Luce en Argentine !

jeudi 27 janvier 2011

Arrivés en Asie

J'écris actuellement assise sur branche, face à la mer, les pieds dans le sable. A une dizaine de mètres derrières, se trouve notre petit « chalet », plutôt bungalow, dans lequel nous avons passé deux nuits avec Maxime. On a trouvé un petit coin de paradis, sans vraiment de touristes, où la plage est uniquement pour nous, la mer turquoise et la vie nous coutent pas plus de 10 € par personne (soit 20$ ou 50 Ringgint Malaisien) par jour.

Notre vol vers Singapour n'a pas été de tout repos : pendant quasiment dix heures d'affilées, nous avons eu des turbulences. C'était long et je ne sais pas si la chose était faite exprès, mais les turbulences étaient particulièrement fortes au moment où les hôtesses de l'air nous servaient nos diners. Enfin, nous arrivons vivants et nous n'avons pas fait de remake de Lost.
Nous dormons dans Little India, dans un backpacker au dessus d'un bar. Les horaires changent par rapport à la Nouvelle Zélande, les gens vivent la nuit car la chaleur est lourde, et chose débile, nous sommes en décalage horaire. A vingt-deux heures, Max et moi dormons dans un dortoir bruyant profondément.

Le lendemain, on prend un peu le temps de visiter la ville. Singapour est découpée en trois grosses communautés : les singapouriens, les chinois et les indiens. Dans la même rue, il est possible d'avoir un temple bouddhiste, un temple hindouiste et une mosquée. Et tout ce meli-mélo de personnes vivent tranquillement dans cette ville plutôt agréable. Bon c'est une dictature, mais c'est assez agréable de voir à quel point les rues sont propres, l'architecture bien agencée. Après il y a des trucs qui font peur : dans le métro, il y a cette horrible publicité contre le terrorisme. On y voit un type qui a l'air très louche à la base : il porte une casquette baissée pour pas que l'on voit son visage. Il a un gros sac noir avec lui et il le met sous les sièges. On peut lire l'angoisse sur le personnage car ses mains ne font que bouger et elles trahissent un peu son comportement. Quelques minutes il sort rapidement à un arrêt, laissant le sac sous les sièges du métro. On le voit ensuite sortir du métro, prendre son téléphone, composer le numéro qui fait exploser le métro. Oui, on voit l'explosion. L'effet spécial est tellement médiocre que je pense que c'est le stagiaire au ministère de la prévention contre-terroriste qu'il l'a fait. Le conseille : si quelqu'un oublie son sac, il suffit de lui dire « Sir, you forget your bag ». Et hop, t'es sauvé !

La ville offre un florilège de lieux, de saveurs différentes. Dans la ville nous allons voir Chinatown, où les gens sont déjà entrain de fêté le nouvel an chinois. Les marchés sont à l'extérieur, ils offrent pleins de conneries à acheter, de la gelée en boite, des noix de coco glacées et il y mille personnes dedans qui regardent, se bousculent dans une bonne ambiance. C'est une sorte de Belleville exposant mille, en plus riche, plus beaux avec plus de produits et de couleurs.
Nous allons ensuite écouter un concert de rap singapouriens (l'anglais est la langue nationale de la dictature). La scène est magnifique : elle est près de l'esplanade qui donne sur la mer de Singapour. Au fond, on peut voir de grands buildings dans lesquelles se reflètent la lumière du coucher du soleil. L'équipement sonore est génial, on sent chacune des basses profondément dans notre bide. Seul hic, le concert en lui-même. Le premier type, le crâne rasé, commence par enchainer plusieurs morceaux de bitboxing. Le son l'aide beaucoup, mais il n'y pas à redire quoi que ce soit, le type est un génie. Mais pourquoi, pourquoi, il a finit son concert par une chanson à chapela pour sa copine tellement kitch ? L'amour pour la guimauve des asiatiques est complétement incompatible avec le rap. Tout le reste du concert est mauvais : un boysband de trois mecs, un asiat', un russe et un Sri-Lankais enchainent du faux rap hardcore, un mec tout seul chante sur des chansons déjà existantes, un autre mec semble plutôt bien s'en sortir, juste je ne comprenais pas un mot de son anglais... On s'est quand même demandé si ce n'était pas un concert d'un lycée. Le seul truc devant lequel j'ai pris un peu de plaisir, c'est la démonstration de danse hip-hop, qui m'a rappelé de doux moments à passer devant Sexy Dance... Malheureusement, très rapidement, la danse se transforme en chorégraphie bonne enfant un peu en mode S Club 7. Tout chanteur à la recherche d'endroit où se produire en anglais peuvent aller à Singapour, ils ont vraiment vraiment besoin d'artistes.

Le soir, il y a un concert à notre hostel. Je rencontre un écossais, un anglais et un malaisien. L'écossais me pompe vite l'air avec ses airs paternalistes : il vit en Indonésie depuis trois mois, et m'explique comment il faut se comporter en pays étrangers. Je lui dis des trucs un peu désobligeants mais je ne suis pas excellente en sarcasme anglophone. Mais ce boloss réussit quand même à me faire flipper. Je ne sais plus comment m'habiller, comment me comporter, et je réalise que je vais dans un pays pauvre et que je ne vais être qu'une occidentale-porte-monnaie ambulant.

Le lendemain, je suis de mauvaise humeur, Max et moi galérons à attraper un bus, et je porte un gros jean et une chemise dans lesquels je sue à grosses goutes. On passe la douane : une première partie pour partir de Singapour, une deuxième pour rentrer en Malaisie. La bureaucratie est chiante partout, mais nous réussissons à rentrer sans aucun problème en Malaisie.
Nous arrivons dans la ville de Mersing, peu rayonnante qui ne sert aux touristes que comme lieu de passage pour aller à l'île Tioman. Au bout d'une heure dans la ville, toutes mes craintes de la veille disparaissent : les gens sont adorables, prennent le temps de nous expliquer, nous sourient mais ne nous font pas de rentre dedans pour nous forcer à acheter. Je me sens bien.
Notre vie royale commence, nous mangeons au restaurant pour 2 euros boissons comprises. Nous comâtons dans notre chambre d'hôtel et non plus dans un dorm ou dans une tente. On peut acheter des choses, on est presque riche.

Dimanche 23 décembre, on prend le ferry, qui est plutôt un bateau de balade transformé en bateau de transport. Il y a un étrange mixe d'individus : des autochtones venus à Mersing pour recharger leurs stocks de commerces, des familles malaisiennes en vacances, des occidentaux qui font semblant de pas se voir ou au contraire qui cherchent absolument à communiquer pour se rassurer.
On rencontre deux danish, deux nénettes adorables, des français un peu beaufs et derrière nous il y a des Dutchs qui ne disent rien mais qui sont vachement bronzés.

Lorsqu'on arrive sur l'île, le soleil brille, la mer est turquoise et comme ce n'est pas encore la haute saison, tout semble un peu vide, mais dans le bon sens du terme : pas plein de touristes. Lorsque nous installons dans notre bungalow, on apprend deux choses : tout d'abord que l'on s'est fait un peu avoir sur les prix, deux que l'allemand qui été avec nous à Singapour est également dans un chalet un plus loin. Une demie heure plus tard, on met en place une petite sortie en commun à l'autre bout de l'île en passant par la jungle avec les Danish, les dutchs et l'allemand.

Lors de notre première soirée, on voit d'énormes lézards et des singes tarés un peu partout, ce qui rend l'endroit un plus exotique. On se couche vers 22h, sachant que le lendemain on doit marche, ce n'est pas un problème.  

vendredi 21 janvier 2011

Chasse, pêche ou Simone à la ferme.

Nous roulons à 70km heure sur une petite route en gravier. Max et moi sommes à l'arrière d'un 4x4-camion, cramponnés à nos sièges, ballotés par les embuches de la route. A mes pieds, il y a une sacoche comportant des cordes et un gros couteau accroché. Dans les vides poches des balles. En face de moi, Dean, le conducteur, qui d'une main tiens le volant et passe les vitesses, de l'autre, il tient un gros projecteur qui éclaire les montagne en face de nous.
Dean est un mélange du footballer américain, version kiwi, donc de rugby, populaire de l'école, à quarante berges, musclé grâce au rugby et au surf. Il est blond, massif, au premier abord, brute. Sur la place du passager, il y a Willy, que Maxime surnomme Oncle Willy, il a le crâne rasé, mais qui nous empêche pas de voir qu'il est roux à la base, un profil étrange, sa lèvre inférieur est beaucoup plus enfoncé que la supérieur, et accent incompréhensible. Dans sa main droite, il y a un gros fusil, déjà enclenché comme il nous l'a montré un peu tôt.
Si on m'avait dit, il y a un mois, que j'aurais très très envie un soir de janvier de voir un bambi se faire tuer par des chasseurs Kiwis, je crois que je me serais juste marrer et ensuite, penser que la personne qui m'a dit ça est complètement dérangée.
Mais me voilà, avec mon blondinet préféré en train de guetter le moindre oeil qui brille à l'horizon en même temps que nos chasseurs.

