Luce en Argentine !

vendredi 17 décembre 2010

Kepler Track

Le Kepler Track est une des grandes marches que l'on peut faire en Nouvelle Zélande. Le guide volé à Chrischurch conseille d'avoir un bon niveau de sport avant d'entreprendre ce genre de marche. Pas de souci, j'ai dû courir au moins dix fois lors du mois de septembre et octobre.

Enfin outre notre accoutrement de Jo Bobby, il est important de vous précisez que c'est une marche de 4 jours durant laquelle il faut se trimballer sa propre nourriture et son matériel de camping pour éviter de payer les prix vraiment trop élevés des « Huts » (refuges), qui sont d'environ 50$ par nuit au lieu de 15$ pour les tentes. Mais les kiwis ne sont pas des hôtes sans envie pécuniaire, et résultat, si on veut faire la marche en 4 jours comme il est conseillé, on est obligé de prendre une nuit dans ces putains de huts.
Résultat, avec Maxime, nous avons décidé de la faire en 3 jours pour ne pas payer notre dernière nuit. En plus, la française Jo Bobby qui nous avait cassé les couilles la veille parce qu'on ne connaissait rien à la manière d'entreprendre ce genre de balade nous avait dit qu'elle l'avait fait en deux jours. Challenge accepted.

Premier jour :
Nous nous levons vers 8h pour avoir le temps de passer voir les DOC (en gros l'office du tourisme qui nous permet d'organiser ce genre de périples), de faire nos sacs et faire quelques courses pour être sur d'avoir assez à bouffer. Lorsqu'on termine de faire nos supers sacs de rando, on se rend compte qu'ils sont beaucoup trop lourds. On vire la moitié des affaires prévues. Ça reste encore très lourd. Tant pis. On passe au DOC, qui nous file les sacs poubelles pour la durée du trip et on réalise que l'on va avoir une dernière journée de 12 heures de marche. Les journées habituelles durent 6h. On passe au supermarché acheter des délicieuses boites de thon et quelques fruits, et nous voilà partis.
Nous avons décidé de prendre le parcours à l'envers, pour ne pas avoir à partir le lendemain, car une de nos réservations dans les tentes est déjà faite. Nous croisons donc à notre départ toutes les personnes qui terminent leur trek.
Outre la lourdeur des sacs, c'est une très jolie balade : nous suivons un petit cour d'eau avec dans la forêt tropicales, en passant par des marais plutôt dégueux et on arrive, enfin, les pieds défoncés et le dos en compote à notre camping. Petit coin de paradis : un grand lac au milieu de la forêt presque vierge. On plante la tente.
Lors de notre trajet, on a réalisé que comme des gros abrutis, nous avons laissé dans notre premier camping notre seule et unique casserole et qu'en gros, pour cuisiner nos spaghettis en boite et nos noodles, nous n'avons strictement aucun récipient. C'est en grande partie de ma faute, vu que c'est moi qui ai récupéré la vaisselle fraichement lavée. Sans la casserole.
Les seuls autres personnes qui sont avec nous sur ce petit coin de paradis sont des pécheurs kiwis qui dorment dans un espèce de refuge. Maxime, bout en train malgré le trajet, se motive à aller les voir pour leur emprunter une casserole. Moi, je termine d'installer notre petite tente sur le tapis de feuilles mortes. Il revient avec une gamelle et me dit qu'il a l'espoir de leur acheter. Il revient avec également un peu de pain de mie, parce qu'il a fait un peu pitié aux pécheurs et qu'ils ont décidé de nous nourrir. Un peu plus tard, un fois le repas achevé, il me prend quelques dollars et retournent voir les pécheurs. Il revient tout souriant disant qu'il est super doué en affaire vu qu'ils lui ont donné. Je le corrige en disant que les Kiwis sont juste des gens ultra gentils. Il me demande si ça serait cool de leur offrir du bon pain qu'il a cooké lui même, je lui dit qu'il ne nous reste plus qu'une toute petite partie, que c'est un peu ridicule, d'autant qu'ils nous ont offert également du pain.
On se couche tôt dans l'espoir de commencer un peu plus tôt que la veille, notre balade le lendemain. Un dizaine de minutes plus tard, le kiwi, avec sa voix rauque nous propose de boire une bière avec eux. Ne pouvant refuser cette gentille offre surtout après leur gentil geste pour la casserole, on se rhabille en vitesse et nous courons les rejoindre devant le refuge. J'ai pendant ce temps quelques souvenirs de « Souviens toi l'été dernier » qui me traversent l'esprit. Pécheur vengeur avec un crochet.
Les deux types se révèlent être des crèmes et drôles en plus de ça. Maxime leur offre son pain cuisiné par ses soins, et au final, un des pécheurs l'émiette autour de la plage pour les oiseaux sous le regard vexé du pauvre blondinet. Nous sommes un peu attaqués par des sandflies, sorte de mouches piquantes, mais nous discutons agréablement de pêche aux truites, d'opossums, de retraites et d'autres choses que leurs accents kiwis ne m'a pas permit de saisir. Comme par magie, moi qui me plaignais de n'avoir jamais vu d'opossums de ma vie, il y en un qui fait son apparition. C'est une sorte de croisement entre l'écureuil et le chat, mais en très effrayant car ils sont une sorte de masque sur les yeux et des yeux fous quand on point la lampe de poche sur eux. C'est un des gros fléaux de la Nouvelle Zélande, car ces bestioles bouffent les nouvelles pousses des arbres et donc tuent les arbres au final. Les pécheurs nous expliquent que le gouvernement qui a des actions dans le poison qui est censé les tuer, en balance partout sans se soucier du reste de la faunes. Ils nous expliquent également que si un opossum nous monte dessus, il faut se jeter par terre pour éviter qu'il nous blesse gravement en essayant de monter sur notre tête. Chez les kiwis, c'est une fierté que de tuer un opossum, un acte citoyen. Comme nos nouveaux amis sont des pécheurs et qu'ils commencent à asticoter la bête pour lui ôter toute forme de volonté à continuer ses méfaits, Maxime et moi, nous nous éclipsons afin de ne pas terminer notre jolie journée sur un massacre. Nous nous endormons tranquillement, au doux son des pécheurs qui tentent de liquider l'opossum.



