Luce en Argentine !

mardi 17 mai 2011

Llegeda en Argentina



Je n'ai pas appréhendé mon voyage. Ceci a peut être été l'erreur que je n'aurais pas du faire. Être trop confiante.
Je suis partie en fin de journée en direction de Buenos Aires. Mais avant d'atteindre ma destination, il a fallut que je fasse escale à Madrid. Madrid la pilule. Intempérie sur la ville, l'avion a bien une heure de retard. Les boules. Tous les passagers de l'avion sont sur les nerfs. Et lorsque nous arrivons à Madrid, un couple de vieux français et moi se retrouvons dans l'embarras. Personne nous donne de vrai conseil à la sortie de l'avion. Et on doit à nouveau passer la douane, non pas pour la sécurité du pays comme c'était le cas à Moscou, mais pour cause de mauvaises indications. On arrive à la porte d'embarquement indiquée par les écrans de départ. Personne.
Je me décide à jeter un coup d'œil plus loin. Rien. Excepté deux jeunes mecs qui parlent français. « Vous étiez sur le vol Paris-Madrid » Leur demandai-je sans transition dans leur discussion. Ils sourient, et me disent que oui. Que les sandwichs dans leurs mains sont offert par la compagnie, et je me retrouve à aller dans la direction qu'ils m'indiquent où je vois le comptoir à sandwichs. Mais tous comptes faits, je retourne voir mes petits vieux, et je les préviens.
Une fois prévenus, le sandwich à la main, je retourne voir les jeunes français qui comme moi mourraient d'envie de fumer une cigarette. On sort de l'aéroport pour cloper un peu avant nos douze heures de vol, et pour la troisième fois de la journée, je repasse la douane.
Ce n'est pas un exercice facile : j'enlève chaussures, ceintures, ordinateur de mon sac. En gros : c'est même plutôt la merde. Qu'importe, mon plein de nicotine est fait. Nous revenons vers notre avion, et réalisons qu'il a été avancé, et lorsque l'on est dans le bus qui nous amène pour embarquer, on est presque seul. On appréhende un peu un lynchage publique. Heureusement, non seulement les gens ne nous en veulent pas, mais en plus, il a de la place et on peut dormir sur deux ou trois places.
Mais comme je ne suis pas très maline, je m'endors sur mon unique fauteuil, et une heure après m'être endormie, je me réveille, dans l'espoir de m'étirer et de pouvoir usiter ma seconde place, mais quel désarrois ! Ma voisine s'est allongée sur trois place, dont une qui est censée être la mienne. Je râle intérieurement, et je fais du léger forcing en prenant de la place sur l'accoudoir juste au dessus de sa tête. Plus tard elle me laissera gentiment la moitié du fauteuil.
Ma nuit se passe tranquillement, et au réveil, nous reprenons nos discussions entre français.
L'un est J-Lou, un ingénieur informaticien qui pourrait être n'importe qui mais qui se révèle être le geek parfait qui s'est fait emmerder un peu trop dans sa jeunesse et qui peut se transformer en incroyable Hulk... Il rougit facilement quand il parle, mais à côté de ça, il nous explique comment il a fait passer régulièrement de la drogue dans ses ordinateurs portables... Oui, le geek est décidement hype aujourd'hui.
Le deuxième français est surnommé Rapha, c'est lui qui se présente ainsi. Sa dégaine est plus provoc : il a les cheveux un peu plus longs sur le dessus du crâne et il porte des chaussures un peu montantes. Il est le mélange parfait du gamin et du bobo parisien. Les flics de la douane de Madrid l'ont pris pour un Roumain, pour vous donner une idée de la déguaine.

Notre arrivée à Buenos Aires. C'est d'abord une longue queue pour passer la douane qui finalement passe juste nos sacs à des rayons X alors que j'avais angoissé après avoir marqué que j'avais ramené du fromage sur un bout de papier administratif et je m'attendais à devoir ouvrir tout mon sac pour leur faire sentir ce que c'est d'être français. Mes compagnons ont la même chose dans leur sac mais n'ont pas pris la peine de le marquer pour éviter les ennuis... Je suis déçue de ne pas avoir un gros choc culturel à la douane, mais je suis contente de ne pas y rester des heures.

