Luce en Argentine !

mercredi 9 mars 2011

Old Boy et Bordeaux.

Nous repartons vers ma journée du jeudi 3 mars, j'ai pris beaucoup de retard.

Je suis un peu angoissée quand commence ma journée : je dois rencontrer Antoine, professeur de cinéma dans une université de Seoul, qui a également écrit plusieurs bouquins sur le cinéma asiatique et particulièrement coréen. Donc pour être prête, je décide de faire tout à fait autre chose, et au dernier moment m'intéresser à comment je m'habille. Pas de question, pas de notes...

Lorsque je le retrouve, c'est un grand type au visage et corps fins qui se présente à moi, au regard encerclé de petites lunettes. Je suis presque surprise : son accent du sud (Marseille) est très prononcé alors qu'il est censé vivre en Corée depuis plus de 15 ans, il semble également un plus gêné que moi. Ce qui fait que je me sens encore plus intimidée. Je le suis dans les rues de Hongdae, le quartier universitaire à proximité de ma Guesthouse à la recherche d'un restaurant, et me prévient en même temps qu'un ami à lui, un coréen au français courant va se joindre à nous. On entame le diner sans l'attendre, et finalement le sujet de discussion qui vient naturellement sur la table en même temps que le reste de la bouffe est : les différences franco-coréennes. Et puis parce qu'on mange et que nous sommes français, on en vient à parler nourriture, et il me raconte les milles et un plats coréens que je dois absolument essayer avant de partir. Je retiens la soupe qui sent le pet et l'équivalent du steak tartare.
Le diner en question mérite sa description : c'est une sorte de double omelette avec une sorte de fromage (ou équivalent proche coréen sans trop de saveur) accompagnés de calamars, porcs ou Kimsi (chou piquant mariné qui a tendance à rendre très très dépendant à sa saveur trop épicée). Au dessus, une sorte de chapelure d'ognons très fine vole comme si la nourriture était vivante. Et comme tous les mélanges complétement tordus coréens, c'est délicieux. Je ne m'arrête pas de manger, et j'aurais du noter qu'Antoine s'est arrêté bien avant moi. Lorsque Yannick arrive enfin (c'est son ami coréen au nom français), je réalise que j'ai bien entamé sa part... Je culpabilise un peu jusqu'à ce que je réalise qu'il est vraiment plus attaché à la bière qu'à sa part de nourriture.

Le pauvre Yannick est tellement habitué à l'accent d'Antoine, que mon accent qui sonne comme le Nord maintenant, ne lui ai pas facile à comprendre. Mais je fais des efforts à parler de façon un peu plus chantante et il se concentre. Il travaille dans une maison d'édition qui traduit des bouquins français en coréen. Il m'apprend qu'un des plus grands succès coréens au niveau littéraire n'est autre que notre Werber national et ses fourmis. J'avoue ne pas être étonnée, et je réalise à ce moment précis que Bernard Werber est quand même super asiatique dans ses écrits. Si on compare la manière qu'il a de mener ses histoires et les mangas, on réalise que dans les deux cas, c'est toujours ultra répétitif.

Après notre diner, ils se décident à m'emmener dans un petit bar lounge qui est tenu par une des actrices de Old Boy. Yoon Jin-Seo, c'est son petit nom, et je dois avouer que lorsque je l'ai vu, impossible de la remettre à sa place. Les deux mecs rigolent de ma perplexité en disant que c'est surement un coup de chirurgie de trop qui fait que je me doute de son visage. Bon, je crois que tout simplement ma mémoire visuelle n'est pas forcement la meilleure. Lorsqu'elle se présente, je suis complétement fascinée par son front : rien ne bouge. Je me dis que le Botox est l'invention la plus incompréhensible du monde, surtout pour les asiatiques qui font dans tous les cas dix ans de moins que leur age, et elle demande à Antoine s'il peut lui donner des cours de français.

La demoiselle s'en va voir un peu ses autres guests, et on continue à discuter nos verres de bières complétement vide. Elle revient un peu plus tard, avec une vraie bouteille de vin française, comme je n'en ai pas vu depuis longtemps et qui ne doit être pas donnée pour arriver jusqu'en Corée, et sur laquelle je salivais sur le menu : un Bordeau.
Je déguste avec joie et plaisir ce petit présent venant de l'actrice d'Old Boy. Même sans pain ni fromage...

Elle nous parle ensuite de ses projets, de ses cours en français où ils doivent discuter de sujet comme la place de la femme dans la société, je suis très pour, vu le machisme latent coréen. Même quand elle parle en coréen, je suis complétement charmée par sa grâce et sa délicatesse.

Je rentre à ma Guesthouse vers les deux heures du matin, je suis pompette et je vais me coucher toute émoustillée par mes jolies rencontres.

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