Luce en Argentine !

mardi 1 mars 2011

Fucking Seoul !

A partir du moment où j'étais dans l'avion, je savais que le choc que j'allais avoir avec mon arrivée en Corée allait être terriblement différent de mes autres arrivées dans mes différents pays. C'est bien la première fois que je suis entourée par autant d'asiatiques et si peu de d'occidentales. Il doit y en avoir trois dans ma partie d'avion.

J'avais oublié un détail. Le putain d'alphabet. Arrivée à l'aéroport, la première galère est trouver là où c'est écrit en anglais. Bien suivre les signalisations. J'arrive à prendre un ticket de métro et une jeune asiatique m'interpèle. Elle est Malaisienne, et est encore plus perdue que moi. Je décide de lui donner un coup de main en achetant son ticket avec elle.
Avant de prendre le métro, la carte des stations grande ouverte devant nous, une coréenne nous donne un coup de main et nous explique les différentes nuances entre les lignes et nous explique comment nous débrouiller. Elle est adorable, et nous laisse son numéro de téléphone avant de partir.

Je sors à ma station, elle porte le nom de Honggik University. Je me retrouve au milieu d'une foule de jeunes étudiants coréens branchés. Pleins de néons autours de moi, de marché, et rien pour me repérer. J'ai marqué sur mon petit carnet les indications pour trouver la première Guesthouse qui m'amènerais à la deuxième. Je dois trouver un Doughnut Coffee et au troisième étage, il devrait se trouver l'accueil où je peux demander des infos pour accéder à la deuxième. Je vois de l'autre côté de la route un gros luminaire avec le nom de la chaine en question. Je traverse. Lorsque je me retrouve au pied de l'immeuble, je réalise qu'il y a très peu de chances que ça soit le bonne endroit : il y a aucune indication pour l'hostel, et les panneaux que je ne peux pas lire sont en coréens.
Mon énorme sac sur le dos, le petit sur le ventre mon carnet de voyage avec les indications dessus recopié à la main, je commence à regarder la foule qui défile et attends de trouver la proie idéale. Je vois deux jeunes hommes, qui m'ont juste un peu trop regarder : « Sorry, do your speak english ? Do you know where is the Hongdae Guesthouse ? ». Ils s'arment de leurs Iphones, tentent de lire mes indications, et au bout de quelques minutes, ils m'emmènent là d'où je viens pour me montrer un autre panneau de Doughnut Coffee éteint que je n'avais pas vu de l'autre côté de la route. Mes deux guides m'abandonnent et l'un d'eux me file sa carte de visite : « if you are looking for friends ». Cette phrase me laisse le même goût désagréable que les demandes d'amitié Facebook.

Face à l'énorme building, je vois déjà des petits panonceaux qui indiquent la Guesthouse. Je monte, je sonne et finalement, une petite bonne femme m'ouvre, avec des petits yeux fermés qui me dit qu'elle dormait. Je m'excuse, elle me dit que tout va bien, elle m'explique patiemment comment rejoindre l'autre Guesthouse. Je m'aventure dans la nuits dans les ruelles obscures de Seoul. Je suis bien évidement la seule personne occidentales, et la buée qui sort à chaque expiration de ma bouche me rappelle que j'ai perdu 30°C depuis la Malaisie.

Je trouve enfin la petite maison aux balcons jaunes, le Yellow Submarine. Je sonne. Un jeune homme, les cheveux courts et une barbe très longue et rousse m'ouvre. Au fond, une jeune femme aux cheveux blonds quasiment albinos est sur un ordinateur. Je sens que je ne suis plus dans le pays des hippies, mais dans celui des vikings. Je réveille l'autre manager de l'hostel, qui m'explique en deux secondes le fonctionnement de lieu et retourne se coucher.
Je ne tarde pas à faire la même chose, avec un léger pincement au cœur en pensant à tout ce que j'ai laissé tomber en Malaisie.

Lors de ma deuxième journée, je m'occupe à trouver ce qui me donnera la liberté lors de mon voyage, un téléphone. Je me retrouve après une heure de recherche et beaucoup de gens qui ne parlent pas anglais, devant une bonne femme qui me fait signer un papier, qui prend mon passeport , ma carte bleue et me tend un téléphone qui fonctionne. Okay, il n'a jamais été plus simple au monde que d'ouvrir une ligne téléphonique. Et je suis dans un pays où je ne peux ni lire ni parler.

