Luce en Argentine !

mercredi 30 mars 2011

Quitter la Corée !

Nous sommes donc le jeudi 17 mars.
Cela fait un peu moins d'une semaine que le tremblement de terre a ébranlé le Japon, et que le tsunami le succédant dévaste le pays. A ce moment, Fukushima ne trouve pas de solution pour refroidir ses réacteurs, et tout la terre a les yeux rivés sur ce qui se passe sur le pays du soleil levant.
Moi, je suis juste à côté. J'ai passé donc la même semaine à moins de 1000 km de toute cette catastrophe à me balader et à m'occuper d'une orangeraie. Si j'en crois les informations coréennes, le pays est safe, et si j'écoute mes parents, il faut absolument que je dégage illico presto de l'Asie, sinon je vais me retrouver avec un cancer dans moins de dix ans ou un super pouvoir. Même si cette dernière idée me paraît sympathique, je prends donc la décision de rentrer au plus vite sur la péninsule coréenne et me prépare à décoller en cas d'explosion au Japon.

C'est dans ces conditions que je décide de retourner à Busan : Guillem et ses amis sont tous aussi inquiets de l'autre côté de la mer, et comme le billet d'avion pour Busan est divisé par deux par rapport à celui pour Seoul, je décide de retourner dans l'agréable ville balnéaire.
J'ai un billet pour le vendredi, mais vu la situation, je décide de tenter d'aller à l'aéroport pour directement changer mon billet. Je m'attends à galérer des heures, ne pas être comprise, et devoir payer le double de ce que j'ai déjà payé sur internet pour réussir mon changement. Après deux bus pour aller à la l'aéroport, j'arrive devant le kiosque de ma compagnie, mon interlocutrice parle parfaitement anglais. Je lui parle de ma réservation, lui montre mon passeport. Elle confirme qu'elle a bien un billet pour moi pour le lendemain. Je lui fais un grand sourire, et lui demande si je peux le changer pour aujourd'hui. Elle me sort les différentes horaires, et je décide de prendre le vol le plus tôt. En trois minutes, elle me tend un ticket de caisse qui est l'équivalent de mon billet. Je n'ai rien eu à payer en plus.
Je me dirige vers la porte d'embarquement, et réalise que je ne peux pas mettre mon bagage en soute. Lorsque celui-ci passe plusieurs fois au détecteur de métaux, je suis obligée de sortir un à un ciseaux, couteau-suisse, couteau pour déjeuner. J'aurais pu détourné trois avions avec tout ce matos. Ils me mettent tout ça dans un petit sac en plastique que les hôtesses me rendront à la fin de mon vol. Il ne faut pas rêver, une fois sortie de l'avion, il ne m'est jamais venu à l'idée de les récupérer.
Après mon vol, j'arrive à l'aéroport, tout est quasiment trop simple, je demande mes informations et on m'explique comment prendre un bus qui m'amènera directement là où je désir. J'aime la Corée pour son efficacité et sa simplicité de déplacement... J'arrive donc à l'appartement de Guillem avant 2h de l'après midi alors que je suis partie en bus vers 8h30 le même matin de ma ferme. C'est quand même plus simple que 12h de ferry.

Ma première soirée à Busan est d'une étrangeté sans pareil. Me retrouvant dans un univers de mecs Erasmus, je me retrouve à ce qui doit être l'équivalent d'une soirée normale pour eux. Nous sommes également le soir de la Saint Patrick, ce qui est une excellente raison pour des étudiants de picoler un peu trop une veille de journée de cours. Oui, bon je dis ça comme si j'étais loin de cette période estudiantine où en fait il n'y a pas vraiment de bonne ou de mauvaise raison pour se la coller une veille de cours...
Fêter la Saint Patrick avec des espagnols, un australien et en plus accompagnée par trois ou quatre coréennes, il n'y a pas dire, c'est là encore une expérience étrange du voyage. Je suis la seule à vouloir absolument boire de la bière. Pour les autres, et particulièrement Luke, australien qui a ramené toute la ribambelle de jolies coréennes, il suffit de boire du soju au Kiwi, donc vert, et c'est comme si on fêtait la Saint Patrick.
Je passe donc ma soirée à scrupuleusement rien comprendre à ce qui se passe autour de moi, mais je comprends tout de même que c'est la manière de pécho des coréennes. On fait des jeux à boire stupides car il demande de la coordination de mouvement, et la petite salle où on est, est bien trop étroite pour cela et je renverse systématiquement mes verres sur mes genoux. Cela prend aussi la forme de chansons, de rythmes étranges que je mettrais sur le coté kitch des coréens. Les jeunes femmes ont environs 25 ans, tout le monde s'extasie sur le faite qu'elles est l'air si jeunes... J'avoue que j'aurais beauocup plus imaginer du 17-18 ans pour les demoiselles... Un peu par jalousie, je me dis que ça doit être surement dû au botox et au fait que les asiatiques font systèmatiquement 10 ans de moins que leurs ages. Les coréennes ne boivent pas beaucoup. En règle générale, c'est pour éviter de rougir.
Au bout d'un moment, nous décidons de laisser Luke faire son coq tout seul et rentrons se coucher.

Pour ma deuxième journée à Busan, je traverse la ville à pied. Je me retrouve face à des monstres d'architectures coréennes. Lorsqu'enfin j'arrive à une bouche de métro, mon esprit est vide tellement j'ai passé dans des endroits étranges. Immenses ponts, énormes buildings, petites ruelles, algues qui sèches au milieu des routes près du port. Je n'ai pas de sentiment d'étouffement, mais de dépassement. Le pays continue à d'industrialiser, à construire de manière titanesque... Le pays est déjà si petit, et la nature à tellement peut à offrir autour des villes. J'éprouve une sorte de tristesse contre cette rapidité à transformer ce paysage. Le seul reste de nature est les montagnes, les collines, qui même au milieu des villes, sont toujours respectées et avec peu d'habitations excepté temples et tours...

Le ciel petit à petit se voile. Nous avons donc une nouvelle blague « We are going to have some acid rain ». Et sans aucune gêne, mes compagnons catalans, Carles et Guillem, n'hésitent pas une seconde à expliquer ça aux coréens... Je lis la plupart du temps de l'incompréhension dans leurs regards, et je m'amuse à voir les explications sans queue ni tête des espagnols.
Ce vendredi soir, nous allons en boite, où Megan, une canadienne, nous fait rentrer gratuitement car un compagnon à elle est DJ. Pour la première fois depuis que je suis en Asie, et soyons fou, même depuis la Nouvelle Zélande, j'entends de la bonne musique en boite. C'est à dire que ce n'est pas Lady Gaga, PapaAmericano ou autres daubasses de pop musique légèrement remixées.

Samedi 19 mars, je prends la décision de rentrer en France. L'état reste alarmant au Japon. Les fuites sont là. Le cancer est une idée qui m'enchante moyennement. J'ai toujours préféré l'idée d'une cirrhose à l'idée d'avoir des cellules anarchistes à l'intérieur de mon petit corps. Je rentrerais dimanche à Séoul, j'irais à l'aéroport pour prendre un billet d'avion car la sécurité de ma carte VISA à la con m'empêche de prendre un ticket sur internet car ils m'envoient un SMS avec un code sur mon portable et je n'ai malheureusement pas d'accès à mon téléphone en Corée. C'est sur cette idée de départ que je passe ma dernière soirée à Busan. Je salue tout le monde, et on boit du vin de France, Espagne et Argentine. On s'endort en regardant Larry Flint. Je n'ai pas vraiment de souvenir de la fin, mais je peux dire avec presque certitude que je n'aime pas vraiment ce film.

Le lendemain, je pars donc pour Seoul. Je galère à prendre le métro pour me retrouver à la gare routière de Busan. Sur place je déguste de la « street food » qui se résume à être de la viande en broche très grasse et délicieuse avec une imitation de moutarde dessus. Je monte ensuite dans mon bus. Je somnole à l'intérieur, les heures passent assez rapidement, et au bout de cinq heures, me voilà de nouveau dans Séoul. Quand je sors, le ciel est radieux. J'avais quitté Busan sous la pluie... Je galère de nouveau avec le métro pour retrouver ma Guesthouse favorite, le Yellow Submarine, et lorsque j'arrive, je réalise, en même temps que je laisse mon sac dans ma chambre, que je ne me vois pas le lendemain décoller pour la France. J'ai encore trop de chose à faire avant de partir, des rendez-vous, de la nourriture à gouter... Et ce putain de réacteur commence enfin à refroidir.

