Luce en Argentine !

mercredi 30 mars 2011

Quitter la Corée !

Nous sommes donc le jeudi 17 mars.
Cela fait un peu moins d'une semaine que le tremblement de terre a ébranlé le Japon, et que le tsunami le succédant dévaste le pays. A ce moment, Fukushima ne trouve pas de solution pour refroidir ses réacteurs, et tout la terre a les yeux rivés sur ce qui se passe sur le pays du soleil levant.
Moi, je suis juste à côté. J'ai passé donc la même semaine à moins de 1000 km de toute cette catastrophe à me balader et à m'occuper d'une orangeraie. Si j'en crois les informations coréennes, le pays est safe, et si j'écoute mes parents, il faut absolument que je dégage illico presto de l'Asie, sinon je vais me retrouver avec un cancer dans moins de dix ans ou un super pouvoir. Même si cette dernière idée me paraît sympathique, je prends donc la décision de rentrer au plus vite sur la péninsule coréenne et me prépare à décoller en cas d'explosion au Japon.

C'est dans ces conditions que je décide de retourner à Busan : Guillem et ses amis sont tous aussi inquiets de l'autre côté de la mer, et comme le billet d'avion pour Busan est divisé par deux par rapport à celui pour Seoul, je décide de retourner dans l'agréable ville balnéaire.
J'ai un billet pour le vendredi, mais vu la situation, je décide de tenter d'aller à l'aéroport pour directement changer mon billet. Je m'attends à galérer des heures, ne pas être comprise, et devoir payer le double de ce que j'ai déjà payé sur internet pour réussir mon changement. Après deux bus pour aller à la l'aéroport, j'arrive devant le kiosque de ma compagnie, mon interlocutrice parle parfaitement anglais. Je lui parle de ma réservation, lui montre mon passeport. Elle confirme qu'elle a bien un billet pour moi pour le lendemain. Je lui fais un grand sourire, et lui demande si je peux le changer pour aujourd'hui. Elle me sort les différentes horaires, et je décide de prendre le vol le plus tôt. En trois minutes, elle me tend un ticket de caisse qui est l'équivalent de mon billet. Je n'ai rien eu à payer en plus.
Je me dirige vers la porte d'embarquement, et réalise que je ne peux pas mettre mon bagage en soute. Lorsque celui-ci passe plusieurs fois au détecteur de métaux, je suis obligée de sortir un à un ciseaux, couteau-suisse, couteau pour déjeuner. J'aurais pu détourné trois avions avec tout ce matos. Ils me mettent tout ça dans un petit sac en plastique que les hôtesses me rendront à la fin de mon vol. Il ne faut pas rêver, une fois sortie de l'avion, il ne m'est jamais venu à l'idée de les récupérer.
Après mon vol, j'arrive à l'aéroport, tout est quasiment trop simple, je demande mes informations et on m'explique comment prendre un bus qui m'amènera directement là où je désir. J'aime la Corée pour son efficacité et sa simplicité de déplacement... J'arrive donc à l'appartement de Guillem avant 2h de l'après midi alors que je suis partie en bus vers 8h30 le même matin de ma ferme. C'est quand même plus simple que 12h de ferry.

Ma première soirée à Busan est d'une étrangeté sans pareil. Me retrouvant dans un univers de mecs Erasmus, je me retrouve à ce qui doit être l'équivalent d'une soirée normale pour eux. Nous sommes également le soir de la Saint Patrick, ce qui est une excellente raison pour des étudiants de picoler un peu trop une veille de journée de cours. Oui, bon je dis ça comme si j'étais loin de cette période estudiantine où en fait il n'y a pas vraiment de bonne ou de mauvaise raison pour se la coller une veille de cours...
Fêter la Saint Patrick avec des espagnols, un australien et en plus accompagnée par trois ou quatre coréennes, il n'y a pas dire, c'est là encore une expérience étrange du voyage. Je suis la seule à vouloir absolument boire de la bière. Pour les autres, et particulièrement Luke, australien qui a ramené toute la ribambelle de jolies coréennes, il suffit de boire du soju au Kiwi, donc vert, et c'est comme si on fêtait la Saint Patrick.
Je passe donc ma soirée à scrupuleusement rien comprendre à ce qui se passe autour de moi, mais je comprends tout de même que c'est la manière de pécho des coréennes. On fait des jeux à boire stupides car il demande de la coordination de mouvement, et la petite salle où on est, est bien trop étroite pour cela et je renverse systématiquement mes verres sur mes genoux. Cela prend aussi la forme de chansons, de rythmes étranges que je mettrais sur le coté kitch des coréens. Les jeunes femmes ont environs 25 ans, tout le monde s'extasie sur le faite qu'elles est l'air si jeunes... J'avoue que j'aurais beauocup plus imaginer du 17-18 ans pour les demoiselles... Un peu par jalousie, je me dis que ça doit être surement dû au botox et au fait que les asiatiques font systèmatiquement 10 ans de moins que leurs ages. Les coréennes ne boivent pas beaucoup. En règle générale, c'est pour éviter de rougir.
Au bout d'un moment, nous décidons de laisser Luke faire son coq tout seul et rentrons se coucher.

