Luce en Argentine !

jeudi 7 juillet 2011

Fin de voyage, fin du Chili...

Si vous êtes un avide lecteur de mes aventures, vous devez vous rappeler que sur mon dernier écrit, je m'étais arrêté au moment où j'attendais un bus pour aller vers le Nord du Chili, à San Pedro.
Pour les autres, ceux qui suivent moins, voici un petit « Previously » :
Après un weekend riche en magnifiques paysages et aventures chiliennes, mes gentils hôtes me laissent à la charmante gare routière dans le bled complétement paumé nommé Vallenar, mini-ville supplantant la vallée désertique de Huasco.

Ils me laissent à 8h30 environ. Lorsque je parle de gare routière, le mot englobe une idée un peu faussée par le lieu : en effet, nous sommes au Chili qui a connu comme les restes des pays d'Amerique du Sud qui ne sont pas communistes, une grande libéralisation de leurs transports... En règle général cela se traduit par l'absence de communication par voie ferroviaire pour les particuliers, et toutes circulations s'effectuent donc en bus, de sociétés privées bien sur. Il y a donc de nombreuses compagnies, et de l'endroit où je me trouve, on peut voir d'un côté de la route un grand centre « Tur Bus » et de l'autre côté, un Pullman, les deux concurrents principaux. Je vais donc durant toute ma matinée faire des allers-retours entre les deux centres routiers pour voir tout d'abord : 1) quand est ce qu'il y a un bus pour San Pedro, ma future destination. Je me rends compte que c'est seulement chez Pullman qu'il y des bus durant la journée pour la ville la plus proche de San Pedro... mais le problème c'est qu'il n'y a plus de place dans le prochain bus. Le vendeur qui gentiment me garde mon énorme sac à dos dans sa loge, me conseille d'attendre le bus qui arrive à 11h. Donc deux heures à attendre dans le froid des courants d'airs de la putain de gare routière qui n'en ai pas une. Les chiens errants me tapent l'amitié, et j'en profite pour écrire tout mon vocabulaire d'espagnol sur mon petit carnet. Naturellement le bus a une demi heure de retard, et quand il arrive le conducteur fait des grands gestes négatifs au vendeur de ticket. Merde.
J'attends une autre heure, parce qu'un autre bus, qui va à une autre grande ville proche de San Pedro va passer. Il est plein également.
2) Je recommence mes allers-retours pour voir quand il y a de la place dans les bus de San Pedro... et je réalise que c'est seulement chez Tur bus, à 22h30 qu'il y en a... c'est à dire dans 10h, vu qu'il est midi à ce moment là...
Je commence à vraiment avoir froid, je suis fatiguée, et je n'ai pas envie d'attendre 10 heures dans cette gare routière trop glauque où les chiens errants me tournent un peu trop autour quand je bouffe mon sandwich.
3) Ma décision est prise, je rentre à La Serena, ce n'est qu'à 3h de bus, il y a en souvent, et de là, je pourrais reprendre un bus pour San Pedro sans avoir à galérer dans une ville paumée où je n'ai nul part pour me poser. Je recommence les allers-retours. Arrive finalement le moment où j'ai mon ticket de bus, et j'attends une bonne heure et demi que le bus arrive, m'embarque, et que je m'endorme dans celui-ci.

Lorsque le bus marque le premier arrêt, j'ai l'impression d'être à La Serena, mais cela ne ressemble pas du tout à sa gare routière, je me rassois. Quelques minutes plus tard, le gars qui s'occupe de la gestion des sacs en soute, vient me chercher et me dit que l'on est arrivé... En speed je sors, et je me demande dans quel autre trou paumé j'aurais pu arriver sinon...
Je remonte toute la ville telle une habituée, et je vais à mon hostel. Je sonne de multiple fois. Aucune réponse. Je commence à me dire que la malchance me poursuit. Tout un coup, un groupe de jeune surfeur, les cheveux crades et blonds décolorés par le soleil débarquent les bras pleins de bières, et, comme des rois mages, appuient sur la sonnette, la porte s'ouvre miraculeusement. Je prends une chambre loin de la cuisine qui m'avait fait que je me réveillais chaque matin trop tôt...
J'envoie un mail à Aline pour lui dire que je suis de retour dans sa ville et je lui propose de déjeuner avec moi le lendemain dans notre restaurant préféré, pour rappel c'est une petit cantine où l'on peut déguster un délicieux poisson frit pour moins de 1,50€ et je lui raconterai tout.