Tous ça est arrivé à cause de Mitch et Gérard. Notre première famille où nous avons fait du « woofing ». Des guillemets entourent le dernier mot parce que les seules tâches que nous avons effectué avec Maxime ont été de nettoyer un frigo, tondre une pelouse et faire des rouleaux de printemps. Pour deux nuits dans un ancien salon de coiffure réaménagé en petit studio pour les invités. C'était très mal parti : lorsque notre petite Vitz Toyota s'est arrêté dans le parking de la ferme, nous avions plus l'impression d'être dans Sheitan de Kapiron plutôt que dans la Petite maison dans la prairie. L'allée qui conduit à la maison est pleine de vieux objets de mauvais goût, dont le paroxysme est atteint avec un couple de vieux assez réalistes en papier-maché autour d'une table en train de prendre le thé. Mais finalement, la maison en elle même est plutôt accueillante et nous furent très bien reçus. Mitch est un femme d'environs 50 ans, qui a été coiffeuse pendant longtemps et qui change de formation afin de devenir avocate. Gérard, son maris, est l'équivalent d'un redneck, version Kiwi. Il a la peau brulé par le soleil et la seule chose que j'ai compris dans ces phrases sont les « bloody » présents entre chaque mot. Outre le fait que nous faisions pas grand chose chez eux, ils ne peuvent nous garder très longtemps car ils attendaient de la famille. Après que nous ayons dit à Mitch que nous cherchons toujours du woofing, en un coup de fil, on se retrouve avec une autre ferme où travailler dans le même coin de la « Bay Of Plenty ».

La région est magnifique : nous sommes prêts d'une ville au nom à consonance italienne Whakatonne; qui se dit Facatone. La mer la borde, est au loin on aperçoit un volcan sur une île et la région est parsemée de gros lacs aux couleurs clair. Les terres sont vallonnées avec des jolies forêts aux arbres natifs de Nouvelle Zélande et il y a peu de touristes dans cette partie du pays. Donc peu de Jo Bobby.

Mitch nous a prévenu, dans la ferme où nous allons, Dean est un vrai kiwi : chasseur, pécheur. Lorsque nous arrivons, c'est sa femme Helena, petite, de moins d'un moins de quarante ans qui nous accueillent. Enfin non, c'est cinq clébards qui aboient et qui nous entourent quand on sort de la voiture.
« Warm welcome, isn't it ? », nous accueille Helena. Elle est brune et a de jolies tâches de rousseurs sur le visage.

Elle part avec ses deux enfants, Lily Jo et Konar, en camping pendant quatre jours dans une « hut », elle nous laisse seuls pour nous occuper de ses chiens, ses chats, ses poules et surtout de son jardin dans lequel on doit arracher les mauvaises plantes. Il y aura son maris qui travaille pendant la journée, Dean.
Elle se casse rapidement, et on se retrouve seul dans une sublime petite ferme au milieu des terres vallonnées avec un gros cochon au nom de Merry et pleins d'autres animaux autour de nous. La roue tourne : après une succession de plans galères, de backpacker, de tentes, nous avons une jolie maisonnette pour nous, le frigo plein avec de la viande, des draps propres et la certitude de ne rien dépenser pour ce petit bonheur, simplement y faire du jardinage...

Une seule incertitude : Dean, le chasseur. Sur les photos, on voit un homme mastoque, avec des putains de cerfs sur le dos, fusil à l'épaule et vraiment une gueule qui semble inspirée tout sauf douceur. Maxime décide de cuisiner pour l'amadouer un petit peu, dans l'espoir que s'il n'a pas manger, il soit content de pouvoir se mettre les pieds sous la table même si sa maison est envahie de petits frenchies. Deux secondes après que ce dernier est passé la porte de l'entrée, on réalise à quel point c'est mauvais de juger les gens sans les connaître. L'homme est un peu gêné par notre présence, mais semble plus intimidé que tout autre sentiment. Il a déjà mangé, mais déguste les pommes dauphine de Maxime, son pain, et se joint à nous pour une bière. Très vite il va se coucher, son travail commence à 6h30 le matin.
Max et moi sommes heureux de nous être trompés et d'être arrivés dans ce foyer.

Les travaux à effectuer sont longs, mais pas forcément désagréables : le « weed-eating », l'arrachage de mauvaises plantes n'est pas forcément l'activité préférée de mon dos mais laisse le temps à l'esprit de se reposer et nous permet de passer la journée dehors dans le jardin. Et puis, après quatre ans à Paris, c'est quand même satisfaisant de se rendre compte que l'on est capable de s'occuper d'autres plantes que mes plantes grasses à moitiés mortes de mon balcon.

« Do you know what the weeds are? », fût la question d'Helena lorsque qu'elle nous parla de notre boulot.
Heureusement qu'elle nous a indiqué les plantes avant de partir, vu que pour moi la seule certitude que j'avais avec la « weed » auparavant, c'est que c'est aussi un joli nom pour Marijuana. On bosse en gros 4 heures par jour. Comme Dean aime beaucoup le pain de Maxime, chaque jour quasiment on cuisine du pain frais.
Les animaux mérite un peu que l'on fasse leur tour : il y a huit « dogs », quatre pour la chasse, qui n'ont vraiment pas l'air commode mais sont plein d'affections , enfermés dans des petites cages au fond du jardin. Les quatres autres sont plus des chiens de compagnie, ils nous suivent partout dans nos activités, demandent des câlins et aboient avec les autres quand les bagnoles s'approchent de la baraque. Il y a les poules, que je nourris chaque matin avec amour et auxquels je récupère les oeufs l'après midi. Elles sont bruyantes et un peu déplumées mais ma préférée est magnifique : elle est grise, avec yeux bizarres rouges et vit sa vie toute seule dans le jardin.
Il y a Merry, un cochon énorme, au longs poils noirs et blancs. Elle chie partout et d'un ensemble assez désagréables, mais on la croirait tout droit sorti d'un film de Kusturica. Cette sale truie m'a tout de même pas facilité la tâche le premier jour où j'ai du nourrir les chiens : elle m'a foncé dessus lorsque j'ai déversé les croquettes dans les assiettes, a tout bouffé, et excepté quand Ginger, une ancienne chasseuse, a commencé à la faire fuir pour pouvoir manger tranquillement, les autres petits chiens, quand à eux, ont seulement préféré manger la bouffe du chaton.
Il y a également deux vaches, qui ne servent qu'à être bouffées et qui toute la journée broutent le champ et meuglent de temps en temps pour des raisons inconnues. Elles n'ont que pour raison d'être de servir de viande pour l'année prochaine. Chez Mitch et Gérard, on avait droit à du lait frais tout les matins. Pour finir, il y a deux chats, Mum, une maman, et Grayam, un adorable chaton gris. J'ai été assez dégoutée des chats pendant un moment, mais je crois que cette bestiole m'a définitivement réconcilié avec son espèce. Il est gentil avec les gamins, fait des gros câlins, fait peur au gros chiens de chasse et est vraiment trop mignon. C'est la bête préférée de Maxime (de moi aussi mais je suis moins gaga). Ha ! Oui, il y a aussi des canards, mais ils servent encore moins que les vaches vu qu'on les bouffe pas. Ils passent juste de temps en temps, font coin coin et se taillent si on s'approche un peu trop près.