Je rentre ensuite à ma Guesthouse, rencontre la jeune femme vu la veille sur son ordi : elle vient de Finland, et répond au joli nom de Leena. Elle vient faire ses études en Corée, et je découvre en même temps que je la rencontre que nous avons un point commun : on ne connait rien à la pop music coréenne. Qu'est ce que la Pop Music Coréenne ? Principalement de la musique d'aussi piètres qualités que le reste de la pop, mais avec de très jolis coréens en danseurs/chanteurs. C'est la version boysbands asiatique qui déchirent actuellement sur ce continent, et qui s'exporte aussi un peu en Europe et au USA. Vous voulez voir ce que ça donne ? N'hésitez pas à vous rincer les yeux Mesdames, et à pleurez messieurs pour la piètre qualité de la musique et des shows :
Lors de mon premier visionnage, je pensais que c'était une blague. Mais sérieusement, la majorité des voyageuses en Corée (essentiellement des filles en groupe) sont fans de ces musique. Et ces mecs sont partout, sur toutes les pubs, dans toutes les émissions de télé et le son passe en boucle à la radio.

Le soir, nous rencontrons deux américains qui nous proposent de se joindre à eux pour aller consommer quelques verres et faire la fête vu que nous sommes vendredi. Hongdae, mon quartier, est l'endroit où sortir, où faire la teuf, et là où il y a vraiment pleins de choses à faire le week end.
On accepte l'invitation, et une fois la petite copine des américains trouvée, on part avec Devan, le gars qui m'a ouvert la Guesthouse, celui avec une grosse barbe pour rendre jaloux les asiatiques,qui est canadien. On se retrouve à boire des cocktails psychédéliques dans une ambiance ultra-féminine branchée où tout est fluo, transparent, entre année 80 et le monde des poneys magiques. Nous buvons dans des verres qui ressemblent à des éprouvettes d'alchimiste.
Nous partons ensuite vers un bar karaoké, qui ne doit pas s'appeler comme ça, sinon c'est les endroits où l'on chante accompagné par de jolies filles qui vous font consommer. Je crois que le nom est quelque chose comme norabang. Qu'importe.
On se retrouve dans une petite salle entourée de fauteuils au fond de laquelle il y a un énorme écran. Les américains assurent avec des reprises de chansons américaines trop classes. Les paroles défilent, et on peut également voir de superbes clips pas du tout en relation avec les différentes chansons. Je cherche désespérement des chansons en français. Impossible de mettre dessus un seul titre français, alors que c'est abruti de coréens on Dragostea Din Tei (titre super connu dans le début des années 2000 roumains...). Je décide donc de l'interpréter avec Leena, qui se révèle être une excellente chanteuse. Je m'arrête de tant en tant de chanter pour l'écouter.
Je chante également « It's Now or Never » avec Joseph, un des deux américains. Et on invente de jolies chorégraphies sur le reste des chansons. Au bout d'un moment, notre heure qui s'est transformée en heure et demi grâce à nos qualités vocales (c'est un peu comme un jeu video, si tu es trop fort, tu joues plus longtemps parce que t'as des bonus), on est obligé de déguerpir.
Toujours en suivant nos amis des Etats Unis, on se retrouve dans un bar à chicha cosy, dans lequel, en plus de l'alcool et du narguilet, on se retrouve avec des ustensiles pour faire des bulles. Ce qui nous amuse jusqu'à 4h du matin. Là, la fatigue commence à pointer le bout de son nez, et on décide de retourner à la Guesthouse. Une fois arrivés, on décide de faire le truc le plus stupide à faire lorsque l'on revient de soirée et que l'on ne va pas tarder à se coucher : on décide de continuer à boire.

Le lendemain matin. Grosse gueule de bois. Les américains ont réussi à avoir le bus pour leur séjour en temple in extremis. Et avec Leena, on stagne toute la journée à la Guesthouse. J'arrive cependant à aller au cinéma voir 127 hours, le dernier Danny Boyle.

Le lendemain, je décide d'occuper ma journée par une visite sur le bord du Han, le gros fleuve qui traverse Séoul. C'est là où la séquence d'ouverture de the Host a été tourné. Je me balade au milieu des familles, des gosses et des amoureux. Je tente de louer un vélo, mais je ne trouve pas le cabanon. Je décide de me balader avec mes jambes au bord du fleuve. Le soleil commence à flancher.
Au bout d'un moment, comme Séoul est une grande ville, je décide de reprendre le métro et d'aller vers un autre endroit au hasard, là où il est censé y avoir une gros temple. Lorsque j'arrive, une sorte de grosse fanfare débarque. Enfin, ce n'est pas vraiment une fanfare, c'est cinquantaine de personnes habillés avec des costumes médiéviaux, avec des instruments, qui fond une ronde de manière très sérieuse autour d'un des monuments de cette grande place. Les enfants courent dans tous les sens pour être pris en photo en compagnie des gens en costume. En fait, j'apprendrais plus tard que c'est la relève de la garde, qui a lieu toute les deux heures, et qui a surtout lieu pour le bonheur des touristes.
Je pense que mon quota de choses à faire est rempli, et je décide de rentrer vers ma Guesthouse. J'y retrouve Leena, qui souffre de son décalage horaire.

