaire à Willy. Et aller au cinéma avec quelqu'un, c'est presque un date. D'autant qu'il me dit que l'on pourrait diner avant ensemble. Je suis un peu embarrassée.

Quand l'heure H arrive, je tente de prendre les choses avec désinvolture et amabilité. On prend sa voiture et on dépose Danielle à son rendez-vous dans un mall. Nous nous dirigeons vers un autre mall pour voir le film. Le mall en question est une tuerie : sur trois étages, il y a un énorme parc d'attraction. Dans le mall.
Nous dinons ensuite dans un sushi bar. Typiquement le restaurant de « date » et en plus, il me dit, au début du repas, que je suis son invitée. Dans ma tête, mille choses se passent : en France, j'aurais carrément refuser en expliquant des trucs très féministes pour justifier mon geste. Mais je suis face à un asiatique, et le seul comportement juste que je peux m'accorder est d'accepter en souriant. En plein milieu du repas, le téléphone sonne, des gens de l'hôtel ont oublié leur clés dans leur chambre. C'est Willy qui a un double dans sa caisse. Il leur dit de patienter jusqu'à 23h. Je réalise que tout le monde à la Guesthouse doit savoir que je suis au cinéma avec Willy. Je prends toujours les choses avec beaucoup de détachement. Et j'assumerais : je suis censée travailler dans le cinéma, aller voir un film pour moi, c'est quasiment du travail. Oui oui oui.

Le film en lui même est long. Et très chinois. Les discours étatiques m'emmerdent, mais les combats sont bons. Pendant la séance je bois le Ice Tea que Willy m'a offert et des MM'S version malaisienne. Gentiment il me les met dans mes petites mains tout au long du film. A la fin, nous sortons de la salle et pour me laisser le passage, il pose gentiment sa main sur mon dos. Un frisson me parcourt l'échine. Ne pas réagir, c'est tout à fait normal. Ne pas réagir.
Je le remercie mille fois, et une fois rentrer à l'hostel, il reprend son travail, et rien ne se passe de vraiment gênant.

Le lendemain, je découvre la vielle gare de Kuala Lumpur, qui aurait pu accueillir un musical d'Ali Baba. Celle-ci me permet d'arriver à une bretelle d'autoroute, ou au moins à un énorme périphérique qui finalement m'amène au Musée National. Celui-ci est décevant. En même temps, j'avais oublié qu'est ce qu'est un musée national : un endroit qui raconte l'histoire d'un pays. Il y a six grandes pièces; dont la première raconte la préhistoire. Je la passe très vite. Les autres parlent un peu des Sultans et des différents pays qui ont colonisé la Malaisie, mais en même temps, les horribles mannequins déguisés, me foutent des frissons. Je lis plus vraiment les écriteaux. Mais la partie la plus étrange de ce musée, où du moins la plus absurde reste la partie football. La Malaisie a gagné la coupe d'Asie, ou un truc comme ça, et il y a donc, en plein milieu du musée national plusieurs grands posters, une quinzaine, avec des retransmissions vidéo du match, de la musique victorieuse (du genre Lalalalalalalalalala, la même que la notre lors de la coupe du Monde, mais au moins c'était la coupe de monde ! Et je ne l'ai pas entendu dans le Louvre...).
Ma visite culturelle n'est pas vraiment un succès.

Le soir, je me retrouve à embarquer deux norvégiens à mon indien favori et presque guide pour une petite partie de ma soirée à Kuala Lumpur. Ils viennent d'arriver, et j'essaye de leur vendre le plaisir de la Malaisie et les petites subtilités du pays. Ils semblent apprécier. Je rencontre également un français, Nicolas, qui va surement lire mon blog, du moins je l'espère, qui commence à voyager autour de l'Asie du Sud. Son truc à lui, c'est le vélo. Je me sens face à ce genre de voyageurs tellement toute petite. Ou du moins vraiment, vraiment pas sportive.

Le lendemain, je décide de retenter le musée, et ma plus grande surprise, j'y trouve un immense plaisir. C'est le National Art Galery, qui tente vaguement de copier au niveau architecturale celui de Londres, avec ses grands escaliers en colimaçon autour des étages. Les salles sont fournies de superbes toiles contemporaines pleines de couleurs, riches de toutes les différentes cultures qu'offrent la Malaisie. Bon, bien sur il y a des trucs beaucoup plus moyens. Mais lorsque je sors et me retrouve à nouveau à galérer et marcher près du périphérique, j'ai plein de jolies images plein la tête. Et je suis encore plus amoureuse que je ne l'étais de la Malaisie.
Le métro malaisien est privatisé. Donc chaque ligne est indépendante. Ce qui fait que c'est un bordel que de changer de ligne et surtout une longue marche. La ville est petite, je me décide à marcher au lieu de galérer. J'arrive au niveau des malls et je me décide à acheter mon manteau pour la Corée. Le plus stupide achat à faire lorsque il fait 35°C.

De retour au Bird Nest à chiller. Je me surprend, lors d'un moment d'égarement à faire la chose la plus inattendue : je mate Willy lorsqu'il va prendre sa douche. Il est torse nu, une serviette autour des hanches, arborant un tatouage tribal sur la poitrine, plutôt baraque, en un mot : sexy. Et il est toujours asiatique, avec toujours des lunettes et des pattes au niveaux des oreilles. Mais sexy. En plus, il a une délicieuse âme et j'aime façon calme qu'il a de parler.
Je me surprend donc entrain d'avoir des pensées romantiques à son sujet. Et je réalise que c'est une très très mauvaise idée. Non, je ne baiserais pas le manager si gentil de l'hostel alors que je pars dans deux jours. Et en même temps, la plupart des moments où je le croise, je me rends compte que mon sourire est plus franc et surement plus stupide.

Ma dernière journée, je la passe à préparer mes affaires et préparer un gros gros paquet à envoyer à Paris qui n'arrivera que dans deux ou trois mois. Je décide de chercher dans les différents lieux à touristes des petits souvenirs pour tout le monde. Je vais dans ce qui s'appelle the Central Market, où j'y croise un couple de Danish, que je pousse à faire un Fish Spa, en gros mettre ses pieds dans un bassin où on se fait picorer par des poissons les pieds. C''est supposé les vielles peaux
A 4h, j'arrive à envoyer mon paquet, mon sac est prêt, et je suis décidée à aller en Corée.

Willy me propose de me joindre à lui, Charlie et Paloma (le couple composé du français et de l'espagnole), qui vont diner à l'extérieur. Je suis en train de discuter avec Elsa, une amie en France sur internet et je suis face un énorme dilemme cornélien. Dois-je passer ma dernière soirée dehors, au risque de rater mon avion et de peut être arriver à conclure ce que au fond je ne désire pas vraiment mais en même temps peut être passer une agréable dernière soirée avant de partir ? Au dernier moment j'accepte, je ne sais pas où je vais, mais y cours.