Le deuxième soir, Dean débarque avec Willy. Oncle Willy. On discute un peu de l'Europe, ce dernier a vécu pendant dix ans en Angleterre. En même temps, Dean se met à faire la cuisine : je suis tout d'abord impressionnée qu'il cuisine, j'aurais imaginé le bonhomme un peu perdu sans sa femme, mais en plus de ça, il ne fait pas que de la viande, mais également une salade assez raffinée et il ne cuit pas la viande comme tout les kiwis sur le BBQ mais dans une poêle. En même temps, il nous arrose de bières ultra fraiches et Willy nous tiens compagnie.
Le premier plat que l'on a en face de nous, c'est des tortillas avec un fromage frais au sweet chili dessus. Max et moi faisons la grosse erreur de se gaver de chips sans penser une seconde que ce n'est vraiment qu'un tout petit met, par rapport à ce qu'il arrive.
Willy nous fait goutter ensuite un énorme poisson fumé, délicieux, qu'un de ses clients lui a apporté, pêché et fumé par ses soins. Je crois que je n'ai jamais mangé d'autres poissons fumés que le saumon, et celui là est beaucoup plus crémeux et gouteux. Là, il se passe deux choses : nous n'avons plus faim avec Maxime, et le hors d'œuvre n'est même pas encore en face de nos yeux, et Dean en parfait maitre de maison, m'apporte une petite boite qui contient des grosses têtes de weeds (au sens premier que je connais). On fume ce qui est mon deuxième joint en Nouvelle Zélande, mais mon premier avec des kiwis. Les chiens de chasses sont dans le jardin, et cinq minutes après je réalise que je suis complètement stone. J'avais prévu le coup, j'ai essayé de ne que très peu fumer. L'ambiance est tellement agréable, que je ne suis pas parano. Les chiens se baladent autour de nous, le chaton se balade et j'ai des pensées très darwinistes à ce moment là. Tout semble à sa place, je suis défoncée avec des chasseurs, tout va bien. On se met à table : Dean nous a préparé de la biche qu'il a chassé, enrobée de chapelure. C'est délicieux. Je prends seulement deux morceaux parce que malheureusement, je n'ai plus faim.

La « Bay of Plenty » tient son nom parce que tout y est en abondance. A ce moment précis, je réalise que ces personnes ont une vie délicieuse : ils chassent leur viande, cultivent leur fruit, échangent ce qu'ils ont en trop avec leurs voisins. Pas besoin de Franprix.

Le lendemain, nous jardinons à peine trois heures. On se retrouve à partir avec Dean et Willy pour la « hut » où se trouve Helena et ses enfants. Ça serait le rêve pour nous autres parisiens en manque de place : pour 10 $ par nuit, donc 5 euros, à environs 15 personnes ils bloquent tout le refuge pour eux. Il est grand spacieux, avec de l'eau et de l'électricité. Et c'est sur ce chemin du retour que l'on se retrouve en position chasse.
Malheureusement, la pluie commence à tomber : les biches ne sortent pas des forêts dans ces moments là. Deux jours plus tard, on aura également de la malchance lors de notre sortie pour la pêche : une tempête qui arrive doucement sur la côte agite la mer sous un ciel bleu magnifique. Je crois que profondément, le destin m'empêche de prendre part dans la mort des animaux.
Le soir de notre soirée chasse, Willy nous offre pour notre déjeuner ce qu'il a pêché lors de sa dernière sortie en plongée : du homard. Dean nous explique comment le préparer et avant de se coucher on se retrouve à déguster des petites pinces de homard.

Le vendredi, c'est un peu l'angoisse. Helena revient de ses vacances avec ses enfants, j'ai l'impression que nous n'avons pas tant avancé que ça. On carbure toute la matinée à arracher des mauvaises plantes à la pèle et un milieu d'après midi, on prend enfin un pause pour manger notre fameux crustacé. Je prépare de l'aïoli avec les œufs de la ferme, je la réussi, et on se fait notre déjeuner homard. Je me dis que je préférerais qu' Helena arrive quand nous travaillons plutôt que quand on se prélasse sur la terrasse en train de déjeuner.
Lorsqu'enfin elle arrive, on se retrouve très vite entre oncle Willy, les gamins et Helena, à partir pour le lac dans un 4x4 défoncé. Sur la route, Willy joue à rouler dans l'eau, Max et moi ne sommes pas plus que des gamins à l'arrière d'une voiture trimbaler pour les grandes vacances. Et il n'y a pas à dire, c'est plaisant. Lily Jo, la fille de 10 ans, est pleine de vie et fait des grands sourires tout à fait suspicieux quand elle fait des conneries. Konar (oui c'est son nom... On n'a osé rien à dire aux parents...), 13 ans, est un hyperactif, très très intéressé par la chasse de son papa et autres activités sanglantes. Dean aura cette phrase étrange à propos de son sujet et de la chasse « That keeps him out of trouble ».

Le lendemain, notre sérieux au travail est de nouveau remis en question. Sans trop savoir comment, on se retrouve à vrais barbecue de kiwis. Celui où les mecs sont devant la viande qui cuisent, où les desperates housewives se retrouvent pour regarder et comparer leurs gosses et leurs maris. Mais en mieux. On arrive dans cette baraque résidentielle, assez isolée, pour fêter l'anniversaire de Hamish (je crois que c'est son nom). L'atmosphère à 15h30 me rappelle soit le centre aéré soit la crèche : un dizaine de gamins de moins de cinq gambadent, se cassent la gueule, pleurent, font des conneries ou juste restent mignons. Tous ces enfant en face de nous ont la même caractéristique : ils sont trop choux. J'ai de grandes envies maternelles. Maxime aussi. Mais on décide tout de même de ne pas laisser nos envies maternelles et paternelles alternées notre non-sexualité.
Au début, avec le Maxime, on se retrouve comme un faire-valoir d'Helena : « Have you met my woofers ? » demande-t-elle à ses amis quand ils passent près de nous. Finalement on trouve notre place en s'occupant de Lily qui s'ennuie comme un rat mort vu qu'elle dépasse de deux têtes tout le reste de la population enfantine. On joue aux cartes. Et on prend notre pied. Et on a l'impression de faire un peu du baby-sitting, mais comme Max et moi sommes de très très mauvais joueurs et que la seule chose qui compte, c'est gagner, on n'est horrible avec les enfants. On joue au 7 familles, traduit en anglais en « Happy Familly », où j'essaye tant bien que mal à expliquer à Lily pourquoi le jeu est sexiste, mais sans vraiment l'intéresser.
Il y a une femme assez marante, la femme d'Hamish, Elsa, une anglaise. Elle rigole à gorge déployer, raconte que des histoires où elle était bourrée ou défoncée, « The only time I live an earthquack, it's was in California and I was completely stone, I was laying on the floor ». En même temps, elle attrape un de ces gamins, soigne trois bobos, et elle continue sur des histoires de cassoss.
La nuit tombe, lors de notre retour à la maison, notre impression d'être des enfants et encore accentuée. Dean met de la musique à l'avant et chante, Helena, seule qui est sobre, conduit. Lily dort au milieu de Max et moi, la tête en arrière, la bouche ouverte et nous deux sommes absorbés par le paysage et le calme des retours en voiture. La soirée se termine parfaitement grâce à notre consécration en tant que petits nouveaux dans la vie kiwis : Helena écrase notre premier Opossum. « Mamy Killer » l'a gentiment surnommé Dean.

Le dimanche matin qui arrive, on se fait réveillé tôt pour aller à la pêche. On se retrouve chez le père de Dean à l'accent très très fort, en train d'accrocher un gros bateau à un gros 4x4, que l'on amène au port, que l'on met dans l'eau, tout ça grâce à la force de Dean et de son papa. Max et moi servons à rien sur le côté excepté porter les apats. Une fois sur l'eau, celle ci est ultra remontée : une tempête arrive le lendemain. La sortie du port est plus excitante que des montagnes russes, jusqu'au moment où je réalise que je peux en crever, et le père de Dean nous dit quand cinq ans il n'avait jamais vu ça. La mer est peu agréable, lors de notre tentative de pêche, j'avais bien peur d'avoir le mal de mer, mais étonnement, je n'ai pas eu en vie de gerber, même après la pause de midi avec les sandwichs. On rentre rapidement, sans aucune prise.
Sur le chemin du retour, Dean se livre un peu plus, et il nous achète des glaces délicieuses aux fruits rouges. On est encore plus des gamins.

On fait semblant de travailler l'après midi, et le soir, nous revoilà repartit pour un nouvel endroit : la maison de chez Willy. On y dine délicieusement, avec un détail assez iconoclaste : le plat principal est du « wilde  pig » chassé l'hiver dernier, et on a eu le droit à la photo de Willy avec le cochon fraichement abattu pendant le diner. On a joué avec ses chiens, nourrit des anguilles et mangé les délicieux fondants au chocolat de Maxime.

Notre dernière journée de lundi s'est passé tranquillement, sans trop de travail non plus. Maxime ayant troqué son tablier de jardinier pour celui de cuistot, se retrouve à cuisiner toute l'après midi du pain. On passe plus notre temps à jouer avec Lily et le petit chaton. La dernière soirée est triste puisque nous savons tous que le lendemain nous allons nous quitter.
Le mardi de notre départ, il pleut. On quitte notre petite ferme pour Auckland afin de régler nos dernières merdes de départ et prendre notre avion pour Singapour. On a le cœur gros, on réalise que nous avons tellement partagé avec cette petite famille que nous aimons, et qui nous aiment. On par avec plein d'espoirs, de plaisir d'avoir noué des amitiés insolites avec une famille de kiwis, et qui nous aura montré la jolie manière de vivre en Nouvelle Zélande.

