Luce en Argentine !

lundi 4 juillet 2011

La Serena y Huasco


La Serena.
Sept heures de bus depuis Santiago. Le nord. De toute manière, le Chili est un pays tellement fin qu'il y a qu'une seule route qui traverse le pays en long entre les montagnes à la mer.
Je suis assise à la place du mort puissance 10. Dans les bus d'Amérique du Sud, il y a deux étages. Au deuxième étage, il y a les superbes places face au par-brise qui permet de traverser les pays et se laisser absorber par le paysage face à nous. Sauf que c'est également la place la plus dangereuse pour plusieurs raisons : 1) s'il y a un coup de frein un peu brusque et que la ceinture n'est pas mise, le passager à le droit d'effectuer un petit saut de 3 mètres sous le regard tristement amusé du chauffeur et de finir en chair à pâté sous le bus. 2), si le chauffeur estime mal son temps d'arrêt de freignage (pour les personnes qui ne souviennent plus de leur code de la route, je vous rappelle la formule : on prend les chiffres des dizaines que l'on multiplie par 5, par exemple, la vitesse limite 50km.heure, cela fait 25, et c'est beaucoup plus long en bus, vu que l'on est plus lourd) et malheureusement les chances de survie pour les trois premiers rangs sont très faibles alors que les gens derrière s'offriront simplement un joli traumatisme et une grande psychanalyse pour le reste de leur vie.
Ha !... Oui, il y a un autre détail qui n'est pas forcément un risque de mort, mais plutôt d'un long ennui, c'est que la plupart du temps la télévision est un peu plus en arrière que la première rangée, et celle ci n'a le droit pour seul spectacle les dépassements plus ou moins dangereux des chauffeurs. J'ai eu un épisode traumatisant de dépassement de bouteille de gaz ou je me voyais exploser joyeusement dans le desert chilien. Pas moins angoissant qu'un film d'Hitchcock.
Et c'est normalement, dans c'est moment là, que vous vous dites en avion pour vous détendre et vous y pensez dans le bus avec angoisse : il y a beaucoup plus d'accidents de la route que d'avion...

J'arrive après 7h d'angoisse plus ou moins forte à destination, et comme par magie, ou plutôt comme à chaque fois, je retrouve Aline sur le chemin de la gare et je m'en vais dormir chez elle pour une nuit. Cette dernière a décidé que je ne paierai pas ma nuit à la proprio. J'explique : au Chili, les hostels type backpackers n'ont pas le monopole, il y a une grande grande quantité d'« hostal » familiales, dans lesquels on peut louer un appartement complet pour toute la famille. C'est dans ce type de lieu que loge Aline. Je squatte donc sa chambre. Et je ne paye pas parce que les propios on décidait de faire bouger toutes les personnes de l'hôtel pour une nuit pour qu'un groupe de brésiliens en voyage d'affaire puissent loger durant une nuit... Donc, Aline a décidé que justice serait de ne pas me faire payer. Je suis pour.

Le lendemain, par contre, histoire d'avoir mon indépendance et de ne pas empêcher Aline de travailler puisqu'elle travaille chez elle pour cause de grève générale au Chili dans les universités publiques, je prends une chambre dans un hostel qui pourrait représenter l'essence pure de l'hostel. Le mec qui nous accueille est un surfeur, qui utilise pour tout l'expression « Buena Onda » équivalent plus hippies de « cool ». Les lits sont en rondins de bois, il y a deux grandes terrasses qui donnent sur toute la ville : l'une est à l'air libre, l'autre avec des vitres mais on peut y fumer. D'ailleurs, je vous le donne dans le mille dans ce genre de lieu, les individus ne se contentent pas de fumer des cigarettes...
L'ambiance y est vraiment agréable et je me sens bien dans ce lieu. Excepté un point : ma chambre est à côté de la cuisine, et le petit déjeuner est servi à partir de 7h. Le premier matin, c'est la voix stridente d'un conasse d'anglaise qui me réveille (en soit elle est pas si méchante, mais comme je ne suis pas trop du matin, j'ai mortellement envie de la tuer... Un peu comme le bébé qui gueule dans mon bus actuellement où j'écris cet article... mais en soit il est très mignon). Le lendemain matin, c'est un groupe de colombiens-péruviens qui me reveilleront à coup de fou-rire si terribles, que je pensais que c'étaient des gens qui rentraient de soirée qui faisaient ce boucan totalement bourrés... Non, non, les latinos à 7h30 sont comme ça. Tout va bien.