Je me retrouve à Carrefour pour accompagner les trio acheter des tapis et des plantes pour l'autre hôtel. Je pense que nous sommes les clients les plus étranges de Carrefour ce soir là : trois westerns avec un chinois en train d'essayer de porter quatre ou cinq tapis et cinq ou six plantes un mardi soir à 20h.
On mange italien, histoire de continuer dans la soirée absurde et le restaurant a les plus basses toilettes et le plus petit urinoir du monde.
Lorsque l'on reprend la voiture après le diner, Willy nous dit qu'il a une surprise pour nous. On se retrouve dans sa voiture à fermer les yeux pendant quelques minutes de route (pas Willy bien sur). Il s'arrête. Il nous demande de sortir, m'attrape par le bras très gentiment (mon cœur bat d'un coup plus vite), et on se déplace pendant quelques minutes comme ça. On touche une barrière, et là, il nous demande d'ouvrir les yeux.
Face à nous : toute la ville. Tout Kuala Lumpur éclairé, des feux d'artifices qui explosent au loin, toujours pour le nouvel an chinois, et nous qui sommes presque seuls au monde en train d'avoir cette adorable vue... Sauf que deux motos arrivent, et deux flics débarquent. Ils checkent les papiers de Willy, et commence à lui taper la tchatche en fumant des clopes. Charlie s'intègre rapidement à la discussion et Paloma et moi parlons de révolutions du monde arabe. Ce moment est magnifique et absurde comme tout le reste. Les flics ne cherchent pas à nous taper du fric, mais comme les fait remarquer plus tard Charlie, il aurait plutôt aimer être gangster que flic. Il parle trop.
On rentre à la guesthouse. Je me sens complétement à ma place et je réalise que je pars le lendemain. Je salue les gens. Je hug Willy, avec un énorme pincement au cœur, et beaucoup d'humidité due à la chaleur ambiante.

J'ai un sentiment assez rare qui m'enveloppe : j'aime ce pays, ces gens, ce bordel et cette mixité, ces erreurs d'urbanisme, ces sourires ou même ces motos qui tentent de m'écraser. Étrangement, je comprends ce lieu, et ces endroits me parlent. Je me fais la promesse solanelle de remettre les pieds ici, rapidement.

Le lendemain, je met mon énorme backpack sur le dos, je prends le subway, le bus et l'avion. En route pour la Corée.

samedi 12 février 2011

Cameron Highland

Je suis pour la première fois de mon voyage complétement seule. Et il faut dire que c'est un grand changement sachant que pendant deux mois, j'étais jours et nuits avec Maxime.

Pour arriver à ma première destination, je prend un premier bus qui m'amène à Kuala Lumpur, celui ci est confortable, sur deux étages et plein.
Je me retrouve assise à côté d'une malaisienne. Elle est arrivée dans le bus avec homme et lorsque je la vois finalement s'assoir à côté de moi je lui demande : «  Does your husband want to sit here ? ». Un peu surprise et également un peu énervée, elle me répond : « It's my father ».... Oups, je me sens coupable d'avoir pensé ça et je la regarde un peu plus attentivement. Elle semble en fait avoir à peu près mon age, elle porte un joli voile mauve accompagné de bijoux tout autour et elle a constamment son smartphone à la main. Je me dis que j'aurais du prendre plus de pincette et me rendre compte que la jeune femme était une midinette.

Lorsque l'on arrive à Kuala Lumpur, c'est un peu le bordel : le bus reste bloqué dix minutes avant de rentrer dans le parking. Des mecs de la sécurité prennent la tête à notre chauffeur qui s'égosille et s'énerve. Tout le monde est debout dans le bus en train de le mater. Et personne ne sait pourquoi ils lui prennent la tête. Je pense à ce moment là que soit il n'a peut être pas de permis... Enfin on se gare tout de même sur le parking de notre compagnie de bus.
Là, j'achète mon ticket de bus pour Ipoh.
Je ne comprends rien au malaisien, mais pour rien vous cacher, je crois que c'est la gare routière la mieux foutue que j'ai jamais vu. Incomparable à celles que nous avons pu expérimenter en Roumanie l'été dernier. Il y a, en face de là où se garent les bus, un énorme préau, avec plein de chaises où tous les voyageurs s'assoient. Derrière ses chaises, de multiples stands dans lesquels sont vendus des fruits frais pré-découpés, des boissons fraiches et autres petits grignotages.

Seul point noir de l'arrêt : les toilettes. C'est le moment de vous faire un tableau d'un fait plutôt important de ma vie quotidienne malaisienne : les malaisiens, de la même manière que les habitants des pays d'Afrique du Nord, n'utilisent pas de papier toilettes. Un petit tuyaux, relié à un robinet, et votre main gauche servent à vous nettoyer après un passage aux lieux d'aisance. Ce qui fait que chaque occidental se promènent de manière ultra-sexy avec son rouleau de PQ dans ses affaires. J'ai tenté plusieurs fois l'expérience de ne pas utiliser de papier (quand par malheur le rouleau se trouvant dans mon sac est vide), et il y a un gros gros gros détail que je n'arrive pas à résoudre dans toute cette démarche, c'est comment ils peuvent supporter de se rhabiller ensuite avec le cul mouillé.
Enfin revenons aux toilettes de la gare routière : elles sont blindées d'hommes et de femmes qui de peur de rater le bus tentent de rentrer le plus rapidement dans les toilettes. Tout le monde fait la queue, et moi au milieu, avec mon énorme backpack bleu ciel, je tente également de rentrer dans ces toilettes avec le maigre espoir d'avoir un endroit clean pour poser mon sac. Deux choix s'offrent à moi : les toilettes de chantier, ou les toilettes normales. Question hygiène, je sais que la première solution n'est pas envisageable. J'attends longuement pour les toilettes normales. Il arrive enfin mon tour, je rentre dans ce qui semble être les toilettes handicapées (mais il y a une énorme marche pour y accéder... aberration malaisienne). La porte ne ferme pas. Soit. Il y a trop de monde qui attend et qui m'ont vu rentrer, je ne risque pas d'être dérangée. Le sol est totalement trempé, à cause de la technique d'essuyage expliquée ci-dessus. Je suis donc obligée de pisser avec mon gros sac sur le dos, mon petit sac à dos sur le ventre. La douloureuse gymnastique effectuée, je me lave les mains et embarque dans mon bus.