Le soir, on arrive à Auckland. On arrive à trouver un Burger Fuel pour notre dernier repas dehors et parce qu'on a décidé d'économiser une nuit d'hostel : on dort dans la caisse. On se trouve une plage sur laquelle on se gare. On fume un pétard offert par Dean. Maxime dit au revoir à la Nouvelle Zélande, avec pour la première fois l'envie d'y revenir. Je crois aussi que je reviendrais avec plaisir à l'autre bout du monde, chez les kiwis.

Notre dernier jour est chiant : je récupère ma batterie à la poste, Max sa clé USB. Je me teins les cheveux en brune à nouveau. Le lendemain, on décolle pour Singapour.









jeudi 13 janvier 2011

De mal en pis ( du 05/01 au 08/01)



Le lendemain, le réveil est difficile. Les poules et les camions nous ont plus ou moins tenu éveillé depuis 6h, et j'ai fais cet étrange rêve où je montrais comment je pouvais décapiter à main nue une poule.

On arrive à Napier,  soit-disant capitale architecturale des Art-déco. Il ne le faudra pas le dire aux kiwis, mais toutes villes d'Europe semblent plus crédible que Napier. Comme chaque ville néo-zélandaise, il y a une grosse zone commerciale aux portes de la ville, qui est toute petite, genre 3 artères principales, et une seule qui a le mérite d'être vraiment intéressante au niveau architecture. Là encore, il faut y mettre un peu de réserve, la rue qui cherche à s'approprier le charme des temps anciens, a ses façades repeintes très récemment, de couleurs pastels bleus, roses ou verts. Mais bon, faudrait encore pouvoir discerner les façades correctement, celles-ci sont recouvertes de publicités, et de nouvelles façades préfabriquées des boutiques qu'elles abritent. C'est dommage, le mauvais goût kiwi trahit son passé.

 Mais la ville semble confortable, je me dis que je pourrais y rester quelques jours pour écrire. Pendant ce temps, Max irait se promener dans le parc national à côté et on aurait notre petit break. Nous allons au DOC (l'office du tourisme des parcs nationaux) pour qu'il puisse un peu préparer son trip. Il réalise sur place, que comme d'habitude, c'est un paysage super original : tu marches autour d'un lac, tu dois payer pour ton campement, et pour rentrer, il faut payer un Water Taxi. C'est un peu chiant et cher. Il hésite.
On passe à la banque, et Max voit qu'il n'a plus trop de pognon pour la fin des vacances, le lendemain, il doit absolument passer au bureau qui est chargé de lui rembourser les taxes qu'il a cotisé lors de ces 10 mois en Nouvelle Zélande.

On se trouve dans un camping glauque où on peut faire à manger. La décoration date des années 80, néo-zélandaise (donc pire) et n'a jamais était refaite depuis. Il y a une piscine qui aurait pu servir de décor dans Carrie ou le bal du diable, abritée dans une espace de fausse véranda avec des vieux matériaux plastique et faux bois contreplaqué. Et les gens qui semblent être là pour la longue durée ont l'air d'être si mornes qu'un cafard pour égayé lors vie.
Je prépare la tente pendant que Max cuisine. Quand je reviens il me dit que quelqu'un serait mort ici, qu'il a entendu quelques personnes en parler. Une personne décédée très récemment, il parlait de funérailles. Je l'engueule parce que j'aurais préféré ne rien s'avoir ! Et puis je me tape des grosses phases de parano. Et puis il y a un mec vraiment chelou avec un oeil bandé comme un pirate.
Je pars me balader un peu en ville,  et lorsque je rentre je vois les gens du camping en rond, assis dans le jardin en train de faire une prière ou quelque chose comme ça. Je me dis que si Max a mal compris et s'il n'y a pas de mort, nous sommes surement logés dans une secte. La nuit n'est pas forcément reposante.

Le lendemain, on repart en ville. Max va au bureau des Tax Back. Il revient très énervé. Il ne touchera pas son argent avant 8 semaines après qu'il est quitté le pays. En gros, il est fauché. Putain. Là, tout notre voyage est remis en question. Et puis, on est le 6 janvier, le blondinet vient d'entrer dans sa vingt-troisième année. Joyeux anniversaire.
On va au Macdo le plus proche pour pouvoir se connecter sur internet. Là, on tente de changer nos billets d'avion pour Singapour au plus proche, mais sur internet, c'est la merde,  puis on cherche à les téléphoner, c'est une boite automatique, et c'est impossible de les avoir. On prend la décision d'appeler le bureau de Singapore Airlines en France le soir même pour être moins lost in translation.
On décide d'aller à Tauranga. Max y a travaillé pendant 3 mois, il y a le restaurant où il a commencé à aimer faire la cuisine. Il m'explique qu'il aurait surement possibilité pour lui d'y travailler. Okay, let's go vers le Nord.

On arrive à Tauranga, et Max est envahit de nostalgie. On est dans une petite ville balnéaire, couplée avec un petit coin super mignon dans sa périphérie : le Mont Mauntganui, qui est un grosse colline, les pieds entre deux plages. On décide de passer dans tous les cas la nuit ici, histoire de faire un peu la fête pour l'anniversaire de Max.
On cherche un camping, mais tous sont plein ou ultra chers. On décide de dormir dans la voiture, surtout que l'on trouve la place parfaite en face de douches de plage, de tables à pic-nique et de la mer. Le diner est idyllique pour un anniversaire, notre petite bouteille de blanc à peine cachée (nous sommes dans une « Alcool free Area »), des petites pâtes délicieuses que Maxime à préparer la veille, le couché de soleil et la mer comme décor. Tout va mieux. Ce soir, on appelle la compagnie aérienne, et on dégage du pays des kiwis au plus vite.
On se dirige vers l'ancien bar favori de Max. On trouve une cabine entre temps pour téléphoner. J'ai pris le mauvais numéro. J'envoie un texto à mon cher et tendre papa pour qu'il nous renvoie le bon. Pendant ce temps, on va picoler un petit peu. Le bar est plein de kiwis, et pas autant de Sud-américains que l'on aurait espérer. On y reste tranquillement. Puis, d'un coup la soirée part : on rend contre trois mecs, un anglais, un irlandais et un américain, qui voyagent ensemble, et on commence à discuter, mais comme ils parlent dans leur langue maternel, c'est plus facile pour eux. En fait, sans le faire exprès on se retrouve dans le centre ville, dans le seul pub où l'on peut rentrer en tongs où il diffuse du gros métal et donc c'est pas très facile pour communiquer. Le barman, quand je lui commende un verre :
-        Are you drunk ?
Je lui demande de répéter deux fois avant de lui répondre par la négative. Crédible. Je reçois mon verre. Si c'est le contrôle kiwi d'alcoolémie, je me dis que c'est absurde, vu que quand t'as un peu bu, tu es toujours plus confiant de tes capacités. J'imagine le contrôle de police en sortie de boite : « Are you drunk? » et le conducteur plein de confiance alcoolisée« Of course, not ! », et quelques mètres plus loin, la voiture embrasse les eucalyptus.
L'anglais essaye de pécho une nana à moitié maori, à moitié chinoise. Ce qui ne semble pas trop dur vu qu'un kiwi est en train de lui peloter le cul et elle ne dit rien. Je fais un peu ma Elsa (juste pour vérifier que tu lis ce que j'écris) et explique à l'américain à quel point je suis choquée par la situation. J'ai l'impression d'être dans le monde des surfeurs, Sea, Sex and Sun, et je me dis que je ne suis vraiment ni assez bien foutue ni assez bronzée pour ça. On rentre à notre petite périphérie et on se retrouve devant une station téléphonique. On a une nana de Singapore Airlines à 3h du mat, elle nous dit que c'est possible de changer les billets... Nos minutes de notre carte défilent et juste avant que ça coupe, Max donne son numéro de portable. Elle nous rappelle et nous dit que pour que Max aie la possibilité de rester un mois à Singapore comme nous l'avions prévu, il devra payer trop cher. On laisse tomber.
On va se coucher dans notre voiture, sur le petit parking en face de la mer, en face d'un panneau qui stipule bien que l'on a pas le droit de faire des overnight sleeps. Mais on est un peu des rebelles.

