Luce en Argentine !

samedi 12 mars 2011

Etre femme ou gay en Corée...

J'ai donc passé les quatre premiers jours de la semaine du 28 dans mon lit à essayer de ne pas être trop malade. En Corée, lorsque tu tousses, ou que tu as des microbes, tu portes un masque. Naturellement, je n'ai pas fait ça, et j'ai bien senti que Kim, le manager de ma Guesthouse aurait préféré m'emmener à l'hôpital, plutôt que de me voir mon nez coulant me trimbaler d'un bout à l'autre de l'hostel. Mais je lui dis que mon corps est fort... Et j'avoue ne pas avoir eu envie de galérer avec ma sécurité sociale dans un pays étranger, surtout en Asie.


Les gens ont défilé dans ma Guesthouse. Et j'ai rapidement fait la rencontre de Tom, un irlandais qui a vécu ces trois dernières années en Australie. Il est vif, plein d'esprit, et s'en va pour un nuit dans un temple pour découvrir les joies de la méditation. Je passe ma première après midi dehors à chercher désespérément un pull avec Vanessa, habituée de l'hostel, américaine gargantuesque au cheveux roses qui est fan de toutes sortes de pop musiques débiles asiatiques. Après mettre habituée à son étrange passion, j'ai décidé de mettre cette étrange lubie sur son besoin de se fondre littéralement dans la culture asiatique. Nous découvrons ensemble une sorte de mall rempli d'une multitude de boutiques pour vêtements. Je me trouve sur place deux pulls dont un à 2€ et une écharpe. Elle a un coréen plutôt utilitaire et est capable de commander de la nourriture sans passer par l'anglais des délicieux plats dans la rue. On déguste une étrange omelette au lard et aux fruits de mer, mélange qui me dépasse toujours mais qui se révèle souvent délicieux et des petites gaufres coréennes fourrées à la pâte d'haricot rouge (c'est censé être un dessert).

Le vendredi, Tom revient de son templestay, et fait une grosse sieste. Après celle-ci, on discute pendant quelques heures de films et d'arts, et on se retrouve à diner ensemble. Après notre copieux diner, nous décidons d'aller boire quelques bières dans une sorte de bar qui se veut « bar occidental » dans lequel on est obligé de recommander à bouffer alors qu'on a plus que bien mangé, pour avoir des bières pas chers. Il est 10h, l'endroit commence à être sérieusement bondé et la musique de merde qu'il diffuse nous pousse à bouger. Je crois qu'ils ont osé passer deux fois Papa Americano et un titre des Destiny's Child en une heure.

Trois mètres à peine effectué dans la rue, nous tombons sur Martin et deux potes à lui.
Qui est Martin ? Martin est un autre habitué du Yellow Submarine, notre guesthouse. Il y vit depuis presque six mois. C'est un norvégien adopté d'origine coréenne. Il a trente ans, est très mignon, mais pour une raison qui me dépasse, je n'arrive pas à m'entendre avec lui. Pourtant, l'un comme l'autre, on essaye de se comprendre, mais dès qu'une discussion est lancée, on ne se comprend pas, on n'est pas d'accord. C'est le genre d'individus qui expliquent qu'il a eu quasiment cinquante maitresses, puis qui dit qu'il est gay, qu'il est pour la peine de mort ou encore qui, gentiment, essaye de m'apprendre l'alphabet coréen. J'ai décidé de ne pas chercher à le cerner, le jeune homme à l'air d'être sacrement flingué dans sa tête.
J'ai vécu plusieurs moments étranges avec lui. Le premier en date, c'est lorsqu'il essaye de convaincre un des mecs qui bossent pour l'hostel, un coréen, qui n'a eu que six femmes dans sa vie, de vivre le même type de vie que lui. Et c'est à ce moment là qu'il commence le décompte de toutes les meufs qu'il s'est tapées et également le nombre qu'il compte obtenir après le weekend. Je suis passablement outrée, non pas du nombre mais qu'il essaye de convaincre le gentil mec de l'hostel qui est coréen et qui devrait déjà être marié à son age...
Ensuite, j'ai rencontré Nadia, une française hystérique complétement fan de stars de rap coréennes, qui a réussi à m'expliquer toute ses supers sorties lorsqu'elle les voient ou les croisent, alors que je n'en ai rien à battre. Elle m'a très clairement dit que lorsqu'elle est arrivée, elle a totalement flashé sur Martin. Et il semblerait que ça soit équivalent puisqu'il se ramenait tout le temps à l'autre Guesthouse où elle loge. Mais en fait, elle ne le kiffe plus parce qu'il est gay. Elle m'explique pourquoi par A + B, ce qui se résume dans mon esprit à pas du tout une bonne raison mais qui est : lorsqu'elle le croise en ville, il est toujours avec des mecs.... Hum. Pour moi ce n'est pas forcément une bonne raison, mais je suis sûre d'une chose, c'est que je n'aurais pas vraiment confiance en cette meuf.
Mais bon, depuis ce moment là, je me pose des questions, et lorsque Guillem a passé quelques jours à Séoul, je ne sais plus si c'était la fatigue, la parano ou la réalité, mais j'ai vu Martin lui caressait le dos d'une manière étrange. Pour Guillem, pas de souci, il est espagnol, et comme tous les mecs d'origine latine, se toucher les uns les autres, c'est normal... Mais putain, Martin est norvégien et coréen, donc pas du tout normal.
Pour finir, tomber sur lui en pleine nuit, lorsqu'il est bourré, c'est une étrange surprise. En quinze secondes, on est convaincu à les suivre en boite.