Ma première balade dans La Serena, c'est une petite marche du centre ville à la plage. Il faut prendre une grande avenue qui descend vers la mer. Étrangement, il y a ce que les chiliens appellent pompeusement un « musée à ciel ouvert », qui est en fait que quelques statues à l'air libre. Et c'est quelques statues sont majoritairement des reproductions de grandes œuvres européennes, et les seules pièces uniques... resteront, vu la qualité artistique, uniquement dans ces lieux.
Au bout de ce chemin, il y a la mer. Et comme il y a plue il n'y a pas très longtemps, en une journée ce qu'il pleut en an (je suis près d'un désert), la route est noyée est je suis obligée de sauter entre les flaques (mes Timberlands, faute d'avoir été cirer depuis longtemps, ne sont plus très impérméables). Et au bout, il y a un grand phare, à côté de ruines étranges. Cette plage est le paradis des surfeurs, même en pleine hiver, et je réalise que je n'avais pas du tout penser que le Chili pouvait être une destination pour le surf... En même temps le pays n'est qu'une grande plage avec des montagnes de l'autre côté. Je me dis que ça pourrait être cool d'apprendre le surf au Chili, puis le mot HIVER vient me faire frissonner et je réalise que je suis bien sur la plage avec mon gros mentaux et qu'il faut que je m'achète des gants.
Je suis heureuse de voir le Pacifique et me laisse m'absorber dans le paysage puis je réalise que j'avais vu déjà l'océan en Corée du Sud et en Nouvelle Zélande, toute suite ma contemplation perd un peu d'intérêt.

Le midi, une habitude est très vite prise : la « coloc » d'Aline, Juliana, une allemande à l'accent très prononcé, nous montre un petit comedor, petite cantine, à 1,5€ le repas. Le poisson frit y est délicieux, on y va donc tous les midis. Cela permet à Aline de faire un pause dans son travail et de se régaler à petit prix...

Je visite également la ville juste à côté de la Serena, Coquimbo, un petit port tout mignon qui abrite d'énormes pélicans qui font des énormes merdes qui font trop bader quand ils te survolent... Et je suis prise par une grande tristesse à ce moment là. Vous pouvez donc une petite Luce déambulant prêt d'un port aux bateaux colorés ou rouillants et évitant toute forme d'oiseau de peur de devoir relaver ses vêtements fraichement propres.

Le deuxième soir où je suis à La Serena, Aline doit donc dormir dans une maison super loin de la ville où sa proprio la bougeait. Dans cette maison, elle y rencontre Fred.
Fred mangera avec nous le lendemain du poisson frit au comedor. Il est gentil, français est actuellement en stage à Coquimbo.

Le soir, je vois Aline et Juliana qui viennent diner à la maison, c'est à dire dans la cuisine de notre hostel. Je râte ma sauce pour mes pâtes, en oubliant d'acheter des pâtes, et celle ci se transforme en délicieuse soupe. On boit beaucoup de vin avec deux allemandes qui vivent à Santiago, et c'est super sympa. Surtout que l'on peut comparer deux comportements complétement différents d'allemands : celui de Juliana, qui aime l'ordre, la propreté, et ne pas trop payer les courses qu'elle va consommer, au terrible regret d'Aline et les deux autres, complétement tarées, qui s'attendaient à rencontrer un nénette en boite pour faire du Couchsurfing le lendemain, pas très ordonnées, et dont l'une à un rire à défoncer le sommeil de quiconque le matin. On se marre bien.
Aline me propose, si j'ai envie, de passer le weekend avec Fred et ses amis chiliens dans une maison dans le désert au nord de La Serena, dans un petit bled. Je pense que c'est une très bonne idée, si bien sur cette dernière vient. Elle hésite vu qu'elle doit terminer son travail pour son stage. Je lui dis de prendre son temps et de bien y réfléchir.
Le soir, à son retour à son appart, elle m'envoie un mail pour me dire, que fuck le rapport de stage, on a qu'une seule vie, vamos pour le désert. Je lui réponds que c'est trop cool et j'espère que durant la nuit elle n'aura pas trop de seconde pensée et qu'elle ne va pas revenir sur sa décision.

Le lendemain, suspens intense, je la préviens que je dois chercher mes chaussures chez le cordonnier, à qui j'ai décidé de donner une nouvelle jeunesse en reposant des semelles. Elle me réponds pas de problème, et je suis ravie de voir qu'elle n'a pas changer d'avis. J'explique à mon cordonnier, l'homme le plus mou du monde, même pour un chilien, que j'ai besoin de mes chaussures une demi-heure plus tôt, et ce salaud me demande si je comprends le sens du mot la « paciendo », patience. Je le dévisage avec des envies de meurtre. Les chiliens sont le peuple le plus lent du monde. Mais je pars, avec quelques minutes de retard avec mes sacs sur le dos, et mes chaussures à la main, retrouver Aline pour la gare. On prend nos tickets, on prend le bus pour seulement 3h dans le nord. Je précise « seulement 3h », parce que c'est à ce moment là précisément que j'ai réalisé que j'étais habituée un peu trop à prendre le bus et que 3h, pour aller dans un endroit, c'est tout de même énorme (Paris-Aix en provence en TGV ! ) ! Mais bon, heureusement, après c'est 3h, il y avait 45 minutes de plus pour aller à la petite ville de Huasco, au bas de la vallée désertique sur laquelle à travailler pendant 2 mois Aline lors de son stage. Elle me sensibilise sur le chemin sur les problèmes d'eau du pays, et je me promet de ne pas prendre de douche de tout le séjour, chose facile à faire vu qu'il n'y aura pas d'eau chaude.