Lorsque j'arrive à Ipoh, je suis déçue. Le seul hôtel où il y a de place n'a plus qu'une seule chambre à 60 RM (15€), et je me retrouve avec deux lits doubles, la clim et de l'eau chaude. Je prends avec plaisir ma première douche tempérée depuis que je suis en Malaisie et je tente de découvrir la ville.
Là encore, déception : le Lonely Planet décrit l'endroit comme une charmante ville avec une architecture colonialiste. Moi, j'ai surtout vu les égouts, les magasins peu ouverts, un mendiant indien torse nu constamment sur ma route qui voulait que je lui donne 10 RM (2,5 €) qui semblait me dire qu'il était muet mais qui parlait en fait., et une prostituée chinoise. Je vois avec les gens de l'hôtel pour partir dès le lendemain pour ma nouvelle destination les Cameron Highland, « montagnes » malaisiennes.

Le soir, au moment de me coucher, il y a un gros fight dans le resto en face de l'hôtel. Enfin, il y a un mec qui gueule parce que la bouffe n'est pas bonne. La relativité et la sécurité malaisiennes me fascinent.

Le lendemain, je vais à l'agence qui doit me faire prendre mon bus pour les montagnes. La vielle j'étais tombés sur un vieux chinois édenté qui m'avait dit de revenir à 10h30. Me revoilà donc à 10h25 par peur d'être en retard. L'homme qui s'occupe de l'accueil, un chinois d'environ 30 ans, une dent de travers, de petites lunettes de pervers ou de geek, ne parle pas un mot d'anglais. Par geste et par écrit on communique sur les horaires. On se comprend, il me donne mon reçu. Cependant, je ne sais pas où prendre le bus, un autre vieux se ramène et me dit que le jeune m'accompagnera à l'arrêt. Je regarde les mouches volées pendant une demi heure et eux discutent en chinois. A 10h55, je suis le petit gars à lunettes dans les ruelles de Ipoh, les passants se marrent et lorsque l'on s'arrête devant un restaurant malaisien pour attendre le bus, les clients nous observent amusés. Le type à lunettes que je décide finalement de mettre dans la catégorie « Geek à tendance films pornographiques avec occidentales sur internet » ne me regarde jamais dans les yeux et n'essaye jamais de communiquer. Un vieux monsieur s'arrête et avec beaucoup de gentillesse me demande où je vais. Je lui réponds les Cameron Highlands. Il me dit que l'arrêt de bus se trouve un peu plus loin de l'autre côté de la rue. A ce moment là, le geek lui parle en malaisien et doit lui dire un truc du genre : « je travaille dans une agence de voyage, je sais où est le bus, va te faire foutre ». Le petit vieux, un peu penaud me salue et s'en va.
On continue à attendre.
Un autre vieux monsieur salue le geek. Je comprends que leur conversation est à propos de l'arrêt de bus également, et finalement le geek me fait signe de les suivre pour se diriger au bout de la rue, en face, où, pile à ce moment là, le bus arrive. Je ne suis pas mécontente de quitter mon médiocre guide, je rentre dans le bus.

La route pour les Cameron Highland est magnifique. Les orchidées fleurissent au bord de la route, les champs de thés en terrasse construisent le paysage et les villes sont garnies de marchés et laissent voir mille fruits dans lesquels on veut croquer. Par rapport à l'arrivée à Ipoh dans les zones industrielles, je suis ravie de mon arrivée dans les montagnes.

Les taxis me proposent de monter avec eux, je refuse gentiment sachant que ma Guesthouse n'est pas très loin. Un petit peu à l'écart du centre de la ville, nommée Tanah Rata, la Daniel's Lodge, a une énorme terrasse avec un dortoir plutôt propre et un bar au coin de l'hostel.

A mon arrivée, je rencontre un australien qui réponds au nom de Steeve et je vais manger toute seule car je crève la dalle. J'arpente la seule rue principale qu'à Tanah Rata, et je trouve un petit resto plutôt agréable où je mange des noodles. Comme je suis seule, je bouquine les Misérables. Je me dis que le bouquin déteint sur moi. Un petit garçon japonnais, Mario me dit que je suis assise à la place d'Uncle Sam. Je me marre parce ça ressemble à une blague. Lui est très sérieux. Uncle Sam débarque, avec un vieux look d'aventurier, entre Indiana John et le capitaine Haddock, m'explique que Mario est surement amoureux de moi, mais qu'il a déjà une amoureuse en Thaïland de 26 ans. Je me dis que je ne comprends à rien à ce déjeuner. Je me balade dans la ville, entre le marché et les habitations abandonnées, c'est plutôt un endroit agréable. La température est de 25 degrés l'après midi, et se rafraichit en fin de journée, ce qui est, après avoir suée jours et nuits depuis une quinzaine de jours, un détail agréable.

En fin de journée, je rencontre Johan et Rob, un finlandais et un allemand d'une cinquantaine d'année. En discutant avec eux, je me rencontre que mes activités sportives se sont résumées à gagner. Alors que pour eux ce sont des challenges personnels.
Après ce constat, le matin, je décide de partir faire un treck toute seule. Comme je ne trouve pas le chemin que je souhaitais, je fais celui qui est considéré comme le plus simple, qui mène à de médiocres cascades.

Mes journées aux Cameron Highlands sont tranquilles. Le matin petit déj indien, après marche de quelques heures et l'après midi, glandage sur internet et écriture.

Le soir, je retrouve mes nouveaux amis autour d'une bière ou deux, qui me racontent leurs récits de voyage et on parle des différences européennes. Rob a un talent incontestable pour l'imitation de l'indien qui ne sait pas. Johan, lui c'est dans la surprise et l'étonnement : son « What ?!!! » avec les mains tournées vers le ciel rentre rapidement dans mon vocabulaire anglophone.
Puis au détour d'une discussion sur les armes à feu, comme Rob parlait de comment il pouvait plus ou moins se trimbaler avec son arme, je lui demande quel est son métier : « Policeman ». Fuck, je n'aurais point imaginé parler avec autant de plaisir avec un policier germain qui me raconte comment il défonce les manifestant Antifa. Mais comme à chaque fois c'est avec humour et recul, je l'adore et décide de me donner un coup de pieds aux fesses imaginaires pour éviter d'avoir de tels préjugés.
Johan a sa part d'étrangeté et de différences délicieuses qui font que le voyage rend plus tolérant. Il est passionné par les arts martiaux, par l'Inde qu'il ne sait pas s'il aime ou pas, et par les aberrations de la Finlande. Par exemple, en Finlande, le port d'arme est autorisé, les russes sont toujours les ennemis numéros 1 lorsqu'on est à l'armée (vu que la Suède est démilitariser). Mes soirées sont douces en leurs compagnies.