Je me balade dans ce qui est maintenant « mon quartier » à Seoul, Hongdae. Je tente désespérément d'appeler mon père pour lui annoncer la nouvelle. J'arrive enfin à l'avoir et sa réponse est simple : « Tiens toi à partir en 24h, on ne sait jamais ». Pas de soucis, c'est ce que je comptais faire maintenant, je peux le faire dans deux jours ou dix. Je reviens à ma Guesthouse, préviens Hyeong, le manager que je ne sais pas jusqu'à quand je reste. Il rigole.

Pour fêter mes deux nouvelles semaines en Corée du Sud, je prends un verre avec trois américains et deux français (dont un qui travaille dans un sous-marin). Je suis tellement contente que j'approuve l'idée idiote d'acheter une bouteille de vodka et au final, je suis complétement bourrée avant minuit. Chose utile, mon esprit ivre a eu l'initiative de faire ma machine à laver en rentrant. Choi, l'autre manager, c'est bien marré en me voyant faire, moi par contre je n'ai pas vraiment de souvenir de cette rencontre...

Je commence donc mon nouveau séjour à Séoul avec une bonne gueule de bois.

mardi 29 mars 2011

Immersion coréenne : Jeju


Je monte sur les escaliers en bois qui donnent sur le ferry. Je récite sans fin les deux seuls mots que je connais en coréens, « Annyon Asayo », bonjour, et « Kamsi Amnida », merci. Je pénètre dans ce qui est le dortoir pour 35 personnes pour le trajet de nuit. L'endroit est petit, mais je peux imaginer que coucher, on peut tenir nombreux. C'est à la coréenne : un plancher chauffant recouvert d'une moquette sur laquelle on dort à même le sol. Seul confort, une sorte d'oreiller qui est en fait un cube recouvert d'un faux cuir.

Lorsque j'arrive, il y a une seule personne dans le dortoir : un jeune homme qui doit être en permission de son service militaire. Il a tout l'attirail : uniforme, sac informe, bottes montantes noires et le crâne rasé. Un couple de cycliste, toujours avec leurs casques à vélo sur le crâne rentre. La femme me prend d'affection ou de pitié et ils s'installent à côté de moi. Petit à petit, la salle se remplit. Beaucoup d'hommes, environs la quarantaine (ils doivent surement friser la cinquantaine vu que les coréens font toujours plus jeunes) et une grand-mère magnifique. Elle est comme les grands mères coréennes que j'aime : elle est toute petite, asexuée et dotée d'un fort caractère. Les gens ne s'intéressent pas à moi au début. Je fais un rapide somme.
Lorsque je me réveille, tout le monde entoure des papiers journaux posés par terre. Toujours ensuquée, je les regarde plus attentivement, et je vois de nombreux plats et du soju posés dessus. L'un d'entre eux réalisent que je suis levée, et me demande de se joindre à eux. Ce qui pour mon faible niveau de coréen, est de grands gestes dans la direction du « pique-nique ». Je ne réfléchis pas trop, je n'ai pas mangé, je me joins à eux. Ils me servent abondamment, et je Kamsi Amnida tout le monde. J'essaye de griffonner sur un morceau de papier ce que je vais faire à Jeju : le tour de l'île et du wwoofing. Je ne saurais jamais s'ils ont compris, mais en tout cas ça a eu l'air de les impressionner.
L'alcool les rend un peu plus entreprenant, les messieurs prennent en photo le militaire en ma compagnie. C'est leur souvenir du ferry. Je sors alors mon appareil photo, et au moins j'aurais moi aussi la possibilité de les mettre sur mon Facebook.
Au bout d'un moment, je suis de nouveau fatiguée, je vais me coucher. Sauf que j'ai beau essayer, de toute la nuit, je ne trouverais pas le sommeil.

A 6h, le couple réveille tout le monde, moi cela faisait déjà quelques minutes que j'étais debout entrain de me dire que je vais mourir tellement j'ai peu dormi.
Je remercie tout le monde et je dis au revoir aux gens du bateau.

Lorsque je suis dans le Ferry Terminal, je check mes mails, et je me rends compte que je n'ai toujours pas de réponse de mon hôte pour le wwoofing. Je suis surprise, et je décide d'attendre 8h30, l'ouverture du bureau de wwoofing à Seoul. Je suis heureuse parce que je trouve un ordinateur avec internet, sur lequel je traine jusqu'à ce qu'enfin l'heure arrive. Lorsque j'ai Jade, la responsable au téléphone, elle est surprise et contact mon hôte. Celui ci a bien reçu mes textos envoyés la veille, mais il ne parle pas anglais, enfin très légèrement, donc n'a pas pu me répondre dans ma langue. Il me conseille, via Jade, de me rendre directement à Seogwipo, ville au sud de Jeju, et lorsque j'y suis de le bipper afin qu'il m'y récupère.

Je trouve le bus plus ou moins aisément, et lorsque, enfin, j'arrive, je bippe mon hôte. Après dix minutes à attendre au terminal de bus, je vois une énorme silhouette sortir d'un 4x4 camion et me faire des grands signes. Je me précipite, encombrée par mes lourds sacs vers lui. Il attrappe mon sac de randonnée et est surpris par le poids.
« Poouf ? Poof' in? ». Après quelques minutes à le dévisager, je réalise que l'homme essaye de m demander si je suis bien du Wwoofing. Je réponds par mon pauvre coréens « Yéyé, Néné ». Il me fait rentrer dans son camion, et un long blanc s'installe. Il se gare en face de ce qui semble être une mutuelle agricole, une poste ou bien une banque et me fait sortir. Il tente de m'expliquer ce que l'on fait, et je comprends simplement que nous allons déjeuner à un moment ou un autre.
A l'intérieur, je me suis dévisagée par toutes personnes présentes dans la boutique. Je dis que je viens de France, Paris. Au moins, je suis sûre qu'ils connaissent. Des « hum » d'admirations et surement de rêveries retentissent. Ils m'offrent des oranges, nommées « Hallabong » à Jeju, c'est le seul endroit où l'on trouve ce type d'orange. Je regrette amèrement de mettre gaver de sucreries dans le bus, et je mange devant les regards inquisiteurs les oranges.
Lors de mes premières bouchés, je regarde l'assemblée, je lève mon pouce et dis « Good, good Hallabong », les réactions sont vives et ravies, et j'en profite pour laisser mon autre moitié d'hallabong dans ma poche pour la finir plus tard.
Après avoir attendu je ne sais pas vraiment quoi, nous nous en allons vers un restaurant où l'on me serre une soupe de kimsi (chou pimenté). Je n'ai vraiment plus du tout faim, et me force à essayer de tout manger. Je réalise à un moment qu'on attend que j'ai finis, je me touche le ventre pour montrer que je ne peux plus rien avaler, et on retourne à la mutuelle.

Ils me présentent un jeune homme, trois fois plus timide que moi, et sous la directive des vieux, il me pose questions sur ma raison sur ma venue. Je réponds avec sympathie et bienveillance. Mais au fond, je suis surprise. Un moment, trop gêné ou peut être que le jeune homme devait simplement retourner au travail, il me salue et s'en va.
Kim, mon hôte, me demande, je comprends après plusieurs signes, ma carte de Wwoofing. Je me rends compte de mon impair, même si je suis la seule blanche qui était au terminal de bus, je n'ai jamais prouvé ma bonne fois en montrant par l'acte le plus asiatique du monde : ma carte. Je commence à me sentir faiblir devant la pression et mon erreur, et je cherche frénétiquement dans mes affaires la carte. Je sors tout mes documents de Wwoofer, mais impossible de mettre la main dessus cette foutue carte. Je panique, et je commence à avoir les larmes qui me montent aux yeux et au moment où les hommes qui m'entourent, réalisent que je suis en train de craquer, Kim m'arrête en me disant « Okay, Okay ». Trop tard, les larmes commencent a dégouliné sur mes petites joues, et j'ai juste envie de disparaître. Je n'ai pas dormi de toute ma nuit, et je n'ai pas envie de travailler dans une ferme si le mec de celle-ci est parano.

Les choses se passent très vite ensuite. Nous quittons la mutuelle, et dans la voiture, Kim me dit qu'il me laisse en ville, et qu'il repassera à 6h pour me récupérer. Je crois que je suis libre. Mais il me fait comprendre qu'il garde mon sac. Je suis inquiète, paranoïaque, et j'ai encore des gros sanglots qui m'étranglent. Je m'échappe du camion, ou plutôt il me dépose. Je me dirige droit devant. J'arrive à un banc qui donne au bord de la mer, c'est beau et le temps est radieux. Je me calme et me balade autour de la ville. Je suis fatiguée et décide de me poser dans le Dunkin Donuts que j'ai vu pas trop loin de la gare. En faisant demi tour vers la ville, je réalise que je suis complétement perdue. Je déambule un peu, regarde ma carte, et au bout d'un moment revient en fin sur mes pas.
Il y a un truc que je déteste en Corée, c'est que les feux rouges sont trop longs et je ne comprends pas les manières brutales des gens. Après ma marche, j'ai décidé de ne pas faire de Wwoofing, de faire comprendre à Kim, que s'il n'a pas besoin de moi, s'il est inquiet, et qu'il n'a pas confiance, je ne vais pas rester. Je mange des trucs très gras et bois un thé vert latté très sucré.
Mon esprit se calme, je me dis que c'est un peu nul de partir sans avoir essayer. Je réalise que le plus simple est de voir sa réaction, que ça déprendra de lui, mais que s'il n'a pas besoin de moi, j'en serais pas mécontente.