Deuxième jour :
En plein milieu de la nuit, j'entends : « LUCEEE ». Je me réveille à moitié et regarde Maxime bien éveillé : « Ya une branche qui nous est tombée dessus ». La pluie à l'extérieur est forte. Moi (un oeil ouvert) : « Ha, oui... Je crois... ». Je me retourne, pousse la lourde branche qui était encore sur la tente et me rendors.
Un peu plus tard : (accent Kiwi) « Hey ! Guys ! Are you wake up ? ». On se réveille en sursaut, et on répond par l'affirmatif. On se glisse dans nos vêtement et sort de la tente pour prendre le petit déjeuner que nous ont proposé les pécheurs la veille au soir pour partager avec eux. La tête dans le cul, nous les retrouvons. On réalise qu'ils sont sur le départ, qu'il est 6h45 (beaucoup trop tôt pour commencer la marche) et que au final, nos amis nous laisse tous leurs restes de pains, de beurre et de lait. Nous les saluons une dernière fois, leur bateau quitte la berge et nous retournons nous coucher avec une petit tartine dans le ventre.
On se lève à 10h. Beaucoup trop tard pour faire semblant d'être des vrais randonneurs. Nous croisons donc tous les vrais marcheurs sur notre route dès le début. Nous continuons dans la forêt tropicale, on tombe sur des drôles de trucs jaunes et gluants par terre et sur des champignons violets qui semblent bien toxiques. Notre sac semble moins lourd pour cette deuxième journée, et nous arrivons vers 18h sur notre deuxième air de camping.
Maxime pète un câble : comme il y a une justice dans ce bas monde, Max, qui ne craint pas un brin comme le commun des mortels les moustiques, a une réaction complétement disproportionnée face au Sandflies. En gros, comme n'importe quelle piqûre de moustique, ça le gratte et ça rougit. Moi ça m'emmerde mais bon je ressens pas grand chose comparé à lui. Et notre nouveau lieu de camping en ai complétement infesté. Résultat, on bouffe autant de ces bestioles qu'elles nous bouffent. Max est tellement énervé contre elles, qu'il se coupe violemment avec son couteau suisse. J'avais fait la même la veille en parlant de Nicolas Sarkozy.
La ranger, quasiment aussi sexy que Texas Ranger, une blonde asexuée, archétype de la néo-zélandaise sportive, nous prévient qu'il y a des soucis avec les Keas, qui défonce les tentes dans la prairie en face. Si jamais ils viennent à notre tente sous les bois, on peut se réfugier dans la « Hut ». A ce que je comprends, les Keas sont des « Bear », pour Maxime, c'est des « Birds » ce qui semble beaucoup plus cohérent.
On se couche très tôt, afin de se lever à 5h du mat' pour faire notre double journée de marche. On a un peu peur : le téléphone de Maxime n'a plus de batterie, et si on se lève trop tard on risque de devoir payer la Hut à la prochaine escale car pas le temps de finir la marche.