Au même moment, je reçois un mail de Flora. Elle me dit que Rebecca a trouvé un autre appart et qu'elle cherche quelqu'un pour début juillet. On est le 28 juin. Elle me demande si je connais quelqu'un... Je réfléchis deux secondes. C'est un signe du destin, cette espèce d'enchainement de situations plus ou moins complexe, j'avais hésité à attendre qu'Aline parte de La Serena pour peut être voyager avec elle, mais je n'arrivais pas à savoir pour combien de temps encore je voulais voyager, et là, avec ce mail de Flora, j'ai l'impression de voir ce que j'attendais depuis longtemps : une bonne raison de retourner à Buenos Aires. De plus, j'en ai marre du froid, de backpackers, des galères de bus et j'ai envie de me poser... Rien de mieux qu'une vraie chambre, dans une vraie ville pour ça... Avec un vrai chauffage au gaz !
Je lui renvoie directement un mail pour lui dire que je l'aime que je rentre d'ici une semaine à Buenos Aires. Elle croit d'abord que je me fous de sa gueule, et finalement est contente de ma décision. Je suis pleine d'émotion et d'excitation, j'ai l'impression d'avoir retrouver un sens à mon voyage, c'est à dire celui du retour, et j'attends avec impatience de revoir Aline pour lui raconter de mes dernières décision.

Ma soirée se passe tranquillement, si ce n'est que les surfeurs qui ont envahi mon hostel sont des monstres de la fête. Par ceci j'entends qu'à 9h, les australiens sont complétement bourrés. Mais à 10h, ils sont dehors à la recherche de bouffe, et je peux m'endormir tranquillement après avoir discuter une partie de ma soirée avec la jeune femme qui manage l'hostel d'origine allemande.

Le lendemain matin, je suis prise d'une folie dépensière après avoir acheté mon ticket de bus pour Santiago. J'achète tous les vêtements anti-froid qui me sont nécessaires afin de revivre Santiago dans le froid et d'aller ensuite passer l'hiver à Buenos Aires. Je vous passe les détails, mais j'ai trouvé un très joli pull et un adorable bonnet...

Je retrouve Aline pour un double poisson frit délicieux entre nous, et on chill tout le reste de l'après midi avant le départ fatidique de mon bus vers le sud, direction Santiago. Seulement 7 heures à regarder le paysage et je me suis de nouveau faite avoir, je me retrouve à l'avant du bus, place de la mort puissance 10. J'ai l'impression que la course au retour commence.
J'arrive dans la capitale à 23h. Le métro est fermé et je tente de prendre le bus. Ce n'est pas un grand succès. Ce qui se passe, c'est que, normal, même si je demande au chauffeur de s'arrêter ce blaireau saute mon arrêt, donc je me retrouve à marcher sous la pluie, à regarder les lumières de la ville se refléter dans les trop grosses flaques de pluie qui m'oblige à sauter, et à marcher vite avec mes deux énormes sacs.
Je me réconforte en me disant que c'est l'avant dernière fois que je fais ça. J'arrive et je rencontre Ricardo, mon ami chilien qui s'occupe de l'accueil de l'hostel où j'étais déjà venue une première fois. Je me retrouve dans la même chambre seulement, dans un lit de décalage. Je vois des têtes connues, et je me sens de nouveau à la maison.
Ricardo m'accompagne chercher des empenadas. Je voulais y aller toute seule comme une grande, mais ce dernier me dit que le soir ça peut être dangereux. Je rigole et il me dit que la veille il a vu un mec se faire racketter. Bon, c'est peut être mieux s'il m'accompagne. On regarde un film un peu chiant et long qui s'appelle « Amour en temps de choléra », qui est un peu surprenant, mais pas d'un grand intérêt (excepté peut être pour Javier Bardem qui me plait beaucoup...).