Lorsqu'enfin je le retrouve, il n'a pas plus le même camion. Mon sac n'est pas à l'intérieur. Il me mime entrain de pleureur, ce que à quoi je rigole, et lui explique que je suis fatiguée. Il me dit que l'on va diner. J'ai toujours le thé latté et les donuts dans l'estomac. On dine tout les deux dans un restaurant barbecue typique, et les gens ne prennent pas le temps de noter que je suis blanche tellement je ne suis pas à ma place et que les coréens sont respectueux. Je galère à mettre et enlever mes chaussures pour m'assoir autour de la table assise au sol. Je regarde comment mange Kim, et il m'explique comment correctement manger mes petites bouchées de viande. Il rigole parce que je galère à mettre tout dans ma bouge et par rapport au fait que j'adore l'ail. L'atmosphère se détend, et mon ventre au contraire est prêt à exploser.

Il m'amène enfin dans la ferme. Il gare sa voiture entre deux énormes serres, et ce qui pourrait être l'évolution de la grange, une sorte de bâtiments en pré-fabriquer. Lorsque je rentre à l'intérieur, je suis surprise par le froid humide qui glace l'endroit. Il m'explique le fonctionnement de mon lit chauffant, de mon chauffage d'appoint, et me montre l'ordinateur. J'ai quasiment mon petit appartement à moi toute seule. Après deux semaine de dortoirs, je suis contente! Enfin, le lit n'est un vrai matelas, mais une couverture chauffante sur une planche. A la coréenne. Je me dis que ça ne sera pas mal pour mon dos. Il m'explique que pour quatre jours de travail, j'ai le droit à trois jours de détentes. Il me dit que par exemple je peux aller à Seogwipo, Jangam, la ville à côté, au mont Hallasan et au gros cratère dans la mer. Lorsque Jade m'avait parlé des contraintes de mon hôte, elle m'avait dit qu'il préférait que je reste dix jours. J'avais approuvé. Il semblerait que suite à notre premier entretien, il est changé d'avis. Je ne suis pas déçue de rester moins de temps et au final je lui tends ma carte de Wwoofer. Il rigole.
Le seul truc sur lequel je suis un peu déçue, c'est que malgré que le lendemain soit une journée de visite, je dois être debout pour 8h.

Le lendemain, Kim me dépose après un petit déjeuner composé de riz, soupe de poissons et autres aliments épicés et étonnants pour un petit déjeuner, à la station de bus pas très loin de la ferme. Il me prévient qu'il me récupérera à 18h à la station de bus. J'attends bien une demi heure sans voir aucun bus débouler sur la route, et c'est un fermier, dans un 4x4 similaire à celui de Kim, qui me propose de me déposer. Je suis heureusement surprise car je sais que normalement les coréens ne prennent jamais en stop. Je galère naturellement à comprendre les questions de mon conducteur, mais au final il me dépose exactement là où je voulais arriver et il semblait très heureux quand je lui dis que j'étais « Fransseux », équivalent coréen de française.

Je me promène dans la ville de Jungang, à l'ouest de Seogwipo. Je profite du soleil sur les plages, profite pour manger des hallabong, et finalement atterrie au musée des Teddy Bears. Après de longues minutes d'hésitations, je prends mon courage à deux mains et décide de supporter le musée le plus kitch de ma vie. Lorsque je pénètre à l'intérieur, je suis surprise de l'ironie et de l'auto-dérision qu'à la musée sur lui même et je passe un bon moment. Mes automates préférés sont ceux des ours polaires qui regardent les ours sur le Titanic qui va bientôt percuter l'iceberg.
Je retourne ensuite à Seogwipo, je me balade autour du port, je suis fascinée par les étranges lumières sur les bateaux et je visite une galerie d'un artiste qui semble intéressant mais dont la galerie est si pauvre en œuvres que s'en est frustrant. Celui se nomme Lee Jung Seop . Je termine ma journée avec un petit thé vert latté au Dunkin Donuts et j'évite de prendre des sucreries en prévoyance d'un diner assez copieux.

Le lendemain, je commence ma première journée de travail. Je rencontre par la même occasion la femme du fermier, et avec elle, je m'occupe lors de la matinée, pendant que Kim s'occupe des livraisons de ramasser les branches qui sont tombées après que les arbres ont été coupé. Elle est gentille et a un anglais un peu plus fourni que Kim, ce qui me permet de comprendre qu'elle a deux fils, l'un à l'université, l'autre à l'armée.
Nous nous arrêtons dans notre besogne car deux familles débarquent pour acheter directement à la ferme les oranges. Je suis très rapidement surprise par le côté snob de ces gens qui semblent être là pour les vacances. Je remarque également que je suis un faire valoir pour la fermière. Le groupe vient de Séoul, et me salue gentiment mais sans plus d'intérêt. Je mets ce manque de sympathie sur le fait qu'ils semblent avoir un anglais très pauvre.

L'après midi, nous nous remettons au travail avec ce qui va être mon activité les trois journées suivantes : la destruction des branches. En gros, il faut pousser une sorte de grosse machine, presque un tracteur, dans lequel on met les branches qui se font laminées en quelques secondes et se transforment en copeaux de bois. C'est un boulot assez épuisant, mais je suis ravie de faire une activité un peu physique.
Ma deuxième journée est similaire à la première. Cependant comme je suis trop efficace à la destruction des branches, je ne travaille plus qu'avec Kim et sa femme s'occupe des livraisons.

Lors de ma deuxième journée de congé, je vais à Seongsan. C'est une avancée de terre dans la mer faite par une projection de lave du volcan qui se trouve au milieu de l'île. En gros c'est un gros cratère. Le lieu est rempli de touristes, et la montée qui me semblait longue me prend vingt minutes. Arrivée en haut, le lieu est frustrant. C'est toujours l'hiver, donc il est recouvert par de l'herbe sèche jaune que je vois depuis le début de mon séjour en Corée. Je redescend rapidement et me balade autour de la ville, du port. Je fais quasiment tout à pied, et j'ai énormément de plaisir à voir pour la première fois que je suis en Corée du Sud, un signe du printemps : des petites fleurs jaunes colorent un peu le paysage.

Malgré mon plaisir à me balader, j'ai un nouveau problème qui s'est introduit dans ma vie. Deux jours après mon arrivée à sur l'île, ma mère m'a téléphoné pour la troisième fois depuis mon arrivée sur l'île. Je commence par lui dire « Ho, tu flippes vraiment d'avoir ta petite fille perdue sur une île coréenne ». Lorsque j'entends sa voix, je comprends que quelque chose de grave est arrivé : « Tu ne sais pas ?... Le Japon a eu un gros tremblement de terre, tu n'as rien senti ? ». Je lui avoue que non, et réalise que pas très loin de ma jolie île, il y a des gens en train de mourir et je ne sais rien de tout cela. Pendant tout le reste de mon séjours à Jeju, je suivrais très inquiète les différents événements du Japon. Particulièrement quand la centrale de Fukushima commence à avoir ses fuites.

Ma dernière journée de repos, je l'ai passé à escalader le mont Hallasan, au grand damne de ma mère, puisque un volcan pas très loin s'est réveillé au Japon. Je n'atteins pas le sommet, mais arrive malgré tout à un cratère. La route était un peu trop enneigée, et malgré mes supers Timberlands au pied, je ne suis pas assez équipée pour gravir toute la montagne. C'est d'ailleurs ce que me font remarquer la majorité des coréens que je croise quand ils regardent mon équipement. Tout le monde est très gentil avec moi, et je suis prise en photo par des coréens sur mon cratère.
Le comble de cette petite marche est qu'heureusement je n'ai pas essayé de monter jusqu'en haut, car prévoyante comme je suis je n'ai pas du tout penser à acheter de sandwich pour une pause déjeuner. Je me nourris donc tout au long du trajet d'hallabongs offertes pas mes hôtes avant mon départ.

