Luce en Argentine !

mardi 15 mars 2011

Petit séjour à Busan

Se lever à 6h30 un dimanche matin n'est jamais facile. D'autant plus quand on n'a pas fermé l'œil de la nuit pour cause de café à 21h. Je ne sais pas comment les coréens peuvent boire de la caféine si tard, mais je me promets que c'est la dernière fois.

Je prends donc le bus gratuit en direction de Busan. Lorsque le bus démarre, on a droit à une charmante vidéo avec une jolie actrice coréenne qui parle de la ville d'où elle vient. « J'espère que Busan deviendra une des premières destinations mondiales de vacances ». Hahaha. Je me marre, en pensant que la Corée n'est déjà pas vraiment une destination de vacances, alors pour que la deuxième ville du pays récupère un peu plus de prestige et de tourisme pour devenir une destination internationale, il y a un gros boulot...
Je dors ensuite pendant tout le trajet.

Quand j'arrive, je contact Guillem qui me donne des indications pour arriver près de chez lui. J'attends une bonne demi-heure qui se ramène au rendez-vous fixé, et je profite de ce temps perdu qui m'aurait exaspéré si j'avais été à Paris pour boire un café en terrasse dans le campus universitaire.
Comme je suis complétement à la masse et très fatiguée, j'oublie mon porte monnaie sur le comptoir, vais pisser en même temps et fume tranquillement une cigarette qui me dégoute au bout de deux lattes. Le vendeur arrive en panique avec mon porte monnaie, je le remercie vivement et me dis que je suis chanceuse de l'avoir oublié une seule fois dans le pays le plus safe du monde. Je pense que même en Nouvelle Zélande, ça ne serait pas passé... Vive Confucius !

Le père Guillem arrive enfin, et on va manger un plat dont il me parlait régulièrement à Séoul : du riz-poulet-fromage. Le tout cuit devant toi pendant dix minutes, histoire que tu ais bien les crocs, et ensuite tout le monde se sert dans la poêle. Je rencontre un très bon ami à mon camarade, Carles, un jeune homme de 25 ans, catalan également, qui, sur le chemin du resto me dit qu'avant déjeuner, il a besoin d'allumer un cierge. Pas de problème, c'est un peu bizarre mais je les suis et ne tente de ne pas avoir de jugement hâtif. Arrivés devant l'église, les jeunes la contournent et je réalise que pas une seconde ils n'avaient l'intention de rentrer dedans... Mais qui voulaient simplement prendre un raccourci le parvis de l'église. Il faut que j'arrête d'avoir des préjugés étranges comme « les espagnols sont très chrétiens ».
Je suis un peu déçue par le résultat final du plat, mais j'avoue que j'étais contente d'avoir un peu de fromage à me mettre sous la dent. Il ne faut pas rêver, c'est un fromage sans goût et avec une texture légèrement coulante... Je suis toujours dans le besoin excessif d'avoir un vrai diner pain / fromage / vin arrivée à Paris !

En fin d'après midi, Guillem me montre l'énorme marché aux poissons de Busan. Pour raconter vite fait l'histoire de la ville, c'est un des plus grands ports de l'Asie, au sud est de la Corée. Il y fait toujours beau, et la ville souffre un peu du syndrome de la deuxième grande ville (comme pour Marseille/Lyon ou Cracovie). En gros, ses habitants la trouvent mieux que Séoul, et elle est plus agréable à vivre, mais ce n'est pas Séoul... C'est mon excitant, plus petit, et à pars un festival de cinéma par an... Ce n'est pas là où les choses se font.
Retournons donc, à nos poissons, on se balade autour des étalages, qui sont en fait des aquariums. Tu choisis ton poisson tout frétillant vivant, et ensuite tu as le droit de le voir se faire ouvrir, décapiter, enlever les écailles pour qu'il ne devienne que ce que tu vas avoir le droit de te mettre sous la dent. L'acte n'est pas vraiment monstrueux quand tu y assistes, puisque la plupart du temps, tu penses plus au résultat, c'est à dire ton diner, qu'au petit poisson tout content d'être en vie il y a une minute.
Comme nous ne savons pas quoi choisir, on décide de diner dans un des petits restaurants-stands près de la mer, celui qui est le plus glauque. On paye un peu cher, me le poisson est tendre, pas trop fort, et les différentes sauces, le wasabi et une un peu pimentée, les feuilles de salades... Tout ce petites choses font que c'est un régal. Je continue donc de m'émerveiller pour la cuisine coréenne.