Le lendemain matin, patraque de notre nuit, on se dit que c'est quand même la merde. Max passe à son boulot, c'est la pillule. Il nous reste une solution. Le Woofing. En gros bosser dans des fermes pour logis et bouffer gratuitement. Ça ne fait pas gagner du pognon, mais au moins on en dépense pas. On se dit qu'il faut que l'on trouve un camping pour pouvoir se poser chercher les numéro des fermes, les appeler et pour avoir un vrai endroit où dormir cette nuit. Au moment où l'on arrive à un camping pas cher. La pluie est torrentielle. Impossible de planter une tente, et moi je commence à péter mon cable. J'en ai marre de la poisse qui nous colle aux baskets depuis trois jours, et j'en ai marre du camping. J'ai bêtement perdu mon super bouquin, « Around Ireland With the Fridge » que j'avais posé sur la voiture avec la crème solaire, j'ai retrouvé la crème, mais pas le bouquin. Puis surtout, je réalise que bêtement j'ai oublié mon chargeur d'ordinateur à l'AquaLodge, le camping glauque de Napier, à 300km de là où on est. Je suis trop vénère, je pleure même un petit peu, et Max se retrouve tout seul pour téléphoner aux fermes. On se retrouve au camping, la pluie s'est arrêtée. Il prend un liste et n'a aucune réponse positive. Je lui file une autre liste. Il revient quelques minutes plus tard avec une réponse positive pour dans deux jours. Moi, je fais toujours la gueule, mais au moins, on sait ce que l'on fait pour quelques jours.

Le lendemain, je vais mieux, j'essaye de trouver une solution pour ma batterie. Mon ordi est trop récent, et Asus n'est pas vendu en NZ. Je suis au bout du monde. Seule solution, c'est que le camping me le renvoie à Auckland. Je vois avec la poste kiwie, et je tombe sur une nénette qui m'appelle « Darling » et qui m'aide pour toutes mes démarches. Les kiwis sont tellement gentils et efficaces dans les supermarchés et les boutiques ! Tous nous ont aidé pour mon chargeur. Une fois, une caissière est allée changer un oeuf cassé dans notre boite à oeufs. Et la poste est tellement efficace... On pourrait presque s'habituer à ce monde où tout le monde est gentil.

Les deux journées qui précède notre woofing sont simplement agréable, on fait des siestes dans des parcs, on va à la mer, et on appréhende de bosser dans une ferme pour quelques jours, mais au moins on ne dépensera pas d'argent.

mercredi 12 janvier 2011

Quand on arrive en ville... (envoye depuis un modem 56K)

Le ferry arrive à Wellington. Maxime me parle des montagnes qui entourent l'arrivée du bateau et de ses anciennes promenades dessus. Je ne le sais pas encore mais ce moment résume assez bien ma découverte de la ville.
On reprend notre petite voiture, arrivons dans la ville. Elle est grande, avec plein d'immeubles et de grosses boutiques aux baies vitrées. Je n'imaginais pas la ville ainsi. On arrive à l'ancien Bagpacker où Max vivait quand il travaillait en ville. Il y a une de ses connaissances qui est toujours là. Kevin. Un américain qui nous book directement notre chambre, et nous repartons nous balader.
Je me sens perdue. En fait, réellement, je flippe. Je m'étais engagée à rester en ville le temps que Max se balade de son côté, et je me retrouve dans un endroit où chacune des ruelles a vécu sa présence. Il me parle de ses souvenirs, des endroits. Je n'ai même pas besoin de rentrer dans les boutiques pour savoir ce qu'il se trouve à l'intérieur.
On se balade dans la Cuba Street, rue piétonne avec plein de bars qui ont l'air cool, de petites boutiques de vêtements de créateurs, de bidouilles vintages... En gros j'ai l'impression d'être dans le Marais à Paris en moins buzy, plus crade, et surement plus accessible financièrement. Mais au lieu de sentir une envie dépensière m'envahir, je suis au contraire sûre d'une chose : je ne veux pas rester ici.

Moi : - Max, je suis désolée... Je vais rester avec toi.
Lui : - Ok !
Moi : - Je crois que si je reste ici, je vais juste être dans une sorte de parodie de tous ce que j'ai quitté à Paris.
Lui : Ok, ya pas de souci ma Luluce !
Moi (qui commence à être vraiment trop complantative sur mes problèmes à deux balles) : Non, mais tu comprends, j'imaginais plus un bled comme Punakaiki, où j'aurais pu travaillé toute la journée... Ici, même si le backpacker à l'air sympa, c'est trop full, je ne m'imagine pas rester dedans une semaine.
Lui : Non, mais t'en fais pas, moi je m'en fous, c'est juste ton égo qui en prend un coup !

Le blondinet n'a pas tord, en je continue à sortir des vielles raisons existentielles pour ne pas tenir ma parole. Lui s'en fout.

On rentre à l'hostel. Celui-ci est un bordel sans nom, crade et avec très peu de lumière. La terrasse   est par contre confortable, lumineuse, avec une grande table en bois massive, seulement lorsque le soleil tape trop fort, il y a des restes d'alcools qui s'évaporent et laissent une odeur désagréable sur leur passage. Les gens sont sympathiques, aimables, et tout le monde semble avoir sa place sans aucune distinction entre les personnes qui sont là pour le long terme et les autres. Je rencontre Charlotte une charmante française qui est kiné, et qui est arrivée le même jour que nous dans le Backpack. Il y a aussi Micka, un kiwi qui a vraiment une charmante gueule mais qui semble un peu trop guitariste à mon goût (toutes les meufs le regardent jouer surtout pour pouvoir le reluquer tranquillement). Et puis il y a Kevin. C'est un homme, il semble ne plus vraiment avoir l'âge d'être dans un hostel, mais en même temps il fait parti intégrante du décor. Il abhorre de nombreux tatouages, un visage doux et en 5 minutes passés à côté de lui, j'ai l'impression d'être à la maison.
Maxime fait à manger, et nous nous buvons tranquillement le reste de gin du nouvel an (comme quoi, nous n'avons pas tant bu que ça). On parle whiskies, vins kiwis, sangria et d'autres choses qui me font plaisir. Maxime nous régale de ses délicieuses pattes dont il a le secret. La soirée est presque parfaite. Kevin et moi restons seuls sur la terrasse à discuter. La vie est simple, agréable, j'ai l'impression d'être lors d'une soirée parisienne aux Buttes Chaumonts. Je me décide enfin à regagner mon lit mais au dernier moment, je réalise que je prends beaucoup de retard avec mon blog, et me motive à écrire tranquillement dans le couloir glauque du Backpack.
Je vois sortir Kevin de mon dortoir. Il ne loge pas du tout dedans. Il m'explique qu'il est passé par la fenêtre, c'est plus rapide depuis sa tente, qui se trouve dans la cours de l'hostel, pour aller aux toilettes. On discute un petit peu sur le canapé devant ma chambre. Je ressens des choses contradictoires : j'ai l'impression que l'on pourrait s'embrasser et que ça serait bien, mais qu'en en même temps, juste y penser sans qu'il se passe quoi que se soit, ça serait bien.
Je continue à avancer sur mes aventures à Nelson, mais le matin, lors de ma relecture, je réalise que je suis pas forcément meilleure auteur à 3h du mat' avec un coup dans le nez. C'est un peu comme croire que l'on est bon en philo quand on est défoncé, on a l'impression que c'est vraiment génial ce que l'on écrit, mais avec l'esprit clair, on se rend compte à quel point c'est très très moyen.

Lors de cette deuxième journée à Wellington, on décide, Maxime et moi, d'un commun accord, de rester une nuit de plus : une place dans les dorms vient de se libérer, il n'en restait qu'une de libre, c'est un signe, on reste.
La journée se passe tranquillement. On s'occupe de faire une sorte de Sangria avec Kevin : la veille, on convenait du fait que les boissons alcoolisées trop sucrés et le rhum, c'est dégueulasse. Il m'annonçait qu'il connaissait la parfaite recette de Sangria, non pas à base de rhum, mais de gin. On l'expérimente donc lors de cette nouvelle journée.
On en fait pour tout l'hostel : 3 litres de vin, 1 litre de gin, de la limonade un peu éventée, des fruits de toutes sortes et surtout deq kiwis parce que c'est le pays.
Je ne conseille à personne cette recette. Le résultat n'est pas forcement mauvais, mais c'est loin d'être la meilleure sangria de ma vie. Et pour rien ne vous cacher, mettre autant de fruit ne sert à rien, excepté avoir l'impression de manger quelque chose alors que le repas tarde à arriver, alors qu'en fait ça vous bourre juste un peu plus la gueule. Mais les gens sont majoritairement contents du résultats, et moi, au bout de trois verres je suis heureuse d'avoir « réussi » ma première sangria.