Le Daniel's Lodge est un endroit étrange. Il y a des individus qui restent plusieurs semaines vu que l'endroit est agréable. Par exemple il y a une vielle dame, qui comme beaucoup de vielles dames à pour passion les animaux. L'effet Brigitte Bardot. Celle-ci ne m'adresse jamais la parole. Pourtant j'ai l'impression qu'elle adore les jeunes filles voyageant seules pour leur expliquer à quel point, elle, voyage. Johan m'explique que cette vielle anglaise est snob de la langue de Shakespeare et ne parle qu'aux gens qui parlent parfaitement anglais. Pas mon cas à son goût (je suis un peu vexée).
Il y a aussi un français, en manque de relation, avec un sourire en coin étrange, un peu gênée qui me propose de partager son thé. Comme ce n'est pas parce que je voyage toute seule maintenant que je veux me taper les boulets du voyage, j'évite ce genre d'individus. A leurs yeux, je dois être certainement être une personne très fermée qui ne comprend le « vrai sens du voyage », mais aux miens j'évite les personnes en manque de relation.
Il y a également deux étranges personnes qui s'occupent de l'accueil de l'hôtel : l'un est un jeune homme assez efféminé, qui offre des sourires de temps en temps mais plus souvent une petite grimace pincée, qui tente de vendre ses tours autour des montagne. Chose que j'évite constamment. L'autre est une sorte de demoiselle, sculpté dans le même gabarit que l'autre, c'est à dire qu'au niveau de la taille elle m'arrive à l'épaule, elle n'a malheureusement pas été épargnée pas l'acné, se maquille ostensiblement, avec faux cils et fausses lentilles bleues, porte le genre de robes qui doivent faire dresser les cheveux de chaque musulmane et aux personnes de bon gouts et chante lorsqu'elle a rien à faire. D'une voix très très rauque qu'il laisse présumer que son sexe de naissance n'est pas celui qu'elle aimerait avoir.

Mes trois premières soirées sont donc agréables en compagnie de Rob et Johan. Malheureusement, la dernière se déroule sans eux.

Je fais la rencontre d'une Dutch (dont je terrerai le nom faute de mémoire), d'un italien, Francesco, d'un autre Dutch, d'une canadienne. Ils sont un peu plus « welcomming » en apparence que mes anciens amis. On dine ensemble. Mais au bout d'une heure passée en leur compagnie, je réalise que je ne les aime pas. Les sujets tournent autour de « Qu'est ce que c'est fou la Thaïlande, avec toutes ses teufs et ses drogues », ce que je me contre-fous pour des raisons de manques de prises de drogues et de voyage là bas. Et puis je réalise que ces personnes ne sont pas agréables. Après quelques bières bues, je tarde pas à me coucher afin de ne plus avoir à écouter l'italien et entendre la Dutch l'approuver.

Le lendemain, je quitte enfin les Cameron Highland. J'ai, pour un peu plus de confort booké un minibus qui part directement de la lodge et qui va directement dans Chinatown de KL (Kuala Lumpur version L.A). Mauvaise idée, le chauffeur conduit le van comme une automatique dans les montagne, sans débrayer. En plus, je suis à l'arrière de la voiture, donc je me prends toutes les bosses et me sens un peu malade.
L'arrivée en ville me fait plaisir, des grands bâtiments, de la circulation, des gens glauques dans la rue. Je suis contente de me retrouver dans une grande ville. Je sais où dormir, plusieurs personnes m'ont conseillé le Bird Nest, je me dirige vers l'hostel en espérant qu'ils ont bien gardé ma réservation...

dimanche 6 février 2011

Nouvel an chinois et All by myself.

Melaka.

J'aimerais pouvoir rendre à quel point j'ai aimé cet endroit. Au départ, ce devait être un arrêt de deux trois jours. Il s'est transformé en une semaine.

On passe à Melaka nos six dernières journées ensemble avec Maxime. Après de grosses discussions, j'ai finalement avoué que je pensais qu'il fallait vraiment qu'on se sépare, lui a pris la décision de rentrer en France.

Pour faire bref historique du lieu, c'est une vielle ville et avant un grand port. Situé entre l'Inde et la Chine, les deux communautés sont bien installées dans la ville. D'ailleurs Chinatown est le centre de la vielle ville et, est particulièrement charmant. Ensuite, il y a eu les portugais, les dutchs et les anglais qui l'on un peu monopolisaient le terrain et la ville a gardé de ces mélanges les plaisirs culinaires et quelques batiments.

Nous logeons près du centre, dans une Guesthouse nommée Eastern Heritage. L'endroit est un peu glauque : c'est une vielle bâtisse chinoise, avec une sorte de bassin où tremper ses pieds au milieu (chose que je n'ai pas faite pour des raisons d'hygiène). Il y a des vielles moulures chinoises un peu partout. A l'entrée, il y a un vieux bar inexploité et les chambres sont assez obscures. A notre arrivée, Max et moi avions décidé de rester qu'une seule nuit dans l'hôtel. Mais lorsque je demande à changer de chambre pour ne pas garder la première qui donne sur la rue, on se retrouve avec une chambre plutôt charmante, avec un balcon aussi grand que la chambre. Ce dernier à l'avantage de donner sur les autres toits et le marché chinois à proximité. On reste finalement dans cet hôtel pour ce petit luxe.
La personne qui s'occupe de l'accueil est Muja, une indonésienne charmante et souriante qui donne une certaine chaleur au lieu.

Nos activités dans la ville sont peu diversifiées, mais pas pour autant désagréables. Le matin, nous commençons nos journées avec un breakfast chez l'indien. Attention, excepté le café (particulièrement bon la plupart du temps avec du lait concentré à l'intérieur), il n'a rien à voir avec nos petits déjeuners français. Première chose, mais également détail le plus différent, nous mangeons épicé. Le premier matin, ce n'est pas chose aisée, mais dès le second, on prend le pli. On y mange des « roti with cheese », des sortes de « nan » avec une pâte plus fine et feuilletée que l'on trempe dans différentes sauces : à la menthe, à la noix de coco ou encore au chili. Tout ceci se mange avec les doigts.
Ensuite, on se balade dans la ville, dans les malls si on a très chaud et pour que je puisse un peu adapté ma garde robe à la sueur ambiante et pour trouver des vêtements qui me montrent pas trop nue. Cette dernière décision est due à plusieurs choses : des problèmes d'épilation, des petits kilos qui apparaissent à cause de nos trois repas par jours riches et surtout parce que nous sommes dans un pays musulman et se balader avec les jambes et les épaules découvertes au milieu des nanas voilées n'est pas forcément mon kiffe. Particulièrement si je voyage seule. Résultat : je ressemble à s'y méprendre à mes années hippies et Max est super content.
On a également réussi à aller deux fois au cinéma, une première fois pour voir Green Hornet, une deuxième fois pour voir The Way Back. Lors de ce derniers, j'ai adoré les passages en polonais et russes du début du film non sous-titrés en anglais.