Lors de mes derniers jours de travaux dans les champs, la destruction des branches continues. Je me rends compte que le travail me fatigue beaucoup, et petit à petit, le fait de n'avoir que mes parents au téléphone comme interlocuteurs par rapport à ce qui se passe au Japon, je commence à me dire que je dois rentrer plus rapidement que je ne le pense en France. En fait, je commence à flipper.
J'attends ma dernière soirée comme une libération, et je galère à changer mon billet d'avion pour rentrer sur la péninsule sur internet. Je me dis que dans tous les cas j'irais à l'aéroport voir si je ne peux pas le changer directement.





Kim me fait une surprise, après ma dernière journée de travail, il m'offre une séance au
jimjilibang. Qu'est ce que c'est ? C'est l'équivalent du sauna, de l'hammam version coréen. Une fois rentré dedans, on peut y rester autant de temps qu'on y veut, et les voyageurs fauchés logent souvent dans ce genre d'endroit ouvert 24h/24. Avant de me dire qu'il faut que je quitte Jeju pour des raisons nucléaires, j'avais grandement envie de passer ma dernière nuit sur l'île dans ce lieu étrange. Je suis donc ravie de pouvoir tenter cette expérience avant mon départ.
Lorsque je fais mes premiers pas dans le jimjilibang, je réalise que je comprends rien à tout ce qui m'entoure, et les femmes déjà à l'intérieur me jettent des regards suspicieux. Je comprends, je suis l'unique personne blanche, rien est en anglais, et surtout, toutes les femmes sont à poils. Je prends mon courage à deux mains. J'essaye de faire rentrer toutes mes affaires dans le casier à chaussures, et heureusement, une des personnes qui s'occupent du lieu, me montre qu'il y a un autre casier pour les vêtements. Après de longs moments d'hésitations, je me retrouve toute nue en face de toutes les coréennes, nues également. N'imaginez rien de très sexy ou exotique. La majorité des clientes sont des femmes assez âgées, et je sens que mon corps blanc (et un peu plus velu faute de désir d'entretien de ma pilosité) est pour elles plus intéressant. Je guette discrètement, pour ne pas passer pour une voyeuse ce que font les femmes. Je prends d'abord une douche assise devant un miroir. Je passe ensuite dans les différents bains bouillants pour m'installer pendant bien une demi-heure dans le jacuzzi. Après une semaine à m'être pelée les fesses dans ma petite salle de bain ultra-humide, je suis ravie de me retrouver au chaud. Je passe ensuite par les saunas sec et humide et je termine par un gros gommage.
Je vois toutes les femmes se passer mille produits dans les cheveux, sur le corps. Je suis un peu blasée car manque d'information, je n'ai rien amené de tout ça. Je vois au dessus d'un rebord un énorme shampoing. Je guette si personne ne me regarde, m'en met un peu sur les mains et me le balance sur les cheveux et un peu sur le visage.
Horreur ! Un quart de seconde après, je regrette mon geste. Je reconnais l'odeur prononcé de la piscine municipale sur ma peau et réalise que je viens de me balancer de la javel sur la gueule. Je baisse la température de l'eau, et je passe de longues minutes à rincer mon visage à l'eau claire en espérant ne pas avoir été capté par des coréennes. Je les imagine de longues années après ma venue se foutre de la gueule de l'Américaine (tous les étrangers pour les coréens sont américains) qui s'est nettoyée avec du détergent.
Je ressors donc bien plus propre que je ne l'espérer du jimjilibang.

Ma dernière soirée avec mes hôtes est agréable, nous allons au restaurant avec des amis à eux, et nous dinons dans un restaurant coréen où l'on mange comme cinq. Ils me font comprendre qu'ils sont très contents de moi parce je suis forte et je les remercie pour leur accueil.

Le dernier jour arrive enfin, et je commence ma course pour quitter la Corée du Sud.

mardi 15 mars 2011

Petit séjour à Busan

Se lever à 6h30 un dimanche matin n'est jamais facile. D'autant plus quand on n'a pas fermé l'œil de la nuit pour cause de café à 21h. Je ne sais pas comment les coréens peuvent boire de la caféine si tard, mais je me promets que c'est la dernière fois.

Je prends donc le bus gratuit en direction de Busan. Lorsque le bus démarre, on a droit à une charmante vidéo avec une jolie actrice coréenne qui parle de la ville d'où elle vient. « J'espère que Busan deviendra une des premières destinations mondiales de vacances ». Hahaha. Je me marre, en pensant que la Corée n'est déjà pas vraiment une destination de vacances, alors pour que la deuxième ville du pays récupère un peu plus de prestige et de tourisme pour devenir une destination internationale, il y a un gros boulot...
Je dors ensuite pendant tout le trajet.

Quand j'arrive, je contact Guillem qui me donne des indications pour arriver près de chez lui. J'attends une bonne demi-heure qui se ramène au rendez-vous fixé, et je profite de ce temps perdu qui m'aurait exaspéré si j'avais été à Paris pour boire un café en terrasse dans le campus universitaire.
Comme je suis complétement à la masse et très fatiguée, j'oublie mon porte monnaie sur le comptoir, vais pisser en même temps et fume tranquillement une cigarette qui me dégoute au bout de deux lattes. Le vendeur arrive en panique avec mon porte monnaie, je le remercie vivement et me dis que je suis chanceuse de l'avoir oublié une seule fois dans le pays le plus safe du monde. Je pense que même en Nouvelle Zélande, ça ne serait pas passé... Vive Confucius !

Le père Guillem arrive enfin, et on va manger un plat dont il me parlait régulièrement à Séoul : du riz-poulet-fromage. Le tout cuit devant toi pendant dix minutes, histoire que tu ais bien les crocs, et ensuite tout le monde se sert dans la poêle. Je rencontre un très bon ami à mon camarade, Carles, un jeune homme de 25 ans, catalan également, qui, sur le chemin du resto me dit qu'avant déjeuner, il a besoin d'allumer un cierge. Pas de problème, c'est un peu bizarre mais je les suis et ne tente de ne pas avoir de jugement hâtif. Arrivés devant l'église, les jeunes la contournent et je réalise que pas une seconde ils n'avaient l'intention de rentrer dedans... Mais qui voulaient simplement prendre un raccourci le parvis de l'église. Il faut que j'arrête d'avoir des préjugés étranges comme « les espagnols sont très chrétiens ».
Je suis un peu déçue par le résultat final du plat, mais j'avoue que j'étais contente d'avoir un peu de fromage à me mettre sous la dent. Il ne faut pas rêver, c'est un fromage sans goût et avec une texture légèrement coulante... Je suis toujours dans le besoin excessif d'avoir un vrai diner pain / fromage / vin arrivée à Paris !

En fin d'après midi, Guillem me montre l'énorme marché aux poissons de Busan. Pour raconter vite fait l'histoire de la ville, c'est un des plus grands ports de l'Asie, au sud est de la Corée. Il y fait toujours beau, et la ville souffre un peu du syndrome de la deuxième grande ville (comme pour Marseille/Lyon ou Cracovie). En gros, ses habitants la trouvent mieux que Séoul, et elle est plus agréable à vivre, mais ce n'est pas Séoul... C'est mon excitant, plus petit, et à pars un festival de cinéma par an... Ce n'est pas là où les choses se font.
Retournons donc, à nos poissons, on se balade autour des étalages, qui sont en fait des aquariums. Tu choisis ton poisson tout frétillant vivant, et ensuite tu as le droit de le voir se faire ouvrir, décapiter, enlever les écailles pour qu'il ne devienne que ce que tu vas avoir le droit de te mettre sous la dent. L'acte n'est pas vraiment monstrueux quand tu y assistes, puisque la plupart du temps, tu penses plus au résultat, c'est à dire ton diner, qu'au petit poisson tout content d'être en vie il y a une minute.
Comme nous ne savons pas quoi choisir, on décide de diner dans un des petits restaurants-stands près de la mer, celui qui est le plus glauque. On paye un peu cher, me le poisson est tendre, pas trop fort, et les différentes sauces, le wasabi et une un peu pimentée, les feuilles de salades... Tout ce petites choses font que c'est un régal. Je continue donc de m'émerveiller pour la cuisine coréenne.

En sortant du restaurant, on se fait remarquer par un drôle de couple de musiciens-danseurs. L'un chante au microphone des chansons traditionnels l'autre fait une drôle de danse avec un déguisement étrange. Ils essayent d'attirer notre attention, mais j'avoue que nous avons un peu flippé en les voyant.

