Luce en Argentine !

mercredi 12 janvier 2011

Quand on arrive en ville... (envoye depuis un modem 56K)

Le ferry arrive à Wellington. Maxime me parle des montagnes qui entourent l'arrivée du bateau et de ses anciennes promenades dessus. Je ne le sais pas encore mais ce moment résume assez bien ma découverte de la ville.
On reprend notre petite voiture, arrivons dans la ville. Elle est grande, avec plein d'immeubles et de grosses boutiques aux baies vitrées. Je n'imaginais pas la ville ainsi. On arrive à l'ancien Bagpacker où Max vivait quand il travaillait en ville. Il y a une de ses connaissances qui est toujours là. Kevin. Un américain qui nous book directement notre chambre, et nous repartons nous balader.
Je me sens perdue. En fait, réellement, je flippe. Je m'étais engagée à rester en ville le temps que Max se balade de son côté, et je me retrouve dans un endroit où chacune des ruelles a vécu sa présence. Il me parle de ses souvenirs, des endroits. Je n'ai même pas besoin de rentrer dans les boutiques pour savoir ce qu'il se trouve à l'intérieur.
On se balade dans la Cuba Street, rue piétonne avec plein de bars qui ont l'air cool, de petites boutiques de vêtements de créateurs, de bidouilles vintages... En gros j'ai l'impression d'être dans le Marais à Paris en moins buzy, plus crade, et surement plus accessible financièrement. Mais au lieu de sentir une envie dépensière m'envahir, je suis au contraire sûre d'une chose : je ne veux pas rester ici.

Moi : - Max, je suis désolée... Je vais rester avec toi.
Lui : - Ok !
Moi : - Je crois que si je reste ici, je vais juste être dans une sorte de parodie de tous ce que j'ai quitté à Paris.
Lui : Ok, ya pas de souci ma Luluce !
Moi (qui commence à être vraiment trop complantative sur mes problèmes à deux balles) : Non, mais tu comprends, j'imaginais plus un bled comme Punakaiki, où j'aurais pu travaillé toute la journée... Ici, même si le backpacker à l'air sympa, c'est trop full, je ne m'imagine pas rester dedans une semaine.
Lui : Non, mais t'en fais pas, moi je m'en fous, c'est juste ton égo qui en prend un coup !

Le blondinet n'a pas tord, en je continue à sortir des vielles raisons existentielles pour ne pas tenir ma parole. Lui s'en fout.

On rentre à l'hostel. Celui-ci est un bordel sans nom, crade et avec très peu de lumière. La terrasse   est par contre confortable, lumineuse, avec une grande table en bois massive, seulement lorsque le soleil tape trop fort, il y a des restes d'alcools qui s'évaporent et laissent une odeur désagréable sur leur passage. Les gens sont sympathiques, aimables, et tout le monde semble avoir sa place sans aucune distinction entre les personnes qui sont là pour le long terme et les autres. Je rencontre Charlotte une charmante française qui est kiné, et qui est arrivée le même jour que nous dans le Backpack. Il y a aussi Micka, un kiwi qui a vraiment une charmante gueule mais qui semble un peu trop guitariste à mon goût (toutes les meufs le regardent jouer surtout pour pouvoir le reluquer tranquillement). Et puis il y a Kevin. C'est un homme, il semble ne plus vraiment avoir l'âge d'être dans un hostel, mais en même temps il fait parti intégrante du décor. Il abhorre de nombreux tatouages, un visage doux et en 5 minutes passés à côté de lui, j'ai l'impression d'être à la maison.
Maxime fait à manger, et nous nous buvons tranquillement le reste de gin du nouvel an (comme quoi, nous n'avons pas tant bu que ça). On parle whiskies, vins kiwis, sangria et d'autres choses qui me font plaisir. Maxime nous régale de ses délicieuses pattes dont il a le secret. La soirée est presque parfaite. Kevin et moi restons seuls sur la terrasse à discuter. La vie est simple, agréable, j'ai l'impression d'être lors d'une soirée parisienne aux Buttes Chaumonts. Je me décide enfin à regagner mon lit mais au dernier moment, je réalise que je prends beaucoup de retard avec mon blog, et me motive à écrire tranquillement dans le couloir glauque du Backpack.
Je vois sortir Kevin de mon dortoir. Il ne loge pas du tout dedans. Il m'explique qu'il est passé par la fenêtre, c'est plus rapide depuis sa tente, qui se trouve dans la cours de l'hostel, pour aller aux toilettes. On discute un petit peu sur le canapé devant ma chambre. Je ressens des choses contradictoires : j'ai l'impression que l'on pourrait s'embrasser et que ça serait bien, mais qu'en en même temps, juste y penser sans qu'il se passe quoi que se soit, ça serait bien.
Je continue à avancer sur mes aventures à Nelson, mais le matin, lors de ma relecture, je réalise que je suis pas forcément meilleure auteur à 3h du mat' avec un coup dans le nez. C'est un peu comme croire que l'on est bon en philo quand on est défoncé, on a l'impression que c'est vraiment génial ce que l'on écrit, mais avec l'esprit clair, on se rend compte à quel point c'est très très moyen.