Les gens de Melaka prouvent encore que la convivialité malaisienne est adorable. Les gens cherchent le regard et sourient dans la rue, on se fait offrir un plat au restaurant indien par un gentil couple, les chinois sont impressionnés par notre courage de venir se joindre à eux dans les cantines et discutent avec nous.

Lors de notre troisième nuit dans l'hotel, Muja nous invite à diner avec elle. Elle nous prépare des noodles à sa façon, c'est à dire avec une quantité incroyable de piments. Maxime ne fait pas attention et souffre lors de son repas. Moi, plus conne, je décide de gouter directement un morceau en fin de repas. Je n'aurais pas dû, mais je suis fière tout de même de l'avoir fait.

Maxime, pour lui rendre la pareil, décide de cuisiner un de ces fameux plats de pâtes le lendemain. Il n'avait pensé que les légumes que nous trouvons sur place ne sont pas les mêmes, et que la crème qui est seulement 20 RM au Carrefour et qui est tout droit importée de France, et que j'allais me planter pour l'achat de la sauce soja et en acheter de la sucrée. Le plat final n'est pas forcement mauvais, mais ressemblent plus à des noodles malaisiennes, et Max est très déçu du résultat.
Pendant le temps qu'il cuisine, Muja a du mal à le laisser seul derrière les fourneaux. Ce qui a pour résultat de rendre Maxime plus énervé et plus angoissé par le résultat final.
Moi, je ne fais pas grand chose en regardant le spectacle. Seule occupation, c'est Hein, un dutch qui vit depuis environs deux semaines dans l'hôtel. Il m'offre un bracelet d'un moine bouddhiste pour des raisons plutôt étranges : il ne veut pas garder un cadeau qu'on lui a fait alors qu'il faisait un don d'argent au moine. Lorsqu'il me dit ça, le fait qu'il soit également végétarien parce qu'il ne mange pas d'animaux morts me laisse penser que c'est un voyageur en recherche de sens spirituels (il y a en a beaucoup, beaucoup, beaucoup...). C'est un type pas très grand, chauve (rasé), qui voyage depuis onze mois. Il a l'étrange particularité de parler indonésien (en fait il parle 5 langues), et donc passe beaucoup de temps avec Muja. On le croise régulièrement dans l'hôtel, et la seule chose que l'on sait de lui c'est que c'est un gros fêtard et qu'il dort régulièrement devant l'entrée pour ne pas réveiller Muja le matin pour rentrer.

Il me pause une question : « There is a three. On this three there are ten birds. A hunter shot a them. How many birds there is ? » Je ne sais plus du tout quand j'ai entendu cette devinette mais je lui réponds spontanément qu'il n'y en a aucun parce qu'ils se sont tous envolés. « I like the way you think ».
Maxime ne perd pas une miette de notre discussion de loin et quand il apporte nos assiettes finalement prêtes, il me demande : « Il s'est passé quelque chose avec le Dutch ? ». Je lui réponds par la négative, mais au fond de moi, je sais qu'il s'est passé quelque chose. Je déteste la manière dont Maxime peut lire plus vite que moi les choses qui se trament entre moi et les hommes.