Nous nous baladons ensuite autour de la plage principale de Busan. Elle a de nombreuses statues, des installations qui transforment la plage en musée. Je retrouve une œuvre de mon cher Nam June Paik, et la majorité des installations sont surtout des jeux de lumière qui peuvent être discutables d'un point de vue artistique, mais assez interactifs pour les passants.
Guillem me raconte que les coréens sont de piètres nageurs : lorsque le temps est plus clément à la possibilité de se tremper, les gens se baignent avec des espèces de bouées. Un ami à lui coréen lui disait en nageant qu'il ne comprenait pas pourquoi les coréens n'apprennent pas mieux à nager. Mais que lui savait nager. Lorsque Guillem le vit brasser l'eau plus comme un chien qu'effectuer une vraie brasse, il a préféré ramener son ami près de la plage.
On traverse finalement la ville à pied, et on passe à travers ces barres d'immeubles similaires aux une des autres, où seuls les numéros inscrits dessus les différencient. Lorsque j'étais sortie de Séoul avec Woong, j'avais déjà vu ce spectacle. Juste des immeubles résidentiels à perte de vue, qui me rappelle l'architecture autour de Varsovie, mais qui, en Pologne, au moins avait le charme de venir d'un autre temps, d'une autre histoire. Le charme est absent de ces constructions, mais nous ramène à ce qu'est véritablement la Corée du Sud un pays développé jeune. Tous les gens qui travaillent dans les villes ont eu besoin d'un logement, et l'état, les constructeurs, je ne sais pas qui, en fait, à pris la solution la plus simple : la barre. Mon ami coréen m'a demandé si à Paris, c'était comme à New York, si on gardait les structures des vieux immeubles pour les refaire à neuf ? Je lui ai répondu par l'affirmatif. Il m'expliquait qu'il ne comprenait pas, que c'était bien plus simple de démolir. A ce moment précis, j'ai eu un petit pincement au cœur en pansant à tous les immeubles des temps passés qui ont du être détruits par cet état d'esprit...

Le lendemain, je me réveille à 13h.
Je retrouve Guillem qui avait cours le matin, et on va dans un autre quartier de Busan, Haeundae, avec également un marché aux poissons, mais encore plus grand ! C'est à dire que c'est un gros immeuble avec plusieurs étages... On regarde un peu les poissons, puis on se balade dans les petites ruelles autour où il y a mille choses différentes à vendre de façon ordonnée par d'étranges démarcations. Par exemple tu as la rue du luminaire, celle des oreillers, des fripes, des outils à cuisine.

Le soir, on se fait un barbecue avec plusieurs amis de l'université de Guillem et la mère d'un d'eux. Ils sont donc majoritairement espagnols, mais celui dont la maman nous accompagne au restaurant, est australien. Ce dernier, gêné par la présence maternelle, décide d'augmenter relativement vite son taux d'alcoolémie. Je m'occupe de servir les verres parce que depuis que je suis en Corée, je suis très serviable pour ce genre d'activité, et j'ai toujours l'impression d'être sexy comme les nénettes dans les films historiques asiatiques qui servent le thé. Bon, pour le restaurant, ce n'est pas de l'eau avec des feuilles mais un mélange de bière et soju. Puis comme je sers, j'en profite pour picoler avec l'australien et on met en douce du soju dans le verre de sa mère.

Ensuite nous allons dans un bar qui s'appelle un truc du genre « Thursday night ».
Pour pouvoir avoir des bières gratuitement, Carles et Guillem ont une mauvaise habitude : ils vont voir les coréens qui jouent, soit au babyfoot soir au billard, et proposent de faire des parties avec des bières offertes pour les vainqueurs par les vaincus. Je trouve ça assez horrible parce que comme la majorité des asiatiques, les coréens sont très joueurs, et je trouve que c'est terrible d'user avec les petites faiblesses des gens. D'autant que les deux espagnols gagnent souvent.
Ils gagnent ainsi leurs premiers verres dans le bar.

J'en profite pour rencontrer Luke, l'australien et Sergi, un autre espagnol. Ils sont délicieusement intéressants, tout les deux étrangement intéressés par l'Asie (je pense que ça tient surtout aux jolies filles).
Au bout d'un moment, je me décide à rejoindre Guillem qui tente de convaincre un couple de coréen de jouer contre eux. Comme il y a une fille, je décide de participer et de prendre la place de Carles à cette partie de babyfoot pour que ça soit plus équilibrer. Nous jouons donc avec Guillem pendant 10 minutes, et nous leurs mettons tout simplement leur raclé. Je suis un peu triste pour eux et ils nous proposent une revanche aux fléchettes. Nos deux premières sont servies. Lorsque la jeune femme commence à tirer, on réalise qu'elle est vraiment douée.
Mais la vie est injuste, et je me retrouve, grâce à ma chance, à marquer de nombreux gros points. On les éclates à nouveau. Ils nous demandent de faire une dernière partie, parce qu'ils se rendent bien compte que la chance était contre eux, et Guillem propose de rejouer des bières. Ils acceptent.
Au bout de deux coups, on les maitrise, et le jeu en est presque triste de voir à quel point on les défonce. La nénette est assez énervée, et finalement part s'en nous payer nos coups. Guillem est en colère contre elle et me reproche d'avoir été trop gentille, en disant que c'était pas nécessaire de payer les bières au moment de la victoire...
Mais on est content d'avoir eu autant de chance, surtout Guillem qui s'attendait pas à me voir aussi talentueuse. Au final, cela se termine plutôt bien parce que je réalise dans un moment d'ébriété que comme je ne paye pas de chambre vu que je suis logée chez Guillem, je peux nous offrir des verres. Et puis j'ai sauvé mon karma en évitant d'abuser des faiblesses des gens.

Le lendemain matin, Guillem se lève pour aller en cours et moi je reste à refaire mon sac. Je déteste ce moment où j'essaye de faire tout tenir dedans et le fait de savoir que je vais devoir galérer à le remettre sur mon dos.

On fait le marché près de chez lui. Nous achetons des palourdes et de quoi faire une tortilla. On cuisine avec de la musique espagnole à fond et je suis totalement dépaysée : cuisiner de la bouffe hispanique en Corée, c'est une autre façon étrange de voyager.

Le jeune homme regagne son université, et après mettre achetée un pantalon de randonnée, je me perds dans les ruelles près de chez lui. Je tourne bien pendant une heure en espérant ne pas rater mon ferry. Lorsque enfin je retrouve son appart, j'ai juste le temps de pisser, prendre mon sac, et redescendre dans le métro. Je trouve assez facilement le ferry terminal en demandant ma route un vieux papy. Je retire mon billet, et attends l'embarcation.

Je n'ai toujours pas de nouvelle de mon hôte qui doit m'accueillir pour mon Wwoofing, je ne sais pas du tout comment va se passer mon transport ni comment va être l'île où j'arrive. Ce que je sais c'est qu'il n'y aucun occidental dans la salle d'attente, et que les gens qui m'entourent n'ont pas l'air d'être des personnes qui parlent anglais.
Je suis un peu triste de quitter si rapidement Busan, mais je suis enthousiaste à la perspective de nouvelles aventures qui se présentent à nouveau en face de moi.

samedi 12 mars 2011

Etre femme ou gay en Corée...

J'ai donc passé les quatre premiers jours de la semaine du 28 dans mon lit à essayer de ne pas être trop malade. En Corée, lorsque tu tousses, ou que tu as des microbes, tu portes un masque. Naturellement, je n'ai pas fait ça, et j'ai bien senti que Kim, le manager de ma Guesthouse aurait préféré m'emmener à l'hôpital, plutôt que de me voir mon nez coulant me trimbaler d'un bout à l'autre de l'hostel. Mais je lui dis que mon corps est fort... Et j'avoue ne pas avoir eu envie de galérer avec ma sécurité sociale dans un pays étranger, surtout en Asie.


Les gens ont défilé dans ma Guesthouse. Et j'ai rapidement fait la rencontre de Tom, un irlandais qui a vécu ces trois dernières années en Australie. Il est vif, plein d'esprit, et s'en va pour un nuit dans un temple pour découvrir les joies de la méditation. Je passe ma première après midi dehors à chercher désespérément un pull avec Vanessa, habituée de l'hostel, américaine gargantuesque au cheveux roses qui est fan de toutes sortes de pop musiques débiles asiatiques. Après mettre habituée à son étrange passion, j'ai décidé de mettre cette étrange lubie sur son besoin de se fondre littéralement dans la culture asiatique. Nous découvrons ensemble une sorte de mall rempli d'une multitude de boutiques pour vêtements. Je me trouve sur place deux pulls dont un à 2€ et une écharpe. Elle a un coréen plutôt utilitaire et est capable de commander de la nourriture sans passer par l'anglais des délicieux plats dans la rue. On déguste une étrange omelette au lard et aux fruits de mer, mélange qui me dépasse toujours mais qui se révèle souvent délicieux et des petites gaufres coréennes fourrées à la pâte d'haricot rouge (c'est censé être un dessert).