A notre arrivée dans la petite ville, je commence à avoir de mauvaises pensées, et me souvenir du trop effrayant scénario de Sheitan et m'imaginer un remake chilien. Je ne dis rien à Aline de peur de commencer une parano collective. Mais la ville est jolie, et nous retrouvons très rapidement Fred, et nos trois hôtes chiliens, Germann, Victor et Eve, sa petite amie. Ils ont acheté de quoi se restaurer le temps du séjour, et nous achetons l'alcool.

Nous sommes dans un grand 4x4 à remorque, entassés les uns sur les autres, nous avons deux kilos d'olives, deux chiens dans la remorque et nous filons sur la route de sable à travers les dunes et je me demande comment Victor fait pour se repérer dans le noir. Ma parano reprend un petit peu vu que je vois rien du chemin, excepté que ce n'est pas une vraie route...
Nous arrivons. Nous entrons dans une petite bicoque avec quatre chambres. Il fait la même température à l'intérieur et à l'extérieur et donc, naturellement, les chiliens décident de cuisiner un asado (barbecue) dehors, et bon, on va tous manger dehors en fait... On boit donc beaucoup de vin pour se réchauffer, et pour réchauffer le vin on le met sur le feu avec la viande. Ce qui change des argentins qui bêtement mettent des glaçons dedans le vin. Habitude prise au début du siècle dernier quand leurs vins étaient dégeux (chose apprise lors de la dégustation à Mendoza).
Nos hôtes sont de très « Buena onda », on m'apprends à jouer au billard, jeu auquel je ne comprends toujours pas l'intérêt vu que je ne comprends pas vraiment où il faut taper la balle pour la faire aller où... Et puis que je suis peu trop enivrée pour faire chose de manière très réfléchie.

Le lendemain, surprise : en face de nous la mer s'étend. Le désert est derrière. Des gros oiseaux sont perchés sur un rocher face à nous, et la mer est si différente sous un ciel si gris presque Deauvillais. On se balade prêt de l'eau avec Aline et Germann nous explique tous des algues et des autres animaux de mer qu'il y a. Normal, nos hôtes sont des spécialistes de biologie marine... Malheureusement, comme je comprends rien à l'accent chilien, je ne retiens rien de ce qu'il me raconte.
Je découvre avec surprise l'existence, un peu malheureuse, des soleils de mer, on pèche des bébés crabes, on regarde les oiseaux, dont les charognards dégueux aux noms dégueux de « rhodes ». Au début, j'étais toute excitée parce qu'Aline me disait que c'était peut être des condors. Et comme depuis que j'ai passé les Andes j'écoute trois fois par jours « El Condor Pasa » de Simon and Garfunkel, et qu'en même temps, Aline a attrapé le virus et la chantonne tout le temps, j'ai l'impression que mon rêve s'est réalisé. Mais Germann met fin à mes illusions en m'apprenant la vraie nature des bestioles, et d'un côté je suis rassurée parce qu'avec leurs grosses têtes rouges, les bestioles font vraiment flipper.

Fred se baigne dans l'océan, moi je rigole, et les chiens le rejoignent. Ce qui le permet de prendre une douche vu que la différence n'est pas trop grande entre l'eau de la mer et celle du robinet.

L'après midi, les jeunes gens nous amènent à une délicieuse plage au sable blanc, sur laquelle on joue au foot, et je suis très déçue de ne pas pouvoir jouer au tennis-foot, mais je suis vraiment trop pas assez forte pour monter la balle. On se balade au bord de l'eau, on prend mille photos et le soir en rentrant, on passe dans un petit village magnifique. Les routes sont toutes en sable, il n'y a qu'une église avec un bus jaune sans roue à côté, les enfants sont devant l'épicerie ouvert et font de notre arrivée une franche partie de rigolade. On achète du pain, parce qu'il n'y a pas grand chose d'autre à acheter et on s'arrête devant un vendeur d'alcool. L'endroit est très étrange, et les jeunes hommes qui s'occupe de remplir nos cargaisons reviennent avec un alcool proche du porto qui, vu la bouteille de Sprite qui le contient, semble bien être de la distillation artisanal.

