Luce en Argentine !

samedi 25 juin 2011

Santiago


Bon. Huit heures après mon arrivée à Santiago, je me retrouve dans une situation indélicate. Seulement huit heures après...

D'abord, mon arrivée à la gare de Santiago. J'arrive à la gare. Et comme je n'ai plus peur de demander quoi que ce soit, surtout quand j'arrive dans une capitale où je n'ai que le nom de l'hostel où je vais rester et l'adresse, sans carte, sans idée de comment est la ville.
Je me dirige donc vers « Informacion y turistica ». Je demande d'abord simplement une carte. Après cinq minute à me mordre les doigts pour trouver la rue de mon hostel, j'y retourne. J'arrive dans la boutique où il n'y a seulement qu'un ordinateur avec Skype connecté et une mère et son gosse en face « de moi » où nous sommes les uns comme les autres très étonnés... Trois seconde après cette étrange confrontation, une jeune femme déboule dans le lieux et me demande ce que je veux. Je lui montre mon adresse, et me donne le nom de la station du métro du même nom que la rue. Je m'en veux de ne pas l'avoir vu. En même temps, lorsque je remonte pendant une demi-heure la rue, je réalise que j'étais plus près à pied de la gare que l'endroit où je suis allée en métro.

Très mauvaise première impression de la ville. Une femme fonce en plein dans mon backpack, parce que je m'arrête pour lire la carte en plein milieu de la rue, sans me dire un « disculpa » ou un « pardon », alors qu'avec ce poids disproportionné sur mon corps, j'aurais pu rouler bouler jusqu'à la route et mourir écraser. Les gens s'énervent quand j'hésite sur mon chemin, c'est vrai avec mon sac à dos et mon sac ventral, je prends facilement trois personnes de large, et que c'est plus difficile pour eux de m'esquiver... Je hais considérablement tous ces gens, mais me décide de ne pas haïr la ville sachant que c'est pour ce genre de choses que les gens en général haissent Paris !

L'hostel est la première surprise. Pas seulement il a avait l'air beau sur les photos de Hostelworld.com, il est ultra clean comme je n'ai jamais vu un hostel auparavant. C'est presque de la qualité d'un hotel... Excepté qu'il y a des dortoirs.
Son nom, Princesa Insolenta. Okay, c'est un peu moche. Mais l'endroit est charmant et confortable. Un peu trop stylé pour moi, mais les lits immenses aux oreillers aux tailles circonstancielles me font oublier ce détail.
Je demande plein de détails au premier responsable de l'hostel parce que 1) ça me fait progresser en espagnol et de 2) je n'ai pas de guide. Je me pose une bonne partie de l'après midi, surtout que j'ai rendez-vous le soir avec Héloise, une amie de Flora de Scien-Po Grenoble, et que résultat, j'ai une bonne raison de sortir de l'hostel plus tard et que je n'ai pas envie de me mettre la pression plus tôt.
Je pense à prendre une douche, qui se révèle assez décevante par rapport au standing de l'hostel : j'ai le droit à un chaud/froid trop habituel dans les backpackers sudaméricains. Plus tard, une gentille irlandaise m'apprendra que c'est l'autre douche qui offre un chaud continu...
Je sors de ce moment rare de propreté avec l'idée de poser ma question habituelle qui été toujours récompenser de réponses négatives depuis le début de mes jours en backpackers sudaméricains : y a-t-il un sèche-cheveux. Je croise un jeune homme de très charmante constitution dans les escaliers, qui me salue, et flairant la situation (c'est un peu rare un salue si appuyer par un joli jeune homme comme ça), je lui demande s'il travaille ici. Réponse affirmative. Je lui demande donc s'il y a un « secador para el pelo » (un sèche-cheveux). Réponse affirmative encore. Grand moment de joie ! J'attends un long moment avant d'avoir entre les mains l'objet tant convoité.
Je suis donc toute propre pour aller à mon petit rencard du soir.