Un américain au nom de Dan débarque. Kim (le manager) a beaucoup de réticence à l'accepter. Il dit qu'il est trop vieux (il est né en 71). Après quelques questions, il l'installe finalement dans la même chambre que moi, et on commence à discuter. Il est ultra américain, se la pète un peu. Mais pas méchant. Kim nous propose de diner ensemble avec son frère qui l'aide le dimanche à la Guesthouse, Leena, elle va se coucher et Dan se joint à nous.
Notre diner est un barbecue coréen. Tu ne payes que la viande, et sur la table est disposé une multitude de plats gratuits qui accompagnent celle-ci. Par exemple, il y a le « Kamsi », du choux pimenté mariné, de la menthe cuite, des petites salades. C'est délicieux, ça fait frétiller les papilles, et surtout c'est gratuit. On rentre ensuite. Plein de gens sont arrivés, je discute avec les uns et les autres. Dan m'a un peu soulé parce qu'en pleine discussion, il a laissé tombé ce que je disais pour écouter une jolie fille. Je ne suis pas forcément jalouse, mais je trouve ça particulièrement rude. Il reste pendant quelques heures devant un des ordinateurs communs après être aller se coucher une première fois. Lorsque je vais me coucher, ce dernier me suit et se couche juste après moi. Je me dis que c'est surement parce qu'il ne voulait pas être réveiller par mes allers-retours. Je mets mes boules quies et tente de m'endormir... mon lit bouge parce que Dan qui est au dessus de moi bouge. Au début le bruit n'est pas vraiment régulier mais petit à petit je réalise que ce connard est en train de se branler. Douce conne que je suis j'attends trois secondes avec une de mes boules quies enlevée pour être sûre de ma supposition. Un horrible soupir est lancé.
«  You're masturbated ! » (je cris d'un horrible accent anglais). J'attrape ma couette, mon sac à main, et je sors toute angoissée dans la salle commune. J'y retrouve une nénette du Luxenbourg et un allemand qui a une coiffure de turc des années 80. Ils sont très gentils, et finalement j'arrive à me coucher sur le canapé de la salle commune avec une paire de ciseaux au cas où pour me défendre. Je mets quand même du temps à m'endormir parce que je suis une peu paranoïaque : je mets dis que le type a attendu que je me couche pour aller se branler au dessus de moi, qu'il n'est peut être pas des Etats Unis, qu'il est flippant, et que il va peut être décider de se venger pendant mon sommeil de l'humiliation subite. Je me dis également que c'est peut être un gros frustré, qui a pas du voir de meufs depuis longtemps. Oui, je suis parano et j'ai vu trop de films coréens. Mais c'est toujours des histoires de frustrés qui tuent ou violent de jeunes lycéennes. Bon, je ne suis pas lycéenne.
J'arrive enfin à m'endormir. Une heure plus tard, je vois débarquer quatre étudiants de Singapour (un français, une vietnamienne et deux anglais) complétement bourrés. Deux d'entre eux finissent par vomir dans les toilettes. Leena, en plein décalage horaire, se réveille et donne un coup de main, moi je raconte mon traumatisme. Je suis rassurée qu'il y a du monde debout autour de moi. Leena me propose son lit et je dors jusqu'à 8h du mat'.

Le matin, je me réveille. Putain de mauvaise nuit. Mais je ne m'écroule pas, je viens d'arriver dans un nouveau pays, c'est pas un pauvre type qui va me victimiser. Je fais des allers-retours dans ma chambre pour récupérer mes affaires dont j'ai besoin pour m'habiller, me laver, etc... Ce salaud se garde bien de se lever. Je pars avec Leena dans Séoul avec le fort espoir que ce connard aura disparu de l'hostel avant mon retour.