Lors de cette deuxième journée à Wellington, on décide, Maxime et moi, d'un commun accord, de rester une nuit de plus : une place dans les dorms vient de se libérer, il n'en restait qu'une de libre, c'est un signe, on reste.
La journée se passe tranquillement. On s'occupe de faire une sorte de Sangria avec Kevin : la veille, on convenait du fait que les boissons alcoolisées trop sucrés et le rhum, c'est dégueulasse. Il m'annonçait qu'il connaissait la parfaite recette de Sangria, non pas à base de rhum, mais de gin. On l'expérimente donc lors de cette nouvelle journée.
On en fait pour tout l'hostel : 3 litres de vin, 1 litre de gin, de la limonade un peu éventée, des fruits de toutes sortes et surtout deq kiwis parce que c'est le pays.
Je ne conseille à personne cette recette. Le résultat n'est pas forcement mauvais, mais c'est loin d'être la meilleure sangria de ma vie. Et pour rien ne vous cacher, mettre autant de fruit ne sert à rien, excepté avoir l'impression de manger quelque chose alors que le repas tarde à arriver, alors qu'en fait ça vous bourre juste un peu plus la gueule. Mais les gens sont majoritairement contents du résultats, et moi, au bout de trois verres je suis heureuse d'avoir « réussi » ma première sangria.

Au final, la soirée se passe un peu comme celle de la veille. Tout le monde petit à petit va se coucher, et je reste à l'extérieur, sur la terrasse à discuter avec Kevin. J'apprend un peu plus sur lui. Ses oiseaux tatoués sur ses bras, la raison de son arrivée à Wellington, et que son film préféré est « Up ! » qui est en train d'être diffusé dans la commun room. Je lui explique que je déteste le passage avec les chiens, et mais que j'aime beaucoup l'introduction. Mon vocabulaire en anglais s'améliore de pleins de « fuck » à n'importe quelles phrases du genre « I fucking love this kind of table » et j'ai donc l'impression de parler fluently english.
Je passe la tête dans la commun room, et je me rends compte que tout le monde dort devant le film. Je me fous de leurs gueules. On se décide à remettre le film depuis le début. Je suis surexcitée, je me marre à chacune des vannes. On fume dans la salle de la télé comme des rebelles, et on réveille un des mecs qui s'étaient endormis devant. Je lui explique comment il était un loozeur de s'être endormi devant.
J'accepte la place sur le canapé prêt de Kevin, sous un plaid. Je me souviens des chiens qui cavalent de la montagne et... De la lumière qui traverse la vitre qui tape dans mes yeux tout embués du matin et surtout du ronflement dans mon oreille de Kevin. Je saute du canapé, ou plutôt je m'extirpe tel un zombie et me dirige vers mon dortoir. Je croise des gens frais et réveillés, je n'ai même pas le courage d'essayer d'être polie. Je monte sur mon lit superposé, et me rendors.

Le matin, je repense à une connerie de la veille : on a repris un lit pour le soir même à l'hostel. Un seul lit, pour deux, parce que comme le proprio ne me connait pas, je me ferrais passée pour une inconnue dans l'hostel, qui, en fait, n'a pas du tout de lit. Mais le lit que nous avons réservé, est « censé » être déjà payé, en gros, il est marqué comme déjà réglé, grâce à Kevin sur le bouquin des réservation... Mon rôle est de disparaître, d'être le moins visible possible. Je déteste ce genre de situation, et le fait de ne pas être en règle me semble horrible. Toute personne qui m'a déjà vu ne pas payer les transports en commun peut m'imaginer à ce moment là.

Je me balade dans la ville afin de m'éviter toute confrontation gênante. Je termine chez un bouquiniste où je trouve une veille « Fear and Loathing on the Campain Trail 72 » de Hunter S Thomson, et je rentre à l'hostel un peu trop excitée à l'idée de lire un bouquin sur la seconde élection américaine de Nixon. Il faut dire que le bouquin que je lis à ce moment là est « Around Ireland with a Fridge », c'est l'histoire d'un type qui a décidé, pour gagné un pari, de faire le tour de l'Irelande avec un frigo en auto-stop. J'adore.
A mon arrivée, Max m'attrape avant mon entrée dans l'hostel :

- C'est la merde, je dois payer la chambre. On reste ?

Mon état d'hapiness est complètement perturbé. Ce suit des longues minutes où merde est le seul adjectif adéquate pour décrire ce qui c'est passé. Kevin s'excuse auprès du manager, propose de payer nos lits non pris. Max se sent comme une sous merde, moi comme une sous-merde qui tente toujours d'être invisible. On ne se sent plus bien dans l'hostel, finalement, nous décidons de partir pour ne pas payer trop cher. Je réalise aussi que ma consommation de cigarettes et d'alcool et beaucoup trop élevée en ville, que mon sommeil est tellement mauvais et que mon visage ne reflète pas du tout mes derniers jours passés à bronzer sur la plage mais plutôt quelques jolis boutons qui ont fait leur apparition très récemment. Suivre Maxime est vraiment une bonne idée.
On mange des sushis avant de quitter la ville, dans un  parc (seulement 4,5€ / portion!!!), et nous voilà reparti sur la route. Celle ci est plus conséquente et plus encombrée que celles qui se trouvaient dans le sud.

Nous trouvons une horrible air de pic-nique, où nous sommes obligés de nous arrêter parce que sinon nous arrivons à la ville la plus proche. Chaque camion qui passe font vibrer la route, les poules le matin viennent prêts de la tente, et je découvre les joies du camping et des menstruations. Mais finalement, ce qui était le plus dur, c'est de réaliser que nous étions biens dans ce backpack et que j'ai un peu le mal du pays.

3 commentaires:

  1. Cécile, la tante à Simone12 janvier 2011 à 10:15

    Tu pourrais intituler ton peut-être futur livre "Tribulations d'une Hongroise en terre Kiwi" (oui, un quart Hongroise seulement, je sais!)
    Bonne route Luluce et très bonne année 2011 !

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  2. "complantative" ?! C'est en quelle langue ?

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  3. j'ai adoré le "complantative" aussi. Je ne comprends toujours pas dans quel décalage horaire, voire plutôt hebdomadaire tu nous mets, vu que tu ne parles toujours pas de la ferme dans laquelle tu m'as dit être arrivée il ya presque une semaine...

    bisous bisous

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