En sortant du restaurant, on se fait remarquer par un drôle de couple de musiciens-danseurs. L'un chante au microphone des chansons traditionnels l'autre fait une drôle de danse avec un déguisement étrange. Ils essayent d'attirer notre attention, mais j'avoue que nous avons un peu flippé en les voyant.

Nous nous baladons ensuite autour de la plage principale de Busan. Elle a de nombreuses statues, des installations qui transforment la plage en musée. Je retrouve une œuvre de mon cher Nam June Paik, et la majorité des installations sont surtout des jeux de lumière qui peuvent être discutables d'un point de vue artistique, mais assez interactifs pour les passants.
Guillem me raconte que les coréens sont de piètres nageurs : lorsque le temps est plus clément à la possibilité de se tremper, les gens se baignent avec des espèces de bouées. Un ami à lui coréen lui disait en nageant qu'il ne comprenait pas pourquoi les coréens n'apprennent pas mieux à nager. Mais que lui savait nager. Lorsque Guillem le vit brasser l'eau plus comme un chien qu'effectuer une vraie brasse, il a préféré ramener son ami près de la plage.
On traverse finalement la ville à pied, et on passe à travers ces barres d'immeubles similaires aux une des autres, où seuls les numéros inscrits dessus les différencient. Lorsque j'étais sortie de Séoul avec Woong, j'avais déjà vu ce spectacle. Juste des immeubles résidentiels à perte de vue, qui me rappelle l'architecture autour de Varsovie, mais qui, en Pologne, au moins avait le charme de venir d'un autre temps, d'une autre histoire. Le charme est absent de ces constructions, mais nous ramène à ce qu'est véritablement la Corée du Sud un pays développé jeune. Tous les gens qui travaillent dans les villes ont eu besoin d'un logement, et l'état, les constructeurs, je ne sais pas qui, en fait, à pris la solution la plus simple : la barre. Mon ami coréen m'a demandé si à Paris, c'était comme à New York, si on gardait les structures des vieux immeubles pour les refaire à neuf ? Je lui ai répondu par l'affirmatif. Il m'expliquait qu'il ne comprenait pas, que c'était bien plus simple de démolir. A ce moment précis, j'ai eu un petit pincement au cœur en pansant à tous les immeubles des temps passés qui ont du être détruits par cet état d'esprit...

Le lendemain, je me réveille à 13h.
Je retrouve Guillem qui avait cours le matin, et on va dans un autre quartier de Busan, Haeundae, avec également un marché aux poissons, mais encore plus grand ! C'est à dire que c'est un gros immeuble avec plusieurs étages... On regarde un peu les poissons, puis on se balade dans les petites ruelles autour où il y a mille choses différentes à vendre de façon ordonnée par d'étranges démarcations. Par exemple tu as la rue du luminaire, celle des oreillers, des fripes, des outils à cuisine.

Le soir, on se fait un barbecue avec plusieurs amis de l'université de Guillem et la mère d'un d'eux. Ils sont donc majoritairement espagnols, mais celui dont la maman nous accompagne au restaurant, est australien. Ce dernier, gêné par la présence maternelle, décide d'augmenter relativement vite son taux d'alcoolémie. Je m'occupe de servir les verres parce que depuis que je suis en Corée, je suis très serviable pour ce genre d'activité, et j'ai toujours l'impression d'être sexy comme les nénettes dans les films historiques asiatiques qui servent le thé. Bon, pour le restaurant, ce n'est pas de l'eau avec des feuilles mais un mélange de bière et soju. Puis comme je sers, j'en profite pour picoler avec l'australien et on met en douce du soju dans le verre de sa mère.

Ensuite nous allons dans un bar qui s'appelle un truc du genre « Thursday night ».
Pour pouvoir avoir des bières gratuitement, Carles et Guillem ont une mauvaise habitude : ils vont voir les coréens qui jouent, soit au babyfoot soir au billard, et proposent de faire des parties avec des bières offertes pour les vainqueurs par les vaincus. Je trouve ça assez horrible parce que comme la majorité des asiatiques, les coréens sont très joueurs, et je trouve que c'est terrible d'user avec les petites faiblesses des gens. D'autant que les deux espagnols gagnent souvent.
Ils gagnent ainsi leurs premiers verres dans le bar.