Par contre grande surprise : les guichets de banque sont vides, et heureusement que pour une fois je me balade avec des euros sur moi, sinon je me serais retrouver bloquée à l'aéroport sans un pesos en poche ! Je prends un taxi qui m'emmène directement chez Flora, j'arrive presque à lui dire « 1537 » en espagnol, mais j'abdique avant la fin pour finalement lui tendre mon petit carnet dans lequel est marqué l'adresse. Je sonne, et la petite Flora coure pour m'ouvrir et j'entre dans ce qui est un des plus grands appartements que j'ai vu ces derniers temps.
C'est presque une maison composée autour d'une cour qui se transforme en balcon. Il y a une première pièce, le salon, dans lequel est entreposé tableaux, guitares et autres instruments et qui va être ma chambre. La deuxième, c'est la chambre de Rebecca, la colocataire de Flora, puis il y a une immense cuisine / salle à manger. A l'étage, il y a une grande terrasse à l'argentine qui donne sur les toits et la petite chambre que se partage Flora et son copain Ramiro.
La baraque est charmante et pleine de potentiel, mais comme les jeunes gens viennent tout juste de s'installer, c'est un peu vide.

Lors de cette première journée à Buenos Aires, Flora et moi se baladons dans les environs de sa petite habitation. Je suis étonnée parce que la ville m'en rappelle une autre de manière étrange : Bucarest. Bien sur, quand on imagine la ville détruite par Ceausescu, on a du mal à imaginer le point commun avec Buenos Aires, mais la capitale roumaine a également de jolis boulevards où de nombreuses vielles baraques croulantes côtoient de nouveaux buildings sans âme des années 80... C'est un peu cette ambiance que je retrouve dans les ruelles de Buenos Aires. Il n'y a pas de boutiques pour faire du shopping que l'on retrouve dans toutes les villes du monde « développées » du type Zara ou H&M, mais des magasins de tissus, de cuirs plus pour artisans ou pour les personnes qui sont capables de faire leurs propres travaux. Les immeubles sont joliment colorés de couleurs passées. On se balade dans un parc entouré de personnes qui vendent des produits de deuxièmes main, de petits bibelots artisanaux. A l'intérieur les gens sont posés tranquillement en train de boire du Maté, une sorte de thé plus fort que les gens se partagent et reremplissent avec des thermos... Près du parc, un groupe de rock dont le nom est dérivé de Metallica joue de la musique bien brutale et un autre petit marché l'entoure également.

Le lendemain, nous partons dans un des endroits les plus touristiques de Buenos Aires pour une balade et un peu de shopping dans la Ferria de San Telmo. Nous prenons le métro qui ressemble enfin à un métro parisien. Celui-ci est étroit, coloré de couleurs plus ou moins criardes et de fresques absurdes.
La ferria, c'est un peu un cliché de ce que l'on peut avoir de l'Argentine. La foire est une grande rue piétonne où les gens ont installé des stands afin d'y vendre mille et un produit artisanaux, il y de la musique et des danseurs de tango n'importent où.
Pour avoir une idée plus ou moins de l'ambiance , il faut imaginer un marché dans la fin des années 70 et 80, un étrange mélange de vendeurs hippies et indiens (d'origine d'Amérique latine) et tout cet univers plongé dans magnifique mélancolie.
J'en profite pour acheter un pull, Flora, un tee-shirt.

Le début de la semaine se passe tranquillement : je sors autour de chez Flora et vers le centre. Mais très vite mercredi, je sens que je suis bloquée. Mes recherches n'avancent pas, je suis beaucoup trop bloquée par la langue. Je prends une grande décision : je vais retourner à l'école, et prendre des cours d'espagnol. Cela fait plus de cinq ans que je n'ai pas pris un cours d'espagnol.
Ma dernière expérience, c'était avec Mme Balanda. Elle aurait pu sortir d'un film d'Almodovar. Ce n'était pas tant son physique avec son nez immense ou sa profession, c'était plus pour son côté hystérique qui la rendait tout à fait capable d'interpréter un second rôle dans « Femmes aux bords de la crise de nerf ». Elle avait réussi, lors de mon premier cours de toute l'année de seconde à m'humilier devant toute la classe en me demandant d'écrire au tableau les pronoms personnels... Chose, qui à la rentrée des classes, étaient fort impossible de trouver pour mon cerveau vidé par deux mois d'été. A partir de ce jour là, j'ai pris la grande décision de détester l'espagnol. Cette haine nouvelle se terminera par un rejet quasi-définitif de la langue et son remplacement par ma langue morte : le latin. Je ne sais pas si ça a été un bon paris sachant que ma note finale ne sera qu'un pauvre 8/20, et que toutes les personnes que je connais qui ont passé l'espagnol au bac cette année-là, m'ont dit que c'était le texte le plus facile de leur vie...
Enfin bref, je trouve une école dans le centre de Buenos Aires, et lundi prochain, c'est mon revival de Buenos Aires.