Au final, la soirée se passe un peu comme celle de la veille. Tout le monde petit à petit va se coucher, et je reste à l'extérieur, sur la terrasse à discuter avec Kevin. J'apprend un peu plus sur lui. Ses oiseaux tatoués sur ses bras, la raison de son arrivée à Wellington, et que son film préféré est « Up ! » qui est en train d'être diffusé dans la commun room. Je lui explique que je déteste le passage avec les chiens, et mais que j'aime beaucoup l'introduction. Mon vocabulaire en anglais s'améliore de pleins de « fuck » à n'importe quelles phrases du genre « I fucking love this kind of table » et j'ai donc l'impression de parler fluently english.
Je passe la tête dans la commun room, et je me rends compte que tout le monde dort devant le film. Je me fous de leurs gueules. On se décide à remettre le film depuis le début. Je suis surexcitée, je me marre à chacune des vannes. On fume dans la salle de la télé comme des rebelles, et on réveille un des mecs qui s'étaient endormis devant. Je lui explique comment il était un loozeur de s'être endormi devant.
J'accepte la place sur le canapé prêt de Kevin, sous un plaid. Je me souviens des chiens qui cavalent de la montagne et... De la lumière qui traverse la vitre qui tape dans mes yeux tout embués du matin et surtout du ronflement dans mon oreille de Kevin. Je saute du canapé, ou plutôt je m'extirpe tel un zombie et me dirige vers mon dortoir. Je croise des gens frais et réveillés, je n'ai même pas le courage d'essayer d'être polie. Je monte sur mon lit superposé, et me rendors.

Le matin, je repense à une connerie de la veille : on a repris un lit pour le soir même à l'hostel. Un seul lit, pour deux, parce que comme le proprio ne me connait pas, je me ferrais passée pour une inconnue dans l'hostel, qui, en fait, n'a pas du tout de lit. Mais le lit que nous avons réservé, est « censé » être déjà payé, en gros, il est marqué comme déjà réglé, grâce à Kevin sur le bouquin des réservation... Mon rôle est de disparaître, d'être le moins visible possible. Je déteste ce genre de situation, et le fait de ne pas être en règle me semble horrible. Toute personne qui m'a déjà vu ne pas payer les transports en commun peut m'imaginer à ce moment là.

Je me balade dans la ville afin de m'éviter toute confrontation gênante. Je termine chez un bouquiniste où je trouve une veille « Fear and Loathing on the Campain Trail 72 » de Hunter S Thomson, et je rentre à l'hostel un peu trop excitée à l'idée de lire un bouquin sur la seconde élection américaine de Nixon. Il faut dire que le bouquin que je lis à ce moment là est « Around Ireland with a Fridge », c'est l'histoire d'un type qui a décidé, pour gagné un pari, de faire le tour de l'Irelande avec un frigo en auto-stop. J'adore.
A mon arrivée, Max m'attrape avant mon entrée dans l'hostel :

- C'est la merde, je dois payer la chambre. On reste ?

Mon état d'hapiness est complètement perturbé. Ce suit des longues minutes où merde est le seul adjectif adéquate pour décrire ce qui c'est passé. Kevin s'excuse auprès du manager, propose de payer nos lits non pris. Max se sent comme une sous merde, moi comme une sous-merde qui tente toujours d'être invisible. On ne se sent plus bien dans l'hostel, finalement, nous décidons de partir pour ne pas payer trop cher. Je réalise aussi que ma consommation de cigarettes et d'alcool et beaucoup trop élevée en ville, que mon sommeil est tellement mauvais et que mon visage ne reflète pas du tout mes derniers jours passés à bronzer sur la plage mais plutôt quelques jolis boutons qui ont fait leur apparition très récemment. Suivre Maxime est vraiment une bonne idée.
On mange des sushis avant de quitter la ville, dans un  parc (seulement 4,5€ / portion!!!), et nous voilà reparti sur la route. Celle ci est plus conséquente et plus encombrée que celles qui se trouvaient dans le sud.

Nous trouvons une horrible air de pic-nique, où nous sommes obligés de nous arrêter parce que sinon nous arrivons à la ville la plus proche. Chaque camion qui passe font vibrer la route, les poules le matin viennent prêts de la tente, et je découvre les joies du camping et des menstruations. Mais finalement, ce qui était le plus dur, c'est de réaliser que nous étions biens dans ce backpack et que j'ai un peu le mal du pays.

samedi 8 janvier 2011

Nelson, again

Le retour à Nelson ne fut pas glorieux. Max et moi nous faisons un peu la gueule suite à notre dispute et, pour x raison, nous allons dans un backpacker où « glauque » est la définition la plus juste de sa décoration d'intérieur. En gros, ils avaient essayé de rendre l'endroit cool en faisant du rétro, mais le vieux en Nouvelle Zélande, ça ne marche pas.

La seule chose notable de nos deux nuits passées à Accent On The Parc est ma séance de cinéma.
On était mardi, c'est le jour le moins cher en Nouvelle Zélande pour se faire une toile, j'avais envie de voir Tron. Je ne me souvenais plus pourquoi j'avais tant envie de le voir, mais je me disais « Blockbuster, effets spéciaux, salle obscure dans tous les cas ça fera plaisir ». C'était un peu débile, j'aurais du être inquiète par la mention Disney en production, effrayée par le fait de ne connaître aucune des têtes d'affiches, par le faite d'aller au cinéma en pleine journée pendant les vacances scolaires. Mais non, ma décision était prise, j'irais voir Tron !
Le film est une daube, soit, mais la séance a pris place dans mon top 3 de mes pires séances de cinéma.
J'arrive dans la petite salle qui ne diffusait pas le film en relief, je suis au bout du deuxième rang car en Nouvelle Zélande, on choisit sa place en même temps que l'on achète les tickets. Je m'assois. Trois secondes plus tard je change de place pour le premier rang. Les trois gamins assis derrière moi ont fait une vague imitation de pet lorsque les lumières se sont éteintes. J'ai préféré appréhender d'autres tentatives d'humour de ce genre. Je suis seule à mon rang et heureusement il n'y a personne derrière moi.
Le film commence.
La séquence d'introduction est à peine terminé, que se pointe dans la salle une femme avec un nourrisson dans les bras et 5 mioches qui s'installent juste derrière moi. Le film est beaucoup trop compliqué et chiant pour eux, ils décident de plutôt se balader dans la salle, de s'assoir à côté de moi, de faire tomber leur popcorn par terre et de le piétiner. Je suis heureuse. Mais le mieux, c'est lorsque qu'à côté de moi, les gamins jouent au jeu super marrant à faire à côté de quelqu'un qui comprend pas très bien l'anglais : « faire tomber l'accoudoir ». Il se joue le plus souvent à deux, mais l'on peut très bien y jouer tout seul, il suffit de lever l'accoudoir, puis l'autre personne, ou soi-même, le fait tomber. Faire ça autant de fois que possible mais en laissant toujours croire à la personne que vous allez arrêté afin que pendant une seconde elle se dise « Ouf, c'est fini », et vous avez compris le principe du jeu.
A un moment, je tente de m'énerver, mais je fais plus marrer les gosses vu qu'ils ne comprennent rien à ce que je dis avec mon accent. Je laisse tomber et tente de les ignorer.
Un seul moment sera remarquable, la séquence dans la boite de nuit qui semble tout droit sorti de d'un disque de Bowie, où la musique de Daft Punk hypnotise le spectateur. Les gamins ont été également tétanisé par ce moment.

Nos deux nuits écoulés dans le backpacker, nous déménageons au Tasman Bay Backpacker, notre première maison à Nelson.
C'est une jolie maison en bois aménagée avec beaucoup de goût, entourée d'arbres fruitiers et de plantes aromatiques, un hamac et une balancelle sont à disposition. En gros c'est l'endroit parfait pour ne rien foutre.

Il me semble que lorsque nous mettons les pieds dans le Backpack, tous nos problèmes vont s'arranger et que la vie sera des plus belles et plus simples. Mais quelques minutes après que nous avons commencé à monter la tente, une vision me giffle et me ramène à la réalité. Nous ne sommes pas dans le pays des Bisounours (même si c'est celui des kiwis) et le gros, vieux, danish est toujours dans l'hostel. Il se balade avec confiance dans l'hostel, et ma parano repointe son nez.
Et s'il m'avait entendu quand je parlais du « Half naked man » la dernière nuit que j'ai passé ici ? Et s'il avait monté tout le monde contre nous ? Et si il cherchait à se venger en nous tuant ou nous asphyxiant dans notre sommeil pauvre vermisseaux que nous sommes dans notre tente ?
Je me balade au port pour me changer les idées, et essayer de me dire que toutes ces idées que j'ai dans mon crane sont que de sottes suppositions, et que je suis au moins d'un point de vu cérébrale beaucoup plus seine que lui. Lors de mon retour dans l'hostel, cette idée est confirmée : le bonhomme se balade avec de pagaie dans les bras et même s'il semble un peu moins crade que la dernière fois, une odeur émane toujours de lui si vous êtes un peu près. Je l'imagine, taré comme il est sur un kayak en train de faire, seul, le tour de la Golden Bay... Finalement, je ressens plutôt la peine et la culpabilité que la peur au fond de moi.