J'en profite pour rencontrer Luke, l'australien et Sergi, un autre espagnol. Ils sont délicieusement intéressants, tout les deux étrangement intéressés par l'Asie (je pense que ça tient surtout aux jolies filles).
Au bout d'un moment, je me décide à rejoindre Guillem qui tente de convaincre un couple de coréen de jouer contre eux. Comme il y a une fille, je décide de participer et de prendre la place de Carles à cette partie de babyfoot pour que ça soit plus équilibrer. Nous jouons donc avec Guillem pendant 10 minutes, et nous leurs mettons tout simplement leur raclé. Je suis un peu triste pour eux et ils nous proposent une revanche aux fléchettes. Nos deux premières sont servies. Lorsque la jeune femme commence à tirer, on réalise qu'elle est vraiment douée.
Mais la vie est injuste, et je me retrouve, grâce à ma chance, à marquer de nombreux gros points. On les éclates à nouveau. Ils nous demandent de faire une dernière partie, parce qu'ils se rendent bien compte que la chance était contre eux, et Guillem propose de rejouer des bières. Ils acceptent.
Au bout de deux coups, on les maitrise, et le jeu en est presque triste de voir à quel point on les défonce. La nénette est assez énervée, et finalement part s'en nous payer nos coups. Guillem est en colère contre elle et me reproche d'avoir été trop gentille, en disant que c'était pas nécessaire de payer les bières au moment de la victoire...
Mais on est content d'avoir eu autant de chance, surtout Guillem qui s'attendait pas à me voir aussi talentueuse. Au final, cela se termine plutôt bien parce que je réalise dans un moment d'ébriété que comme je ne paye pas de chambre vu que je suis logée chez Guillem, je peux nous offrir des verres. Et puis j'ai sauvé mon karma en évitant d'abuser des faiblesses des gens.

Le lendemain matin, Guillem se lève pour aller en cours et moi je reste à refaire mon sac. Je déteste ce moment où j'essaye de faire tout tenir dedans et le fait de savoir que je vais devoir galérer à le remettre sur mon dos.

On fait le marché près de chez lui. Nous achetons des palourdes et de quoi faire une tortilla. On cuisine avec de la musique espagnole à fond et je suis totalement dépaysée : cuisiner de la bouffe hispanique en Corée, c'est une autre façon étrange de voyager.

Le jeune homme regagne son université, et après mettre achetée un pantalon de randonnée, je me perds dans les ruelles près de chez lui. Je tourne bien pendant une heure en espérant ne pas rater mon ferry. Lorsque enfin je retrouve son appart, j'ai juste le temps de pisser, prendre mon sac, et redescendre dans le métro. Je trouve assez facilement le ferry terminal en demandant ma route un vieux papy. Je retire mon billet, et attends l'embarcation.

Je n'ai toujours pas de nouvelle de mon hôte qui doit m'accueillir pour mon Wwoofing, je ne sais pas du tout comment va se passer mon transport ni comment va être l'île où j'arrive. Ce que je sais c'est qu'il n'y aucun occidental dans la salle d'attente, et que les gens qui m'entourent n'ont pas l'air d'être des personnes qui parlent anglais.
Je suis un peu triste de quitter si rapidement Busan, mais je suis enthousiaste à la perspective de nouvelles aventures qui se présentent à nouveau en face de moi.

3 commentaires:

  1. peu de commentaires sur ton blog ma Chérie.... je crois qu'on retient tous notre souffle pour toi !
    C'est vrai que là l'ambiance est salement cassée ; ce que je regarde le plus en ce moment c'est la direction des vents et le nombre de Km qu'il y a entre la catastrophe nucléaire et toi ... Alors ne le prends pas mal mais dépèche toi de revenir en France...

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  2. C'est un peu comme dit Madame Ta Maman. On retient notre souffle surtout que le nuage made in Japan est censé planner au dessus de nos têtes, sans même parler de la tienne.

    Cela ne nous empêche pas de penser que tu es bien dure envers les petits poissons, la pop Coréenne et les Américains quadragénaires en plein démon de minuit. Mais tu as surement raison sur au moins deux de ces trois points.

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  3. Où ai-je osé parler si mal des personnes âgées de 40 ans ?... Je ne me souviens même plus d'avoir écris ça...

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