Après cette décision, les choses vont mieux. Je me sens habiter par une nouvelle mission et Flora et Rebecca ont un peu plus de temps pour elles, et en l'occurrence pour me voir, moi.

Jeudi soir, nous allons dans un bar où il y a des chants de tango. Un peu plus tôt dans la soirée, en apéritif, Flora et moi buvons un peu de vin argentin que je n'avais pas encore goûter auparavant. Il est bon, et on se boit une bonne demi-bouteille à nous deux. Lorsque nous arrivons au bar, seul un couple est déjà assis et prêt de lui un groupe d'hommes de tous âges qui joue aux cartes en parlant fort. Ils sont tellement pittoresque que je rêve de les prendre en photo mais n'ose pas sortir mon appareil de crainte de les offusquer.
On recommande du vin. On sent qu'être à jeun est une très mauvaise idée, on commande également une petite assiette de charcuterie-fromage. Malheureusement, l'effet attendu, qui est être repu et nous remettre l'esprit sur terre qui commence à divaguer grâce à l'alcool, ne fonctionne pas. Je commence à me sentir ivre gentiment. On recommande une assiette. Flora parle avec une ex-camarade de classe et moi, de mon côté, je discute avec Rebecca.
A un moment, je ne peux plus supporter l'ivresse, on décide de partir. J'arrive à demander ma première cigarette en espagnol, Flora rencontre un camarade de classe d'Aline, et Rebecca commence en avoir marre de nous attendre. Dans le bus nous nous comportons comme de bonnes personnes bourrées à l'étranger, on entonne quelques chansonnettes, particulièrement du Joe Dassin.
On continue à chanter dans les couloirs avant de rentrer chez Flora et on offre un pathétique tableau à Ramiro qui n'est pas seul. Il est avec un camarade de classe, un américain installé depuis quelques années en Argentine. Les jeunes hommes me disent qu'ils kiffent la musique qui est sur mon MP3, et c'est pas souvent que ça arrive. Je pense que le fait qu'ils ne connaissent pas Joe Dassin et mes autres chanteurs de variété française a joué en ma faveur. Je fais une petite démo de mes grandes capacités linguistique en anglais, et je vais me coucher parce que quand même le vin me fait mal au crâne.

Il est environs 7-8 heures du matin quand dans la chambre rentre l'américain. Il se couche par terre, parce que nous n'avons pas trop de matelas et que sur le hamac, dehors, il fait bien trop froid. Comme son arrivée m'a réveillé, ce dernier commence à me taper la discussion. Il me raconte sa passion pour la psychanalyse, son amour pour Woody Allen, et me fait une démonstration sa capacité à blablater de la même manière que le réalisateur en question. En liant problème psychologique un n'importe quel problème humain que nous résoudrons la plus part du temps par un simple « on s'en fou », le jeune homme me fait rire, et un moment me sort de but en blanc :

Lui : Do you feel the sexual tension there is in the room ?

Moi : Heu... (grand moment de doute de compréhension) What ?!... No...

Mais maintenant qu'il en parle, c'est sur qu'il y a une tension.

Moi : If there is, it's a weird and stupid way to get girls. Even more stupid when they are a litlle bit hangover and when it's 7 o'clock of the morning.