On rentre affamé, et on se fait une sorte de gouter diner très chilien, avec du pâté dans un truc en plastique, de la confiote et l'alcool fait maison. On joue aux dominos, que j'avais classé enfant jeu le plus chiant et inutile du monde, et au bout de trois partie, je réalise que c'est super cool et que j'adore l'objet domino en tant que tel. On apprend le trou du cul aux chiliens, et avec Aline, on leur explose la gueule grâce à une suprématie étrange dû surement à notre intelligence féminine.

Le lendemain, on se balade toute la journée. Notre petit bled où la maison de la famille de Victor se trouve, se nomme « Punto de lobos » qui se traduit par « le point des otaries ». On y va, et pendant plus d'une heure on se perche sur les rochers afin de mieux observer les animaux qui ne font rien d'autres que se prélasser sur leur gros rocher, se fighter et se baigner pour récupérer des poissons. Encore mieux qu'un documentaire animalier.
L'après midi, nous faisons une balade dans le désert. Ce désert a belle particularité, en septembre, il devient fleuri. Seul désert au monde à faire ceci. Et nous avons le droit à une sorte de petite introduction avec quelques petites fleures en faible quantité, mais magnifiques. On se perche en haut des montagnes, et on peut donc voir d'un côté les Andes qui commencent, magnifiques et désertiques, et de l'autre la mer qui s'étend. C'est comme pouvoir embrasser le Chili d'un seul regard.
Naturellement, je suis la seule personne qui me retrouve piquée partout de cactus. Ça fait super mal n'empèche.

La balade se termine de manière on ne peut plus étrange. Les hommes s'arrêtent plus régulièrement que nous, et Eve, Aline et moi marchons plus rapidement vu que nous avons faim et froid. En fin de parcours, Aline se rapproche d'une petite grotte et pousse un cri.
Mon sang se glace. Heureusement, cette dernière nous dit que c'est juste qu'il y a une chèvre dans la grotte. Nous nous approchons pour regarder avec étonnement la bestiole qui a des étranges spasmes. Aline s'inquiète qu'elle soit bloquée, et sa force fille de fermier fait le reste. Elle m'ordonne d'agripper la chèvre par les cornes et elle la soulève pendant que moi je tire la bestiole qui résiste. Je l'agrippe fermement car je veux qu'elle s'éloignent du trou, mais au moment où je la lâche, cette conne ressaute dans son abris. On prend la décision que la bestiole a surement envie de mourir en paix dans son trou. Les mecs arrivent à ce moment là. On leur laisse donc la surprise de la chèvre, et âme charitable et peu soucieuse de notre fraiche expérience, ils décident de ressortir l'animal. Aline les laisse galérer un peu puis leur donne un coup de main pour la sortir. Ils lui empêchent l'accès à son trou, et la bestiole s'éloignent vite fait sur les monts, et on a tous sous les yeux la preuve qu'elle aurait pu se sortir toute seule de son trou.

On rentre à la maison après toute ces émotions, nettoyons la maison et on se fait un dernier diner afin de fermer le lieu et de retourner vers Vallenar, ville plus haut dans la vallée dans laquelle vit Eve et la famille de Victor. L'ambiance est calme dans la voiture, Germann et Fred s'endorment, nous autres regardent la route dans la nuit noire, et j'ai l'impression de rentrer de n'importe quels séjours à la plage où il y a une sorte de torpeur dans la voiture sur le chemin du retour.
Nous arrivons dans la maison de Victor, finalement je prend une douche.

Le lendemain, nous nous quittons tous, Eve reste à Vallenar, Aline et les garçons rentrent à La Serena. Et moi, ils me laissent à la gare routière afin que je prenne un bus pour aller à San Pedro, dans le nord du Chili.

--> pour vous, voici, la chèvre :



7 commentaires:

  1. paysage très apocalyptique , nice article, mais où est la photo du bus jaune ?

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  2. Et celle de la chevre têtue?! J'adore l'idée du vin au barbec'! On se fait ça quand?!

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  3. me gusta!! envie de plage et de vacances (et de la photo de la chevre bordel!!)

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  4. OK ça va je balance des photos de la chèvre...

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  5. Quelle honte !... vous vous êtes acharnés à chasser cette pauvre chêvre de son trou alors qu'elle voulait y être tranquille pour mettre bas..!

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  6. On y a pensé... Sauf que la pauvre chèvre était bien trop maigre pour être en cloque... et avait pas du tout de lait. Donc la supposition commune est qu'elle voulait crever en paix.

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  7. Mais non, elle n'est pas maigre, c'est juste une coriace chèvre chilienne
    Your Mum (je ne comprends pas, je n'arrive plus à signer avec mon nom de blog..tant pis, je reste dans l'anonymat)

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