Après le diner, Maxime et moi allons vers Chinatown : c'est la vielle du nouvel an chinois, la ville est en fête, c'est un peu le bordel, mais version chinoise. Il y a un gros marché au milieu des rues, les gens se baladent, il des bruits de feux d'artifices au loin. Nous rentrons dans la ville, je vois une rue transformée en bar, et je dis à Maxime que ça ferait une jolie photo. Il se pose prend la photo et à peine celle-ci prise qu'une voix nous interpelle. C'est Hein. Il est à une table au milieu de la rue, avec deux autres malaisiens d'origines chinoises qui picolent. On se joint à eux. Plus on boit, plus il y a des amis à eux qui se joignent à nous. Avec Maxime, on ne revient pas de la chance que l'on a d'être au milieu de ce groupe qui nous explique un peu tout pour le nouvel an chinois. Eux, sont complétement fascinés par nos physiques : nos grands nez et les barbes (pas la mienne).
Les deux bars qui sont l'un en face de l'autre et qui ont transformé la rue en terrasse ont des chanteurs qui, alternativement, font des piètres reprises kitchs de chansons anglaises ultra-connues. Lorsque minuit s'approche, les deux chanteurs font des décomptes légèrement décalés. Minuit sonne, la rue lance des fusées de confettis qui explosent au dessus de nos verres et l'objectif est de les couvrir rapidement pour ne pas boire des paillettes. Jack, l'ami de Hein, qui est donc un des chinois, nous propose d'aller en club avec nous. Maxime est aux anges parce qu'il rêvait de voir un club avec pleins de jolies asiatiques. Moi, qui n'avais aucune envie de sortir, qui est habillée comme le reste de la journée, c'est à dire en néo-hippie avec mes chaussures bateaux verte, je commence à émettre un doute quand à l'idée de sortir... Puis finalement me dit que c'est quand même une bonne idée, et que c'est pas souvent que je peux fêter deux nouveaux ans dans une même année.
On quitte le centre ville. On passe devant le maitre de l'argent chinois (un type déguisé et maquillé qui aurait tout à fait sa place le soir à Pigalle) qui offre du faux argent et des bonbons au différentes personnes qui lui demandent. Max a le droit à 2 1435 RM écrit sur un bout de papier, moi j'ai un bonbon. Tout le monde s'offre des mandarines, ou plutôt l'épluche et ensuite donne des quarts à tout le monde. Particulièrement Hein qui en profite pour parler avec tout les gens autour de lui. Et j'ai le droit à plein de Happy New Year et d'autres phrases incompréhensibles en malaisiens. On quitte finalement la ville.
On roule pendant 20 minutes, pour finalement arriver au mall qui se trouve à quinze minute à pied de l'hôtel. Le trajet est plutôt rigolo, on est tout les quatres, Hein, Jack, Max et moi, avec la musique à fond dans la voiture à chanter les tubes les plus connus du moment.
La première boite de nuit à laquelle on devait aller est full et trop cher. Ils décident d'aller à l'Arena, une boite un peu plus loin. Je commence à sérieusement baliser pour mon accoutrement. Les mecs me disent qu'il n'y pas de souci parce que je suis blanche et que donc j'ai l'air cool. Hahaha (intérieurement et Max à haute voix). Les chinoises à l'entrée sont toutes trop bien foutues et trop sapées, moi je suis habillée comme quand j'avais quinze ans et avec les mêmes vêtement que depuis trois jours. On ne paye pas de droit d'entrées, mais on s'engage à prendre chacun cinq bières. On nous installe à une table au milieu de tous les asiat' qui boivent comme des trous. La boite est d'un genre comme jamais encore je n'y mis les pieds.
Elle est immense : il y a une scène sur laquelle un type passe des chansons ultras connues occidentales du genre David Guetta grâce à son Mac et il y a un mec au micro qui chante par dessus pour chauffer la salle. Il y a des lances flammes qui marchent toutes les dix minutes et des lumières de ouf qui balayent la foule. Et on continue à boire, à trinquer avec tout le monde, à danser.
Au bout d'un moment, un groupe monte sur scène. Deux nénettes et deux gars. Habillés comme s'ils allaient à la Japan Expo à Paris : les meufs ont des petites chemises, des gros talons et des microscopiques shorts. Les mecs, des costards noirs et rouges et font des chorégraphies. Ils chantent là encore des tubes ultra connus. Hein me dit que c'est un groupe super. Je commence à douter de ses goûts musicaux et s'il est vraiment un vrai hippie. Jack me dit que le chanteur principal est super bon et pourrait être le nouveau Mickael Jackson. Hmm... Je n'ai pas de goût forcément prononcé pour Mickael Jackson, mais le chanteur en question ne lui arrive pas à le cheville une seule seconde, ça j'en suis sûre et niveau chorégraphie, j'ai vu des gamines de collège faire des trucs aussi bien. Mais l'ambiance explose quand même à ce moment là. La chanteuse est couverte de cadeaux, peluches, fleurs et alcool offert par les fans dans le public. Elle entame une chanson de... Justin Bieber. Je me marre en pensant à toutes les réflexions sérieuses sur la prestance du groupe. Là, à ce moment là, Hein m'invite à danser. J'accepte malgré tout en moi qui se révoltent contre l'idée de danser sur le tube des midinettes de quatorze ans.
« Hou, Baby, baby, hou »... Je me retrouve à virevolter au milieu de la « piste », avec des dizaines de yeux posés sur moi, et croyez le ou non, je pense, mais j'en suis quasiment certaine, que ma danse était bien. On était drôle, s'était un impressionnant, et en comparaison des jeunes qui dansent plutôt la tektonik autour de nous, c'était original. Bon, je pense que Hein savait aussi très bien conduire. Et pendant quelques minutes, sous les yeux bridés des spectateurs, j'ai un peu brillé dans cette boite de nuit. Un peu comme un mec entame un super solo de danse dans une boite et que tout le monde le mate (sauf que je n'étais pas toute seule, que je ne suis pas un mec et que je tourne pas sur la tête).
A 2h du mat', la boite ferme. Jack nous propose d'aller dans un autre endroit, et comme on commence à être fauché avec le Maxou, il nous dit que c'est un endroit où l'on aura rien à payer, c'est une sorte de boite typiquement chinoise. On reprend la voiture, dans laquelle le petit Bouddha sur le tableau de bord me fascine. On s'arrête devant un endroit qui de l'extérieur ne ressemble à rien. On rentre comme des rois à nouveau, avec Jack qui nous conduit à l'intérieur. On y retrouve des mecs rencontrés plus tôt dans la soirée en ville. Ils sont assis à une table, où il y a deux nénettes habillées en magnifiques robes rouges qui jouent aux dés et discutent avec les types. Les hommes asiatiques ne sont vraiment pas sexy, par contre les filles sont du beauté assez remarquables.
En fait, je réalise que les les nénettes qui se succèdent sur scène pour chanter des vieux tubes chinois en karaoké portent les mêmes types de robes et que beaucoup de femmes dans le bar sont habillées pareilles.

Max : « Je crois que nous sommes dans une maison close ».
Je rigole, et lui dis que non, je demande à Hein, qui me dit que c'est une sorte de concours de beauté. Je réponds ça à Maxime qui ne sait plus quelle femme regarder. Je suis également surprise de voir, que comme dans la boite de nuit,il y a un écran de télévision avec du foot juste au dessus de la scène. On m'explique que les chinois jouent beaucoup aux paris sportifs et que donc même lorsqu'ils dansent et qu'ils matent des jolies filles, ils suivent leurs matchs.
Nos verres ne sont jamais vides, un type du bar vient nous les remplir régulièrement, et je réalise que je dois être la seule femme pas habillée avec les robes rouges, que des vieux mecs sont assis devant la scène et que les chanteuses reçoivent des écharpes de fleures et qu'elles discutent avec les vieux mecs. Finalement, Max ne doit pas avoir si tord...

Max me répète les paroles de Jack qui est toujours fasciné par nos looks d'européens : de toutes les femmes qui sont là ce soir dans la salle, la plus belle c'est moi. Hahaha... Je me dis que c'est vraiment trop gentil et que la différence à du bon, mais que lorsque je vois ces femmes toutes plus belles les unes que les autres avec les magnifiques toilettes, le pauvre Jack devrait être un peu objectif. Je suis aussi fascinée que Hein et Max par les femmes, j'essaye de discuter avec l'une d'entre elles, mais on me dit qu'elle ne parle que chinois. Alors je me contente de lui sourire. Max me dit que Jack lui a conseillé d'aller voir les filles s'il en avait envie, qu'il devait juste payer... Il me dit également que Jack est un gangster et qu'il a plein de tatouages. Ça m'étonne qu'à moitié, la soirée a pris une dimension extraordinaire et je lui propose de lui prêter de l'argent s'il veut pour voir les filles. Ce qu'il refuse avec beaucoup de mérites.

Finalement, on part. Jack veut m'offrir un peluche que des vielles dames tentent de vendre la sortie. Je refuse catégoriquement en expliquant que je ne pourrais jamais le mettre dans mon sac. Je ne lui dis pas que c'est le pire cadeau que l'on pourrait m'offrir même si c'est de la part d'un gangster...

Comme on commence par avoir un peu faim, Jack et Hein nous emmène à un endroit où l'on peut manger à cette heure si tardive (il doit être 4-5 heures du matin). On déguste une soupe de poisson avec du riz ultra épicé. Ça change du MacDo. On est les derniers à partir.