Je rencontre un espagnol adorable mais à l'anglais médiocre, qui se nomme Inique et qui est permanent dans l'hostel. Un permanent, c'est un gars qui est là pour deux trois mois dans le même backpacker, parce qu'il bosse à côté et souvent il bosse également pour l'hostel afin de ne pas payer de loyer. Ces individus sont comme chez eux dans l'hostel et ont donc ont plus de classe dans la manière dont ils habitent les lieux. C'est un peu les « populaires » des backpackers, et j'ai très clairement entendu Maxime dire à propos d'une jolie fille : « Hahhh, qu'est ce qu'elle est belle... Mais c'est une permanente! »
Donc, en gros, ces individus sont déjà en groupe avec leurs paires, et c'est aussi une manière de connaître plus rapidement les gens de l'hostel.
Je revois également l'italien, Matthéo qui m'avait un peu tapé dans l'œil la dernière fois, mais qui semblait un peu snob au dire de Steven (l'italien anglais), et moins intéressant intellectuellement que physiquement. Il ressemble à William Dafoe dans La Dernière tentation du Christ. Je crois que j'ai complexe sexuel avec Jesus. Il est également permanent. Comme il se souvient de moi, je m'imagine que je lui plais un peu, mais comme c'est un mec mignon, et que j'ai décidé d'arrêté, je le vanne avec autant de finesse que mon anglais me le permet. Il prend rapidement le plie et me taille également.

Nos journées à Nelson se ressemblent toutes : nous sommes entre l'hostel et la plage, la cuisine et notre tente. Je commence à bronzer, et j'en suis fière. Mes cheveux blonds sont définitivement de retour et je commence à appréhender la Malaisie avec nos belles gueules de blondinets à Max et moi.
Le 30, Alejandra nous apprend qu'après plusieurs hésitations, elle se ramène pour fêter le nouvel an avec nous. Notre tente qui était le Carlton lorsque nous étions que deux se transforme en métro en heure de pointe à trois.
Elle a fait deux jours de stop pour nous rejoindre, et elle arrive avec un petit présent.
Avant d'annoncer qu'est ce que c'est, je dois prévenir ma lectrice la plus fidèle : ma maman. Ma chère et tendre maman, loin de toi, il faut que je t'avoue que je ne suis pas une fille sage et gentille comme tu peux l'imaginer... Il m'arrive de fumer des pétards... Halala... ! C'est dit. Je suis désolée
Bon, je reprends le cours de mes aventures, donc Alejandra, lors de ses trajets en stop a rencontrer un gentil ex-criminel (2 ans de taule pour défoncage de crane du mec qui se tapait sa meuf), qui lui a offert un peu d'herbes néozélandaises, a qui on a rendu hommage le soir même. Sauf que les effets de ce pétard on était terrible pour notre communication, enfin surtout la mienne, j'étais incapable de communiquer en anglais. Je me promet à moi-même de ne plus fumer à l'étranger, pour deux raisons : 1) je ne connais pas les lois ici donc ce que je risque, 2) si je ne peux pas parler, ça ne sert à rien. (Maman, j'espère que tu prends note de ma merveilleuse initiative et que tu seras rassuré, bon après je ne peux pas éviter que la condition parfaite voit le jour : dans un lieu loin de toute civilisation, uniquement avec des français...)

Le lendemain, je me lève la tête dans le coltar dû au effet du pétard et du manque de place dans la tente. Je vois de loin Matthéo. Fuck, je cherche à l'éviter. La veille au soir, mon ego a un peu souffert : nous prenions tranquillement l'apéro, et l'italien s'est ramené avec une allemande (enfin je suppose j'ai une chance sur deux pour qu'elle le soit), plutôt mignonne, et au moment où je cherche à récupérer les bougies que j'avais installé sur la table pour éclairer un peu plus l'atmosphère, je m'excuse pour mon geste. Sa réponse :
- Can I buy you one ?
Moi, grande princesse, lui offre avec toute ma bénédiction pour une bonne soirée et avec un peu l'amertume de rater un coup...
Ce matin veille du nouvel an, je n'ai pas autant de classe pour assumer ma défaite, et je l'évite. Manque de pot, à la fin de mon petit déj, je tombe nez à nez avec lui. Fuck.

Moi : Hi !
Lui : Hello, how are you doing ?
Moi : Heuu... Good, good.. (je me reprends). So how was your night, did you enjoy my canddle ?
Lui: Ho ?! Do you want it back ?
Moi : What ? (Il me prends pour une racro ?!) Ho no ! No ! I was just hopping the canddle gives you luck. (à pécho ta pouf)
Lui : Yes, the canddle made everything alright.

Voilà, j'ai très bien réussi à lui montrer à quel point il ne m'intéressait pas. Je suis fière de moi. Et en même temps un peu déçue. Mais au moins, j'ai tué mon penchant débile pour les mecs à bel gueule. L'honneur est presque sauf.

La journée se passe tranquillement : plage et tendance à effacer au maximum ma présence quand je suis avec Alejandra et Maxime.
Pour mieux réussir mon coup, je reste avec les gens de l'hostel qui commencent la soirée de Nouvel An tranquillement.
Il y un groupe de trois espagnoles qui ont eu comme initiative d'arroser tout le monde d'une délicieuse sangria que j'évite très rapidement de boire vu qu'après un verre je commence à me sentir un peu ivre. Le groupe hispanique est accompagné d'un kiwi qui sort avec une des nénettes : c'est un putain de vantard et nous explique les choses les plus clichées sur la Nouvelle Zélande : pourquoi les rugbymen dancent le Haka, pourquoi les tatouages maoris, il nous offre l'horrible grimace pour saluer les gens... Enfin un gros sac de conneries et sa meuf, lui roule des gros patins à tout moment. C'est un peu génant. Il n'est même pas 6h. Le soleil tape fort sur la terrasse, et tout le monde à les joues rosies par l'alcool et le soleil.
Là, arrive Steven, que je suis super heureuse de revoir. Je commençais à me sentir un peu seule.
La soirée commence. La musique est mise du Backpack, les gens sont déjà tous ivres, et je commence à m'inquiéter que mon sort soit le même puisque que nous n'avons toujours pas manger et que Alejandra qui nous avais promis une paella semble plus intéressée à discuter en espagnole que de faire de la bouffe espagnole.
Je gueule un peu et finalement Maxime arrive à trouver un arrangement : Alejandra fait du riz bizarre, Max et moi nous décortiquons des crevettes. Je passe des effluves d'alcool aux odeurs de fruits de mer, ce qui n'est pas forcement la meilleure combinaison possible.
Le couple d'allemands que nous avions croisé à l'Abel Tasman se ramène à l'hostel, et finalement nous commençons à bien entamer la soirée sur place.
Tout le monde danse dehors, moi je discute surtout avec les allemands parce qu'ils sont adorables et que je me sens un peu mal de voir Maxime sautillait dans tous les sens sans trop le porter d'intérêt. Steven n'a rien mangé, et il est totalement bourré. Un étrange couple de Kiwis passent par dessus la barrière entre leur maison et l'hostel. Ils sont plus alcoolisés que nous tous réunis, l'un doit avoir 70 berge, l'autre 55 mais doit peser 130 kilos. Ils attirent les personnes les plus bourrés de l'hostel, et finalement se retrouvent à danser avec nous tous sur du Manu Chao et du Bob Marley. Steven offre à chacun une jolie danse. Et le gros kiwi semble vouloir conclure avec lui comme avec toute les nénettes de la soirée.
On a notre petit moment de gloire, Maxime et moi entamons une petite danse comme j'en ai le secret : moitié rock des années 50, moitié n'importe quoi. Une charmante australienne me dit qu'elle était vachement chouette. Résultat : je veux danser avec tout le monde.
Pour le passage du nouvel an, qui a lieu au milieu de ce charmant bordel, nous passons le nouvel an en mode espagnole, avec 12 raisins dans la main : il faut en manger un à chaque seconde avant minuit. Nous mettons la radio pour avoir le décompte, et comme il commence à 5 je me retrouve dès le début avec trop de raisins et les mange en deux coups. Mon année aura commencé à moitié étouffée.
Je tente malgré mes bonnes résolutions de danser avec Matthéo. Il se révèle être très très mauvais, mais entre temps, je réussis à lui dire que « no, Maxime is not my boyfriend ». Dans mon esprit embué par le gin tonic, je me dit que c'est pour ça qu'il draguait une autre nana.
Je continue à danser et finalement, Inique, l'espagnole se révèle être un très bon danseur. Je crois que c'est d'ailleurs pour ça que l'on finit pas s'embrasser. Le temps que je réalise que je n'ai vraiment pas envie de terminer ma soirée avec quiconque, je me retrouve dans la tente, entre Max et Alej, les odeurs de tabac et d'alcool, avec la vague impression d'avoir perdu au change niveau lit.
Je peux conclure maintenant que tous cela aura été très hispanique comme nuit. Un peu trop.