Pour ma deuxième journée à Busan, je traverse la ville à pied. Je me retrouve face à des monstres d'architectures coréennes. Lorsqu'enfin j'arrive à une bouche de métro, mon esprit est vide tellement j'ai passé dans des endroits étranges. Immenses ponts, énormes buildings, petites ruelles, algues qui sèches au milieu des routes près du port. Je n'ai pas de sentiment d'étouffement, mais de dépassement. Le pays continue à d'industrialiser, à construire de manière titanesque... Le pays est déjà si petit, et la nature à tellement peut à offrir autour des villes. J'éprouve une sorte de tristesse contre cette rapidité à transformer ce paysage. Le seul reste de nature est les montagnes, les collines, qui même au milieu des villes, sont toujours respectées et avec peu d'habitations excepté temples et tours...

Le ciel petit à petit se voile. Nous avons donc une nouvelle blague « We are going to have some acid rain ». Et sans aucune gêne, mes compagnons catalans, Carles et Guillem, n'hésitent pas une seconde à expliquer ça aux coréens... Je lis la plupart du temps de l'incompréhension dans leurs regards, et je m'amuse à voir les explications sans queue ni tête des espagnols.
Ce vendredi soir, nous allons en boite, où Megan, une canadienne, nous fait rentrer gratuitement car un compagnon à elle est DJ. Pour la première fois depuis que je suis en Asie, et soyons fou, même depuis la Nouvelle Zélande, j'entends de la bonne musique en boite. C'est à dire que ce n'est pas Lady Gaga, PapaAmericano ou autres daubasses de pop musique légèrement remixées.

Samedi 19 mars, je prends la décision de rentrer en France. L'état reste alarmant au Japon. Les fuites sont là. Le cancer est une idée qui m'enchante moyennement. J'ai toujours préféré l'idée d'une cirrhose à l'idée d'avoir des cellules anarchistes à l'intérieur de mon petit corps. Je rentrerais dimanche à Séoul, j'irais à l'aéroport pour prendre un billet d'avion car la sécurité de ma carte VISA à la con m'empêche de prendre un ticket sur internet car ils m'envoient un SMS avec un code sur mon portable et je n'ai malheureusement pas d'accès à mon téléphone en Corée. C'est sur cette idée de départ que je passe ma dernière soirée à Busan. Je salue tout le monde, et on boit du vin de France, Espagne et Argentine. On s'endort en regardant Larry Flint. Je n'ai pas vraiment de souvenir de la fin, mais je peux dire avec presque certitude que je n'aime pas vraiment ce film.

Le lendemain, je pars donc pour Seoul. Je galère à prendre le métro pour me retrouver à la gare routière de Busan. Sur place je déguste de la « street food » qui se résume à être de la viande en broche très grasse et délicieuse avec une imitation de moutarde dessus. Je monte ensuite dans mon bus. Je somnole à l'intérieur, les heures passent assez rapidement, et au bout de cinq heures, me voilà de nouveau dans Séoul. Quand je sors, le ciel est radieux. J'avais quitté Busan sous la pluie... Je galère de nouveau avec le métro pour retrouver ma Guesthouse favorite, le Yellow Submarine, et lorsque j'arrive, je réalise, en même temps que je laisse mon sac dans ma chambre, que je ne me vois pas le lendemain décoller pour la France. J'ai encore trop de chose à faire avant de partir, des rendez-vous, de la nourriture à gouter... Et ce putain de réacteur commence enfin à refroidir.

Je me balade dans ce qui est maintenant « mon quartier » à Seoul, Hongdae. Je tente désespérément d'appeler mon père pour lui annoncer la nouvelle. J'arrive enfin à l'avoir et sa réponse est simple : « Tiens toi à partir en 24h, on ne sait jamais ». Pas de soucis, c'est ce que je comptais faire maintenant, je peux le faire dans deux jours ou dix. Je reviens à ma Guesthouse, préviens Hyeong, le manager que je ne sais pas jusqu'à quand je reste. Il rigole.

Pour fêter mes deux nouvelles semaines en Corée du Sud, je prends un verre avec trois américains et deux français (dont un qui travaille dans un sous-marin). Je suis tellement contente que j'approuve l'idée idiote d'acheter une bouteille de vodka et au final, je suis complétement bourrée avant minuit. Chose utile, mon esprit ivre a eu l'initiative de faire ma machine à laver en rentrant. Choi, l'autre manager, c'est bien marré en me voyant faire, moi par contre je n'ai pas vraiment de souvenir de cette rencontre...

Je commence donc mon nouveau séjour à Séoul avec une bonne gueule de bois.

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