Le lendemain matin, je ne peux pas acheter mon ticket de bus pour Buenos Aires : il y a de grosses manifestations dans tout Santiago. La raison : les études sont payantes même dans les établissements publiques, et le coût est de 300 euros par mois. Ce qui fait que le Chili est l'un des pays aux études les plus chers... Et le smic n'est qu'à 150 000 pesos par mois, c'est à dire 200 euros... Dans la rue c'est le bordel, on peut regarder à la télévision ce qu'il se passe dehors, les gens qui arrivent à l'hostel expliquent qu'ils ont galéré pour arriver en taxi, et moi, je commence à me dire que je vais passer trois nuits à Santiago.
Ricardo m'a promis de me montrer un peu la ville sous son regard, il m'emmène voir un vieux salon de coiffure français, uniquement pour hommes, avec tout le mobilier à l'ancienne, où les coiffeurs ont des blouses blanches, et j'ai presque l'impression de voir la séquence du coiffeur dans l'Aurore. On visite un restaurant à l'ancienne avec une déco étrange. On visite ensuite un parc et je le quitte pour tenter d'aller chercher mon ticket de bus.
Quand je commence à avancer sur la rue perpendiculaire à celle de la station de bus. Je vois au loin de la fumée, et plus j'avance, plus j'ai les yeux se remplissent de larmes... Putain de gaz lacrymo. Je décide de faire demi tour, et de tenter d'y aller de plus loin par le métro. Tu parles, quinze quadras plus tard, je vois les flics qui bloquent la route au voiture, et je mes yeux en dégonflent pas... Je suis sûre de ne pas partir le lendemain matin.

D'un côté, ce fût une bonne chose.
Le même soir, les gérants de l'hostel organisent un asado... Dehors une nouvelle fois ! Je goute la boisson dégueulasse populaire au Chili, qui est de tout évidence loin d'être de saison puisqu'elle est à base de glace, et se prénomme au doux nom de « Terremoto », qui se traduit par « Tremblement de terre »... Je bois surtout beaucoup de vin, et finis complétement bourrée avec seulement trois ou quartes morceaux de viandes dans la bouche.

Le matin n'est pas facile. J'arrive à me sortir difficilement du lit pour prendre mon petit déjeuner et acheter mes tickets de bus. Je me recouche un petit peu, puis ressors pour acheter le haut qui me faisait trop rêver depuis que j'étais venue la première fois. Je me fais plaisirs à retourner dans les endroits que j'ai aimé une première fois, histoire de non pas découvrir mais d'avoir le plaisir de revenir. Je rentre le soir à l'hostel, je me couche de bonne heure.
Des horribles américaines qui voyagent en suitcase comme si elles étaient sorties de Sex and City me réveillent à 5h du mat. Je les haie considérablement et me réveille 3h plus tard.

Je prends mon bus, dans lequel je me retrouve avec une française qui a vécu un an Argentine et qui voyage actuellement, je lui confie ma passion pour les condors et lors de notre passage des Andes, on en voit et je suis la plus heureuse du monde ! J'écoute trois fois la chanson de Simon & Garfunkel.
Un vieux dans le bus fait racler sa gorge et ses gros mollards toutes les deux minutes pendant 25 heures.
Quand mon amie française se casse, la petite mamie derrière moi qui me voit seule, de façon maternelle, me propose de me faire découvrir le Paraguay en fin de semaine. Ce que je tente, tant bien que mal de refuser pour des raisons évidentes de manque de fun de découvrir le pays avec elle.
Durant la nuit, je meure de froid, et après mille changements de positions, je découvre avec stupeur que les vitres intérieurs du bus sont recouvertes de givres... Cela me fait frissonner de plus belle et j'espère ne pas mourir d'ici là dans mon sommeil.
Je commence à regarder les heures défilées à partir de 6h30 du matin, et ce n'est qu'à 8h30 que je commence à découvrir les embranchements routiers de la grande ville. 9h30, le bus s'arrête, je sors, je récupère mes affaires, attrape un taxi. Je suis heureuse, le soleil brille, et je suis de retour dans Buenos Aires !

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