Le vendredi, Tom revient de son templestay, et fait une grosse sieste. Après celle-ci, on discute pendant quelques heures de films et d'arts, et on se retrouve à diner ensemble. Après notre copieux diner, nous décidons d'aller boire quelques bières dans une sorte de bar qui se veut « bar occidental » dans lequel on est obligé de recommander à bouffer alors qu'on a plus que bien mangé, pour avoir des bières pas chers. Il est 10h, l'endroit commence à être sérieusement bondé et la musique de merde qu'il diffuse nous pousse à bouger. Je crois qu'ils ont osé passer deux fois Papa Americano et un titre des Destiny's Child en une heure.

Trois mètres à peine effectué dans la rue, nous tombons sur Martin et deux potes à lui.
Qui est Martin ? Martin est un autre habitué du Yellow Submarine, notre guesthouse. Il y vit depuis presque six mois. C'est un norvégien adopté d'origine coréenne. Il a trente ans, est très mignon, mais pour une raison qui me dépasse, je n'arrive pas à m'entendre avec lui. Pourtant, l'un comme l'autre, on essaye de se comprendre, mais dès qu'une discussion est lancée, on ne se comprend pas, on n'est pas d'accord. C'est le genre d'individus qui expliquent qu'il a eu quasiment cinquante maitresses, puis qui dit qu'il est gay, qu'il est pour la peine de mort ou encore qui, gentiment, essaye de m'apprendre l'alphabet coréen. J'ai décidé de ne pas chercher à le cerner, le jeune homme à l'air d'être sacrement flingué dans sa tête.
J'ai vécu plusieurs moments étranges avec lui. Le premier en date, c'est lorsqu'il essaye de convaincre un des mecs qui bossent pour l'hostel, un coréen, qui n'a eu que six femmes dans sa vie, de vivre le même type de vie que lui. Et c'est à ce moment là qu'il commence le décompte de toutes les meufs qu'il s'est tapées et également le nombre qu'il compte obtenir après le weekend. Je suis passablement outrée, non pas du nombre mais qu'il essaye de convaincre le gentil mec de l'hostel qui est coréen et qui devrait déjà être marié à son age...
Ensuite, j'ai rencontré Nadia, une française hystérique complétement fan de stars de rap coréennes, qui a réussi à m'expliquer toute ses supers sorties lorsqu'elle les voient ou les croisent, alors que je n'en ai rien à battre. Elle m'a très clairement dit que lorsqu'elle est arrivée, elle a totalement flashé sur Martin. Et il semblerait que ça soit équivalent puisqu'il se ramenait tout le temps à l'autre Guesthouse où elle loge. Mais en fait, elle ne le kiffe plus parce qu'il est gay. Elle m'explique pourquoi par A + B, ce qui se résume dans mon esprit à pas du tout une bonne raison mais qui est : lorsqu'elle le croise en ville, il est toujours avec des mecs.... Hum. Pour moi ce n'est pas forcément une bonne raison, mais je suis sûre d'une chose, c'est que je n'aurais pas vraiment confiance en cette meuf.
Mais bon, depuis ce moment là, je me pose des questions, et lorsque Guillem a passé quelques jours à Séoul, je ne sais plus si c'était la fatigue, la parano ou la réalité, mais j'ai vu Martin lui caressait le dos d'une manière étrange. Pour Guillem, pas de souci, il est espagnol, et comme tous les mecs d'origine latine, se toucher les uns les autres, c'est normal... Mais putain, Martin est norvégien et coréen, donc pas du tout normal.
Pour finir, tomber sur lui en pleine nuit, lorsqu'il est bourré, c'est une étrange surprise. En quinze secondes, on est convaincu à les suivre en boite.

La deuxième boite de nuit coréenne dans laquelle je met les pieds est complétement vide quand on arrive. Le pote de Martin, un américain au nom qui m'échappe et que nous allons appeler Brian pour cette histoire afin d'éviter les redondances du type « l'homme des Etats Unis », nous préviens que ça va se remplir rapidement. Pour passer le temps et augmenter notre alcoolémie, nous buvons une bouteille de vodka. Les filles commencent à se pointer autour des mecs pour avoir des coups gratuits. Je suis sidérée par la technique à deux balles qui marche. Tom aussi. Il me glisse à l'oreille : « Fuck, I really regret not to being straight in Korea ». J'avais oublié de préciser qu'il a vu une vingtaine de fois CRAZY et qu'il est fan des petits déjeuners au Champagne. Mais je regrette aussi de pas être un mec et de ne pas pouvoir profiter de toutes ces filles si jolies.

J'arrive à motiver Brian à danser sur la petite scène qu'il y a dans la salle. Oui, ça commence à être une mauvaise habitude chez moi... Mais j'aime tellement entendre toutes les félicitations dans un mauvais anglais de la part des coréens une fois que je descends sur scène. Et j'avoue que plus je danse, plus j'adore ça.
La salle se remplie de plus en plus jusqu'à n'être plus qu'une marée humaine dans laquelle il faut nager pour joindre les toilettes ou notre table. En parlant de toilettes, toute personne ayant passé rien qu'une heure avec moi, lors d'un film, d'une soirée, sait que j'ai besoin de pisser au moins dix fois. Celle de la boite sont une torture. Quinze minettes font la queue à chaque fois, et j'ai dû aller une fois chez les mecs parce qu'il n'y avait pas personne, mais en règle générale, c'est quasiment aussi bondées : les gars passent autant de temps devant la glace. Je crois les avoir traumatisés d'aller dans leurs chiottes. Chez les filles, il y a toujours une meuf pour me parler et la plupart du temps elle est tellement bourrée que je ne comprend rien à son anglais... Mais je suis presque sûre que c'est à chaque fois pour me féliciter de ma danse.

Une nénette vient m'aborder. Elle commence à discuter gentiment en me demandant d'où je viens etc.. Puis elle m'annonce qu'elle veut me présenter à son ami à l'autre bout de la salle. Je refuse gentiment parce que j'ai vraiment pas envie de draguer ce soir. Elle commence à avoir l'œil fou qui s'illumine, et là, elle m'annonce qu'en fait elle chinoise... Elle me fait flipper je trouve diversion grâce à Tom.
Brian me dit qu'il est opé pour danser à nouveau, mais qu'avant il doit chercher un ami. Il met trop de temps, alors je danse sur les canapés avec Tom, on s'amuse bien. Au bout d'un moment la scène me tente vraiment trop, donc je remonte au milieu des coréens qui se déchainent. Je tente un pas cool sur les tables qui continuent la scène, mais je me fais arrêtée par un videur. Je reste cool, et je continue à danser. Un mec à ma gauche se fait des petits solos stylés, j'essaye de m'incruster dans sa danse mais je ne sais pas si c'est parce que je suis une meuf, que je suis occidentale ou parce que je me suis faite allumée par le videur pour danser sur la table, le mec me fait des gros signes négatifs de refus de danse avec moi. Je la joue toujours cool, et à chaque fois qu'il me repousse je continue à jouer sur ma danse avec. Le public est en délir, et moi j'ai un gros délir égocentrique. Je fais monter les gens sur scène, parce que c'est drôle, et que j'ai l'impression d'être une rockstar et au bout d'un moment je redescends pour trouver Tom parce que je suis fatiguée. Lui s'est levé à 3h du matin pour faire des prières. On retrouve nos amis qui sont maintenant entourés d'au moins quinze meufs vraiment toutes trop bonnes, et on décide avec Tom qu'on est vraiment plus de la partie.

J'arrive entre temps à m'engueuler avec Martin, lui demandant s'il a essayé de guédra mon espagnol en lui caressant le dos. Lui, il s'énerve me demandant si je crois vraiment qu'il est gay. Je suis quasiment sur que Tom m'a dit que c'était le cas... Mais pour tout avouée, je suis sûre de rien avec ce type.

On rentre, je suis toujours très excitée, je décide d'acheter une bouteille de Makgeolli, sorte d'alcool gazeux à base de riz, et je picole juste avant me coucher en compagnie d'un allemand qui est dans notre dortoir et d'un australien qui est mignon que j'ai déjà croisé. Je serais incapable de raconter ce que j'ai dis ou fait à ce moment là, excepté fumer des cigarettes sur le balcon, je crois que je n'en ai aucune idée.

Le lendemain matin, je regrette amèrement le faite d'avoir bu avant de me coucher. Et j'ai mille courbatures au cou, faute à mes danses folles et j'ai rendez-vous avec Woong avec qui je dois aller voir un musée.

