Singapour suite et fin.

J'ai voulu jouer la non touriste. Ou plutôt l'aventurière. J'ai décidé de me nourrir au fastfood qui me semblait le plus typique, avec le plus de personnes qui semblaient venir de Singapour. 

Tellement une mauvaise idée. Evitant tout de même d'être trop entreprenante, je décide de prendre exactement le même plat que le mec très occidental avant moi. The Lak Menu. La soupe à l'air cool sur la photo, j'ai pas une seconde l'idée de demander ce qu'il y a dedans. Après quelques problèmes de compréhension avec le vendeur, je me retrouve avec mon petit plateau devant les yeux. 

Il est composé d'un verre de thé, qui ressemble plus à du Chaï qu'à un thé habituel : très sucré avec du lait. Il y a aussi deux tartines toastées composées de beurre et d'une sorte de confiture indéterminée. Le résultat, plutôt étrange est, en fait, assez bon. Pour finir, il y a la soupe. C'est une soupe au poisson ou au crabe, qui a un goût plutôt bon, avec des pâtes gluantes et des petits morceaux d'omelette. Jusqu'ici rien de très mauvais, mais au bout de la 3e bouchées, mon œil droit commence à pleurer et je m'étouffe à cause des petits piments qui me grattent le fond de ma gorge. Je retente l'expérience. Ma nuque commence à transpirer et je bois à grosses lampées mon thé brulant. Je souffre. Je suis ridicule, l'occidental à côté de moi à l'air de rien ressentir. Après une dernière horrible gorgée, je me refuse de terminer le breuvage de peur de ne pas pouvoir respirer à nouveau et de mourir étouffée seule dans l'aéroport de Singapour.

J'exagère à peine, je n'en mené vraiment pas large, les yeux brulants et les oreilles rougies. Je termine mon thé, mes tartines, et laisse la soupe, presque entière sur la table. 

Je sors dans l'ambiance humide de Singapour pour fumer une cigarette. Un jeune homme qui avait longtemps hésiter dans le fumoir m'accoste pour me prendre une cigarette, je lui demande d'où il vient. André qui a un prénom français vit à Londre mais est allemand. Il est également caméraman (fucking small world). On se tient les coudes dans notre ennui en parlant cinéma, d'avion et je lui montre cette foutue serre à papillons.

Ce n'est pas la première personne qui m'aborde durant mon voyage. J'ai fait déjà la connaissance de Nour, qui allait à Sydney dans le cadre d'un échange d'appartement, et Charlotte qui retournait à Brisbane voir d'anciens amis. Ils étaient tous mignons, pleins de craintes, d'excitations et petits diamants dans les yeux. Je suppose que ça les empêchaient de voir mes traits tirés, mes cheveux gras et de sentir mon odeur de transpiration un peu prononcée.

Mais André a été mon meilleur interlocuteur d'ennui, puis lui il allait à « Cambodja » et donc était un peu plus original que les autres et aussi perdu que moi. 

Une fois parti, car naturellement je suis la seule de ce putain de terminal à avoir un changement aussi long, je me suis reconcentrée sur l'essentiel : ma faim. Mais bon entre temps je décide d'aller aux toilettes de voter pour dire que ça ma plut (dans chaque magasin et chaque endroit public où il y a une personne à charge, il y a un petit écran sur lequel on peut voter, moi je met des grands sourires partout parce que franchement les gens sont gentils et tout est propre.... Comparer à la France bien sur !) Puis je tombe sur les machines de massage de pieds. J'ai toujours pas de bas de contention, et commme je suis comme la majorité des femmes, c'est à dire que j'ai les jambes qui gonflent si je suis assise trop longtemp, je m'accorde les 15 minutes que l'on peut rester à se faire masser. C'était presque orgasmique (sens littéral) si on cumule le message imitation malaxage et vibration. Par contre, je n'ai pas compris pour quoi c'était déconseillé en cas de menstruation...

Enfin, voilà, toujours pas déjeuné réellement, mon embarquement est dans 2h. Je dois trouver quelqu'un à ennuyer et je vais me payer des petites brioches sans goût chinoise qui ne risquent pas de m'étouffer. Je suis totalement fatiguée, et je me force à ne pas me reposer par peur de vol et de rater mon vol, et pour éviter un trop grand décalage horaire. Si quelqu'un me reparle, je compatirais avec lui au fait que je dois être la personne la plus inintéressante de tous l'aéroport avec mon état de fatigue très très avancé..