La deuxième boite de nuit coréenne dans laquelle je met les pieds est complétement vide quand on arrive. Le pote de Martin, un américain au nom qui m'échappe et que nous allons appeler Brian pour cette histoire afin d'éviter les redondances du type « l'homme des Etats Unis », nous préviens que ça va se remplir rapidement. Pour passer le temps et augmenter notre alcoolémie, nous buvons une bouteille de vodka. Les filles commencent à se pointer autour des mecs pour avoir des coups gratuits. Je suis sidérée par la technique à deux balles qui marche. Tom aussi. Il me glisse à l'oreille : « Fuck, I really regret not to being straight in Korea ». J'avais oublié de préciser qu'il a vu une vingtaine de fois CRAZY et qu'il est fan des petits déjeuners au Champagne. Mais je regrette aussi de pas être un mec et de ne pas pouvoir profiter de toutes ces filles si jolies.

J'arrive à motiver Brian à danser sur la petite scène qu'il y a dans la salle. Oui, ça commence à être une mauvaise habitude chez moi... Mais j'aime tellement entendre toutes les félicitations dans un mauvais anglais de la part des coréens une fois que je descends sur scène. Et j'avoue que plus je danse, plus j'adore ça.
La salle se remplie de plus en plus jusqu'à n'être plus qu'une marée humaine dans laquelle il faut nager pour joindre les toilettes ou notre table. En parlant de toilettes, toute personne ayant passé rien qu'une heure avec moi, lors d'un film, d'une soirée, sait que j'ai besoin de pisser au moins dix fois. Celle de la boite sont une torture. Quinze minettes font la queue à chaque fois, et j'ai dû aller une fois chez les mecs parce qu'il n'y avait pas personne, mais en règle générale, c'est quasiment aussi bondées : les gars passent autant de temps devant la glace. Je crois les avoir traumatisés d'aller dans leurs chiottes. Chez les filles, il y a toujours une meuf pour me parler et la plupart du temps elle est tellement bourrée que je ne comprend rien à son anglais... Mais je suis presque sûre que c'est à chaque fois pour me féliciter de ma danse.

Une nénette vient m'aborder. Elle commence à discuter gentiment en me demandant d'où je viens etc.. Puis elle m'annonce qu'elle veut me présenter à son ami à l'autre bout de la salle. Je refuse gentiment parce que j'ai vraiment pas envie de draguer ce soir. Elle commence à avoir l'œil fou qui s'illumine, et là, elle m'annonce qu'en fait elle chinoise... Elle me fait flipper je trouve diversion grâce à Tom.
Brian me dit qu'il est opé pour danser à nouveau, mais qu'avant il doit chercher un ami. Il met trop de temps, alors je danse sur les canapés avec Tom, on s'amuse bien. Au bout d'un moment la scène me tente vraiment trop, donc je remonte au milieu des coréens qui se déchainent. Je tente un pas cool sur les tables qui continuent la scène, mais je me fais arrêtée par un videur. Je reste cool, et je continue à danser. Un mec à ma gauche se fait des petits solos stylés, j'essaye de m'incruster dans sa danse mais je ne sais pas si c'est parce que je suis une meuf, que je suis occidentale ou parce que je me suis faite allumée par le videur pour danser sur la table, le mec me fait des gros signes négatifs de refus de danse avec moi. Je la joue toujours cool, et à chaque fois qu'il me repousse je continue à jouer sur ma danse avec. Le public est en délir, et moi j'ai un gros délir égocentrique. Je fais monter les gens sur scène, parce que c'est drôle, et que j'ai l'impression d'être une rockstar et au bout d'un moment je redescends pour trouver Tom parce que je suis fatiguée. Lui s'est levé à 3h du matin pour faire des prières. On retrouve nos amis qui sont maintenant entourés d'au moins quinze meufs vraiment toutes trop bonnes, et on décide avec Tom qu'on est vraiment plus de la partie.