Toute la journée est dure à vivre, gueule de bois, gueules de bois... Mais je survie. L'exposition me fascine, je suis trop fatiguée pour faire la conversation à mon ami qui est également un peu fatigué de sa nuit.
Nous allons à la galerie de l'artiste Nam June Paik à l'extérieur de Séoul. Lorsque j'arrive dans la galerie, je réalise que j'ai déjà vu une de ses œuvres dans le musée d'art moderne de Séoul. C'est le coup de foudre à chaque fois que je rentre dans une nouvelle salle.
Tout mes amis de lycée de la section audiovisuelle connaissent au moins un tout petit peu son art : dans Sans Soleil de Chris Marker, si vous avez de la mémoire il parle de son ami coréen qui a digitalisé avec sa machine les animaux préférés de Chris Marker, le hiboux et le chat... Et bien, c'est lui l'ami coréen en question ! Enfin, j'en suis quasiment sûre (je vais revoir le film pour l'occasion...)
Mais pour résumer un peu le travail de Nam June Paik, en gros il fait des assemblages avec des téléviseurs et avec la technologie propre à la régie télé. Et c'est lui, stimuler par son art et l'aide d'un ingénieur qui a mis en place le premier synthétiseur vidéo. D'où les images truquées étranges dans Sans Soleil. Enfin, outre ça, c'est un artiste timbré qui mérite qu'on s'intéresse deux minutes à ce qu'il a fait parce qu'étrangement, ses œuvres faites en Allemagne sont terriblement drôles.

Je rentre ensuite à ma Guesthouse avec un diner coréen dans le bide qui passe bizarrement pas très bien : j'ai dégusté pour la première fois une soupe de pâtes accompagnées de glaces pilées... mauvaise idée. Lorsque j'arrive je vois Tom qui est dans un aussi mauvais état que moi. On se plaint du métro trop bondé où l'on peut pas s'assoir et des gens qui ne disent pas pardon quand ils nous bousculent. L'un comme l'autre devons se réveiller pour prendre à 8h les bus gratuits pour de province de Corée. Et oui, la Corée a tellement peu de touristes, qu'elle nous permet de voyager gratuitement. Pour ce genre de choses, je suis terriblement contente d'avoir eu l'idée d'y voyager !

jeudi 10 mars 2011

Changement de rythme sur Séoul

C'est vendredi soir. Je suis assez imbibée de Soju (sorte de Vodka allégée coréenne) et je regarde un espagnole qui essaye d'aider un coréen totalement bourré. Le pote du gars ivre mort, regarde l'espagnole et ne comprend pas du tout ce qu'il essaye de faire. Je suis fascinée par le spectacle, et au bout de quelques minutes à les contempler assise sur mon banc, je finis ma bouteille et vais les regarder de plus près. Je réalise que les braves tentatives de relever le coréen sont inutiles, je propose à mon ami catalan de plutôt rentrer dans la boite où l'on est supposé être depuis une bonne vingtaine de minutes. Un peu déçu, celui-ci accepte et on rentre dans ce qui est mon premier club coréen.

Avant de raconter l'atmosphère enfumée, étouffante et folle de la boite, je vais revenir un peu plus tôt dans la journée pour vous présentez un peu plus mon nouveau compagnon.
C'est en sortant de ma douche que j'ai rencontré la première fois Guillem, mais c'est réellement au moment du petit déjeuner que ce dernier s'est imposé comme nouveau compagnon pour quelques jours. Je ne vais pas cacher que je suis ravie de trouver un compagnon d'Europe Latine, en plus ce dernier revient d'Indonésie... Donc, très rapidement, entre deux bouchers d'œufs, une gorgée de café, on trouve des points communs et l'envie de passer la journée ensemble.

Mon idée est de se balader autour du grand temple. En chemin, on tombe sur une exposition de Picasso et autres peintres « modernes ». Le jeune homme a irrésistiblement envie de rentrer à l'intérieur : il est de Barcelone, et étudiant en histoire de l'art : fierté hispanique oblige, on regarde les prix des tickets. Il est un peu trop élevé pour aller voir une exposition de peintres occidentaux en Corée du Sud. Mais lorsqu'on s'apprête à quitter le musée, deux jeunes femmes nous tombent dessus, et nous proposent des tickets gratuits si on s'inscrit à leur groupe Facebook.
« No problem », et on se retrouve avec une trop grosse quantité de coréens dans le musée. Heureusement, ce n'est toujours pas un problème car on ne suit aucunes des queux devant les tableaux, on passe derrière les gens vu que nous sommes plus grands !

Ensuite, nous nous baladons autour de la rivière artificielle de Séoul, qui nait grâce à un bigorneau (chose vrai). La balade est fraiche, mais agréable. L'endroit est étrange : auparavant, la rivière était sous une autoroute. Mais l'urbanisme a rempli sa mission, la mairie la découverte et en a fait un joli espace de balade. Ce n'est qu'un très faible cours d'eau, les plantes sont toujours en mode hiver autour, mais la balade est agréable et mélancolique.
En fin d'après midi, congelés par le froid et l'envie de ne rien faire, nous retrouvons une amie à lui, espagnole également, Veronica, et nous allons voir Black Swan. Nathalie Portman me fait assez rêvée pendant deux heures, et même si je trouve que certains passages de l'histoire sont légèrement en trop, je passe un excellent moment. Je suis également assez fan de la reconversion de la petite brunette de That's 70's Show, qui maintenant fait de la comédie avec Appatow ou du drame comme ici.

Après le film, on va dans ce qui est surement le seul est unique squat de Séoul ou même de toute la Corée du Sud. Lorsque Guillem est arrivé en Corée, ne voulant pas payer d'hostel, ce dernier a trouvé ce lieu alternatif. Les différents habitants squattent l'endroit pour éviter sa destruction par la municipalité. Ils sont peut être une petite dizaine à continuer le combat, avec l'ancienne propriétaire du restaurant qui se trouvait là. Il paraît que lors d'une descente, sept gamins ont été tué. Ce n'est pas forcément rassurant pour notre arrivée dans le lieu, mais en même c'est vendredi soir, et on y va uniquement pour écouter un concert. Hypocritement, je me dis que si les flics doivent tirer sur des gens ils éviteront les trois pauvres étrangers qui sont vraiment peu nombreux en Corée.
Le lieu est froid, et un concert à la coréenne lorsqu'il n'y a pas de pop stars, c'est très calme. Chacun des groupes passent les uns après les autres, plus ou moins bons et les artistes composent la majorité du public. De temps en temps, ils font des reprises, mais le concert d'un point de vue large est touchant de fraicheur. Lorsque les artistes vont sur scène et commencent à chanter, je suis impressionnée par la timidité presque congénitale des coréens qui se transforment en aisance quasi-professionnelle. Cela me donne une nouvelle expérience de la musique asiatique et plutôt meilleurs que le rap singapourien ou la pop malaisienne.

Lorsqu'on sort, il est déjà 10h. Je sens que je suis avec des espagnoles. On dine, et finalement, enfin, on commence à réfléchir au faite qu'il est l'heure de faire la fête !!! Mon petit alcoolisme avait envie de hurler qu'il avait envie d'une bière depuis bien une heure et demi.
Le plan est d'aller prendre l'apéro dans une autre guesthouse pas loin de la mienne, et, par la suite, d'aller en boite. Lorsque on arrive enfin, les gens sont déjà pas mal imbibés, et trinquent dans plusieurs langues différentes avec seul prétexte l'envie d'être bourrés. Nous les suivons gentiment, et nos verres ne se vident jamais de soju.
Je rencontre un mec de Chicago qui me pousse à récupérer tout mes points fidélités d'avion afin d'avoir plein de vols gratuits et il me raconte également comment chaque année il ne travaille que 2 mois et que le reste du temps, il voyage. C'est pleine de jalousie, que ma petite personne et les quinze autres de la guesthouse quittent la maison.
Je retrouve mon espagnol avec qui nous continuons à picoler sur le chemin, et au moment d'entrer dans la boite, ce dernier se retrouve à aider un coréen au bord du coma éthylique. Il faut dire qu'une des activités préférés de Guillem, c'est de parler aux gens. Pendant toute la journée, à la moindre interrogation, lorsque nous n'avons qu'à peine pris une décision, ce dernier se lance sur n'importe qui et tente dans son coréen approximatif de demander son chemin ou n'importe quelle aide. Ces essais ne sont pas toujours convaincants, mais au final nous vaut des rencontres cocasses. Par exemple, une grand-mère qui veut que je vienne parler à son église (pourquoi j'ai dit que j'étais chrétienne ?...).

Lorsque nous rentrons enfin dans la boite, j'ai un premier choc : le nombre d'individus qui grouilles le sol est monstrueux ainsi que celui debout entrain de danser sur des tables. Les vestiaires sont de l'autre coté, et nous devons traverser cette marée humaine. Quand on arrive, on a assez chaud pour se mettre quasiment à poil et tout laisser au vestiaire. Je me retrouve toute seule à déambuler dans entre les gens et je n'arrive pas à savoir si c'est parce que je suis blanche ou si c'est l'alcool qui coule dans les veines de tous ces individus(toutes drogues en Corée est passible de peine qui ne valent vraiment pas le coup et extrêmement chères), mais hommes et femmes tentent de me parler ou de me toucher. Je retrouve Veronica, qui cherche désespérément un amant coréen qui peut être doit être là, et finalement je me retrouve à danser sur les tables avec les gens. Des filles en dessous de moi sont trop fans. Faut dire que j'ai la classe : je porte ma jupe à carreaux qui rend l'âme petit à petit en se déchirant au niveau de la braguette du coté, un collant vert et mes Timberlands de marche qui sont plus chaudes et presque plus classe que les deux autres paires de godasses que je trimballe avec moi.