Je pensais gérer tous les métros du monde, mais celui de Santiago m'a montré que je ne savais rien. Après avoir suivi les indications d'une gentille brésilienne. Je vois mon wagon ne pas s'arrêter à ma station « Bellas Artes ». Et après avoir longtemps hésitée à revenir à pied à la station précédente, je repaye le métro pour faire une station. Là, j'attends Héloise, et me rend compte de l'incongruité de la situation : j'attends une jeune femme, dont j'ai vu trois photos sur le Facebook de Flora, dont j'ai le numéro de téléphone mais suis dans l'incapacité de l'appelé vu que je n'ai plus de crédit sur mon téléphone argentin... Donc soit je la trouve, soit, il faut que je demande à un chilien ou une chilienne avec mon vieux accent argentin un téléphone pour l'appeler...
Mais la vie dès fois est vraiment bien faite. Une nénette en face de moi qui guette un peu comme moi me fait face, au bout d'un moment, on se sourit et directement, on se parle en français pour se rendre à l'évidence que nous sommes biens les personnes que l'on attendait.
On passe un délicieux apéro, à discuter de tout et de rien, des mauvais embrasseurs que sont les latinos, et j'ai ma première introduction de Santiago. Je bois du Pesco sour, boisson typique du Chili, sorte de liqueur de vin blanc avec du citron, lait et de la glace et on dine des petits empenadas délicieux.

Je rentre à mon Hostel un peu joyeuse, très contente de comprendre comment fonctionne le métro maintenant grâce aux explications d'Héloïse.
Je crois qu'à mon retour je n'ai qu'à peine dépassé le couloir d'entrée où se trouve la place du gérant ( c'est mon bellâtre chilien qui m'a trouvé mon « secador » qui tient la réception»), et dans le salon, il y a un groupe d'anglophone qui boivent du vin, dont je ne fais plus partie depuis que je parle espagnol...
Mon réceptionniste me demande vite fait ce que je fais dans la vie, et on réalise que l'un est l'autre avons beaucoup en commun : ce dernier fait des études de réalisation à Santiago, et se spécialise dans l'image et la lumière... Et moi, suis ce que je suis assistante de production, passionnée de ciné. On commence à échanger sur nos différents gouts, expériences et au final me propose de boire une bière après son travail afin de continuer cette échange. Attention, ceci ne signifie pas boir une bière dans un bar après, mais de seulement acheter un petite bière au coin de la rue et de la consommer dans la Guesthouse !
Les débats sont endiablés, et il se mord les doigts du fait que je ne connaisse pas Radiohead, et je lui crache dessus parce qu'il trouve que « Dancer in the Dark » est mauvais. On arrive tout de même à montrer des choses qui impressionnent l'un ou l'autre, comme des chanteurs chiliens qui font vibrer ou des séquences magnifiques de ciné... Et mon chilien, qui porte le même nom qu'un cantinier de mon collège, est très tactile... Je ne sais pas vraiment si j'ai envie d'aller plus loin. Ma soirée est surprenante et agréable, mais il manque un truc... Mais à force de contacts répétés physiques, je tends mes lèvres, et un baiser s'esquisse et j'évite le roulage de pèle terrible qui me dégoute chez les latinos.
Mais un truc ne va pas. Je ne sais pas ce que c'est, le baiser était agréable, mais je vois le jeune homme déconcerté. Mais il penche les yeux vers la table me jette des regards gênés et encanaillés... Mais gênés. Bon. Seul manière de le faire réagir, je fais exactement comme lui, je le mime.
« Tengo una novia (petite amie) »... Pammm ! Bon prévisible, j'aurais du m'en douter... J'aurais dû juste demandé... Fuck ! Bon. Luce, qui se cherche dans le respect de tout les individus et qui cherche à ne blesser personne.
« Bueno, bon je n'aime pas cette situation. Je vais aller me coucher ».
Mais le jeune, libéré du poids du secret ne voit pas les choses de cette manière. Moi, je me retrouve dans la situation où c'est moi qui suis coupable, je tente tant bien que mal de me dépêtrer de la situation.
Surtout que le regret premier est que je n'étais pas plus enclin à embrasser le garçon plus que ça, au début, mais bon, c'est rare de s'entendre bien avec quelqu'un qui est si mignon...
Après une mise au claire, je me retrouve à faire le chemin de la honte, c'est à dire aller me coucher face à la personne qui s'occupe durant la nuit de la gestion de l'hostel et qui doit savoir que le petit chilien a une copine est que j'ai passé une bonne partie de la soirée à discuter avec lui et qu'il doit se douter de plus. Je l'assume. Ce n'est pas ma faute, Merde !