Jack nous ramène devant l'hôtel, on se fait mille promesses d'amitié et d'accueil s'il vient sur Paris. Je fantasme des soirées comme celles-ci à Belleville.
On tente d'appeler, de sonner, mais rien ne réveille Muja pour nous ouvrir. Hein et moi sommes d'accord pour rester poser devant pour une heure vu qu'il est bientôt sept heures du mat', Max veut tenter de rentrer par effraction.
Dans la voiture, lors de la dernière partie du trajet, j'ai senti les mains de Hein se poser sur ma nuque et gentiment me masser. Incapable de réagir, je ne pouvais montrer que j'étais agréablement surprise. Le temps que Max décide de grimper pour rentrer dans notre chambre, j'ai su comment le remercier en échangeant un baiser. Quelques roulages de patins plus tard, la porte d'entrée s'ouvre, et Muja, toute frippée de sommeil nous ouvre avec Maxime tout excité et gêné derrière. On s'excuse et Max nous explique qu'il a faillit crevé en grimpant par l'arrière.
« C'était comme dans les films, les tuyaux sur lesquels j'avais les pieds ont lâché, et je me suis retrouvé suspendu uniquement par les bras ».
A ce moment là, je pense à deux choses : heureusement que c'est pas moi qui ai fait ça vu que je ne suis pas capable de faire des tractions, et que je suis un peu intéressée par autre chose à ce moment là. Cette nuit là, où plutôt les quelques heures avant le levé du jour, je les passe dans le dortoir vide de l'Estern Heritage en compagnie Hein.

Mon réveil fût un peu brutal : trois japonaise et Muja rentrent pour occuper des lits. Je me motive à regagner rapidement ma chambre et dors mieux. Je réalise que je ne suis pas sûre que Muja sait que je ne suis pas avec Maxime. Bon, c'est pas grave je passe pour une pute et Max pour un cocu.

Le 3 février est la dernière journée que je passe avec Maxime. On déjeune à l'indien avec Hein, et l'on se balade tranquillement. On décide d'enfin d'aller jusqu'au port en fin de journée, les yeux embués de belles images, de craintes et de tristesse. La fatigue me fait angoisser le lendemain, et je commence à craindre la solitude.
Max se lève à 7h, je reste dans le lit dans l'espoir d'avoir un peu plus de sommeil. On se dit au revoir la tête dans le cul ce qui nous évite d'être trop pathétique et de pleurer. Peu de temps après, Hein vient me rejoindre. Je me sens donc pas seule trop vite.
Nous déjeunons ensemble avec Muja.
Je profite de ma première journée toute seule pour bouquiner, prendre le temps d'écrire un peu toutes nos aventures et de commencer à sentir la solitude.

Je vais chercher mon ticket de bus pour partir le lendemain matin à Ipoh. Lorsque j'arrive, il y a une préparation pour l'arrivée du Dragon dans le bar qui vend les tickets de bus, le temps que je récupère le ticket, je me fais tirer par le proprio vers les mecs en costume. Il leur dit que c'est moi qui doit allumer les pétards. Je me dis que je n'ai rien demandé et je suis toute surprise par tant de sollicitations, d'un coup. Je suis toute gênée, le public mi- de l'ouest, mi malaisien attendent que les mecs préparent leur spectacle et que j'allume les pétards. Ils me font signe d'y aller. J'allume les deux mèches, qui explosent les premiers pétards dans un vacarme que je n'avais pas du tout appréhendé. Je me bouche les oreilles, je reçois les déchets d'explosifs sur le pantalon mais je suis satisfaite de mon bon allumage. Je me promet de fêter le nouvel an chinois l'année prochaine.
L'année du lapin commence plutôt bien pour ma part, et je suis touchée par cette simple demande qui m'a permis de participer un petit peu.

Je dine à nouveau avec Muja, et le soir je continue à écrire sur le balcon face aux derniers feux d'artifices de la ville. Je commence à être mélancolique mais je suis tellement fatiguée que je m'endors avec l'appréhension de savoir si je vais voir une dernière fois Hein.
Il arrive vers 5h du matin. On discute tranquillement, et finalement l'un et l'autre s'endort. J'émerge de mon sommeil un peu avant que mon réveil et me demande si je dois le réveiller. Je pense au fait qu'il m'a dit qu'il dormait très peu en ce moment et finalement je ne lui laisse qu'un petit message sur l'oreiller. Je suis presque contente de ne pas avoir à lui dire au revoir pour une question simple et bête physique : le jeune homme porte une courte fraichement coupée, et pour cause de petits bécots réguliers ces derniers jours, je me suis retrouvée avec le menton tout irrité. Cela fait mal et c'est une blessure à la con, ça a un aspect d'acné et ça fait mal comme si je m'étais brulée.

Muja m'appelle car mon taxi est arrivé, et je m'enfonce à l'intérieur pour partir vers ma future destination : Ipoh.

Salamat tahun bahu cina !

La mousson

Je parlais de notre magnifique arrivée sur l'île Tioman. Ce charmant bac à sable au milieu de l'océan est d'ailleurs considéré comme l'une des dix plus belles îles du monde par le Time. Mais outre l'envie spontanée que j'ai de vous donner envie de me haïr en vous racontant à quel point c'était paradisiaque, je vais plutôt en revenir à mon petit récit.

Lorsque nous arrivons sur l'île, nous retrouvons Alex, un allemand rencontré dans notre backpacker à Singapour. Il est gentil, et plutôt intéressant d'un point de vue physique. En un quart de seconde, je me dis que c'est le destin qui sonne enfin à ma porte, que l'amour de vacances que cherche plus ou moins activement depuis le début des vacances va peut être enfin voir le jour. Qu'importe les turbulences de mon esprit, vu que suite à la rencontre, se suit directement la proposition de la balade dans la jungle, je me fais peu de rêves, excepté une vague image de câlins sur la plage idyllique face à nos bungalow...

Le lendemain, nous partons à 9h30 pour notre treck dans la jungle.
Nous sommes un petit groupe de sept personnes : les trois dutch, qui sont un peu comme les trois petits cochons, peu cosants, très propres sur eux, avec les mêmes Paladiums au pieds et des torses assez bien entretenus. Ensuite, il y a les deux danishs, les deux nénettes sont plutôt bien équipées et apportent une touche de féminité à toute cette troupe. Le germain, qui ne porte que sa bouteille d'eau à la main et qui nous prouvera plus tard les mérites peu connus (et pour cause de bon goût) du slip de bain et Max et moi. Ma tenue est on ne peut plus pas adaptée pour ce genre de virée : je porte un jeans et mon polo qui cinq minutes après avoir commencée notre marche se retrouvent trempés de sueur. Résultat : je vais avoir mon entre-jambe hérité pendant trois jours. Et mon reste de frange trouve bon de bien éponger chaque gouttes qui dégoulinent de mon front, histoire de rester collé à celui-ci et de me donner un effet « vieux dégueulasse à frange qui colle » (pour mieux illustrer mon propos voir tous les films du genre Indiana John où il y a un vieux gros qui suit un groupe ultra cool et qui essaye de parler en courant derrière les autres avec une mèche qui lui colle au front).
Ce genre de virée est tout sauf sexy : les uns comme les autres, nous avons beaucoup de mal à respirer, chacun lache des gros souffle du genre fumeur asthmatique depuis 30 ans. Nous n'avons pas d'auréole sous nos bras, mais tous nos tee-shirts sont littéralement des flaques de sueur. En gros, il faut imaginer que l'on monte une petite montagne dans un énorme sauna, et là, on peut imaginer ce que vit notre corps.