Leena a quasiment trente ans. Elle fait des études d'ingénieur, et est végétalienne en Finland, mais face à la complexité de la langue sur place, est uniquement végétarienne. Elle va passer 6 mois en Corée du Sud afin de valider un semestre, elle est fascinée par les machines qui s'occupent de bouger les conteneurs. Elle porte des lentilles de contact vertes, ce qui avec ses cheveux blonds la rend assez étrange. Elle pourrait être quasiment gothico-punk, mais en tant que musicienne, elle est plutôt folk. Elle a toujours un léger ton pessimiste, mais au final, elle est plus ouverte que moi sur la pop music coréenne.
Elle a pour objectif de s'acheter une basse acoustique. On se retrouve donc dans un immense Mall, découpé par de petites échoppes où tout le monde, de partout vend des instruments. Majoritairement des guitares, mais l'on peut trouver n'importe quelle forme, prix, couleurs. On arrive à trouver un basse acoustique, le vendeur parle anglais, lui fait une remise. C'est parfait, la demoiselle repart avec son instrument, et moi avec des jolies photos.
Ensuite, direction le bureau du Wwoofing en Corée du Sud. Je rencontre une adorable demoiselle répondant au nom de Jade, et je me retrouve avec un joli carnet dans lequel il y a les adresses et les descriptifs des fermes. Ce qui est encore plus chouette, c'est le quartier, il est adorable, avec plein de petites maisons toutes plus jolies les unes que les autres.
Nous tentons ensuite de mettre les pieds dans un palace, mais c'est raté car il est trop tard.

Nous rentrons à l'hostel. A mon grand désespoir, Dan y est toujours, semblant de rien, en train de discuter avec des nénettes. De plus, je réalise que la troisième personne qui était dans notre chambre est parti le jour même. Je me sens vaciller. Je tente malgré tout de garder contenance. Après quelques réflexions, je me dis que j'ai trois solutions :
- Ne rien dire, ce qui est impossible pour mon âme féministe.
- Lui demander directement de se tailler de l'hostel, ce qui demande de la confiance en soi et l'envie d'aller au conflit.
- Ou juste, je peux parler à Kim, le manager, pour changer de chambre.
Cette dernière solution me semble la meilleure. Au moins je ne fais pas scandale, et je me sens pas en danger. J'arrive à parler le manager, et je lui explique la situation. Il semble tout gêné, et me reproche à moitié de ne lui avoir rien dit plus tôt. Je me retrouve dans un dortoir d'asiatiques, et me sens beaucoup mieux.

Les deux nuits suivantes, Dan est encore à l'hostel. Je tente au maximum de ne pas être là, et je réalise très vite que ce dernier m'évite également. Si je suis dans les pièces communes, il n'y est pas.

Mardi soir, je rencontre Woong, un jeune réalisateur coréen de publicité, qui travaille pour sa propre boite à Séoul. C'est ma mère qui m'a trouvé ce contact : il est l'ami du maris d'une des meilleures amies de ma maman.
Je le rencontre à la sortie de son travail. Il pensait que j'étais américaine et même new-yorkaise, quand je lui explique comment j'ai eu son contact, il s'amuse de la mécompréhension, et nous allons diner dans un restaurant typique coréen. C'est très étrange de partager pleins de petits plats avec quelqu'un que tu ne connais pas. Mais il n'y a pas à dire, c'est conviviale. On se raconte nos histoires, nos métiers, nos pays. Nous continuons sur un tasse de café, et j'apprends que pour une femme c'est très vulgaire de fumer, seule, en marchant, dans la rue. Il me montre son charmant petit bureau, m'explique que ce quartier de Séoul est un peu l'équivalent du Marais parisien, que les loyers sont chers et il me raconte des ragots sur les secrets des tournages coréens. Par exemple, si je voudrais travailler avec Kim Ku Duk, pas de souci, il ne paye pas ses équipes et baise les nénettes qui travaillent avec lui. Surtout les actrices.
On termine pas boire quelques verres dans mon quartier. Il me demande à la base si je préfère boire dans un bar coréen ou un bar occidental, sans hésiter, je réponds « Un bar coréen! ». Il me regarde, surpris, et me demande si j'ai vraiment envie de me bourrer la gueule en pleine semaine. Il est vrai que l'alcoolémie des coréens est terrible. Ils ne boivent que pour être soûles, en très grosse quantité, pour n'importe quelle raison. Je réfléchis deux secondes, et tout bien considérer, une bière dans un bar occidental me convient tout à fait. Finalement, c'est plutôt quatre bières, et on repart de notre soirée chacun de notre côté tout heureux d'avoir fait une jolie rencontre humaine et professionnelle. Je culpabilise un petit peu malgré tout : il est 2h du matin, et vu ce qu'il a bu, il est obligé de rentrer avec un mec qui va conduire sa voiture comme un chauffeur de taxi personnel...

Je rentre, je suis heureuse, demain l'autre bouffon se casse de la guesthouse, j'ai fait une jolie rencontre, la bouffe est bonne, l'alcool peu cher. Mais Fucking Korea parce que quand même, je me gèle un peu les miches, les gens ne disent pas pardon et je suis dans un pays quand même sacrement misogyne.

1 commentaire:

  1. Pour rester en lien avec Luce: un super site de téléphone pas cher :

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    (J'ai divisé ma note de téléphone par 50 sur les appels téléphoniques vers son portable en Malaisie et la Corée)

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