Le lendemain, je me balade dans la ville, qui étrangement me plait beaucoup. Je suis surprise de voir à quel point je suis à l'aise et comment j'apprécie son centre. Je me balade dans un musée au œuvres étranges mais intéressantes, je me fais un petit comedor, sorte de cantine pas cher pour le midi, ou je mange délicieusement, un autre musée et je rentre. Je me décide alors que mon séjour à Santiago doit s'écourter. Même si la ville offre plein de possibilités, je ne veux pas m'imposer de choses difficiles à subir, et je sais que le lendemain soir mon chilien va retravailler à l'hostel. Éviter la confrontation. Ou la tentation. Et puis il fait trop froid dans la ville, dans l'hostel, dans les ruelles, mes commissures de mes lèvres s'agrandissent gercées par le froid et je suis certaine que je vais avoir un sourire à la Joker. Okay, demain direction le nord, La Serena, pour retrouver Aline, le chaud et une âme pure. Je prends ma décision. Pour aller acheter mon ticket de bus, c'est en me perdant que je trouve la gare et que je réussi à manger pour la première fois au Chili de la « Streetfood » délicieuse. Je me fais la promesse de retourner rapidement dans cette ville qui s'est à peine dévoilé de ses petites montagnes que je vois lors de mon retour de la gare, recouvertes de neiges et rougeoyantes grâce au coucher du soleil... La ville me fait penser à Viennes. Une grande ville froide, organisée, culturelle, dans laquelle j'aimerai vivre mais dans laquelle je mourrai vite d'ennui !

Pour mon dernier soir, je dine avec Louis, un portugais qui travaille à Buenos Aires, actuellement en vacances. Je l'embrigade pour aller manger du poisson dans un restaurant trop kitch.
Pourquoi kitch ? Parce que les serveurs sont habillés en marins, il y a un faux squelette de baleine au plafond, une femme se promène avec un coffre habillée comme dans « Pirates des Caraïbes » et pour finir notre serveur joue un faux mauvais rôle de marin blasé qui fonctionne bien. Surtout que depuis le début du séjour, j'ai un gros problème avec l'humour chilien. Je ne sais pas si c'est une question de langue que je comprends moins bien vu que j'étais été habitué à l'argentin, ou si vraiment l'humour est très étrange, mais à chaque fois qu'un chilien fait un semblant de blague il se retrouve en face de mes yeux tout ronds plein de questions avec un « Que ? No entiendo ? » et donc ils se retrouvent à devoir expliquer quelque chose qui devient plus du tout drôle... Je suis donc une personne sans finesse pour les chilien.. Mais c'est pas grave, je ne comprends pas toujours les blagues en français non plus...
A la table à côté de nous, il y un groupe d'une petite dizaine de personnes qui dinent et fêtent l'anniversaire d'un grand père. Ils parlent fort, s'amusent et en plein milieu de notre repas (le leur est finis depuis quelques temps), une musique qui n'a rien à foutre dans un resto marin commence à retentir. C'est une musique orientale. Une danseuse plutôt peu vêtue pour la saison débarque, elle est habillée comme dans Les Milles et Une Nuit, rien à voir avec l'idée que j'ai, plutôt voilée du Moyen Orient. Elle commence à faire onduler son ventre, ses fesses et à rendre tout à fait fou le vieux papi qui regarde les yeux plein de surprise et de luxure la jeune femme qui ne se déhanche pas mais qui fait vibrer tout son corps avec une facilité déconcertante. Toute la famille applaudit au rythme de la musique : une grand-mère, la petite fille de dix ans, les amis du grand-père, les pères surtout et les femmes qui trouvent ça tout a fait normal d'offrir à l'aïeul, pour ses 75 ans une danse du ventre personnel dans un resto de poissons. Mon ami portugais n'en peut plus, j'avoue que je n'ai pas assez d'attirance pour les formes féminines pour être excitée par la danse mais, j'imagine l'impact différent sur les hommes. Je rigole, parce que c'est quand même très drôle comme situation, et Louis se retrouve à danser avec la danseuse, étonné de la chance qu'il a de pouvoir se rapprocher du corps tant convoité ! Ce qui est intéressant, c'est que tout le monde joue le jeu, comprend que c'est une personne qui est là que pour nourrir des fantasmes pendant quelques danses, que tous les hommes puissent baver sur son corps, et tout le monde est d'accord. Au fond de moi, je ne sais pas si c'est sain d'accompagner les fantasmes de manières ponctuelles ainsi, ou si c'est complétement déplacé...
A aucun moment mon esprit féministe se révolte, pour une simple raison, je sais que la situation est également possible dans l'autre sens. Par exemple, Aline, s'est retrouvé à une soirée chilienne pour meufs où il y avait un stripteaseur et des ballons en forme de pénis. En soit, je crois que je trouve ça plutôt sain...

Je me couche donc après ce deuxième soir à Santiago, pas moins excitant avec une étrange conviction que je n'aurais pas douté : j'aime Santiago...

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