A mi-parcours, on se rafraichit dans « l'eau potable » des villes en dessous. Je suis contente de mes petits jeux de mots anglais sur le fait que je ne peux faire la différence avec mon tee-shirt s'il est « wet or swet ». Je suis très fière de mon piètre humour en anglais.
On arrive à Juara, seule plage-village, de l'autre coté de l'île : le lieu est magnifique. Il y a de gros rouleaux dans lequel on s'amuse avant et après le déjeuner, le sable et la plage est encore plus vide que notre côté de l'île. On passe tranquillement l'après midi là bas, jusqu'au moment où on réalise que si on ne rentre pas maintenant, il va falloir que l'on paye un 4x4 super cher pour retourner de l'autre côté de l'île. On abandonne les dutchs car un des trois gars a un gros mal de crâne dû à l'atmosphère de la jungle, et on ne rentre qu'à cinq par la jungle.

Mon plan drague est complétement foiré : lors de nos discussions avec Alex, certaines choses ont été dites qui sont considérablement anti-érotiques : il m'a parlé de ses études : ingénieur informaticien, et quand j'ai parlé de mon boulot, il m'a posé la question très étrange sur comment les femmes en France s'occupaient de leur famille avec le boulot... Hum. Je n'ai pas osé lui dire que mes chers et tendres petits bouts de choux futurs n'ont jamais encore été assez importants pour que je puisse me poser des questions comme celles ci pour ma vie professionnelle.
Outre ces questions éthiques, il faut aussi dire que Anne, une des deux Danishs, semblait tout de même beaucoup plus intéressantes à ses yeux.

Lors de notre retour de notre trip dans la jungle, nous passons au Duty Free de l'île, parce que pour x raison (Max pense que ça pue la mafia), celle-ci est un territoire duty free où l'on peut se procurer du tabac et de l'alcool pour un prix dérisoires. Ce qui, pour la Malaisie se révèle être des cacahuètes.
Nous tentons le soir de faire un feu sur la plage, mais la pluie l'éteint. On se retrouve à danser en jouant aux chaises musicales entre nos bungalows et Alex et Anne se pécho sur la plage (je suppose, je n'aurais jamais de certitudes sur ce qui s'est passé ce soir là).

Je me couche en disant que le destin s'est bien foutu de ma gueule. Max se marre avec lui.

Le lendemain, la farniente et la légère gueule de bois fait que nous faisons rien : on bronze sur la plage se baigne et on mange. Nous sommes définitivement que cinq, puisque les dutchs ont mis les voiles à Juara car ils peuvent faire du surf là-bas. Alex nous apprend qu'il s'en va de l'île le lendemain, pour être sur de rentrer en Ferry, il se peut que le temps se gatte.

Il n'a pas tord, le temps devient dégueulasse, et il a le dernier ferry avant quelques jours.

On se retrouve avec Anne et Sofie, les deux Danishs, bloqués sur l'île, entre la mousson, les repas, les jeux de cartes, des petits sauts dans l'eau quand il ne pleut pas et la vie au ralentie sur l'île.
La vie marche au ralentie, et cela n'est pas grave. Je me rend compte que par contre à raconter c'est un peu chiant donc je vous ferrais le plaisir de ne pas m'attarder sur des détails comme : on avait un restaurant préféré, mais après on a changé, puis on a testé l'indien, puis on est retourné chez notre resto préféré numéro 2.

Par contre, je peux vous raconter notre départ de l'île. On se retrouve plus ou moins bloqué sans ferry. Le truc, c'est que la mousson, c'est plutôt sympathique au début : la pluie tombe tout les deux heures comme non pas vache qui pisse, mais comme baleine qui urine puissance dix mille. Ceci, pendant une vingtaine de minutes puis ça s'arrete, et de temps en temps, il y a du soleil entre deux pluies. Donc on arrive tout de même à se baigner, à aller au resto et à aller en ville pour chercher de l'argent. Cependant, la vie commence à être un peu lassante. Et ne pas voir évoluer son bronzage est assez frustrant quand on est à la plage.
On décide, surtout sur ma pulsion, de quitter l'île. Mais malheureusement, on se rend très vite compte que pour avoir des informations pour savoir quand est-ce le prochain ferry arrive est un peu mission impossible. Les informations se croisent, tout le monde a d'autres nouvelles et finalement la seule chose qui est sure c'est qui si le ferry n'apporte personne pendant la journée, il n'y en aura pas le lendemain pour repartir.
Une première journée sans ferry se passe. Tant pis, je suis heureuse de pouvoir faire la marche que je voulais faire jusqu'à Monkey Bay, et de resuer dans la jungle. D'autant que chose géniale, on a eu le droit à un nouvel élément pour la rendre plus excitante : la pluie. Donc on est toujours aussi transpirant que lors de la première mais cette fois-ci, on ne peut pas faire de différence entre la flotte qui tombe et la sueur de notre corps sur nos vêtements. Je suis toute excitée par cette nouvelle expérience et me casse la gueule à chaque fois qu'il y a une mini-pente avec la boue qui dégouline de partout.
Lorsque l'on revient en milieu d'après midi, je me prend un petit milkshake pour pouvoir me réconforter de ce dure effort physique. Et là, par magie, au loin, je vois un bateau qui s'arrête au bord du quai, les danishs qui passaient à ce moment là, voient avec moi le miracle : le ferry est là !
Le lendemain on peut repartir vers la terre mère de Malaisie.

Le lendemain, nous nous retrouvons avec la clim à fond, dans le bateau sur-bondé de personnes. J'aurais presque vu en entier la piètre adaptation du jeu vidéo Tekken sans aucun son mais finalement, je tombe de sommeil et ne saurai jamais si le vieux barbu dégueu est un méchant ou le père de Jin (son nom apparaît comme dans le jeu vidéo).
Max et moi quittons nos danoises pour nous rendre à notre nouvelle destination, Melaka.
Il pleut des cordes sur toute la route, je n'ai pas pris de douche chaude depuis Singapour. Tous mes vêtements puent l'humidité. Mais je suis contente, je n'ai pas pécho la tourista, donc je ne suis pas trop en colère contre l'eau malaisienne.