J'arrive entre temps à m'engueuler avec Martin, lui demandant s'il a essayé de guédra mon espagnol en lui caressant le dos. Lui, il s'énerve me demandant si je crois vraiment qu'il est gay. Je suis quasiment sur que Tom m'a dit que c'était le cas... Mais pour tout avouée, je suis sûre de rien avec ce type.

On rentre, je suis toujours très excitée, je décide d'acheter une bouteille de Makgeolli, sorte d'alcool gazeux à base de riz, et je picole juste avant me coucher en compagnie d'un allemand qui est dans notre dortoir et d'un australien qui est mignon que j'ai déjà croisé. Je serais incapable de raconter ce que j'ai dis ou fait à ce moment là, excepté fumer des cigarettes sur le balcon, je crois que je n'en ai aucune idée.

Le lendemain matin, je regrette amèrement le faite d'avoir bu avant de me coucher. Et j'ai mille courbatures au cou, faute à mes danses folles et j'ai rendez-vous avec Woong avec qui je dois aller voir un musée.

Toute la journée est dure à vivre, gueule de bois, gueules de bois... Mais je survie. L'exposition me fascine, je suis trop fatiguée pour faire la conversation à mon ami qui est également un peu fatigué de sa nuit.
Nous allons à la galerie de l'artiste Nam June Paik à l'extérieur de Séoul. Lorsque j'arrive dans la galerie, je réalise que j'ai déjà vu une de ses œuvres dans le musée d'art moderne de Séoul. C'est le coup de foudre à chaque fois que je rentre dans une nouvelle salle.
Tout mes amis de lycée de la section audiovisuelle connaissent au moins un tout petit peu son art : dans Sans Soleil de Chris Marker, si vous avez de la mémoire il parle de son ami coréen qui a digitalisé avec sa machine les animaux préférés de Chris Marker, le hiboux et le chat... Et bien, c'est lui l'ami coréen en question ! Enfin, j'en suis quasiment sûre (je vais revoir le film pour l'occasion...)
Mais pour résumer un peu le travail de Nam June Paik, en gros il fait des assemblages avec des téléviseurs et avec la technologie propre à la régie télé. Et c'est lui, stimuler par son art et l'aide d'un ingénieur qui a mis en place le premier synthétiseur vidéo. D'où les images truquées étranges dans Sans Soleil. Enfin, outre ça, c'est un artiste timbré qui mérite qu'on s'intéresse deux minutes à ce qu'il a fait parce qu'étrangement, ses œuvres faites en Allemagne sont terriblement drôles.

Je rentre ensuite à ma Guesthouse avec un diner coréen dans le bide qui passe bizarrement pas très bien : j'ai dégusté pour la première fois une soupe de pâtes accompagnées de glaces pilées... mauvaise idée. Lorsque j'arrive je vois Tom qui est dans un aussi mauvais état que moi. On se plaint du métro trop bondé où l'on peut pas s'assoir et des gens qui ne disent pas pardon quand ils nous bousculent. L'un comme l'autre devons se réveiller pour prendre à 8h les bus gratuits pour de province de Corée. Et oui, la Corée a tellement peu de touristes, qu'elle nous permet de voyager gratuitement. Pour ce genre de choses, je suis terriblement contente d'avoir eu l'idée d'y voyager !

3 commentaires:

  1. ERRATUM : J'ai revu le passage de Sans Soleil en question, et les animaux qui sont digitalisés ne sont pas fait par Nam June Paik...

    Mais ça peut tout de même vous donner une idée...

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  2. mais nam june paik je connais par cœur ce mec là, j'avais étudié une bonne partie de son œuvre au lycée, il est fou ce type là et étrangement féministe et oui il kiffe les gros téléviseurs. c'est rigolo, t'es dans son pays. enfin tout de même tire toi vite avant de te faire bousiller par un nuage nucléaire

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  3. ouais, et puis c'est pas la peine d'en rajouter en allant te balader sur les volcans !

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