Le matin, j'appelle ma maman qui me conseille de boire un café. Je décide qu'une sieste à dix heure sera surement plus utile. Lorsque je me réveille, et j'assume tous mes actes. Discute avec l'espagnol, me demande comment on a réussi à se comprendre la veille. Et parle avec l'italien qui me demande si on a bien dansé dans la cuisine ensemble : « Yes, we were dancing in the kitchen, but you're so bad ». Pas de pitié le matin.
Après le tour quotidien à la plage, avec Max, on réalise que l'on est bien heureux de se casser le lendemain.

Steven ne se reveille pas comme il avait promis avant 9h30, heure de notre départ. Je suis pas toute à fait mécontente de quitter Alejandra : elle a pris une nouvelle fois toute la place dans la tente et ma nuit n'a pas été très bonne. J'ai eu le droit à un Hug de l'italien.

Nous prenons le ferry pour l'île du Nord, en direction de Wellington. Le bateau est bondé de gamins qui crient de partout. J'ai la tête comme une patate.
Je me suis engagée auprès de Max que je resterai une semaine à Wellington pour que l'on puisse un peu prendre notre temps chacun de notre côté.

lundi 3 janvier 2011

Abel Tasman ou la pilule au soleil

Nous sommes partis le 26 décembre pour l'Abel Tasman. Nous avions décidez de faire du Kayak là bas. Mais nous sommes arrivés trop tard pour réellement faire du kayak le jour même. Nous décidons donc de remettre au lendemain notre petite excursion.
Nous allons au départ de la grande marche qui se trouve prêt du parc national. Sur place, Maxime rencontre un couple d'allemands, Mickael et Beth, qu'il avait rencontré un mois plus tôt à Christchurch. Ces derniers lui avaient envoyé un texto auquel Maxime n'avait jamais répondu faute dû à son incapacité à répondre aux SMS.
Lorsque nous arrivons, il reste bien une demi heure alors que de mon côté, j'étudie attentivement la carte des balades dans l'espoir d'en faire une jolie pour notre journée sans kayak. Au bout d'une vingtaine de minutes, je me décide à bouger vers ce qui me semble être là où il se trouve, donc la petite table où les germains sont entrain de prendre leur petit déjeuner, sur le parking du départ de la marche.
Je prends mon courage à deux mains, malgré le mal de crâne qui me terrasse dû à nuit pas assez complète en sommeil, je me décide de jouer la carte de sociabilité. Je me retrouve en face des deux personnes allemandes les plus gentilles au monde.
Il faut dire, qu'à ce moment de mon voyage en Nouvelle Zélande, c'est une grosse surprise. Tout d'abord parce que je ne sais pour quelle raison, le pays est envahi par les allemands : dans les backpackers, il y a plus de chance d'entendre la langue de Nietzsche que celle de Shakespeare, et que dans la majorité du temps, les allemands sont ce qu'il y a de moins excitants comme type de touristes car trop organisés, trop au courant du pays, et loin d'être aussi malchanceux et mal organisés comme on peut l'être Maxime et moi. En gros, je pourrais dire peu aventuriers... Mais notre charmant couple nous montrent qu'une autre manière d'être germains est possible : tout d'abord, ça fait une semaine qu'ils vivent à l'Abel Tasman sur le parking avec leur van. Ils prennent des douches avec leur grosse bouteille d'eau, ils se foutent des autorités qui ne leur ont rien dit pour l'instant pour le séjour, et ne savent pas vraiment comme nous où ils vont passés leur nouvel an. Surement à Nelson. C'est des fans d'escalades et font ça ensemble. Et ils sont vraiment aussi mignons l'un que l'autre. Mickael est un homme fin, avec une jolie barbe qui le rend un petit baroudeur. Il est le genre de gars mignon qui a pour lui une certaine auto-dérision. Beth est une adorable blonde vénitienne légèrement marquée par les taches de rousseurs, rayonnante de sourires. En gros, j'ai prévenu Maxime après leur rencontre qu'un plan échangiste avec eux ne me dérangerait point si seulement nous avions été un couple avec le blondinet.
Ils nous disent qu'il n'y pas de souci pour camper ici le soir même et que nous pourrions prendre un verre tous ensemble le soir même au bar du parc qui est à côté.
Comme Maxime est aussi crevé que moi, nous décidons de ne rien foutre sur les berges à proximité du début de la marche de l'Abel Tasman. Je me tartine de crème solaire dans l'espoir de bronzer un peu, et Max préfère rester à l'ombre. Je ne sais pour quelle obscure raison, mais ce jour là, une grosse quantité d'abeilles énormes ont décidé de m'élire comme nectar de la journée (je pense que c'est dû au baume du tigre que je me suis tartinée sur l'épaule afin de ne plus souffrir de mon épaule qui me tire depuis la dernière marche sous la pluie. Résultat. Je cavale systématiquement lorsqu'une s'approche trop prêt de moi pour éviter qu'elle me pique, comme le faisait mon petit frère quand nous étions enfant. Et fichtre, il n'y a pas dire, mais la Golden Bay est plein de ses bestioles.

Maxime s'endort sur la plage. Moi, je bouquine mon manuel de survit dans les pires situations. Et je cavale toutes les trois secondes à cause des abeilles et me retiens de réveiller Maxime pour qu'il me protège (ce qui ne servirait à rien en réalité). Pas une seconde je ne pense au fait que aller une bonne fois pour toute dans l'eau me servirait à enlever l'odeur du baume du tigre.
Lorsque enfin, Max se réveille, un peu à cause de mon manège, je réalise qu'il a pris une jolie teinte rouge écrevisse parce que cet idiot de blond déteste de se tartiner de crème solaire, et qu'il avait totalement oublié les effets de la réverbération de l'eau.
Le soir, le couple d'allemands s'offre le plaisir de lui faire notifier sa jolie couleur écarlate et nous prenons une délicieuse bière avec leurs autres amis, un couple allemands aussi, qui nous apprennent un mot assez rigolo, qui doit s'écrire par du tout comme ça : « mussle cat », qui signifie gueule de bois des muscles. Ce dernier couple, on fait une grosse marche dans la même journée, risque d'avoir une gueule de bois des muscles (en gros des courbatures).
Nous dormons donc dans notre tente dans la perspective du kayak le lendemain.
Le lendemain, lorsque nous replions la tente, je suis un peu moins enthousiaste parce que le temps n'est pas très éclatant et que les nuages couvrent le soleil. Je suis un peu de mauvaise humeur. Une heure après, nous nous pointons au truc de kayak, et ils nous annoncent que le temps est trop mauvais pour partir. C'est un signe, ni Maxime ni moi sommes d'humeur à vraiment vouloir faire du sport.
Juste après nous avons une grosse engueulade. Il me propose de se séparer. De faire un break, de partir chacun de notre côté. Je pète un câble. Je lui explique que je suis complétement dépendante de lui, et que je n'ai pas envie de rester plus longtemps en Nouvelle Zélande. On s'engueule pendant une bonne demi heure comme ça. Roulant vers la ville la plus proche afin de faire le plein. Parce qu'une fois encore, notre compteur de pétrole a sa petit aiguille qui flirte avec l'empty. Je me calme; je lui dis que je suis d'accord pour que l'on se sépare et je prends un café et un muffin au MacCafé. On repart, l'un est et l'autre un peu gêné.

Nous prenons la route pour Tekaka, ville de la Gold Coast, consacrée comme « ville hippie ». Mais lorsque nous dépassons la montagne qui la sépare de l'Abel Tasman; il se trouve que le temps est pluvieux et pire qu'avant. Nous nous arrêtons au I-Site de la ville, pissons un coup et nous regardons la météo. En gros, ça va être la même chose les deux prochains jours. Après notre dispute, mais dans l'espoir de regagner le soleil, nous reprenons la route en sens inverse et décidons de retourner à Nelson pour le temps.