Troisième jour :
En plein milieu de la nuit, Maxime me réveille et me dit qu'on est attaqué pas les oiseaux. J'ouvre un œil, tends l'oreille. Rien. « Je crois que tu as rêvé Maxime ». Lui : « Ah... Oui... Peut être... ».
4h45, j'entends des cris à l'extérieur. Des cris d'oiseaux. Je me souviens que la Ranger nous avait dit que les Keas sortaient vers cette heure-ci. Je réveille Maxime pour lui dire que ça doit être l'heure. Il allume rapidement son téléphone qui confirme mes dires. Rapidement, efficacement, on range nos affaires et plie la tente. Les cris stridents des oiseaux au dessus de nos tête font trop badés Maxime. Un des oiseaux, au loin, attaque le panneau accroché sur les tables de pic-nique qui prévient de faire attention aux keas.
Le jour est loin d'être levé, un des oiseaux s'approche de notre tente, Maxime le braque avec sa lampe. Il n'a vraiment pas l'air d'avoir peur, et au contraire, plutôt amusé, il se rapproche. C'est aussi gros qu'un poulet, avec une tête d'aigle et un look de perroquet. Mois je suis complétement surexcitée par les oiseaux. Eux, ils continuent leur ballade jusqu'à l'autre tente occupée par un italien. Il se réveille après que les oiseaux titillent sa tente, sur-vénère, et les attaque avec des gros bouts de bois. L'effet sur les oiseaux est simplement de les motiver plus à l'emmerder. Moi, je me marre. Maxime bade toujours.
On part pour notre grande journée, sans rien avoir mangé, dans l'optique de s'arrêter un peu plus loin sur notre route.
Toute la première partie se déroule dans la forêt. On monte. J'ai déjà mal au dos, mais je me dis qu'une fois tout en haut, on ne montera plus. On arrive au niveau des crêtes et le paysage, avec le soleil a peine levé, est magnifique. Le chemin est beaucoup moins agréable, on est plus dans les bois, mais sur des gros cailloux et ça continue à monter. Le vent se lève, et je me rends compte que j'ai quand même toujours le vertige.
Pour la première fois de tout notre trek, nous rencontrons les personnes en milieu de routes. Les premiers sont un couple de Jos Bobbys australiens beaucoup trop équipés, armés d'une montre ultra technologique qui nous disent qu'ils ont mis exactement 2h pour venir de notre milieu de parcours.
On continue notre chemin sur les crêtes et je me dis qu'une fois ce parcours fini, ça sera facile. Cette pensée était malheureusement une faible blague. Une fois arrivée, on déjeune, et on entame la descente. Et quoi que l'on puisse croire, c'est pire que la montée. Avec le poids des sacs et 6 heures de marche derrières, mes genoux souffraient, ainsi que les parties de mon dos lacérés par les lanières du sac. Je chouine un peu et refile la tente que je portais tout le long à Maxime. Le chemin ne semblait jamais se terminer et lorsqu'enfin on est arrivé dans la forêt, la durée de celui semblait s'étendre de manière télescopique. J'ai commencé à demander des pauses plus régulièrement. Plus que 1h30 de marche. Ma tête déglinguée et mon corps à bout, je boudais comme une gamine et disais à Maxime que je ne pourrais jamais terminer. Lui, ça lui donnait plutôt l'énergie de terminer. Pour essayer de passer le temps, j'ai commencé à chanter de ma douce et mélodieuse voix une chanson apprise au CP, que Maxime a adoré : « Ah, Bricoul! ». Maintenant, il me demande régulièrement de la chanter.
Une nouvelle crainte a fait son apparition sur les dernières minutes : est-ce que la voiture est toujours là ? Enfin, ce qui me fait toujours avancer c'est l'envie de passer aux toilettes du parking et celle de poser définitivement mon sac.
Les toilettes font leur apparition. Je laisse Maxime seul se diriger la voiture. Lorsque je sors, je commence enfin à angoisser pour la bagnole qui aurait pu se faire voler ou tous ce qui se trouve à l'intérieur , mais je vois Maxime, en train de s'étirer. Je suis rassurée, et je pose mon corps tout bousillé sur le siège passager.

Cela fait trois jours maintenant que j'ai toujours les jambes en compote et le dos meurtri. Nous allons bientôt remettre ça.

1 commentaire:

  1. Ca vous rend cinglés ce trip!!!! Dans quel état allez vous revenir?!!! :)
    Marie

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