Il continue son blabla genre sans vraiment trop réagir à ma remarque. Moi, définitivement à ce moment là, je me demande ce qu'il va se passer.
Puis le jeune homme craque, se dit que tout de même, même si j'ai un une moitié de lit, c'est toujours une moitié lit à partager, et on se retrouve donc avec un quart de lit par personne, et la nuit/matin est beaucoup moins sexuelle qu'il avait essayer de me vendre.
C'est donc comme ceci que commence l'aventure la plus étrange de ma vie. Il faut dire que je pécho rarement les hommes à mon levé. Cette histoire ne va se dérouler qu'entre 5 et 10 du matin, quand le jeune homme se couche après avoir réviser avec le mec de Flora.
La situation est à son paroxysme d'absurdité quand le premier matin, je réalise qu'après avoir passer quand même de longues heures à discuter, et connaître des choses assez intimes du jeune homme, je n'ai pas pensé une seconde à demander son prénom. Ça m'était déjà arrivé de pas me souvenir du prénom d'un amant, mais ça ne m'était encore jamais arrivé de ne pas le demander...
Petite question détournée à Flora, petite rougeur à ce moment là, et naturellement toute la baraque qui est déjà remplie de couple s'encombre en plus de cette histoire. Heureusement que la maison est grande.
Bon, mon weekend ne se résume pas uniquement à cette petite liaison, vu que Charlie (c'est son nom) passe ses journées à dormir et la nuit à bosser.
Vendredi soir, nous avons tant bien que mal assister au diner de l'association de Flora malgré la fatigue de la veille.
Avec Flora nous nous baladons pendant la journée de samedi dans une autre partie de Buenos Aires autour de chez elle. On est l'une et l'autre d'accord pour dire que le coin où ils vivent est quand même super agréable. Le soir, sur la gigantesque terrasse, Ramiro nous fait découvrir ses talents de cuistot et nous fait une vraie asado (barbecue argentin) sur la terrasse.
Le dimanche, on se lève tôt et on va à une nouvelle Ferria plus excentrée, avec moins de touristes, plus de locaux. Les produits artisanaux sont moins chers donc on se fait plaisir et on achète du fromage et de la charcuterie pour avoir une planche à découper.
Au milieu de la foire, j'assiste, fascinée, à un des plus merveilleux événements populaires de toute ma vie : sur une scène, de jeunes gens effectuent des chorégraphies d'une autre époque des régions du nord de l'Argentine. Je suis fascinée par une des jeunes danseuses qui, à elle seule, par sa fraicheur et sa beauté, rend le spectacle joviale et sensuelle. C'est des danses qui s'effectuent par couples, où tous se croisent et se décroisent. Les hommes portent de gros pantalons bouffants et des vestes hautes qui leurs donnent des carrures esthétiques quand ils tourbillonnent et les jeunes femmes ont des robes remontées par leurs mains qui laissent entrapercevoir leurs sous-vêtement par moment quand elles tournent. C'est presque un spectacle érotique.
Mais ce qui finalement retient plus le souffle du spectateur lambda et qui donne à tous envie de participer au festivité, c'est en face de la scène, de nombreux couples de personnes d'un certain âge, habillés pour l'occasion avec de beaux costumes traditionnels et qui virevoltent entre le public. Les couples de retraités se charment en dansant comme s'ils avaient quinze ans, des vielles dames dansent comme des folles ensembles, et chacun s'amuse à se regarder, à danser. Il est deux heures de l'après-midi et j'ai l'impression d'être dans une fête d'un village reculé, alors que je suis sur la bordure de Buenos Aires et des bidonvilles.

A la fin du weekend, Charlie et Ramiro après une dernière nuit blanche vont à leur examen, Flora va au boulot, Rebecca travaille à la maison et moi je vais à ma première journée de cours d'espagnol pas très reposée.

La musique dans les oreilles, direction le métro sur-bondé en passant devant les magasins qui ouvrent tranquillement, un weekend des plus étranges dans les pattes, j'ai l'impression de réellement commencer mon séjour en Argentine.







Des petits mots en plus :
Mon grand-père est décédé aujourd'hui.
Je suis trop loin pour porter la peine avec les proches qui sont touchés par sa perte, mais sachez, tous, que je pense à vous et j'espère que même de loin vous sentirez ce soutien.
J'aurais aimé savoir plus de son histoire même si c'était difficile d'avoir des réponses cohérentes, je crois que j'ai apprécié le chaos de son esprit des dernières années qui m'amenais des souvenirs en aléatoire. J'espère un jour pouvoir trouver le fil conducteur pour les raconter.

3 commentaires:

  1. Très joli hommage à ton grand-père, simple et touchant.

    Sinon: ton style s'améliore, ton orthographe aussi. Quelques efforts à fournir encore côté tact et discrétion, comme le confirmera surement le geek au fond de sa cellule en pleurant sur son ordinateur en pièces détachées.

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  2. C'était pas Balanda mais Asensi en seconde meuf !

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  3. Oups... Désolé pour le geek...
    Pour Balanda, et bien faut croire que mes cours d'espagnol étaient vraiment à ce point difficiles pour que j'efface de ma mémoire ce si joli nom et que je le remplace par la prof que vous avez eu pendant deux...

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