Au bout d'une ou deux heures, Guillem et moi se décidons à rentrer à l'hostel. Je suis étrangement bourrée, et je n'arrive pas à me souvenir de la route pour rentrer. Résultat, nous devons mettre une bonne grosse heure pour regagner notre guesthouse. Je réalise que ce genre de situation m'arrive régulièrement : la dernière fois, c'était à Paris vers 4h du matin pour faire deux stations à pieds... J'ai au moins deux amis qui m'ont fortement détesté après cette situation, et malheureusement, le temps de la marche est tellement long qu'ils ont eu le temps de décuver et de s'en souvenir le lendemain...
Mais dans ce cas là, ça ne s'est pas trop mal passé, et on s'entendait toujours assez bien pour dormir dans le même lit.

Mes deux autres journées qui succèdent à celle-ci sont également riches en activité, et moins en soirée. Gueule de bois oblige. Nous nous baladons à nouveau et découvrons le Musée d'Art Moderne ainsi qu'un film, Late Automn. Je pensais que ce dernier aller être majoritairement en anglais mais les parties en coréen et chinois étaient tout de même assez cruciales et pas vraiment sous-titrés en anglais. Le film est une histoire d'amour entre une jeune femme chinoise incarcérée en prison, juste sortie pour l'enterrement de sa mère et un jeune prostitué coréen. Ce dernier a le mérite d'être carrément sexy torse-nu, mais l'histoire est un peu maigrelette. Cela reste un moment agréable au chaud dans une salle avec de magnifiques décors et lumières parce que le réalisateur est coréen.



Nous avons également fait un truc de touriste : on a vu la tour de Seoul. Et je dois dire qu'à part le le prix, le vertige quand je suis trop près de la glace. J'ai quand même kiffé de voir la ville en grand. Nous y sommes aller avec une coréenne trouvée en chemin qui voulait entretenir son anglais. Elle a passé plus de temps sur son portable qu'à parler, mais elle était gentille.

Lors de notre dernière soirée, nous allons voir une comédie musicale folklorique coréenne au nom de soupe japonaise : Miso. C'est kitsh, léché, et impressionnant à la fois. L'histoire est écrit sur une feuille de Kimsi : c'est la description en quatre saisons d'une promesse d'amour. Une nénette tombe amoureuse d'un mec, qui l'aime à son tour. Ils passent une nuit innocente ensemble (ce que j'ai vu sur scène, c'est qu'à la fin, la demoiselle elle disait pas non ! Donc innocente, mon cul !...). Mais il y a un horrible monsieur qui est l'équivalent du maire, qui veut la meuf, et lorsque son amant la quitte pour tenter de passer un concours de magistrature (oui, c'est sexy pour les coréens), il tente de la séduire. Cette dernière, fidèle à sa promesse, refuse, et finit en prison. Heureusement, son mec finit premier de l'examen (...) et en tant que nouveau espion de l'empereur, il balance le maire, et épouse sa gonzesse.
Les costumes étaient magnifiques, les musiques jouées sur scène, impressionnantes et les quelques moments avec projections, nuls à chier.

Le lendemain, Guillem s'en va pour Busan, où il y est étudiant pour un an. Ma vie retombe un peu de toute l'excitation de ces derniers jours.
Je vais au cinéma pour voir le dernier film des frères Cohens, que j'apprécie moyennement et, à ma sortie, je réalise que je suis complétement malade. Nez qui coule, fièvre, toux... Je ne sais pas si c'est le contre coup climatique à retardement de la Malaisie ou si c'est le rythme de vie avec l'espagnol. Je décide de ne rien faire pendant trois jours.

mercredi 9 mars 2011

Old Boy et Bordeaux.

Nous repartons vers ma journée du jeudi 3 mars, j'ai pris beaucoup de retard.

Je suis un peu angoissée quand commence ma journée : je dois rencontrer Antoine, professeur de cinéma dans une université de Seoul, qui a également écrit plusieurs bouquins sur le cinéma asiatique et particulièrement coréen. Donc pour être prête, je décide de faire tout à fait autre chose, et au dernier moment m'intéresser à comment je m'habille. Pas de question, pas de notes...

Lorsque je le retrouve, c'est un grand type au visage et corps fins qui se présente à moi, au regard encerclé de petites lunettes. Je suis presque surprise : son accent du sud (Marseille) est très prononcé alors qu'il est censé vivre en Corée depuis plus de 15 ans, il semble également un plus gêné que moi. Ce qui fait que je me sens encore plus intimidée. Je le suis dans les rues de Hongdae, le quartier universitaire à proximité de ma Guesthouse à la recherche d'un restaurant, et me prévient en même temps qu'un ami à lui, un coréen au français courant va se joindre à nous. On entame le diner sans l'attendre, et finalement le sujet de discussion qui vient naturellement sur la table en même temps que le reste de la bouffe est : les différences franco-coréennes. Et puis parce qu'on mange et que nous sommes français, on en vient à parler nourriture, et il me raconte les milles et un plats coréens que je dois absolument essayer avant de partir. Je retiens la soupe qui sent le pet et l'équivalent du steak tartare.
Le diner en question mérite sa description : c'est une sorte de double omelette avec une sorte de fromage (ou équivalent proche coréen sans trop de saveur) accompagnés de calamars, porcs ou Kimsi (chou piquant mariné qui a tendance à rendre très très dépendant à sa saveur trop épicée). Au dessus, une sorte de chapelure d'ognons très fine vole comme si la nourriture était vivante. Et comme tous les mélanges complétement tordus coréens, c'est délicieux. Je ne m'arrête pas de manger, et j'aurais du noter qu'Antoine s'est arrêté bien avant moi. Lorsque Yannick arrive enfin (c'est son ami coréen au nom français), je réalise que j'ai bien entamé sa part... Je culpabilise un peu jusqu'à ce que je réalise qu'il est vraiment plus attaché à la bière qu'à sa part de nourriture.

Le pauvre Yannick est tellement habitué à l'accent d'Antoine, que mon accent qui sonne comme le Nord maintenant, ne lui ai pas facile à comprendre. Mais je fais des efforts à parler de façon un peu plus chantante et il se concentre. Il travaille dans une maison d'édition qui traduit des bouquins français en coréen. Il m'apprend qu'un des plus grands succès coréens au niveau littéraire n'est autre que notre Werber national et ses fourmis. J'avoue ne pas être étonnée, et je réalise à ce moment précis que Bernard Werber est quand même super asiatique dans ses écrits. Si on compare la manière qu'il a de mener ses histoires et les mangas, on réalise que dans les deux cas, c'est toujours ultra répétitif.

Après notre diner, ils se décident à m'emmener dans un petit bar lounge qui est tenu par une des actrices de Old Boy. Yoon Jin-Seo, c'est son petit nom, et je dois avouer que lorsque je l'ai vu, impossible de la remettre à sa place. Les deux mecs rigolent de ma perplexité en disant que c'est surement un coup de chirurgie de trop qui fait que je me doute de son visage. Bon, je crois que tout simplement ma mémoire visuelle n'est pas forcement la meilleure. Lorsqu'elle se présente, je suis complétement fascinée par son front : rien ne bouge. Je me dis que le Botox est l'invention la plus incompréhensible du monde, surtout pour les asiatiques qui font dans tous les cas dix ans de moins que leur age, et elle demande à Antoine s'il peut lui donner des cours de français.

La demoiselle s'en va voir un peu ses autres guests, et on continue à discuter nos verres de bières complétement vide. Elle revient un peu plus tard, avec une vraie bouteille de vin française, comme je n'en ai pas vu depuis longtemps et qui ne doit être pas donnée pour arriver jusqu'en Corée, et sur laquelle je salivais sur le menu : un Bordeau.
Je déguste avec joie et plaisir ce petit présent venant de l'actrice d'Old Boy. Même sans pain ni fromage...

Elle nous parle ensuite de ses projets, de ses cours en français où ils doivent discuter de sujet comme la place de la femme dans la société, je suis très pour, vu le machisme latent coréen. Même quand elle parle en coréen, je suis complétement charmée par sa grâce et sa délicatesse.

Je rentre à ma Guesthouse vers les deux heures du matin, je suis pompette et je vais me coucher toute émoustillée par mes jolies rencontres.